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Monseigneur Rey : "peut-on être catho et écolo ?". Une lecture catholique de l'écologie

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51rG-ogFr5L__SL500_AA300_.jpgSur le site « Liberté Politique » Stanislas de Larminat analyse « Peut-on être catho et écolo », une petit ouvrage que Mgr Rey, évêque de Toulon-Fréjus, vient de publier aux éditions Artège. Extraits de son analyse :

 « Tout l’ouvrage de Mgr Rey revient à expliquer comment « la crise écologique que nous vivons vient, en dernière analyse, du fait que l’homme a perdu la juste place qui était la sienne dans une nature sortie bonne et ordonnée des mains de Dieu ».

La crise écologique

L’évêque de Toulon souligne que la crise écologique découle de crises en amont qui sont à la fois d’ordre métaphysique, anthropologique et moral. On ne voit plus que le monde est le fruit d’un acte créateur, ni que l’homme y a une place unique qui lui donne une responsabilité éthique vis-à-vis de la création pour participer au salut de ce monde. 

 

Un monde créé

(…)  « Le monde n’est pas Dieu ». Il est distinct du créateur. Cela exclut toute forme de monisme : l'univers ne se limite pas à seule forme de substance et d'activité, conception que réfute Mgr Rey en  « excluant tout monisme ». En effet, la nature, en elle-même, a une vocation qui sera « récapitulée dans le Christ à la fin des temps ».

C’est pourquoi, il faut « retrouver la grammaire de la création ». La foi, loin d’entraver la raison, nous donne de « reconnaître le « logos »… qui se manifeste dans la nature ». En effet, dit Mgr Rey, « l’ordre propre de la création, son logos, est le reflet, en elle, du logos divin, de l’Esprit créateur ».  L’évêque de Toulon dénonce une forme de panthéisme païen des courants écologistes radicaux qui les mène à rendre un culte à une nature qui existerait sans l’homme et sans Dieu. Cela conduit à « l’exaltation de l’instinct, de l’émotion, de l’intuition et de l’irrationnel ! » (…)

Quelques  exemples éclairent le propos : « Il y a quelques nuances entre le ‘’sauvetage de la planète’’ et le ‘’respect de la création’’, entre le ‘’développement durable » et le ‘’développement humain intégral’’ ». Faute de clarifier la sémantique, on risque de déifier la terre comme c’est le cas dans « la charte de la terre » promulguée à l’UNESCO en mars 2000.

La place unique de l’homme au sein de la création

 (…) Le monde est fait pour l’homme : Il est un « écrin dans lequel Dieu a placé l’homme, créé à son image et à sa ressemblance ». Mgr Rey rappelle cette vision anthropocentrique de l’homme déjà énoncée lors du concile, (…) mais le point de vue biblique est « surtout théocentrique »: l’homme est fait pour Dieu. Dieu a « créé l’homme ‘’capable de Lui’’, en vue de Lui », dit Mgr Rey.

Faute de comprendre ces deux visions anthropocentrique et théocentrique, l’homme ne s’aimera plus lui-même. Il en résultera des dérives du type de celles consistant à mépriser l’homme, à oublier sa dignité. Pour « oublier », on se perd dans l’idolâtrie de la nature, ou bien dans la recherche du bien être à tout prix, ou encore dans le « primat du corps », ou à l’inverse « l’éclipse du corps » telle qu’elle se manifeste par exemple dans la banalisation de la crémation. Tout cela conduit en fait à considérer l’homme comme un prédateur.

Dès lors, il y a des risques de logique inhumaine. Mgr Rey prend l’exemple de la reconnaissance de droits des animaux qui conduit à une écologie inhumaine au point que « la vie d’un nouveau né a moins de valeur… que la vie d’un cochon, d’un chien ou d’un chimpanzé ».

Dans la même perspective, on en arrive à lier les questions d’écologie et de démographie. « La surpopulation serait l’une des causes de la dégradation de l’environnement ». Mgr Rey dénonce ainsi que le FMI puisse en arriver à conditionner ses aides financières aux pays en difficulté à l’adoption de politiques de limitation des naissances. Il dénonce le rapport du Club de Rome appelant à « limiter le nombre des convives à la table de l’humanité ». Il dénonce l’ONU qui disait en 2009 que « la natalité galopante des pays en développement est un des principaux moteurs du réchauffement ».

