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Un lynchage post-léonardien pas très catholique au Royaume de Belgique

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CARTE BLANCHE

Lynchage post-léonardien pas très catholique au Royaume de Belgique

Pierre PICCININ da PRATA

 

L’Église catholique aime se tirer régulièrement une balle dans le pied.

Cette fois, c’est l’histoire d’un prof’ de religion qui enseignait les Évangiles et la Trinité à ses élèves. Pas normal, tout ça ! C’est en tout cas ainsi qu’en a jugé sa hiérarchie…

Je l’ai rencontré ; catholique pratiquant et ayant moi-même un long passé d’enseignant, son récit m’a ému, et je voudrais vous raconter cette histoire.

Elle commence il y a vingt ans, lorsque qu’Arnaud Dumouch, tout jeune professeur de religion catholique, est embauché dans une école libre du diocèse de Tournai. Fidèle à la foi catholique romaine, il enseigne selon le catéchisme de l’Église, le Magistère, et pratique la pastorale impulsée par Vatican II, l’ouverture et l’accueil ; il réconcilie ainsi l’amour et la vérité, que d’autres voudraient opposer.

Mais il se heurte d’emblée à son supérieur, un prêtre de ce clergé vieillissant imprégné des idéaux de mai ’68, qui prêche la tolérance mais dont le cœur est devenu dur et aigri, à la mesure du bilan de son échec qu’il refuse d’admettre, s’attaquant avec hargne au traditionalisme dès qu’il croit en percevoir la repousse. Inspecteur du cours de religion, le prêtre s’acharne sur le jeune professeur. Arnaud Dumouch est ainsi chassé de son école par le soixante-huitard devenu pharisien à son tour, et il trouve finalement refuge à l’Institut Saint-Joseph, à Châtelet. Les années s’écoulent, heureuses… Il y est nommé à titre définitif, en 2003.

Tout recommence en 2010 : le prêtre qui lui avait fait la chasse est devenu le vicaire épiscopal en charge de l’enseignement dans le diocèse de Tournai. Il réattaque, et s’ensuivent des inspections à répétition, effectuées par un des Frères des Écoles chrétiennes (de la Congrégation de Saint Jean-Baptiste de La Salle), dont dépend l’institut. Le frère survient régulièrement à l’improviste et s’assoit tout au fond de la salle de cours, sans adresser la parole au professeur ; il s’enfuit avant que la cloche retentisse…

Jusqu’à ce jour de 2012 où Arnaud Dumouch est convoqué par ses « juges » : dans une salle de l’institut, sa direction l’attend ; le frère est aussi présent. Plus de quatre cents reproches lui sont énoncés. « Comment peut-on encore suivre le Magistère aujourd’hui, après l’affaire Galilée ?! », s’écrie le frère. Le professeur explique que l’affaire Galilée n’engage en rien le Magistère, qui ne concerne que la foi : que la terre soit plate ou ronde n’a rien à voir avec le Magistère.

« Vous avez enseigné à vos élèves que le Christ est ‘vraiment’ ressuscité ! Mais ce n’est qu’un symbole ! Vous faites dans l’ésotérisme ! », renchérit un autre. Devant de telles aberrations, qui frisent l’hérésie, Arnaud Dumouch croit à un cauchemar, lui qui a publié plusieurs ouvrages de théologie, qui ont tous reçu l’imprimatur de l’archevêché de Paris. Il essaie de se défendre, cite les textes canoniques, mais sa hiérarchie n’écoute pas ; le verdict du « procès » est entendu d’avance. Galilée, face à ses juges…

« Vous devez vous concentrer uniquement sur des thèmes de société : la tolérance, la citoyenneté, la démocratie ! », renchérit sa direction. « La Trinité et la vie après la mort, le péché et le pardon, c’est ridicule ! Ça n’intéresse personne ! » Il faut donc laïciser le cours de religion, et ne plus y parler de… religion.

Le prof’ résiste, se référant au programme. Mais les inspections se poursuivent…

Le 23 août 2013, Mgr Harpigny, évêque de Tournai, reçoit Arnaud Dumouch à la demande du Vatican, du Cardinal Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, favorable au professeur de religion dont Benoît XVI avait cité les travaux, sur lesquels le Pape s’était appuyé pour rédiger son encyclique Spe Salvi.

