Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Faire son choix entre la Russie et la Belgique ?

IMPRIMER

Telle est la curieuse proposition que fait Christian Vanneste sur Boulevard Voltaire qui nous livre en même temps le regard qu'il porte sur notre pays :

Belgique versus Russie : faites votre choix !

L’avenir des nations européennes se situe dans le choix entre ces deux directions opposées.   

Pour fuir l’enfer fiscal français, Depardieu avait hésité entre Belgique et Russie. Deux événements à la taille de ces pays prennent une signification symbolique pour l’avenir de l’Europe. Le premier est une anecdote. L’acteur belge Poelvoorde nous a dit combien les manifestations françaises contre le mariage unisexe faisaient rigoler les Belges. À Sotchi, le président Poutine a ouvert des Jeux olympiques d’hiver à la dimension de sa vision de la Russie. L’avenir des nations européennes se situe dans le choix entre ces deux directions opposées.

Les Belges sont un peuple sympathique, doué pour l’humour et le dessin. La saillie rigolarde de Poelvoorde m’a fait relire Baudelaire : « La Belgique se croit toute pleine d’appas ; [...] Voyageur, ne la réveillez pas ! » Cette citation, la moins virulente, éclaire la réalité de ce pays au cœur de l’Europe politique. C’est un espace, non une nation. La Belgique est un État en sursis qui préfigure ce que pourrait être l’Europe fédérale. Le fédéralisme y est déjà appliqué. Le pouvoir central y est tellement dénué d’importance qu’après les élections de 2010, la crise politique a duré 535 jours avant qu’un gouvernement issu des élections soit installé. La social-démocratie a trouvé un terrain d’entente avec les libéraux dans le domaine de la « libération » des mœurs : avortement, mariage et adoption unisexes, PMA, GPA, euthanasie (y compris des mineurs), cannabis à petites doses toléré, prostitution, salles de shoot…

Le premier effet néfaste pour l’Europe est que l’absence de frontière rend difficile, à un État souverain, d’empêcher ses nationaux d’échapper à ses lois en allant faire ailleurs ce qui est interdit à domicile. Cette facilité devient un argument pour abroger les lois d’interdiction partout. Le maillon le plus faible attire inexorablement l’Europe vers le bas.

Le second risque réside précisément dans l’éclatement des États. Pour la Belgique, c’est une question de temps. La riche Flandre supporte de plus en plus mal le boulet économique wallon. Bref, la Belgique montre le chemin d’une non-nation, peuplée de non-citoyens, seulement de travailleurs et surtout de consommateurs avisés, et de pas mal de technocrates qui le sont moins.

La Russie est l’exact opposé. Après des décennies d’internationalisme totalitaire, elle affirme ce qu’elle a toujours été à travers sa culture notamment : une nation dotée d’une forte identité, d’une âme, parmi les plus riches de l’humanité. Sa volonté de restauration va de pair avec un conservatisme moral qui agace manifestement notre oligarchie politico-médiatique « bobo », mais qui a toujours accompagné les redressements nationaux, comme ce fut le cas en France à la Libération. Qu’on le veuille ou non, la Russie existe sur la scène internationale. Ce n’est pas le cas de l’Europe. Le « Fuck the EU » de la secrétaire d’État adjointe Victoria Nuland dit assez ce que les Américains pensent de l’Europe.

Dans le fond, ce continent risque de devenir une grande Belgique, un pays où on ne vit pas mal, où les identités nationales disparaissent au profit des identités locales et communautaires issues d’une immigration incontrôlée. La Belgique est un pays libertaire et socialiste avec sa dette à près de 100 % du PIB, issue de 53 % de dépenses publiques, insuffisamment compensées par 50,3 % de prélèvements obligatoires. La Russie affiche une dette dix fois moindre, des prélèvements à 21 % et une dépense publique à 36 %. Certes, elle doit se dégager de sa situation de rentière du sous-sol et lutter contre la corruption. Certes, elle doit faire progresser les vraies libertés, la liberté d’expression notamment. Mais la pensée unique qui règne hypocritement chez nous a-t-elle des leçons à lui donner ? Vladimir Poutine célèbre à Sotchi la renaissance d’un pays après 70 ans de ténèbres et des années d’un chaos économique et social qu’il a surmonté. Il a droit à cette fête.

Les commentaires sont fermés.