En effet, « il y a de la place pour tous sur la terre » rappelle Benoit XVI dans Caritas in veritate (§50).(…). On en arrive ainsi à oublier « l’inviolabilité de la vie humaine ».(…)

 Une réflexion d'ordre moral 

(…) Le point de départ de notre agir, dans la morale chrétienne, réside dans la création de « l’homme, image de Dieu ». A ce titre, nous avons « une responsabilité vis-à-vis de Dieu… [qui] engendre des devoirs à l’égard des autres ».  La domination accordée par le créateur à l’homme n’est donc pas un pouvoir absolu et « l’on ne peut parler de liberté d’user et d’abuser des choses comme on l’entend » (JP 2- Sollicitudo rei socialis §34). Mgr Rey renvoie dos à dos les conceptions du travail humain opposées : celle de « la logique économique libérale qui conduit à un certain productivisme et à une hyperconsommation …[et]… celle des écologistes radicaux qui prônent la ‘’fin du travail’’ pour se rapprocher d’un ‘’état stationnaire’’ ou même de ‘’décroissance’’ ».(…)

Benoit XVI a raison en disant : « Quand l’écologie humaine  est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage » (Caritas in veritate §51). Pour illustrer ce lien, Mgr Rey évoque certains exemples d’inversion de logiques écologiques : « on combat les OGM sans trouver à redire lorsqu’il s’agit d’organismes humains génétiquement modifiés », on se mobilise « contre la pollution par les nitrates des grands réservoirs d’eau souterraine, mais on ne donne que peu d’écho à la pollution des rivières ou de la mer par des résidus médicamenteux, notamment de pilules contraceptives ».

Tout cela résulte d’une forme de dictature du relativisme. Il n’y a pas seulement un lien entre écologie environnementale et écologie humaine, mais également avec l’écologie spirituelle. Benoit XVI parle de la « pollution  atmosphérique qui empoisonne l’environnement, de même qu’il existe une pollution du cœur qui étouffe la vie spirituelle » (Homélie de pentecôte 2009)

Perspective de salut 

Cette crise de l’écologie spirituelle se traduit par une perte du sens de l’histoire. (…). Oui, « la terre, si souvent abusée, semble souffrir ». C’est le péché qui a bouleversé l’harmonie de la création tout entière. (…).En s’incarnant, le Christ « est venu redonner à la création, au cosmos, sa beauté et sa dignité ». En Lui, « le ciel et la terre se sont rencontrés dans un ‘’admirable échange’’ ». C’est une grande espérance qui traverse toute l’Histoire Sainte avec les prophètes qui « annoncent une ‘’terre nouvelle’’ et des ‘’cieux nouveaux’’ ».

Le Christ vient ainsi nous redonner  « le sens du temps ».  Toute l’histoire s’articule autour de Sa mort et de Sa résurrection, au point que la création entière s’en est émue : « Le ciel s’obscurcit et la terre tremble lors de sa passion ». C’est un bouleversement cosmique « où l’univers est orienté vers le Père… Désormais l’histoire est tendue vers Son retour glorieux où tout doit être récapitulé en Lui ». (…)

Un carême pour la terre

Mgr Rey part donc de cette analyse de la crise écologique. Une saine vision métaphysique et anthropologique permettra à l’homme de reconnaître la responsabilité morale qui lui incombe. Pour cela, il ne fera pas l’économie d’une conversion non seulement de ses mœurs, mais d’abord de celle des cœurs.  A cette fin, l’Eglise nous invite à trois attitudes fondamentales pour sortir de nos égoïsmes et de l’esclavage de nos passions : la prière,  la pénitence et le partage. Il s’agit là d’un véritable « carême pour la terre ».

La prière

Nous devons d’abord nous réhabituer à remercier le Seigneur par « la louange ».  La splendeur de la création manifeste la Gloire de Dieu. « Devant le spectacle éblouissant de la nature, son harmonie et sa paix, nous pouvons laisser monter en nos cœurs un chant de reconnaissance et d’amour ».

La prière de louange trouve son point culminant dans l’adoration et « l’Eucharistie ». C’est le lieu « de l’adoration en esprit et en vérité ».  Dieu en se rendant présent sous l’apparence d’un peu de pain, montre que l’eucharistie est un « acte central de transformation qui est seul en mesure de renouveler vraiment le monde » (Benoit XVI- Marienfield 21.8.2005).

La pénitence

Face à la restriction des biens de la terre, « ascèse et sobriété » nous aideront dans l’exercice de la vertu de tempérance. « Pourquoi ne pas retrouver le sens du jeûne ou de la simple frugalité ?»,  interroge Mgr Rey. « Il ne suffit pas d’acheter les produits qui ont un « label » attestant leur impact faible sur l’environnement, mais bien de réformer complètement la course effrénée à la consommation ». Pour cela, il est indispensable d’apprendre la maîtrise de ses instincts.

