De Clémence Houdaille sur le site du journal La Croix :
PMA, GPA : que dit l’Église catholique ?
Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) rendra mardi 27 juin son avis sur l’élargissement du droit à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes, ainsi que sur la gestation pour autrui (GPA). À cette occasion, La Croix rappelle la position de l’Église catholique à ces sujets.
Que dit l’Église de l’assistance médicale à la procréation ?
La position de l’Église est formulée à partir de deux références éthiques fondamentales : la dignité de l’embryon, qui doit être respecté comme une personne, et la dignité de la procréation qui doit avoir lieu dans le mariage et dans l’acte conjugal compris comme donation mutuelle des conjoints.
« Ces références sont extrêmement restrictives en ce qui concerne l’assistance médicale à la procréation », résume le Père Bruno Saintôt, responsable du département éthique biomédicale du Centre Sèvres, à Paris. Concrètement, l’Église catholique interdit l’insémination artificielle même intraconjugale et toutes les formes de fécondations in vitro (FIV) même homologues, c’est-à-dire sans tiers donneur, d’une part à cause des atteintes à l’embryon lors du diagnostic préimplantatoire et de la destruction des embryons non implantés et, d’autre part, à cause de la dissociation entre l’acte conjugal et la fécondation, celle-ci devant être le « fruit de la donation sexuelle des époux », ajoute le Père Saintôt. « En substituant un acte technique à l’étreinte des corps, on pervertit la relation à l’enfant : celui-ci n’est plus un don mais un dû », écrivait en 2003 Mgr Jean-Louis Bruguès, théologien dominicain (1).
Autre dissociation mise en cause par l’Église : celle de la parenté en cas d’insémination artificielle avec donneur (IAD) ou de FIV avec tiers donneur : les parents ne sont plus ceux qui ont engendré l’enfant. La parenté peut alors se diviser en différentes « parentalités » biologique, gestationnelle, affective, éducative, civile, etc. Selon l’instruction Donum vitae (1987) de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui parlait du « droit de l’enfant à être conçu et mis au monde dans et par le mariage », l’IAD « lèse les droits de l’enfant, le prive de la relation filiale à ses origines parentales, et peut faire obstacle à la maturation de son identité personnelle ».
Ces fortes restrictions à l’assistance médicale à la procréation, qui concernent déjà les couples hétérosexuels mariés, rendent d’autant plus incompatibles avec la doctrine de l’Église l’AMP pour les couples de femmes.
Que dit l’Église de la gestation pour autrui ?
Les postulats de base qui dictent la position de l’Église sur l’AMP la conduisent logiquement à refuser le recours aux mères porteuses, appelé aussi gestation pour autrui.
La maternité de substitution est « contraire à l’unité du mariage et à la dignité de la procréation de la personne humaine », explique Donum vitae, précisant qu’elle « représente un manquement objectif aux obligations de l’amour maternel, de la fidélité conjugale et de la maternité responsable ; elle offense la dignité de l’enfant et son droit à être conçu, porté, mis au monde et éduqué par ses propres parents ; elle instaure, au détriment des familles, une division entre les éléments physiques, psychiques et moraux qui les constituent ».
Le groupe de travail pour la bioéthique de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece) a publié le 23 février 2015 un « avis sur la gestation pour autrui », comparée par les évêques à « une forme de traite d’êtres humains ». Toutes les formes de gestation pour autrui constituent une atteinte grave à la dignité humaine de ceux qui sont impliqués dans cet échange, estime cet avis, mettant en cause « l’emprise sur le corps de la mère porteuse », voire son« aliénation », dans la mesure où il est très difficile de reconnaître « un consentement valide dans des situations de vulnérabilité ou d’extrême pauvreté ».
Clémence Houdaille
(1) Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques, Conseil pontifical pour la famille, Tequi, 1 000 p., 60 €.