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Des pionniers liégeois du micro-crédit

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Crédit Sud, pionnier en matière de microcrédit, a besoin de sang neuf.

Un prêt sans intérêt de 10.600 euros au Centre de rééducation et de réhabilitation des handicapés de Tshéla au Congo (RDC), un autre de 10.000 euros à l’ONG burkinabée Baobab, qui finance ses activités en vendant des vêtements de seconde main récoltés par le groupe Terre en Belgique, un autre de 12.000 euros pour le projet PDG aux Philippines (Negros occidental), visant à assurer la production de canne à sucre par dix-neuf petits fermiers sur une terre nouvellement acquise : trois exemples parmi 700 du travail accompli depuis ses origines par l’ASBL liégeoise Crédit Sud, pionnière chez nous en matière de microcrédit, ce mode de financement qui s’est largement répandu, comme on le sait, dans les pays les plus pauvres du Sud de la planète.

Crédit Sud est devenu, au fil du temps, l’autre nom de la Fraternité Saint-Paul pour l’aide au développement, dont l’histoire a commencé il y a un demi-siècle, bien avant qu’on entende parler du professeur Muhammad Yunus. C’était à l’initiative de l’abbé Evrard, décédé depuis. "L’idée était déjà qu’à côté des aides et des dons dans les situations d’urgence, il fallait aussi soutenir des projets susceptibles de pouvoir être remboursés, rentables, dans l’optique d’un développement durable", nous dit Michel Delhaye, président de l’ASBL.

Particularité : c’est sur ses propres membres que la Fraternité compte pour être en mesure de s’engager. Pas de collectes, donc. En collaboration avec d’autres organismes de coopération, l’association peut soutenir des entreprises de secteurs et de pays les plus divers. "Nous avons parfois voulu nous limiter géographiquement, mais il a fallu y renoncer devant les demandes qui venaient d’autres pays, explique Michel Delhaye. La condition est d’avoir sur place quelqu’un à qui nous pouvons nous fier et qui nous donne un avis".

Héritier des monts-de-piété et des mutuelles de crédit ou des banques agricoles ou populaires créés au fil des siècles pour offrir des alternatives aux taux d’intérêt excessifs, le microcrédit n’est certes pas la panacée, mais en complément d’autres interventions (programmes sociaux, éducation, santé ), il a rejoint, alors que les Etats du tiers-monde s’endettaient de plus en plus, la prise de conscience de l’importance du secteur privé. Les petits ruisseaux font les grandes rivières Dans ce contexte, les prêts pratiqués par Crédit Sud sont, si l’on peut dire, "plus que" sans intérêt. "Nous prenons à charge les risques du change, précise le responsable. Nous prêtons en monnaie locale et donc nous ne récupérons pas tout puisqu’il y a eu, entre-temps, l’effet de l’inflation". Bien sûr, tous les projets ne réussissent pas. Le taux de remboursement s’élève à 52 %, compte non tenu des pertes liées aux changes.

Pour l’heure, le grand défi auquel la Fraternité est confrontée, c’est celui du sang neuf. Les ouvriers de la première heure ont vieilli, c’est bien normal. "Pour rajeunir les cadres de notre comité, il faut des gens de bonne volonté et qui, idéalement, pratiquent l’anglais, l’espagnol ", souligne Michel Delhaye. Quant aux membres cotisants, qui atteignaient les 2500 à la meilleure époque, ils ne sont plus aujourd’hui que 800 à 900. "Auparavant, on écumait les églises et on faisait parfois 50 nouveaux membres en un seul dimanche ! Mais à présent, on a fait tout le tour et puis, il y a moins de monde dans les églises". Avis aux bénévoles et aux donateurs, donc. On peut même être les deux à la fois.

Crédit Sud, rue Elise Grandprez 8, 4020 Liège, www.creditsud.org

Paul VAUTE dans La Libre-Gazette de Liège

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