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Un synode comme le veut François

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De Sandro Magister sur son blog « Chiesa » (Extraits) :

ROME, le 12 novembre 2013 – Le synode des évêques est la structure de gouvernement de l’Église qui, sous le pontificat du pape François, est parvenue au stade de révision le plus avancé. Aucun projet global de réforme n’a encore été élaboré. Mais pour le moment des nouveautés perceptibles ont déjà été mises en œuvre.

LES NOUVEAUTÉS

Une première nouveauté tend à transformer le synode en une structure quasiment permanente. Sa prochaine session ordinaire, fixée à l'automne de 2015, sera précédée d’une session extraordinaire inscrite au calendrier pour la période du 5 au 19 octobre 2014.

Ces deux sessions auront le même thème : "Les défis pastoraux concernant la famille dans le contexte de l'évangélisation". Cependant les deux sessions auront des missions différentes. En 2014, les faits nouveaux intervenus dans la société seront passés en revue et des "témoignages et propositions" seront recueillis. Tandis que, en 2015, il s’agira d’établir des "lignes directrices opérationnelles pour la pastorale".(…)

Une seconde nouveauté est la rapidité avec laquelle aura lieu la phase préparatoire.(…) Mais ce qui est encore plus nouveau, c’est la manière de travailler qui a été adoptée. Tous les synodes précédents, au cours du dernier demi-siècle, ont été précédés par des documents préparatoires qui étaient prolixes, abstraits, ennuyeux.

Cette fois-ci, c’est le contraire. Le document de travail qui a été transmis par le secrétariat du synode, le 18 octobre, à toutes les conférences épiscopales est succinct et concret. Il suffit, pour s’en rendre compte, de voir avec quelle concision sont décrits, dès le début du document, les changements qui sont intervenus dans la société, en ce qui concerne la famille (…).

Cette première partie descriptive est suivie, dans le document, par une seconde partie qui récapitule l'enseignement de la Sainte Écriture et du magistère de l’Église en ce qui concerne la famille, depuis "Gaudium et spes" jusqu’à "Lumen fidei", et dans laquelle le Catéchisme est fortement mis en évidence.

Il y a enfin la partie qui a le plus retenu l'attention des médias, un questionnaire constitué de 39 questions (…). Ce questionnaire devra circuler dans tous les diocèses et, il faut le souhaiter, dans toutes les paroisses, "afin d’obtenir des données concrètes et authentiques concernant la thématique qui sera traitée par le synode". Mais des groupes et des fidèles pourront également faire parvenir leurs réponses à Rome de manière autonome.


Il a été décidé que cette consultation s’achèverait à la fin du mois de janvier. Le conseil du secrétariat général du synode se réunira à nouveau au mois de février afin d’élaborer, à partir des résultats qui auront été obtenus, un nouveau document préparatoire qui sera distribué aux pères synodaux.

LES INCONNUES

(…)  Le questionnaire, en raison de la méthode d’élaboration choisie et de la variété des types de réponse prévus, ne permet guère de fournir des données statistiques précises. Et il peut être facilement transformé en un puissant instrument de pression, par exemple en utilisant les réponses favorables à l’accès des divorcés remariés à la communion.

C’est un risque que l'archevêque Bruno Forte, secrétaire spécial du synode extraordinaire de 2014, n’a pas dissipé, lorsqu’il a déclaré, en présentant le synode à la presse, le 5 novembre, que le synode "ne doit pas prendre des décisions fondées sur la majorité ou suivre l'opinion publique", mais également que "ce serait une erreur de ne pas tenir compte du fait qu’une partie consistante de l'opinion publique a une certaine opinion".

Une autre inconnue découle du déroulement en deux temps de la convocation du synode.

On peut prévoir que les "témoignages et propositions" qui ressortiront de la première session extraordinaire, celle qui se déroulera au mois d’octobre 2014, présenteront une certaine variété. Et qu’il y en aura sûrement plusieurs qui tendront à apporter des modifications sensibles à la ligne qui a été suivie jusqu’à aujourd’hui par l’Église.

Cela créera de fortes attentes dans l'opinion publique, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église. Et celles-ci se reporteront sur la session ordinaire du synode qui viendra ensuite, celle de 2015, qui devra formuler les choix opérationnels à présenter au pape pour qu’il puisse prendre la décision finale.

