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  • Pourquoi ne se parle-t-on pas plus souvent entre catholiques de tendances différentes ?

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    De Christophe Geffroy, en éditorial, sur le site de La Nef :

    Plaidoyer pour le dialogue

    Messe à l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux © Le Barroux

    ÉDITORIAL

    Le motu proprio Traditionis custodes puis les Responsa ad dubia restreignant fortement l’usage de l’ancien missel ont choqué bien au-delà du cercle des traditionalistes, beaucoup ne comprenant pas la sévérité et la généralisation des mesures ni la dureté du ton, aucune empathie envers cette portion du troupeau n’apparaissant dans ces textes publiés brutalement sans aucune discussion préalable. Souffrance et incompréhension se sont depuis largement manifestées, mais sans qu’un véritable échange public ait eu lieu. Cela s’est réalisé grâce à la chaîne de télévision KTO, au cours d’un débat courtois où des traditionalistes ont pu s’exprimer (1). Nous-mêmes, dans une tribune de La Croix cosignée avec Dom Jean Pateau, Père Abbé de Notre-Dame de Fontgombault, l’abbé Pierre Amar et Gérard Leclerc, avons appelé à un dialogue fraternel au sein de l’Église sur ces questions douloureuses (2).

    Une chose, en effet, était frappante en regardant le débat de KTO et, au reste, tous les débatteurs en convenaient : pourquoi ne se parle-t-on pas plus souvent entre catholiques de tendances différentes ? Alors que l’Église, à juste titre, est si ouverte aux dialogues œcuménique et interreligieux, pourquoi semble-t-elle incapable de susciter de tels dialogues en son sein avec ses franges plus ou moins marginalisées ?

    Deux niveaux de dialogue

    Il convient cependant de distinguer deux niveaux indépendants : le dialogue dans l’Église qui relève principalement de la responsabilité de la hiérarchie et le débat qui s’organise dans les médias (télévision, radio, journaux, internet, colloques…). Or, force est de constater que les « tradis » sont très peu présents dans ces deux instances. Pour la première, la Conférence des évêques de France (CEF) a mis sur pied depuis peu une structure de dialogue conduite par deux évêques, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, et Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras. C’est assurément une très bonne chose et, dans les temps troublés actuels, on pourrait espérer que cette structure redouble d’activité. Mais il me semble que ce n’est pas suffisant : il est essentiel que des échanges personnels et réguliers puissent avoir lieu entre chaque responsable de communauté traditionnelle et des évêques ; il serait aussi utile d’instaurer une commission d’études où siégeraient des théologiens de ces communautés traditionnelles et d’autres délégués par la CEF pour examiner, d’une part, les points de blocage sur certains aspects de Vatican II et de la réforme liturgique, comme Benoît XVI l’avait réalisé avec la Fraternité Saint-Pie X, et, d’autre part, d’une façon positive, de réfléchir aussi aux aspects pouvant faire l’objet d’avancées.

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  • Les origines de la crise liturgique depuis 1945, entretien avec Denis Crouan

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    D'Arnaud Dumouch :

    Denis Crouan reçoit quantité de messages disant que l’arrêt de Pro Liturgia est une perte. C'est un plaisir de voir que son association était appréciée. Il répond à chaque personne en précisant que Pro Liturgia n’est pas totalement « hors service » puisqu’on pourra retrouver des informations sur la liturgie sur l'Institut belge "Docteur Angélique" et sur « Belgicatho ». Hier, ce sont les amis anglais de l’« Association for Latin Liturgy » lui ont envoyé un message…

    De son coté, Denis Crouan prépare quelque chose sur le thème de la liturgie et de l’eschatologie (thème pas facile !) et aussi une série de cours sur les origines de la liturgie et son histoire au cours des siècles… jusqu’à Vatican II et le « fameux » Motu proprio du pape François.

    Les origines de la crise liturgique depuis 1945, entretien avec Denis Crouan (59 mn) On croit souvent que la crise date de Vatican II (1964). On se trompe. La crise trouve ses racines bien plus profondément, dans les attaques contre la vérité et la charité. Le beau n’entre en crise que parce que le vrai et le bien le sont, comme un corps privé de l’Esprit Saint. Analyse de la réforme liturgique de Vatican II (missel de 1969). La falsification qui en a suivi dans l’Occident, parallèlement à la crise occidentale de déconstruction de « mai 68 ». Une vague est passée sur l’Occident, emportant tout. La tentative pastorale de Benoît XVI en 2007 par son Motu Proprio espérant une paix liturgique entre deux camps antinomiques. Liturgie ordinaire et liturgie extraordinaire. Le rétropédalage du pape François par un autre Motu Proprio, à cause, semble-t-il, d’un effet indésirable grave constaté par quelques évêques : une Eglise parallèle rigide et élitiste était en train de se créer.
  • Le pape, ceux qu'il favorise, ceux qu'il réprouve et ceux qui pourraient lui succéder

