Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Quand l'Abbaye de la Cambre reprend vie

IMPRIMER
Entretien avec frère Hugues, o. praem.
Article mis en ligne le 25 novembre 2013 

par Service de Communication de l'Eglise catholique de Bruxelles

Version exhaustive de l’article paru dans le Pastoralia de décembre 2013.

Visage chrétien
En 1211, saint Norbert de Xanten offrait à l’Eglise un ordre de Chanoines réguliers, fidèles à la Règle de saint Augustin. L’Ordre issu de la commune de Prémontré, en Picardie, essaimera en France, dans l’empire Germanique, aux Pays Bas, en Angleterre et en Ecosse, en Espagne et en Europe de l’Est. A l’invitation de l’Eglise de Bruxelles, les Chanoines Prémontrés (parfois aussi appelés Norbertins) viennent, depuis le 20 octobre, de trouver en l’Abbaye de la Cambre un nouveau prieuré.

Originaires de l’abbaye de Leffe, les pères Hugues et Tanguy forment avec le père Rupert, du prieuré de Chelmsford (Angleterre), une communauté à la fois au service de l’Unité pastorale Sainte-Croix, et tournée vers l’international. Rencontre avec son nouveau prieur, frère Hugues, o. praem.

Votre nom de baptême est Jean-Luc, pourquoi avoir choisi Hugues pour votre ‘entrée en religion’ ?
Hugues est le nom du premier abbé de Prémontré. Originaire de Fosses-la-Ville (pas très loin de Dinant), c’est un des premiers compagnons de Norbert qui l’a initié au genre nouveau de vie qu’il entendait mener. Si saint Norbert en est le fondateur, le bienheureux Hugues de Fosses est plutôt l’organisateur de notre Ordre. Je n’ai pas choisi ce nom, je l’ai reçu avec l’habit, le 8 décembre 1982, lors de mon entrée au noviciat. Le Père François Martens, abbé à l’époque, souhaitait me donner un patron supplémentaire pour cette nouvelle étape de vie. Je lui en suis très reconnaissant et n’en continue pas moins de me réclamer de saint Jean-Baptiste, le précurseur du Christ, et de saint Luc, l’évangéliste, le cher médecin, « chantre de la miséricorde divine ». Je me sens très avantagé par ces saints patrons, auxquels se joignent encore le pape, docteur et liturgiste, saint Léon le Grand ainsi que l’époux de Marie, protecteur de l’Eglise et de notre pays, saint Joseph. Ils m’accompagnent d’une manière toute spéciale dans ma vie de chrétien, de religieux et de prêtre.

Dans quelles circonstances et fonctions avez-vous rejoint l’Ordre des Prémontrés ?

Dieu m’a séduit au cours d’un temps d’adoration eucharistique – le premier de ma vie, lors de ma retraite de profession de foi, à l’âge de douze ans. Durant cette nuit, j’ai su que j’étais pour lui. Je suis tout naturellement entré au séminaire de Namur après mes humanités : j’avais demandé à l’abbé Villers, vicaire à Vielsalm en ce temps, ce que je devais faire pour devenir prêtre. Après deux années de séminaire (quatre en fait : une année passée en tant que séminariste aux Facultés de Namur, deux années de philosophie, puis une de service militaire), je suis venu à connaître l’abbaye de Leffe grâce au Père Jean-Baptiste, mon confrère, qui était entré au séminaire avec moi. J’y suis venu, j’y suis resté. J’ai eu la chance d’étudier à Rome, puis d’occuper à l’abbaye les fonctions de sacriste, cérémoniaire, vestiaire, buandier, cellérier, hôtelier qui m’ont appris à prier mieux, travailler volontiers et rencontrer les gens en profondeur.

