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  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, sur le Motu proprio du Pape François Traditionis custodes

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    Aillet 12-Mgr-Marc-Aillet.jpgVoici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :

    « Chers frères et sœurs,

    Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.

    Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».

    Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».

    Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia –  sentir avec l’Eglise ».

    Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.

    Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.

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  • Traditionis Custodes du Pape François : cinq conséquences du nouveau Motu Proprio réduisant la Messe en latin

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    Du Père  Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Traditionis Custodes du Pape François : Cinq conséquences du nouveau Motu Proprio réduisant la Messe en latin

    Le pape espère favoriser l'unité de l'Église par sa décision, mais il est peu probable que cela se produise immédiatement dans le sillage de la répression de la célébration de la forme extraordinaire de la messe par le Saint-Père.

    A Catholic priest celebrating the traditional Latin Mass in the Church of St. Pancratius, Rome.
    Un prêtre catholique célèbre la messe traditionnelle en latin dans l'église de Saint-Pancrace, à Rome. (photo : Shutterstock)

    16 juillet 2021

    Là où il y a de l'encens, il y a du feu, du moins lorsqu'il s'agit de catholiques qui s'affrontent au sujet de la liturgie. Il y a de nombreux affrontements aujourd'hui, le pape François ayant aboli la principale initiative liturgique de son prédécesseur, Benoît XVI. Le pape François entend qu'il y ait un peu moins d'encens, du moins de type extraordinaire.

    Le pape François a pris "la ferme décision d'abroger toutes les normes, instructions, permissions et coutumes" émises par saint Jean-Paul II et Benoît XVI concernant la "forme extraordinaire du rite romain", souvent appelée "messe latine traditionnelle", en utilisant le Missel romain de 1962 promulgué par saint Jean XXIII.

    Le pape François espère favoriser l'unité de l'Église par cette décision. Il est peu probable que cela se produise immédiatement, car ceux qui étaient reconnaissants à Benoît XVI d'avoir permis à tout prêtre de célébrer la forme extraordinaire dans son motu proprio Summorum Pontificum en 2007, seront déçus, probablement gravement, que le pape François ait complètement inversé la législation liturgique de Benoît XVI. 

    Le tremblement de terre provoqué par le motu proprio d'aujourd'hui peut expliquer, rétrospectivement pourquoi les observations du Vatican concernant le récent 70e anniversaire de l'ordination sacerdotale du pape émérite Benoît XVI ont été si discrètes, alors qu'un tel anniversaire n'avait jamais eu lieu dans toute l'histoire de l'Église. Il est impossible que cette décision soit autre chose qu'une pilule amère à avaler pour Benoît XVI.

    L'importance de la décision du Saint-Père, exprimée dans le motu proprio Traditionis Custodes (gardiens de la tradition) du 16 juillet 2021, est indéniable. 

    Le pape François juge que beaucoup de ceux qui sont attachés à la forme extraordinaire expriment en "paroles et en attitudes... [un] rejet de l'Église et de ses institutions au nom de ce qu'on appelle la "vraie Église". On a affaire ici à des comportements qui contredisent la communion et nourrissent la tendance à la division".

    Il est possible que ceux qui sont enclins à de telles tendances intensifient leur "rejet de l'Église" maintenant que leur expression liturgique préférée a été restreinte. Le pape François en est certainement conscient, mais il estime que ces catholiques "doivent revenir en temps voulu au rite romain promulgué par les saints Paul VI et Jean-Paul II". 

    À partir de maintenant, toutes les célébrations de la forme extraordinaire requièrent l'autorisation explicite de l'évêque diocésain, qui est chargé de "désigner un ou plusieurs lieux" où elle peut être célébrée, mais il ne doit pas s'agir d'"églises paroissiales" et il n'est pas permis d'"ériger de nouvelles paroisses personnelles".

    Il y aura beaucoup de réactions à examiner dans les jours à venir, mais cinq questions initiales émergent.

    Benoît XVI contre François ?

