Sans être encore vraiment sortie de l'impasse, il semble que la Belgique ait évité la crise majeure et l'éclatement que d'aucuns jugeaient inéluctable. Tout n'est pas gagné comme vous le découvrirez dans la "presse généraliste", mais le pire a pu être évité cette nuit avec un nouveau compromis sur cette pomme de discorde que représente la scission de l'arrondissement de Hal Vilvorde : une scission que les partis flamands ont enfin obtenue tandis que les francophones se consolent avec diverses garanties qui leur ont été octroyées.
Cela démontre que par delà les clivages lingistiques et communautaires et malgré les intérêts contradictoires des partis engagés dans la négociation, personne n'a voulu endosser la responsabilité de mettre fin à l'existence du pays et que l'on s'est rendu compte que l'on ne pouvait en courir le risque dans les circonstances que l'Europe traverse actuellement avec les menaces qui pèsent sur son économie et sa monnaie.
Et pour ceux qui trouvent que le maintien de la Belgique est une mauvaise solution, la démonstration est faite qu'on n'en a pas de meilleure. Il reste maintenant à voir si nos tristes politiciens vont se mettre d'accord sur les autres points de la négociation mais il semble que le plus dur soit fait.
Quant à nous qui sommes convaincus du bienfait que représente une Belgique solidaire et qui pensons que toutes ces réformes et tous ces compromis constituent un mauvais chemin qu'il faudra rebrousser tôt ou tard, il nous reste à travailler pour convaincre les citoyens lambda du bienfait que représente l'existence de la Belgique. Cela suppose qu'on apprenne à se rencontrer, à comprendre (au moins passivement) la langue de l'autre, à développer les complémentarités trans-linguistiques (scaldiennes à l'ouest, entre Liège, le Limbourg et Anvers par ailleurs, etc.).
On peut rêver aussi d'un vrai fédéralisme qui ne soit pas un fédéralisme de division et de dissociation, mais d'un fédéralisme d'union entre une multiplicité d'entités fédérées comme dans tout état fédéral digne de ce nom : pourquoi pas un fédéralisme unissant des provinces, voire des arrondissements? Mais pour cela, il nous faudrait une autre classe politique, non pas constituée de gens qui défendent d'abord les intérêts de leurs partis respectifs, mais des gens capables de se hisser au niveau de l'intérêt commun et des conditions nécessaires au bien-être de tous les citoyens de "ce pays".