Comment comprendre cette identité particulière qui fait de vous des religieux, sans être moines ?
Nous sommes des chanoines réguliers. Comme l’expliquait Monseigneur Kockerols lors de notre installation : des prêtres attachés au service d’une église particulière et inscrits sur la liste (en grec : canôn) du clergé de cette église. L’ordre canonial s’est développé parallèlement à l’ordre monastique dans nos contrées. Depuis longtemps des groupements de prêtres ont mené ensemble une certaine vie commune autour des églises qu’ils desservaient (voyez dans nos régions le nombre importants d’anciennes collégiales : c’étaient des églises de chanoines), en adoptant bonne partie des usages monastiques mais sans renoncer au ministère. Saint Norbert était lui-même chanoine de la collégiale Saint-Victor de Xanten. Dans le mouvement de la réforme grégorienne qui visait à redresser les trop nombreux écarts du clergé, Norbert a cherché à mener une vie authentiquement évangélique et apostolique (c’est-à-dire « à la manière des Apôtres »). Il a adopté pour sa fondation de Prémontré, la « maison de sa pauvreté » qu’il avait souhaitée à l’écart du monde, la règle de saint Augustin, un converti, assoiffé de Dieu, projeté dans la pastorale en devenant évêque malgré lui. Ainsi, selon les propres dires de saint Norbert, recevons-nous « tout à la fois le vêtement et la parure de l’homme nouveau : le vêtement avec l’habit religieux, la parure avec la dignité sacerdotale ». En langage moderne nous dirions que c’est un accomplissement particulièrement abouti du sacerdoce impliqué par la vocation baptismale, dans ses deux dimensions fondamentales : baptismale et ministérielle. Consacrés à la suite du Christ, nous sommes tout livrés à l’amour du Père et à la mission de le faire connaître.

Portez-vous votre habit à la carmélitaine ou à la dominicaine ? 
Personnellement, je suis très attaché à l’habit que saint Norbert, contrairement à l’usage, a voulu blanc, comme celui des Anges, témoins de la Résurrection. Dans un monde où beaucoup s’habillent du noir et du gris de leur désespoir, je trouve cela très riche de sens. La plupart de mes frères portent plutôt l’habit à l’intérieur de nos maisons seulement. Il m’est comme une double peau et aussi, sans doute, un peu comme le phylactère des Juifs pieux : un rappel permanent des merveilles de Dieu qui me rappelle pourquoi je suis là. Je ne le quitte habituellement qu’à la piscine, sous la douche et au lit…

Qu’est-ce qui fait selon vous la force ou le charisme de cet Ordre ?
Pour moi, c’est sans conteste la vie commune et fraternelle de prêtres adonnés aux diverses formes du ministère, avec une vie de prière forte, toute imprégnée par la liturgie, qui leur fait revêtir le Christ de l’intérieur. Saint Norbert, que nous connaissons grâce à deux vitae, et saint Augustin, qui a laissé énormément d’écrits de choix, sont deux géants du désir de Dieu et du service de l’Eglise, deux connaisseurs de l’homme, deux sources sûres qui irriguent abondamment notre manière de vivre à la suite du Christ.

Que souhaitez-vous pouvoir offrir, avec vos frères, à l’Eglise et à la ville de Bruxelles ?
C’est bien ambitieux... Nous voulons avant tout nous efforcer timidement de répondre à un appel, celui de Dieu, reformulé ensuite par Monseigneur Kockerols. Comme un prolongement de ce que font nos frères à Leffe et à Chelmsford, peut-être offrir humblement, au milieu de beaucoup d’autres et avec eux, le témoignage de la puissance de l’Esprit, à travers les pauvres efforts de notre conversion à la vie commune pour le Royaume.

Si je vous emmène au centre-ville, qu’aimeriez-vous y faire, y découvrir, ou y manger ? 
Je ferais volontiers une visite à l’église Saint-Nicolas, près de la Bourse, qui abrite, avec d’autres, les restes de deux martyrs prémontrés, saint Adrien et saint Jacques, pour leur demander la grâce de la persévérance. J’aimerais aussi explorer toutes les traces de son riche passé canonial et chrétien (je pense au bienheureux Jean l’Admirable ou encore à saint Boniface qui ont été, si je ne me trompe pas, chanoines à Saints-Michel-et-Gudule). Je mangerais sans la moindre hésitation une pizza capriciosa chez Giannino, rue du Marché aux Fromages, mais je ne refuserais pas notre traditionnel moules-frites.

Entretien : PE Biron.

Commentaires

  • Pour avoir été paroissiens passionnés de la Cambre pendant 20 ans, nous nous réjouissons du fond du coeur (et du Brabant :-) de ce renouveau que nous osions à peine espérer.
    Nadine et Pascal de Roubaix.

Les commentaires sont fermés.