Mais rien n’y fait : l’inspection suspend Arnaud Dumouch pour trois mois ; et, à peine rentré, en janvier 2014, les inspections reprennent…

Il porte alors plainte au bureau de police de Châtelet, pour harcèlement moral, sur les conseils de l’archevêque, Mgr Léonard, Primat de Belgique, qui a été informé des événements. Les inspections cessent et l’année scolaire s’achève dans la paix…

En septembre 2014, toutefois, c’est la direction de Saint-Joseph qui prend le relais, tentant de multiplier les reproches disciplinaires. Un jour où l’enseignant avait autorisé une de ses élèves, à peine sortie d’une tentative de suicide, à partager un gâteau d’anniversaire avec ses condisciples, le directeur déboule dans la salle de cours : « C’est quoi, ce bazar ?! » La jeune fille lui tend une part du gâteau ; le directeur l’accepte et sort. Mais, pour ces quelques minutes de compassion accordées à une élève fragilisée, un rapport, accablant, tombera quelques jours plus tard.

Le ministère de l’Enseignement de la Communauté française déclarera tous les reproches disciplinaires absurdes et non-recevables.

Mais une dernière inspection a lieu, en mars 2015… Les élèves d’Arnaud Dumouch présentent des exposés sur les miracles de Lourdes. L’inspecteur s’insurge : « Les miracles de Lourdes ?! Mais c’est n’importe quoi ! C’est de la magie ! D’ailleurs, citez-moi un seul miracle de l’Évangile qui soit réel ! »

- La résurrection du Christ, répond le professeur. C’est le miracle des miracles ! Au moins… non ?

Début juillet 2015, le visa ecclésiastique d’Arnaud Dumouch lui est retiré par les Frères des Écoles chrétiennes ; il ne peut plus enseigner la religion catholique. Le professeur engage un recours auprès de l’évêque de Tournai et de la Chambre des recours de l’enseignement libre confessionnel. Il ne reçoit aucune réponse.

Six mois plus tard, le 12 décembre 2015, Mgr Léonard quitte l’archevêché ; le Primat de Belgique part à la retraire. Quelques jours plus tard, Arnaud Dumouch est soudainement convoqué par la Chambre des recours, où siège le frère qui l’a harcelé pendant des années.

Le retrait du visa est confirmé et le professeur apprend peu après, par un sms d’un de ses élèves, que sa direction a pris la décision de le licencier.

Les élèves d’Arnaud Dumouch n’acceptent pas cette injustice ; ils signent massivement une pétition mise en ligne le 14 janvier 2016. Près de deux-mille de ses élèves et anciens élèves la signent.

Le 15 janvier 2016, Arnaud Dumouch dépose un recours à Rome, en s’adressant au Nonce apostolique à Bruxelles, Mgr Berloco. Le recours est suspensif et le professeur devrait être ipso facto réintégré à l’Institut Saint-Joseph. Sa direction lui refuse cependant l’entrée…

Il est étonnant de constater que l’histoire que je vous ai racontée ne fait aucun bruit dans les médias.  Quand, il y a des années, Marcel Penasse avait subi le même sort chez les Sœurs de Beauraing, mais pour avoir ouvertement défendu l'avortement, ce fut un tollé dans tous les quotidiens du Royaume. Arnaud Dumouch, malheureusement pour lui, est catholique ; et prendre sa défense ne fait pas recette.

Aujourd’hui, Arnaud Dumouch, soutenu par ses élèves, espère simplement un peu de justice et de charité chrétienne, et retrouver son travail pour faire vivre sa famille.

En outre, il reste convaincu que l’Église de la vérité et celle de l’amour ne font qu’une. Et que le cours de religion ne doit pas devenir la pâle copie du cours de morale laïque…

 Comité de soutien et pétition en faveur d’Arnaud DUMOUCH :

https://www.change.org/p/comit%C3%A9-de-soutien-%C3%A0-arnaud-dumouch-non-au-retrait-de-visa-eccl%C3%A9siastique-et-au-licenciement-du-professeur-a-dumouchsseur-a-dumouch

Commentaires

  • Les mêmes idéologies à l'oeuvre dans cette affaire ont présidé à la formation de générations de prêtres de bonne volonté dans un grand nombre de séminaires diocésains sur tous les continents. Ces derniers sont persuadés d'avoir été formés à la théologie catholique et à l'amour de la vérité ou de la sagesse par la philosophie. Mais ils y ont reçu du Bultmann, du Rahner, du Teilhard, du Hegel, du Kant et compagnie. Nous ne sommes pas sortis de l'auberge.
    "Mais si le Christ n'est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi." (1 Co 15, 14)

  • Je partage le sens global de ce message et j'y ajouterais que les prêtres "progressistes" ont mal vieilli et sont devenus néo-conservateurs.