C’est un risque que l’on a déjà pu constater en ce qui concerne le pape François, dont les déclarations sont fréquemment interprétées par les médias comme annonciatrices de changements, au-delà de ce qu’elles disent réellement.

Mais c’est un risque que le pape lui-même prend en connaissance de cause, comme le montre une analyse de ses comportements.

LA MÉTHODE BERGOGLIO

Au bout de huit mois de pontificat, le style du pape François est désormais reconnaissable. (…) Il laisse à d’autres l'exposition de la doctrine et se réserve l'attitude miséricordieuse du médecin des âmes, qui se penche sur les blessés comme dans un "hôpital de campagne".

Une question à laquelle le pape François a appliqué ce double registre d'intervention est précisément celle de l’accès des catholiques divorcés et remariés à la communion.

Lorsqu’il en parle, il aime souligner que "l’Église est mère et elle doit marcher sur le chemin de la miséricorde". Ce qui suscite des espoirs de changement de la pratique actuelle.

Dans le même temps, toutefois, il a confié au préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, Gerhard Ludwig Müller, la tâche de rappeler en tout et pour tout l’enseignement de l’Église en la matière et par conséquent les raisons du refus de la communion aux divorcés remariés.(…)

A partir du printemps dernier, des signes d’impatience s’étaient manifestés de manière croissante au sein du clergé et parmi les évêques de différents pays, favorables à un assouplissement du refus de la communion aux divorcés remariés.

Au début du mois d’octobre, un document publié par un service de la pastorale du diocèse de Fribourg-en-Brisgau, dont l’archevêque est Robert Zollitsch, président de la conférence des évêques d’Allemagne, a provoqué un certain bruit. Il encourageait l'accès des divorcés remariés à la communion, simplement sur la base d’"une décision de conscience prise de manière responsable" et "avec la disposition de foi nécessaire".

C’est à ce moment-là que le pape Bergoglio a estimé qu’il était opportun de consolider les verrous de la doctrine et qu’il a organisé, en accord avec Müller, d’une part la publication de l'article dans "L'Osservatore Romano" et d’autre part sa diffusion simultanée en plusieurs langues.

Dans son article, Müller critique également ceux qui séparent la miséricorde de Dieu de l’obligation d’observer ses commandements, ceux qui délient la conscience de son devoir de rechercher la vérité et ceux qui voudraient admettre dans l’Église catholique un deuxième ou un troisième mariage, comme dans les Églises orthodoxes.(…)

Tandis que, dans son article, Müller a affirmé de manière péremptoire que "cette pratique n’est pas cohérente avec la volonté de Dieu, clairement exprimée par ce que Jésus a dit à propos de l'indissolubilité du mariage", le pape François, dans l’avion qui le ramenait du Brésil, a exprimé son opinion à ce sujet en formulant ces phrases sibyllines : "Une parenthèse : les orthodoxes ont une pratique différente. Ils suivent la théologie de l’économie, comme ils l’appellent, et ils donnent une seconde possibilité [de mariage], ils le permettent. Mais je crois que ce problème – je ferme la parenthèse – doit être étudié dans le cadre de la pastorale du mariage".

Un autre exemple de communication oscillante est celui des procès canoniques qui visent à vérifier la nullité d’un mariage. En de multiples occasions, le pape François a laissé entendre qu’il était nécessaire de "revoir" les modalités de ces vérifications, en partant de l’idée qu’il y a en réalité beaucoup plus de mariages nuls que ceux qui sont vérifiés par les tribunaux ecclésiastiques. (…).Mais, le 8 novembre, dans un discours qu’il a prononcé devant l’assemblée plénière du tribunal suprême de la signature apostolique, le pape François a également procédé à une vigoureuse défense du "défenseur du lien", c’est-à-dire de l’avocat qui, dans tout procès relatif à un mariage, a le devoir de "proposer toutes sortes de preuves, d’exceptions, de recours et d’appels qui, dans le respect de la vérité, favorisent la défense du lien".

Pilote et aide-pilote. Accélérateur et frein. C’est de cette manière que le pape Bergoglio dirige.

Réf. Un synode comme le veut François

On n’oserait, certes, parler de double jeu mais de l’art de savoir jusqu’où on peut « avancer » trop loin, sans provoquer un « clash » dans l’Eglise.  Et Dieu dans cette affaire ? « Dieu est si bon », disait une paroissienne à mon curé. Et lui de rétorquer, en fronçant les sourcils : « mais il est juste, aussi ». JPSC

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