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Le sel de la terre ?

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Frederic-Lenoir.jpgLe  15 novembre dernier , les Grandes Conférences Catholiques organisaient un « dialogue » entre Frédéric Lenoir, directeur de la rédaction du « Monde des religions » et  le journaliste Eddy Caekelberghs (RTBF), co-préfacier (avec le chanoine Eric de Beukelaer) du récent ouvrage  d’Hervé Hasquin sur les catholiques belges et la franc-maçonnerie (sous-titré : de la rigidité Ratzinger à la transgression).

Cette conférence à deux voix avait pour thème : « Dieu en questions ». La relation qu’en fait le jésuite Charles Delhez sur le site de l’agence interdiocésaine Cathobel porte un titre en forme de point d’interrogation, comme il  les affectionne : « Dieu survivra-t-il » ?

N’attendons pas une réflexion d’ordre théologique ou philosophique, même si Frédéric Lenoir a publié des ouvrages de « spiritualité » (sur Socrate, Bouddha ou Jésus dont il nous explique comment il est devenu Dieu) : le regard du sociologue et de son faire-valoir s’apparente davantage à l’entomologie appliquée aux sociétés humaines, de leur naissance à nos jours.

Le Père Delhez en fait un compte rendu dépourvu de tout jugement critique . Extraits :

« Depuis toujours, l’homme ne se contente pas du visible et ritualise la mort (…). La religion est-elle en lien avec l’angoisse ?” demande Eddy Caekelberghs. Le rédacteur en chef du Monde des Religions est tenté de dire oui. La religion s’enracine dans un besoin d’assistance, de sécurité, et répond à l’angoisse de la mort. Freud en donnait cette explication. (…).

Frédéric Lenoir note (…) que la question de l’au-delà précède celle de Dieu. Les tombes ont toujours été ritualisées, particulièrement en Égypte. La création des grands empires entraînera la rencontre des panthéons. Il faut dès lors rationaliser le ciel et hiérarchiser les dieux La création des grands empires entraînera la rencontre des panthéons L’empereur en sera l’expression terrestre.(…).

Quant au monothéisme, un seul Dieu universel, il semble bien apparaître avec Akhenaton, au 14e siècle av. J.-C., mais pour un court instant. Chez les Juifs, il n’est seulement attesté qu’à partir du 7e siècle. La religion zoroastrienne, qui a influencé les Juifs en exil à Babylone, est un autre monothéisme pratiquement concomitant. On y trouve déjà l’idée d’universalité, de messianisme, ainsi que les anges et le jugement dernier. Pour les chrétiens, Jésus sera ce Messie et Frédéric Lenoir de rappeler que le Christ n’est pas un fondateur de la religion. Il n’a jamais quitté le judaïsme. C’est à la suite des débats parmi ses disciples, et notamment avec saint Paul, que naîtra l’Église. Le concile de Jérusalem est le moment-charnière (…).

Et en Orient ? La conception d’un dieu unique et créateur, la notion d’un temps linéaire avec une fin du monde sont propres à l’Occident. Les orientaux restent davantage cycliques, panthéistes, en communion avec la nature où visible invisible se mêlent. Le monothéisme n’y apparaît pas. Toutes les religions ont cependant plusieurs points communs, l’humanité semblant progresser par paliers un peu partout à la fois. Ainsi l’éthique, mais aussi la quête de l’immortalité, que ce soit dans la fusion avec le Grand Tout ou dans un paradis. En Orient, cependant, il s’agit d’effacer ce qui donne l’illusion d’individualité. Il est donc plus facile d’accepter la vie comme elle est, note le sociologue. Mais le côté négatif, c’est qu’on ne cherche pas à changer le monde.

Le christianisme, lui, a conduit à ce qu’on se batte pour améliorer le sort des gens (…). Frédéric Lenoir souligne alors que Jésus a tout ramené à l’amour, qui seul fonde le salut.

La violence existe dans toutes les religions, y compris le bouddhisme, que l’on croit si pacifique, rappelle Frédéric Lenoir. Il y a des lamas qui assassinent d’autres lamas même au Tibet. Mais il faut reconnaître que monothéisme rend plus intolérant, puisque son dieu est le seul (…)

Toutes les sociétés ont été religieuses jusqu’au 19e siècle. Aujourd’hui encore, les 2/3 des Européens sont croyants, 90 % des Américains et des Latinos. Ce qui se vit en France et en Belgique, est de l’ordre de l’exception. Serions-nous les laboratoires de l’ultramodernité ? (…)  Quoi qu’il en soit, trois tendances ses dessinent depuis 30 ans en Occident: la féminisation du divin, son intériorisation et le recul de son caractère personnel. Un autre phénomène est l’écologie qui devient une espèce de religion collective. En sauvant la terre, on sauve l’humanité.” Cette religion n’a pas besoin de Dieu. » Le tout ici : Dieu survivra-t-il?