    Toutefois, étant biologiste, j'ai un peu de mal à comprendre ce que vous reprochez à Theilard de Chardin...

  • Cela s'appelle un martyr de la foi.
    Nous ne devons plus nous étonner si nos concitoyens ont perdu la foi. Il s'agit d'un véritable scandale au sens évangélique du terme! Aux petits que nous sommes la Parole de Dieu a été refusée et la foi tuée dans l'œuf, trahison de beaucoup de clercs.
    Que le Seigneur leur pardonne.
    Prions pour eux.

    Marc

  • IL EST IMPENSABLE QUE L HOMME CHRETIEN NIE LA RESSURECTION DU CHRIST ALORS QUE L APOTRE DIT JE PRECHE UN CHRIST MORT ET RESSUSCITE SINON LA FOI EST VAINE. FAIRE SOUFFRIR QQ QUI DIT LA VERITE ET NE PAS LE
    REMETTRE EN FONCTION EST GRAVE ET ILS SERONT JUGES
    DEVANT LE CHRIST LUI MEME QUEL QUE SOIT LE GRADE.

  • Je suis parfaitement d'accord avec tous ceux, comme moi, soutiennent le prof Arnaud, ce théologien érudit qui a un charisme éprouvé pour les cœurs humbles. Ceci démontre à nous tous, chrétiens catholiques, que l'ennemi a semé son ivraie dans l’Église pendant que nous dormions , avec les homélies inspirées par l'Adversaire du CHRIST. Il n'est pas trop tard pour nous ressaisir, surtout nous laïcs, pour avoir le discernement pour notre participation effective à la Nouvelle Évangélisation comme le désire le Pape François: l’Église appartient nous appartient !

  • Justement pas ses recherches biologiques, ou plutôt paléontologiques si je ne m'abuse, mais bien ses travaux en théologie.
    Ce n'est pas moi qui ai quoi que ce soit à lui reprocher : ses travaux en théologie ont été déclarés hétérodoxes en 1962 par le Saint-Office, autrement dit la Congrégation pour la Docrtine de la Foi, en particulier sa christologie, et par conséquent sa sotériologie. Vous me répondrez peut-être que les choses ont changé (mais la sentence de la CDF n'a jamais été officiellement levée ni infirmée, ce qui d'ailleurs n'a pas lieu d'être pour des questions de doctrine). Ce qui nous renvoie au premier commentaire, sur les prêtres de bonne volonté et leur formation dans les séminaires. Comme vous le remarquez très justement, beaucoup d'entre eux sont néo-conservateurs. Certains sont considérés comme très conservateurs ou ultra-conservateurs. Certains se considèrent eux-mêmes comme tels. Et pourtant les notions même de conservatisme ou de progressisme en théologie introduisent une subjectivité qui n'est pas pertinente en matière de foi.

  • Précision pour éviter une éventuelle ambiguïté: le commentaire ci-dessus était une réponse à la question sur Teilhard de Chardin, et se rapporte donc à ce dernier.

  • J'ai enseigné également la Trinité, la résurrection, le pardon etc...à Saint Joseph à Liège, école lassalienne également. Je n'ai jamais eu de problème dans cette école comme professeur de religion (aujourd'hui pensionnée). Ce professeur victime de harcèlement ne pourrait-il pas changer d'école ? une mutation n'est-elle pas possible ?

  • La Vérité est toujours combattue, comme Jésus l'a été, car Il est La Vérité. Arnaud Dumouch n'est pas le seul.
    Un prêtre de ma connaissance est également mis au ban car Il parle VRAI. Prions pour eux.

  • C'est vraiment le monde à l'envers! Une honte, un scandale! Un prof de religion catholique mis à la porte par des supérieurs "catholiques" (ou plutôt hérétiques) parce qu'il est catholique. C'est eux qu'on devrait virer. N'est-ce pas Mgr Harpigny?
    Jean-Pierre Snyers

  • Il est triste d’apprendre qu’il y ait eu des prêtres séduits par le pire de l’esprit soixante-huitard, j’en ai été heureusement préservé en passant cette période entre les USA et l’Afrique, mais je rejoins Rodolphe DUMOUCH quant à la valeur de certaines approches de la foi par Teilhard de Chardin. Comme je l’ai signalé il y a quelques jours, si son œuvre a été rejetée par l’église en 1962, en 1968 Ratzinger publiait un livre où il approuvait quelques-unes de ses idées. Voir ‘Teilhard de Chardin respecte la christologie paulinienne’ à l’url
    «users.skynet.be/fc838500/ker/ktdc02.htm».

