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"L’approche subjective de l’exhortation apostolique du pape François vient compléter le point de vue objectif de Familiaris Consortio"

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Jean-Marie Dumont interroge le Père Michelet (site de Famille Chrétienne); on ne peut pas dire que cela rende les choses simples ni faciles à aborder :

Amoris Laetitia ouvre-t-elle la porte de l’eucharistie ?

Pour le père Thomas Michelet, dominicain chargé de cours de sacramentaire à l’Angelicum, l’approche subjective de l’exhortation apostolique du pape François vient compléter le point de vue objectif de Familiaris Consortio.

L’exhortation du pape « La Joie de l’amour » ouvre-t-elle la porte de l’eucharistie aux personnes divorcées remariées ?
Elle ne l’ouvre ni ne la ferme. La question n’est pas posée en ces termes mais plutôt en termes de « logique d’intégration », dans plusieurs domaines : liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel (n. 296). Cela suppose de redécouvrir que l’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne, n’est pas le tout et qu’il y a d’autres lieux de communion.

L’exhortation apostolique Familiaris Consortio réaffirmait la discipline de l’Église « fondée sur l'Ecriture Sainte, selon laquelle elle ne peut admettre à la communion eucharistique les divorcés remariés ». Cette disposition est-elle caduque ?
Familiaris Consortio n. 84 soulignait qu’un remariage après divorce était en contradiction objective avec la communion d’amour entre le Christ et l’Église qui s’exprime dans l’Eucharistie. Cela demeure, mais on ajoute le point de vue complémentaire de la conscience des personnes, qui n’ont pas nécessairement la perception subjective d’une telle contradiction.

L’exhortation apostolique Familiaris Consortio prévoyait que des divorcés remariés ne pouvant pas, pour de graves motifs (éducation des enfants), rompre leur nouvelle union, pouvaient accéder aux sacrements de pénitence et de l’eucharistie, à condition notamment de vivre dans la continence. L’exhortation apostolique « La joie de l’amour » va-t-elle plus loin ?
Cette voie d’accès aux sacrements reste valable (n. 295 et note 329) mais on admet que, dans certains cas, la séparation pouvait être inévitable et même moralement nécessaire (n. 238) ; de même dans la nouvelle union, la « grande difficulté à faire marche arrière sans sentir en conscience qu’on commet de nouvelles fautes », certaines circonstances pouvant diminuer considérablement la liberté de choix (n. 295 et 298).

L’exhortation apostolique « La joie de l’amour » remet-elle en question certaines dispositions de Familiaris consortio ?
Sans renoncer à l’approche objective de Familiaris consortio et du Canon 915 du code de droit canonique, il faut considérer le plan subjectif pour lequel « il n’est plus possible de dire que tous ceux qui se trouvent dans une certaine situation dite ‘‘irrégulière’’ vivent dans une situation de péché mortel » (n. 298). Or on ne peut communier avec un péché grave sur la conscience (Catéchisme 1384, 1415). Donc si l’on n’a pas de péché grave en conscience, ne faut-il pas en conclure que l’on peut communier ?

Que penser de la note 351, qui semble introduire une forme d’ambiguïté ?
C’est la suite de la distinction précédente entre les deux plans, dont on tire la conclusion. Dans une « situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement » (n. 302), la note 351 évoque « l’aide des sacrements » ; alors que le point de vue objectif dans Familiaris consortio et le Canon 915 s’y oppose.

Quel regard portez-vous d’une manière plus générale sur l’approche qui est faite, dans l’exhortation apostolique La Joie de l’amour, de la question des divorcés remariés ?
Les deux plans (objectif et subjectif) ne sont pas suffisamment intégrés. On risque alors d’aboutir à la « double morale » que dénonçait Veritatis Splendor (n. 56) et que veut éviter Amoris laetitia (n. 297) : d’un côté une morale de l’objectivité qui parle de péché grave et interdit l’accès au sacrement ; de l’autre une morale de la conscience qui le nie.

Quelles sont les questions que soulève l’exhortation apostolique sur ce sujet, et qui pourraient donner lieu à une recherche/ un approfondissement théologique ultérieur ?
Si l’on veut que « Amour et Vérité se rencontrent » (Amoris laetitia et Veritatis Splendor), il faut articuler les deux plans en rappelant que le « discernement selon l’enseignement de l’Église » (AL 297) doit viser la réception de la norme au for interne, la prise de conscience de la contradiction objective, et ainsi la décision mûre de ne plus communier tant que cette contradiction ne sera pas pleinement résolue en vérité.

