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Belgique : les soins palliatifs intégraux incluent le recours à l'euthanasie

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De Raphaëlle d’Yvoire sur le site du journal "La Croix" :

En Belgique, la dépénalisation de l’euthanasie a modifié la philosophie palliative

Depuis 2002, la législation belge sur les soins de fin de vie vise à développer les soins palliatifs pour tous.

Mais, sur le terrain, les soins palliatifs conventionnels ont peu à peu laissé la place à une approche baptisée « soins palliatifs intégraux » qui inclut l’euthanasie.

Depuis l’adoption d’un dispositif légal sur la fin de vie en 2002, le modèle belge des soins de fin de vie entend développer « les soins palliatifs pour tous », tout en autorisant l’euthanasie sous certaines conditions. Dans la pratique, cette double approche et l’accroissement des demandes d’euthanasie ont modifié l’approche palliative traditionnelle qui n’entend ni accélérer ni repousser la mort.

Ainsi, sur le terrain, les fédérations régionales de soins palliatifs ont peu à peu adopté la notion de « soins palliatifs intégraux », qui ne considère pas l’euthanasie comme un échec des soins palliatifs ou même comme une pratique antagoniste à ceux-ci mais comme une option complémentaire, voire équivalente à tout autre acte palliatif.

ASSURER « LE MEILLEUR ACCOMPAGNEMENT POUR LE PATIENT, QUELLE QUE SOIT SA DEMANDE »

Au fil des années, le mot d’ordre officiel des politiques publiques a également évolué pour exiger désormais simplement du corps médical qu’il assure « le meilleur accompagnement pour le patient, quelle que soit sa demande ».

Enfin, dans les formations du personnel soignant, dont l’objectif affiché est de permettre une « généralisation des compétences dans le domaine de la fin de vie », le message consiste à convaincre le personnel médical que le fait de donner la mort peut s’inscrire aussi dans une logique palliative.

Dans ses réguliers rapports, la cellule belge d’évaluation des soins palliatifs plaide ainsi pour que « partout sur le territoire, des équipes pluridisciplinaires soient capables de fournir des soins palliatifs en maîtrisant la douleur et en étant capable de répondre à une demande d’euthanasie ».

Partisans et opposants de ce modèle belge des « soins palliatifs intégraux » ne s’accordent pas pour en apprécier l’impact sur la pratique médicale, sur la prise en charge des malades comme sur les valeurs qui portent la société. Certains professeurs de médecine, en Flandre surtout, en font l’apologie, expliquant que cette approche « a renforcé et non pas nui aux soins palliatifs », avec l’avantage qu’il n’y a « pas d’acharnement palliatif possible ».

UNE « CULTURE DE L’EUTHANASIE QUI A PHAGOCYTÉ ET DÉNATURÉ LA VÉRITABLE CULTURE PALLIATIVE »

D’autres dénoncent au contraire une « culture de l’euthanasie qui a phagocyté et dénaturé la véritable culture palliative ». Ils défendent la clause de conscience des médecins et dénoncent le fait de vouloir imposer la pratique de l’euthanasie dans toutes les institutions de soins belges.

Ils insistent sur le risque que l’euthanasie devienne un raccourci « efficace » et « confortable » face à la prise en charge palliative conventionnelle de plus en plus difficile, en raison de l’engorgement actuel des structures de soins palliatifs et de leur coût.

« Aujourd’hui, l’euthanasie offre une réponse légale d’évitement qui étouffe dans l’œuf les progrès qui sont encore à faire dans l’accompagnement de la souffrance psychologique et spirituelle », ajoute le Dr Catherine Dopchie, cancérologue et oncologue à Tournai, responsable d’une unité hospitalière de soins palliatifs dans le Hainaut (Centre Hospitalier de Wallonie Picarde).

Raphaëlle d’Yvoire (à Bruxelles)

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