  • Merci pour le lien sur Theilhard...

  • Question.
    Quand l'Eglise, en particulier celle en Belgique, sortira-t-elle de ses ambiguïtés suicidaires ?
    Réponse.
    Quand les évêques auront le courage "d'assumer, pleinement et simplement, leur boulot" : épiscopes, soit "sur-veillants", protecteurs de la Foi de leurs ouailles.

    Avec toute ma sympathie pour M. Dumouch, jeune collègue de grande qualité, persécuté pour ce motif.

  • On a tout-à-fait le droit de penser que la trinité n'existe pas, que le christ n'est pas ressuscité et qu'il n'y a pas de vie après la mort...

    Mais dans ce cas-là, on ne se fout pas curé, on ne devient pas abbé ni frère !

    On peut se poser de graves questions sur la vocation de ces gens-là... Certaines sont assez scabreuses mais je n'aurai pas l'indécence de les publier ici.

  • Tout comme Juda a été choisi par Jésus Christ (quand bien même il savait qu'il le trahira...), les personnes en question ont également entendu l'appel du Christ (leur vocation).... A eux d'en être digne puisque le Christ les exhorte, tout comme Juda à la vraie répentence, malgré tout. Sa miséricorde est débordante !!!
    Prions toujours pour eux, mais aussi pour nous-même, pour que la Vérité triomphe dans tous les coeurs.
    Carole

  • Nous en avons par dessus la tête de l' assertivité extrême ( je veux rester polie ) de ces "modernistes. En tout cas, le modernisme ,en montrant son vrai visage, sa soif de pouvoir sur les esprits, ,son intolérance " se tire une balle dans le pied " comme le dit Pierre Piccinin. .Les " petits à qui ces choses ont été révélées plutôt qu'aux sages et aux savants " voient ce qu'ils voient, ne sont pas aveugles .

  • Ils paniquent. Le sol se dérobe sous leurs pieds. Ils sont en partie responsable de la déliquescence de la jeunesse. Du nombre de suicides et de consommation de drogues, antidépresseurs, du consumérisme, du tout-se-vaut... Nous, la jeunesse refusons ce monde de compromis et de reniement de soi, pire de reniement du Sauveur par ceux qui devraient propager sa parole. Et même si nous leur devons le respect pour leur âge et leur choix de vie sacerdotale, nous ne suivrons plus ces fossoyeurs, ces apostats dans la descente aux enfers à laquelle ils veulent nous entrainer. Nous serons des hommes debout, à genoux devant Notre Seigneur Jésus Christ uniquement avec ceux qui défendent la Foi catholique. Vive le Christ Roi!

  • Vous avez complètement raison de résister aux apostats qui se sont infiltrés dans l’Église ! Ainsi s'accomplissent les prophéties du SEIGNEUR pour ces temps qui sont les derniers (1Timothée 4: 1-2; 2Timothée 4: 3-4; 1Timothée 3: 5).

  • Je vous invite tous à prier beaucoup comme nous le demandait la vierge à Beauraing. Prions pour nos ennemis et invitons à l'adoration et à l'Eucharistie quotidienne . Ce qui aura comme conséquence que nous sortirons d'un savoir livresque pour vivre d'un savoir expérimental. Pour les jeunes c'est indispensable de vivre ces expériences spirituelles sans quoi certains "chrétiens" se convertissent à l'islam et au djihad. Ne nous decourageons pas et allons évangéliser en périphérie comme nous le recommandé le pape François

  • Pour moi, Jésus est le seul chemin qui me conduit à Dieu, notre Père à tous. C'est mon chemin de toute ma vie.
    Georges

  • Je crains que les" anticléricaux " n'aient infiltré l'Eglise et certains responsables dans les écoles, je pense qu'une manière de réagir
    est de les bénir et de prier pour eux tout comme de confier à notre maman du ciel la cause de ce professeur de religion qui ne fait que de parler de la vérité, qu'il puisse rapidement être réengager. Son jute combat est surement source de grandes
    grâces.

  • Je crains que les" anticléricaux " n'aient infiltré l'Eglise et certains responsables dans les écoles, je pense qu'une manière de réagir
    est de les bénir et de prier pour eux tout comme de confier à notre maman du ciel la cause de ce professeur de religion qui ne fait que de parler de la vérité, qu'il puisse rapidement être réengager. Son jute combat est surement source de grandes
    grâces.

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