En appelant à un « retour à la terre », Mgr Rey ne parle pas d’une « fuite au Larzac », mais d’une plus grande estime qu’il faut avoir pour le travail. Il appelle à un retour au réel : « La dignité de l’homme ne lui vient pas de son statut de consommateur, mais de son être, à l’image de Dieu, capable de continuer l’œuvre de la création par son travail ».

Le partage

Mgr Rey évoque l’activité économique, rappelant, sans les condamner, qu’elle ne doit pas se réduire aux seuls « échanges marchands ». Mais il rappelle que « le principe de la gratuité et la logique du don devraient y trouver leur places. Ils se trouvent inscrits dans le ‘’grand livre de la nature’’ ». L’homme doit réapprendre la grammaire de la création qui repose sur cette règle originelle de la gratuité et du don. « Une véritable écologie… passe par une solidarité renouvelée et un partage authentique ».  Mgr Rey prend l’exemple du domaine énergétique dans lequel cette solidarité est importante. Il faut à la fois mettre en place une redistribution planétaire des ressources afin que les pays qui n’en n’ont pas puissent y accéder. Mais, ajoute Mgr Rey, « ne fixons cependant pas de limites à la créativité humaine et à son audace. Les hommes ont une capacité d’invention indéfinie et indéfinissable. En matière d’énergie, on dit que le pétrole va s’épuiser ; cela est probable. Mais d’une part, les hommes n’ont pas toujours connu le pétrole… et, d’autre part, l’homme a prouvé qu’il était capable de découvrir et d’exploiter de nouvelles sources d’énergie ».

Mgr Rey donne un autre exemple de solidarité indispensable, celui consistant à « ne jamais s’habituer au drame de la faim… Ce fléau persistant montre bien qu’il convient de convertir le modèle de développement  global et promouvoir un développement humain intégral dans la charité et la vérité, la justice et la solidarité »

L'inclination la plus profonde de l'homme

Dans sa conclusion, Mgr Rey déplore les accents inhumains de l’écologisme radical, mais veut « reconnaître qu’il est le fruit d’une soif inassouvie ».  Il pense que  « cette quête de communion et d’harmonie reflète l’inclination la plus profonde de l’homme ». Si la crise écologique est préoccupante, elle constitue peut-être aussi une chance à saisir  « pour que l’humanité sente qu’elle partage une communauté de vie et de destin ».

Les chrétiens doivent être signes de cette exigence au service de la solidarité chrétienne et témoins que « seul l’amour de l’autre peut constituer la base de la vie sociale, économique et politique ».

Pour construire cette ‘’civilisation de l’amour’’, Mgr Rey insiste en disant que « la spécificité de l’évangile écologique est l’eucharistie ». Elle nous laisse, à la fois,  « entrevoir l’aube du monde  nouveau et reconnaître en toute personne, spécialement les plus pauvres, le visage de Jésus ; elle rend capable d’accueillir dans la création, un don de Dieu et d’en rendre grâce continuellement ».

Tout l’article ici :  « Peut-on être catho et écolo ? »

Mgr Dominique Rey, Peut-on être catho et écolo, 84 pp., Artège, 2012,

 

 

Commentaires

  • Admirable plaidoyer de Mgr. Rey dont beaucoup devraient s'inspirer. En effet, il s'agit pour nous chrétiens de bien discerner ce qui se cache dans une certaine conception de l'écologie. Le retour au paganisme le plus archaïque d'où le succès de certains courants chamaniques. Un de nos scientifiques, fort en vue par rapport à l'antartique notamment, ne déclarait-il pas dans une émission TV en caressant amoureusement un morceau de roche "le principal ennemi de la nature est l'homme et surtout les religions qui font de lui un être à part". L'écologie radicale est absolument anti humaniste.

    Bénit soit Mrg. Rey, dont j'ai pu observer moi-même les résultats dans son diocèse dans le Var. Quelle différence avec certaines régions de France, à Toulon à Hyères, et même dans certains villages, églises ouvertes, bien entretenues et accueil formidable de bénévoles. Voilà un type d'évêque dont on voudrait plus.

  • Halte en effet à ces écologistes qui voudraient nous faire croire que la planète est en danger à cause de la surpopulation et de là, à oeuvrer en faveur de la culture de mort. L'Homme a été créé par Dieu pour dominer la création, c'est-à-dire la gérer de manière responsable. Reconnaissons bien sûr que c'est loin d'être toujours le cas, mais personne n'est parfait. Mais la vie humaine est sacrée, contrairement à celle des espèces végétales et animales, dont beaucoup ont disparu de cause purement naturelle.

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