Commentaires

  • Si je comprends bien, et en restant strictement dans le cadre de la théologie morale catholique la plus classique et l'enseignement du magistère infaillible, une personne vivant dans une situation irrégulière (divorcés remariés civilement, concubins, homosexuels etc) peut avoir cependant la certitude morale d'être en état de grâce. Certitude morale car dans ce domaine la certitude absolue ne peut exister. Nul ne sait s'il est digne d'amour ou de haine. Alors elle peut et doit communier. jusqu'à présent je ne vois pas comment dire que des divorcés remariés civilement et qui ne vivent pas dans la continence peuvent n'être qu'en état de péché véniel. Mais la réflexion théologique est ainsi mise en route. Il faudra sans doute d'autres déclarations officielles sur le sujet. On est sans doute à la veille d'intenses débats. Je rappelle aussi que qui prie se sauve certainement et tout le monde dans n'importe quelle situation peut prier et obtenir en fin de compte le salut éternel, fût-ce qu moment de la mort.

  • Plus que jamais l’Église à besoin d'évêques et de prêtres qui soient clairs ; "Que votre oui veuille dire oui et votre non veuille dire non (Mat 5,37)". Le Christ, malgré son infinie miséricorde, était clair et parlait avec autorité ; Il appelait un péché ce qui en était un et n'avait pas peur de le dire ouvertement à celui ou celle qu'il rencontrait ! Point de fourberies en la personne du Christ, point de faux-fuyants dans l’Évangile ! Malheureusement, comme on peut le constater dans les propos du père Michelet, l'exhortation apostolique du pape François entretiendra la confusion alors qu'elle devrait être d'une clarté absolue.
    Vraiment regrettable.

  • Le père Michelet déclare aussi quelque chose qui pour moi est très important dans une interview au Salon Beige (http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2016/04/amoris-laetitia-gaudium-de-veritate.html) :
    "Si nous lisons ce texte à charge, en soulignant d’abord ses déficiences, en interprétant ses silences, ses zones d’ombre ou ses ambiguïtés comme autant de preuves d’une remise en cause de la doctrine catholique, alors nous favoriserons en effet une « herméneutique de la discontinuité » qui donnera raison à ceux qui prétendent que tout a changé ou que tout va changer, nous serons des agents de division et de schisme. La révolution que nous craignons se produirait, et nous en serions en partie responsables.
    Il nous faut donc à l’inverse lire ce texte selon une « interprétation charitable », une « herméneutique de la continuité » qui part du principe que cet enseignement est conforme au magistère précédent, que la doctrine de toujours n’est pas changée. Cela favorisera alors une réception vraiment catholique du texte, et nous aurons été des ferments d’unité et de paix. Peut-être est-ce là une tâche difficile, mais elle n’est pas impossible."
    Il faut donc partir du principe que le discours de François ne change rien (il n'en a pas du tout le droit) et que la doctrine n'est donc pas changée, même s'il subsiste des ambiguïtés dans les propos du pape.
    D'autre part - question aux divorcés remariés - pourquoi la communion sacramentelle apparaît-elle comme absolument indispensable à ceux qui ne peuvent faire autrement que de rester ensemble ? Ce que j'ai appris est que la communion spirituelle existe sans pour autant qu'il soit besoin de recevoir l''hostie. Si la communion sacramentelle était nécessaire au salut, on pourrait déjà prédire le pire pour tous les chrétiens, protestants ou autres, qui refusent la notion de présence réelle ...

  • Oui, Simon Noël : qui prie pour être sauvé, sera entendu . Le bon larron. La prière de Soeur Consolata : " Jesus, Marie , je vous aime, sauvez les âmes ". ( à dire, avec coeur, le plus souvent possible . Pour sauver TOUTES les âmes ).
    Ou celle du pélerin russe : " Jesus, fils du Dieu Vivant prend pitié de nous, pauvres pécheurs .....'
    Mieux vaut dire ces prières que de filtrer le moucheron .

  • @ therese

    Je crains qu'il n'y ait abus en citant la priere du coeur comme justifiant votre reponse pour Simon :
    On ne peut dire la priere du coeur sans :
    1/ une vie sacramentelle reguliere avec confession obligatoire et donc volonte manifeste de changer en recevant tout du seigneur,
    2 / ainsi que l'insertion dans l'Eglise (et sa tradition).
    Regardez la fermete avec laquelle les orthodoxes agissent au regard de la reception de la sainte communion (leur pratique au regard du mariage/divorce n'est pas la question) !!!
    Vous ne trouverez aucun staretz qui enseigne dans l'optique de votre reponse.

  • Thierry,
    J' ai dit , à dessein, " sera entendu " . Dieu nous entend toujours .Où, quand et comment il nous exauce, nous ne savons pas .On peut penser que dans la vie d'un pélerin russe ,il y aura de grandes grâces de purification .....Je pense à la Vierge de Pontmain : " Mais priez ,mes enfants, priez ... mon Fils se laisse toucher " Personnellement , à la suite d'une intuition, j'ai remplacé la prière de Jesus par " Jésus, Marie, je vous aime, sauvez les âmes " .de Soeur Consolata . Je ne sais pas si, en plus, je dois exhorter les gens à se " mettre en règle ". J'en parlerai à mon confesseur. Merci de votre remarque, elle me fait réfléchir ....;

  • Je me retrouve tout à fait dans ce que le Père Michelet et Denys écrivent .

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