Et voilà cqfd : au fond, le christianisme est la religion de la sortie de la religion,  comme dirait Marcel Gauchet, il se sécularise et, pour le reste,  se désenchante et s’évapore comme cette « anima vagula blandula » dont parlait  l’empereur Hadrien. Quelle belle conférence catholique !

Commentaires

  • Ce qui me fascine dans tout ça, ce sont les fantasmes mythologiques que ces gens peuvent inventer, sur la naissance du divin dans l'espèce humaine. Ces soi disant intellectuels, anthropologues ou entomologistes, sont plus naïfs que leurs ancêtres. Et ils transposent leur propre naïveté sur eux. J'aurais pourtant largement préféré pouvoir dialoguer avec les peintres de Lascaux qu'avec beaucoup de ces intellectuels modernes.

    Selon moi, le sentiment religieux, qui relie l'homme au monde, et à ce qui a créé ce monde, est bien plus simple à expliquer que cela.

    L'espèce humaine, comme toute autre espèce, végétale ou animale, a naturellement confiance (ou foi) en ce monde, où chacun de nous débarque sans l'avoir demandé. Une plante naissante, un bébé animal ou humain, ne peut qu'avoir foi dans ce monde, puisque il est sans savoir du tout ce qu'est ce monde. C'est donc une foi instinctive, innée, naturelle, nécessaire pour simplement vivre dans ce monde.

    Mais l'homme a reçu quelque chose en plus que le végétal ou l'animal. Il a reçu le don de la pensée réfléchie. Pourquoi sommes-nous la seule espèce vivante, sur des millions, à l'avoir reçu, mystère ? Quoi qu'il en soit, elle nous permet de deviner qu'à tout phénomène connu, à tout effet connu, doit se trouver une cause, même inconnue.

    Le petit chat qui pousse la balle, observe aussi la relation de cause à effet entre le mouvement de sa patte, et celui de la balle. Parce que effet et cause sont tous les deux connus dans ce cas-là. Mais en observant l'existence de notre monde, il ne se demande pas ce qui a fait que cela existe. Les effets à cause inconnue, il les accepte sans chercher plus loin. Ce que ne fait pas l'homme. L'homme recherche sans cesse les cause inconnues, dont il ne peut pourtant que 'deviner' qu'elles existent. C'est ce verbe 'deviner' qui a donné naissance aux mots 'devin', 'divin', 'divinité', 'dieu'.

    La notion de dieu est donc le résultat très rationnel de la capacité de nos ancêtres (et la nôtre aussi) de deviner l'existence de causes inconnues. Il ne faut pas mépriser les premiers hommes, comme l'a fait la science du 19è siècle, désireuse de 'prouver' que religion rimait avec obscurantisme.

    En fait, on pourrait même leur renvoyer cette critique. Croire que nous sommes 'reliés' d'une manière (mystérieuse pour nous) à ce monde et à ce qui l'a créé, est beaucoup moins irrationnel que leur croyance inverse, et donc moins obscurantiste.

    Notons aussi que l'être humain est un vrai boulimique des devinettes, des causes inconnues. Quand il en a trouvé une, il lui en faut d'autres pour assouvir sa soif de recherche, supérieure à celle de savoir. Il fabrique même des tas de jeux pour s'entraîner à cette recherche, à cette 'divination' sans laquelle il ne pourrait vivre.

    On peut donc dire que l'être humain est religieux par nature, il a soif du divin, et de sa recherche. Le plus grand athée auto proclamé ne peut faire autrement que se créer des divinités de substitution.

    Mais il ne faut pas en rester à cette explication assez rationnelle de la religion. Il faut surtout la traduire en remerciement, louange, admiration, amour, respect, etc... pour ce qui a fait que cela existe et pour que nous existions nous-mêmes. Nous avons reçu un don magnifique, sans comprendre pourquoi nous l'aurions mérité. À nous de chercher comment en être digne et comment entrer dans le projet de ce qui a créé ce monde, dans le projet de Dieu.

