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A Paris, le 17 janvier : on « Marche pour la vie »

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Le 17 janvier, on « Marche pour la vie »

La Marche pour la vie retourne dans la rue le 17 janvier prochain. Si certains battront le pavé, d’autres rejoindront une plateforme numérique. Pourquoi faut-il encore défendre la vie ? Gènéthique a posé la question à Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

Gènéthique : Nicolas Tardy-Joubert, vous êtes le nouveau président de la « Marche pour la vie », 45 ans après le vote de la loi Veil, pourquoi faut-il encore marcher « pour la vie » ?

Nicolas Tardy-Joubert : La loi Veil, initialement promue pour 5 ans, a finalement été reconduite et au fil des années, ses verrous ont été levés, les uns après les autres. Jusqu’à l’emblématique notion de « détresse », supprimée en 2014. Ce qui ne lasse pas d’étonner, c’est que fort de ces concessions successives, les conditions ne semblent jamais suffisantes. Aujourd’hui encore, au Parlement, la proposition de loi Gaillot doit être examinée au  Sénat à partir du 20 janvier (cf. L’obsession de l’IVG). Elle prévoit d’étendre les possibilités d’avortement de 12 à 14 semaines, et voudrait supprimer la clause de conscience spécifique des médecins et du personnel soignant. La révision de la Loi de Bioéthique arrive en deuxième lecture au Sénat début février, elle contient une disposition qui permettrait un avortement pour détresse psychosociale jusqu’au terme de la grossesse, et la suppression du délai de réflexion pour l’IMG (cf. Extension de l’IMG pour détresse psychosociale : « Une forme d’indignité, pour ne pas dire de barbarie »).

Nous serons donc dans la rue pour nous opposer à ces projets qui menacent la vie à très court terme, et pour demander de mettre en place des politiques de prévention (cf. Avortement en France : l’échec des politiques de prévention). Il est indispensable de réduire la peine et le drame que constituent ces avortements de masse, de protéger la femme qui est trop souvent victime d’une pression sociale, médicale, économique. Ce que nous rappelons avec force c’est que l’avortement est d’abord une violence faite aux femmes et aux enfants à naitre. Nous marchons pour défendre la vie et rappeler que l’engrenage qui conduit à l’avortement n’est pas une fatalité.

G : En France, le nombre d’avortements est stable depuis de nombreuses années, avec toutefois une augmentation depuis 2016 ?

NTJ : Le seul message qui est délivré aujourd’hui en France à travers les lois ou dans les médias pousse à toujours plus d’avortements. Les politiques publiques ne s’attaquent pas aux causes qui conduisent les femmes à avorter. Très souvent, la précarité de leur situation les accule à cet acte qu’elles ne font pas de « gaité de cœur » pour reprendre les mots de Simone Veil. Actuellement, les aides financières pour accompagner les parents, les mères de famille, les femmes enceintes sont trop peu incitatives. Par exemple, tous les actes liés à l’avortement sont pris en charge à 100%, alors que ce n’est pas le cas quand  vous voulez mener votre grossesse à terme. Le congé parental est raboté. Il faudrait valoriser la naissance, rassurer, accompagner… Les politiques mises en place ne sont pas du tout à la hauteur des enjeux. Et quand elles existent, elles sont très peu connues et mises en œuvre.

 

G : Le slogan « mon corps m’appartient » ou « mon corps, mon choix », est-il légitime ?

NTJ : Ce message est terriblement prégnant, mais il est totalement erroné sur un plan scientifique : la mère et son bébé ont deux ADN différents, il y a deux corps différents, deux cœurs différents. La mère porte l’enfant, elle lui offre le refuge nécessaire à sa croissance et à l’éclosion de sa vie dès la conception. La réalité ne serait-elle pas plutôt du côté de « mon corps, sa vie » ?

G : Dans les pays qui, comme la France, ont dépénalisé l’avortement, la situation est-elle comparable ?

