Du Père Jean-Benoît Casterman, prêtre de la congrégation de Saint-Jean et éducateur au Cameroun depuis 1990, sur Boulevard Voltaire
Droit au blasphème. Vraiment ?
Si nous voulons légitimement critiquer l’islam, nous devons le faire avec autant de bonnes raisons (qui abondent) que de fermeté, mais aussi avec un minimum de respect envers les musulmans.
Apparemment presque tous les défenseurs de la liberté d’expression, dont la plupart de nos Charlie, revendiquent le droit au blasphème. Dans l’absolu, personne ne peut vous empêcher de blasphémer ou d’insulter. Par exemple, si vous êtes en guerre contre quelqu’un, fût-ce Dieu lui-même. Vous me direz peut-être que, pour vous, Dieu ou la religion n’existent pas. Mais cela existe bel et bien pour l’autre. Or, il s’agit ici du droit social ou de la vie en société. D’où notre question : y a-t-il vraiment un droit au blasphème, donc à l’insulte ? Concrètement, cela revient à se demander si, dans la vie en société, blasphémer est un acte acceptable et légitime.
Certes, la liberté fait bien partie des droits de l’homme. Mais à condition qu’elle respecte un minimum autrui ; justement pour le « vivre ensemble ». L’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme stipule que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (voir aussi art. 29 §2).
Dans ce cas, si vous insultez la religion d’autrui, il y a un réel problème pour le vivre ensemble. Ne me dites pas qu’en blasphémant Dieu ou une religion, vous n’insultez pas des personnes. Désolé, mais si vous insultez une religion, c’est comme se moquer d’une mère ou d’un pays, par exemple. Vous blessez, en conséquence, les personnes dans leur identité religieuse, familiale ou nationale. Vous les considérez comme débiles. Sur ce point, le pape François s’est exprimé dans sa franchise habituelle : « Si mon assistant insulte ma mère, il aura mon poing dans la figure. »
Au final, le blasphème est bien une insulte qui agresse des personnes et entraîne la violence. Dans ce cas, est-il encore un droit ? Si la question ne se pose pas avec le christianisme qui est, par essence, non violent, elle s’impose en revanche avec l’islam, qui porte l’intolérance et la violence dans son ADN. (Rappelons aux grincheux anticléricaux que les violences dites « chrétiennes » furent – au contraire de l’islam – en totale contradiction de l’Évangile.)
J’entends d’ici certains crier à l’autocensure et au rétablissement du délit de blasphème. Ceux-ci font l’amalgame entre le pseudo-« droit au blasphème » et le véritable droit de critique. Car la liberté d’expression implique évidemment le droit à la critique. Là, on est tous d’accord. Enfin, pas vraiment, car il y a ceux qui hurlent à l’islamophobie, laquelle amalgame toute critique de l’islam à de la haine envers les musulmans. Au passage, notre société se mord la queue en postulant le « droit au blasphème » à la Charlie Hebdo tout en imposant l’islamiquement correct et en pourchassant l’islamophobie. « Ils sont fous, ces Gaulois ! »
Finalement, la sacro-sainte liberté d’expression brandie par les Charlie s’avère une perversion de la liberté d’expression. Pour s’en convaincre, il suffit de voir ce que devient aujourd’hui la vraie liberté d’expression en France, systématiquement bâillonnée et « lepénisée » quand elle dévie de la « bonne » pensée. En revanche, la « liberté du blasphème » est fondamentalement dirigée contre le catholicisme (« droit de bouffer du curé »), considéré comme le « principal danger pour notre pays » d’après la Libre Pensée, jusqu’à amalgamer celui-ci au pire intégrisme islamique. On reconnaît là le fonds de commerce de nos loges maçonniques, qui veulent parodier et détruire « l’infâme » catholicisme.
En conclusion, non au pseudo-« droit au blasphème », qui est de l’insulte juste bonne à allumer l’incendie entre nos communautés. L’actualité le prouve assez partout dans le monde où ce sont les chrétiens qui trinquent ! Merci Charlie ! En revanche, oui au droit de critiquer une croyance ou une religion, avec de vraies bonnes raisons s’il vous plaît.
Mais, si nous voulons légitimement critiquer l’islam, ce qui est un droit et même un devoir de vérité et de défense de nos pays, nous devons le faire avec autant de bonnes raisons (qui abondent) que de fermeté, mais aussi avec un minimum de respect envers les musulmans.