    Le Pape François a explicitement, délibérément et dramatiquement révoqué les permissions et la législation données par ses prédécesseurs. Il a rejeté sans ambiguïté l'argument de Benoît XVI selon lequel les deux formes du rite romain - extraordinaire et ordinaire - ne favoriseront pas la division. C'est précisément en raison des divisions qu'il a identifiées - après une enquête auprès des évêques du monde entier - qu'il juge que la forme extraordinaire doit être réduite.

    Rome accroît son autorité

    Alors que Summorum Pontificum donnait aux prêtres le droit de célébrer la forme extraordinaire sans avoir besoin de la permission de leurs évêques, le pape François a décidé d'aller dans le sens d'une centralisation. L'évêque seul doit réglementer "exclusivement" la forme extraordinaire dans son diocèse, mais Rome limitera la manière dont il peut réglementer. Les réglementations plus permissives sont interdites ; les plus restrictives sont encouragées. 

    En effet, pour tous les prêtres nouvellement ordonnés, l'évêque ne peut pas leur accorder la permission de célébrer la forme extraordinaire sans consulter au préalable le Saint-Siège. Traditionis Custodes renforce l'autorité de l'évêque sur ses prêtres, et renforce l'autorité du Pape François sur les évêques.

    Il s'agit d'un développement liturgique inattendu, dans la mesure où le pape François avait auparavant transféré l'autorité sur les questions liturgiques, en particulier les traductions, aux conférences épiscopales, dénonçant un trop grand contrôle romain. 

    Enquête sociologique

    Traditionis Custodes ne remet pas en cause "la dignité et la grandeur du [Missel de Saint Pie V]". Les arguments en faveur de sa réduction sont plus sociologiques que théologiques, à savoir qu'ils sont fondés sur un jugement concernant les types de personnes qui ont tendance à préférer l'ancienne tradition.

    Ce n'est pas entièrement nouveau ; Benoît XVI lui-même a fait appel à ses propres impressions sociologiques sur les communautés florissantes attirées par l'ancienne forme. Le motu proprio du Pape François fait peser sur l'évêque local la charge de déterminer si leurs communautés de forme extraordinaire "exposent [l'Eglise] au péril de la division" et "rejettent l'Eglise". 

    Si c'est le cas, alors le pape François a clairement l'intention que l'évêque les supprime, et plus tôt que tard, plus sévèrement que moins. Mais si la communauté locale ne se conforme pas à cette impression sociologique, alors l'évêque local devrait-il les laisser continuer, voire prospérer ?

    Prêtres ou laïcs ?

    Le Pape François demande aux évêques de "mettre fin à l'érection de nouvelles paroisses personnelles liées davantage au désir et aux souhaits de certains prêtres qu'aux besoins réels du "peuple saint de Dieu"". L'implication claire est que la Forme Extraordinaire est quelque chose de désiré par les prêtres que les fidèles laïcs subissent à leur tour - un type de cléricalisme liturgique.

    Le Summorum Pontificum de Benoît XVI a adopté l'approche inverse, à savoir que ce sont les prêtres qui doivent répondre généreusement aux groupes de fidèles qui désirent les anciennes formes. 

    Et si les fidèles étaient les initiateurs et que les prêtres répondaient ? Les nouvelles restrictions ne seraient-elles pas une autre forme de cléricalisme liturgique ?

    Fraternité Saint-Pie X

    Le pape François écrit que les décisions prises par saint Jean-Paul II et Benoît XVI de rendre le Missel de 1962 plus accessible étaient "avant tout motivées par le désir de favoriser la guérison du schisme avec le mouvement de [l'archevêque Marcel] Lefebvre", qui a créé la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX). La FSSPX conserve un statut canonique irrégulier.

    Le pape François a été généreux avec la FSSPX, accordant à ses prêtres la faculté d'entendre les confessions et d'être témoins de mariages. Leurs messes sont valides. 

    Les restrictions sur la forme extraordinaire, combinées au traitement plus généreux de la FSSPX par le Saint-Père, pourraient-elles signifier que les catholiques qui préfèrent l'ancienne forme ont tendance à fréquenter les chapelles de la FSSPX, la forme extraordinaire devenant moins disponible dans leurs diocèses ? C'est peut-être une conséquence involontaire possible.