NTJ : Nous savons que les politiques d’accueil de la vie ont un effet majeur sur le nombre d’avortements enregistrés. En Allemagne, ou en Italie, il y a 100.000 avortements par an pour des pays dont la population est plus importante que la nôtre ou de taille comparable. A contrario, les politiques déployées en France ont un effet mécanique sur l’augmentation du nombre d’avortements (cf. Où en est la France en matière d’avortement ?). Dans notre pays 232 244[1] avortements ont été enregistrés en 2019 (cf. ). En 2016, la loi de modernisation du système de santé supprimait le délai de réflexion d’une semaine. A la toute fin de son mandat en 2017, François Hollande a fait voter une loi pour ériger en délit le fait d’éveiller une femme à d’autres alternatives que l’avortement. Depuis 2016, l’avortement qui était stable s’est mis à augmenter. Certains s’étonnent du nombre anormalement élevé d’IVG, mais comment pourrait-il en être autrement ? Nous avons une marge de progrès considérable pour mettre en place des mesures qui aideront les femmes qui le souhaitent à garder leur bébé. Nous faisons face à un échec sanitaire majeur en France. Pourtant qui s’en préoccupe ? Peu ont le courage de dire qu’une autre politique est possible.

G : Que faudrait-il envisager pour que le nombre d’avortements diminue ?

NTJ : Il faudrait changer de regard sur la réalité de l’avortement. Il faudrait arrêter de tromper les jeunes femmes, en leur disant que c’est un acte médical banal qui n’a pas de conséquences physiques, ni psychiques (cf. Arte donne la parole à des femmes qui ont eu recours à l’avortement). Il faudrait une éducation responsable à la sexualité, respectueuse de la personne humaine et de l’autre, femme et homme, mettre fin aux ravages de la pornographie sur les adolescents. Il faut évidemment mettre en œuvre une politique d’accompagnement maternel digne de ce nom. Regardons ce que font les pays où les indicateurs de taux d’avortement pour 1000 femmes sont meilleurs, comme nous savons le faire en matière d’économie, et appliquons les bons remèdes. C’est surtout une question de volonté politique. « Aujourd’hui, 88% des français sont favorables à ce que l’on étudie les causes et les conséquences de l’avortement pour favoriser sa prévention »[2].

Il faut aussi rappeler aux électeurs que leur vote compte. Qu’ils choisissent des candidats sensibles à l’humain, capables de s’engager dans ce sens. Le chemin est long mais avec nos associations partenaires, et les Marcheurs pour la Vie, nous serons toujours là pour l’emprunter.

G : Malgré le nombre élevé d’avortements, de nouvelles lois sont en discussions. Pourquoi cet acharnement ?

NTJ : Il y a probablement une volonté de donner la parfaite maitrise de toute chose à tout homme ; faire ce que je veux, quand je veux. Les héritiers de 1968 ne voient la sexualité que sous une forme récréative, sans responsabilité. Les messages du malthusianisme écologique, « on est trop nombreux sur la planète » (cf. La loi Neuwirth au tribunal de l’histoire), peuvent conduire à travers des organisations internationales publiques ou privées à des politiques de destruction de la vie.

Il existe une volonté délibérée de supprimer toute référence à une loi naturelle, toute responsabilité par rapport à ses actes. Cette pseudo libération apporte finalement plus de violences dans notre monde ; aux femmes victimes de l’avortement, aux enfants à naître.

G : Comment allez-vous manifester dans le contexte sanitaire actuel ?

NTJ : Nous marchons pour la vie et nous voulons protéger toute personne humaine. Pour les personnes qui seront réunies à Paris le 17 janvier à partir de 15h à 16h30, nous serons donc très vigilants à manifester dans le respect des gestes barrières. Nous prévoyons également une manifestation numérique géante qui permettra à tous les Français qui le souhaitent de nous rejoindre en se connectant sur lien que nous mettrons à disposition.

[1] Source DRESS, Interruptions volontaires de grossesse : une hausse confirmée en 2019.

[2] Alliance Vita, Sondage : les Français et l’IVG.

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