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Errare americanum est

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Lu sur le site web « Boulevard Voltaire » :

« Les Américains », disait Churchill, « trouvent toujours la bonne solution après avoir essayé toutes les autres. » En ce qui concerne l’Irak, et en espérant que l’avenir confirmera l’optimisme de ce bon vieux Winston, force est de constater que le passé a jusqu’ici, hélas, prouvé sa clairvoyance.

Ce fut une première erreur – morale – des États-Unis, après avoir envoyé Saddam Hussein combattre en première ligne l’Iran révolutionnaire de Khomeiny, d’avoir payé d’ingratitude le dictateur irakien et de ne lui avoir proposé aucune contrepartie en échange de son engagement de bon petit soldat de l’Occident au cours d’une guerre de huit ans qui avait coûté un peu plus d’un million d’hommes aux deux belligérants. Il n’était pas si aberrant qu’on voulut bien le dire à l’époque que Saddam, dépité, ait tenté de se payer sur la bête en annexant le Koweït, arbitrairement détaché du reste de l’Irak et artificiellement érigé en État indépendant par la Grande-Bretagne, avide de mettre la main (par émir interposé) sur ses richesses pétrolières.

Ce fut une seconde erreur – géopolitique, celle-là –, après avoir affaibli le pouvoir du « maître de Bagdad », comme disaient à l’unisson nos bons médias, d’en finir avec celui-ci sur la base d’accusations mensongères sans avoir la moindre idée de la complexité du pays où la coalition laborieusement constituée et emmenée par Washington mettait ses pieds et ses gros sabots ni de la façon dont on comblerait le vide laissé par la chute de l’homme fort qui faisait tenir ensemble, tant bien que mal, les morceaux de l’ensemble hétéroclite qu’avaient imaginé les vainqueurs de la Première Guerre mondiale.

Accueillis par certains en libérateurs, les héros de la deuxième guerre du Golfe ne tardèrent pas à être tenus par la grande majorité de la population irakienne – à la notable exception des Kurdes – pour des occupants.

Ce fut une troisième erreur, dont la région et le monde paient aujourd’hui les conséquences, après avoir créé les conditions du chaos, de laisser s’en dépatouiller le gouvernement corrompu, sectaire, autoritaire et impuissant qu’on avait mis en place et après être venu quand ce n’était pas nécessaire de s’en aller quand il aurait fallu rester.

C’est une quatrième erreur d’ajouter à l’anarchie et au désarroi ambiants une crise politique et de congédier comme un laquais Nouri al-Maliki après avoir utilisé ses services pendant huit ans. Était-il véritablement important, urgent et intelligent de s’ingérer une fois encore dans les affaires intérieures de l’Irak au moment où ce n’est plus seulement la stabilité mais l’existence même de ce pays qui est en cause, et alors que les 350.000 hommes censés constituer l’armée et les 600.000 hommes enrégimentés dans les forces de police irakiennes sont mis en déroute par les combattants fanatiques, aguerris, motivés et suréquipés de l’État islamique ?

C’est une cinquième erreur de limiter l’intervention militaire que justifie pleinement la situation à quelques bombardements ciblés suffisants pour que les islamistes dénoncent la nouvelle ingérence américaine mais insuffisants pour enrayer la déroute du régime irakien et l’exode des populations que chasse devant elle, comme un troupeau de moutons, l’offensive djihadiste.

Il est des moments dans l’histoire – et nous sommes dans un de ces moments – où les demi-mesures sont dépassées, où les tergiversations sont criminelles, où les bêlements humanitaires ne servent plus de rien, où la parole est aux armes.

Quitte à froisser le Qatar, quitte à déplaire à l’Arabie saoudite, quitte à conforter Bachar el-Assad, quitte à s’allier avec l’Iran, les États-Unis et l’Union européenne peuvent encore réparer et effacer toutes leurs fautes passées en déclarant la guerre aux fous monstrueux qui sont entrés en guerre contre l’humanité. C’est maintenant qu’il faut agir, sous peine d’être accusés devant les hommes et devant l’histoire de non-assistance à civilisation en danger. »

Ref . Errare americanum est

 N’en déplaise à ceux qui estiment qu’après tout, les djihadistes du Califat autoproclamé sont loin d’atteindre le niveau de nocivité auquel sont parvenus Robespierre,  Staline ou Hitler. Mais c’est peut-être ce que pensaient déjà ceux qui ont laissé faire ces derniers.

JPSC

Commentaires

  • Les Américains étant surtout des colons anglais, il est sûr que les Anglais mieux que quiconque connaissent la mentalité américaine. Entre capitalistes et matérialistes, on se comprend. Et l'on collabore d'ailleurs en tout, y compris dans les erreurs majeures. Ce sont les Américains et les Anglais qui ont commis l'erreur majeure d'imposer par la force la création de l'État d'Israël, en expulsant les habitants de ces territoires. Et cela une décennie après une autre erreur majeure, celle d'avoir favorisé ensemble l'accession au pouvoir de Hitler, vu comme un rempart et un moindre mal contre le fléau du bolchevisme soviétique.