    C'est notre plus grand défi, comment faire en sorte de collaborer au mieux à ce projet de Dieu, qui nous dépasse tellement. Jésus Christ nous dit que c'est par l'amour charité que nous pouvons y parvenir. Et Il nous a donné sa propre vie en exemple à suivre.

  • Vous faites bien d'attirer l'attention sur cette conférence, dont j'avais parlé récemment, car le "cas" Frédéric Lenoir est loin d'être anodin. Ou peut penser ce que l'on voudra sur les pièces blessantes actuellement sur les scènes françaises et des réactions qu'elles entrainent mais moi je m'étonne du peu de réactions suscitées par les écrits et les prises de position de Frédéric Lenoir.

    Il ne s'agit pas de détails périphériques, de discipline écclésiale, ou de points relatifs à la morale ou l'éthique, mais d'articles de foi aussi fondamentaux que la Trinité et la divinité du Christ, tous deux niés par F. Lenoir, qui abuse les gens en se faisant passer pour "chrétien" parce qu'il adhère à certaines valeurs évangéliques. A ce compte là le Dalaï-lama, peut aussi se revendiquer chrétien...

    Que le rédac-chef d'un hebdomadaire catholique grand public comme Dimanche soit à ce point muet quand il parle de F. Lenoir (livres, entrevue) etc. me pose problème car comme prêtre n'est-il pas chargé d'annoncer Jésus comme "Christ, Seigneur et Fils de Dieu" (B. Sesboué) et pas Jésus un aimable maître de sagesse, parmi d'autres, qui est celui de f. Lenoir. Cela entretient une regrettable confusion dans la tête de certains, j'en ai fait l'expérience.

  • @ brise ... Je me suis toujours demandé ce qu'était vraiment ces 'intellectuels', ces personnes qui se présentent auprès des autres comme 'intellectuels'. Seraient-ils les seuls êtres humains à être 'sapiens', à être dotés d'une capacité de pensée réfléchie ? Selon moi, tout homme est intellectuel et tout homme utilise cette capacité ; capacité qu'on a simplement reçue, comme un don gratuit, et dont on ne doit par conséquent tirer aucun orgueil.

    J'en déduis donc que ces 'intellectuels' sont des gens qui ont tout simplement fait leur gagne-pain de cette capacité, qui font profession d'être 'intellectuels', d'être sapiens. Mais qui nous dit qu'ils sont vraiment de bons professionnels dans ce domaine, qu'ils ne font pas n'importe quoi de cette capacité, qu'ils ne partent pas dans les pires élucubrations, idéologies ou mythologies ?

    Ou même, qui nous dit qu'ils en font tout simplement un meilleur usage que la brave mère de famille nombreuse, confrontée tous les jours au bon et difficile usage de cette capacité de pensée réfléchie ?

    Bref, disons avec Saint Paul : on aurait beau être le meilleur 'intellectuel' de la Terre, si l'on n'a pas l'amour charité, cela ne sert à rien.

  • Comment croire que quelqu'un d'aussi intelligent que le père Delhez "passe à côté" d'une telle hérésie de quelqu'un qui se dit Chrétien et qui nie la nature divine du Christ ?

    Cette nature divine n'a-t-elle pas été établie par les Pères de l'Eglise comme étant un des fondements même de notre religion ?

    Y a-t-il un pilote dans l'avion ?

  • Frédéric Lenoir est très apprécié par les organisateurs de conférences. C'est une personnalité médiatique qui présente sur "France Culture" "Les racines du ciel", émission de qualité très variable. Il attire donc un public nombreux... Il assène des opinions qu'il présente comme des constats, par exemple : "La question de l'au-delà précède celle de Dieu" ! Où sont les preuves de pareille assertion ? "Jésus a tout ramené à l'amour" : faut-il une longue conférence pour en arriver à cette phrase passe-partout ? De quel amour s'agit-il ? Bouddha ramène tout à la compassion, il n'y a donc plus de différence entre bouddhisme bien compris (par Frédéric Lenoir s'entend) et l'évangile de Frédéric Lenoir.
    Dommage que le Père Charles Delhez s'obstine à dire "oui amen" à nos nouveaux prophètes médiatiques ! "La France et la Belgique, laboratoires de l'ultramodernité"! Vu la situation lamentable de ces deux pays, le beau laboratoire que voilà ! Il a peu de chance de communiquer des valeurs, une spiritualité, la foi en Jésus Fils de Dieu à un monde où les vautours se partagent la dépouille de l'Europe.

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