  • La liste des erreurs américaines est longue et variée. Difficile d'en faire ici un inventaire exhaustif mais je pense qu'on peut résumer en disant qu'elles sont à la base de la plupart de nos maux actuels. Comme si cet Etat, né d'une certaine philosophie des Lumières, avait été créé pour nous mener, comme la Révolution française, pas très loin de la fin des Temps.
    Parmi les nombreux domaines où leur pouvoir destructeur a pu s'exercer, de Hollywood à la NSA par exemple, il y a certes les multiples interventions géopolitiques dont l'Irak n'est qu'un exemple et qui ont conduit très généralement à la déstabilisation de nombreuses régions au profit d'un nouveau mal planétaire : le djihaddisme ( pas si nouveau que cela d'ailleurs car il n'est qu'une copie de ce qui s'est passé il y a un millénaire ou un peu plus longtemps).
    Mais, parmi tous ces maux, je n'en retiendrai qu'un seul , hélas fort méconnu de tous, économistes ou non : le mal qui est relatif au pouvoir de la MONNAIE que les USA ont accordé à des banques privées, en 1913, en autorisant la création de la Réserve Fédérale (FED)comme émettrice de la monnaie officielle.
    Depuis lors, la situation monétaire, fondement de toute économie, n'a cessé de se dégrader jusqu'à produire le krach de 2008 qui ne fut jamais que la conséquence d'un crédit devenu fou grâce à une MONNAIE déconnectée de toute base monétaire réelle (l'or notamment).
    En 1944, les USA, forts de leur intervention tardive dans la 2e guerre mondiale, forts des armes qu'ils avaient vendues à prix d'or à certains belligérants et forts de l'or que Roosevelt avait confisqué à son peuple peu avant, imposèrent à leurs alliés les accords de Bretton Woods selon lesquels, entre autres avantages, le dollar serait désormais la devise de référence mondiale, en vertu des quelque 8500 tonnes d'or qu'ils avaient ainsi accumulées.
    Mais ils ne tardèrent pas à abuser de leur position monétaire dominante, bien au-delà de ce que leurs réserves d'or métallique le leur permettait. Le premier à s'en apercevoir fut le Général de Gaulle qui dénonça ce "privilège exorbitant", avec son ministre Rueff, dès le début des années '60.
    Jusque là, le dollar de Bretton Woods était officiellement convertible en or ( entre Etats seulement ), au prix de 35 $ l'once (31,10 gr). Mais il apparut donc alors que les USA émettaient nettement plus de dollars-papier que leur couverture-or ne le leur permettait. En d'autres termes, ils émettaient de la fausse monnaie avec laquelle ils pouvaient s'offrir pas mal de bien réels qui ne leur coûtait que du papier.
    De Gaulle ayant décidé de convertir ce papier en or métallique sonnant et trébuchant, envoya un de ses navires de guerre récupérer le précieux métal, ce qui ne plut guère aux Américains. Car si tous les Etats du monde possédant des dollars-papier en avaient fait autant, l'Amérique se serait rapidement retrouvée à court d'or physique et donc totalement décrédibilisée en tant que monnaie de réserve mondiale.
    C'est pourquoi le président Richard Nixon, le 15 AOÛT 1971, décida unilatéralement de supprimer la convertibilité du dollar en or qui avait été à la base du système monétaire mondial établi en 1944 à Bretton Woods.
    Ainsi donc, les USA, ce grand pays démocratique qui nous avait libérés (pas vraiment gratuitement) de la tyrannie nazie, trahissait dès alors ses alliés en matière monétaire, ce qui lui permettait plus que jamais de s'offrir tout ce qu'elle voulait au prix du dollar imprimé. C'est ainsi qu'elle a pu s'offrir, au cours des années, quelque 750 bases militaires de par le monde (hors USA) tandis que la Russie actuelle n'en possède qu'une seule ( Tartous en Syrie ) en dehors de ses anciennes républiques soviétiques.
    Non, l'Amérique, malgré tous les clichés d'Hollywood qui nous ont marqués pendant des décennies, n'est pas ce grand pays démocratique qu'on nous a tant vanté. Il n'est hélàs qu'un grand empire à la solde du Prince de ce monde , en attendant que l'Europe en prenne la relève. Errare americanum est, perseverare diabolicum.

  • @ eleison ... Je pense que vous avez raison d'insister sur ce fléau mondial de la monnaie papier américaine. Comment mieux dire que le monde est soumis aux lois d'un moderne veau d'or, une idole fabriquée de main d'homme ?
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    Mais je pense aussi que ce fléau, associé au capitalisme, prend ses racines bien avant 1913. Cette idéologie capitaliste est née dans des régions du Nord de l'Europe, où les peuples catholiques furent convertis de force à de nouvelles religions, dites réformées. Ces réformes furent fabriquées de toutes pièces, avec comme nouveaux Papes les différents César qui l'imposèrent à leur peuple. Comme ces réformes étaient beaucoup plus politiques et économiques que religieuses, l'une des premières mesures prises fut de supprimer l'interdit d'usure, qui était en vigueur avec la religion catholique romaine.
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    Un protestant se vit donc autorisé à servir Dieu et l'argent, à vénérer l'un et l'autre. Autrement dit à suivre les lois naturelles de Dieu mais aussi celles artificielles (créées par l'homme) de l'argent. Et comme l'argent est créé par César, cela revient aussi à se soumettre aux lois du César. On comprend mieux alors que les différents protestantismes naviguent sans boussole, au gré des caprices du César et de son argent. Ils oscillent ainsi, selon les époques, les lieux et les César, entre le puritanisme le plus extrême et le libéralisme le plus débridé.

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