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo (traduction de diakonos.be) :

    Enquête parmi les préférés et les réprouvés du Pape Bergoglio. Avec un successeur en lice, ou plutôt deux

    La vérification est simple. Il suffit de comparer dans un tableau synoptique les actes posés par le Pape François concernant la Communauté Sant’Egidio avec ceux concernant le monastère de Bose et les Chevaliers de Malte pour constater combien ses critères de gouvernance sont contradictoires, combien ses sympathies sont inconstantes et combien ses décisions sont indéchiffrables.

    Entre le Pape François et Sant’Egidio, l’idylle est au beau fixe, en revanche avec le fondateur de Bose, Enzo Bianchi, l’amour d’un temps s’est mué en aversion, et avec les Chevaliers de Malte, c’est je t’aime moi non plus. Sans que le Pape François n’en explique jamais les raisons.

    *

    Avec les Chevaliers de Malte, on peut le déduire facilement rien qu’en observant les nominations erratiques des cardinaux auxquelles le pape a confié la responsabilité de l’Ordre. Au cardinal patron Raymond L. Burke, désigné à ce poste en 2014 après avoir été démis, lui, un canoniste de valeur, de ses fonctions de Préfet du tribunal suprême de la Signature apostolique, le Pape a préféré en 2017 le délégué spécial Giovanni Angelo Becciu, qui sera à son tour scandaleusement démis de toutes ses charges et même dépouillé de ses « droits » de cardinal et remplacé à l’Ordre de Malte par le cardinal Silvano Tomasi. Le tout sans que François n’ait jamais fourni la moindre justification sur la chute en disgrâce des deux premiers, le second d’entre eux ayant même été condamné « a priori » par le Pape des mois avant que ne s’ouvre au Vatican le procès contre lui, d’ailleurs toujours dans les starting-blocks, un procès dont la régularité juridique a été a contestée à plusieurs reprises et dont l’avenir reste incertain.

    Mais ce n’est pas tout. Alors qu’au début, le Pape avait obligé de façon péremptoire le Grand Maître de l’époque, le britannique Matthew Festing, à démissionner, alors qu’il était un défenseur acharné, tout comme le cardinal Burke, de la dimension spirituelle et de la fidélité doctrinale de l’Ordre, pour favoriser le parti des opposants internes emmenés par le Grand Chancelier, l’allemand Albrecht Freiherr von Boeselager, de tendance plus « laïque », aujourd’hui les rôles se sont inversés et François, en s’accaparant toutes les décisions et en imposant l’obéissance à tous, pousse à présent pour renforcer l’aspect religieux de l’Ordre et sa subordination au Saint-Siège, contre Boeselager et les siens qui revendiquent au contraire davantage de laïcité et d’autonomie.

    Là aussi, sans que le Pape n’ait jamais expliqué le pourquoi de cette volte-face, recevant en audience tantôt l’un, tantôt l’autre des prétendants et faisant mine à chaque fois de donner raison à son interlocuteur du jour.

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    Concernant le fondateur du monastère de Bose, la rupture de l’amourette entre lui et le Pape François n’aura pas été moins brutale, et là encore, demeure à ce jour inexpliquée.

    En 2019, le Pape François avait nommé Enzo Bianchi consulteur du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Mais ce n’était là que la face visible d’une solidarité de longue date entre eux deux, une relation cimentée par le formidable réseau de relations que le fondateur de Bose entretenait avec des cardinaux et des évêques parmi les plus appréciés de Jorge Mario Bergoglio et plus encore avec des chefs d’Églises orthodoxes et protestantes en bons rapports avec le Pape actuel, avec en tête le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée et le primat de la communion anglicane Justin Welby.

    Puis, tout à coup, les foudres de François se sont abattues sur Bianchi, culminant dans le décret du 13 mai 2020 le condamnant à « se séparer » d’esprit et de corps de Bose, signé par le cardinal Secrétaire d’État, Pietro Parolin, mais approuvé par le Pape « en forme spécifique », le rendant définitif et sans appel.

    Mais Bianchi ne s’est pas facilement plié à ce « diktat ». Et ses partisans ont également résisté, en attribuant dans un premier temps la trame de la répudiation à des courtisans du Pape, sans plus de précision. Mais un an plus tard, le 15 juin 2020, même le partisan le plus fidèle de Bianchi et du Pape Bergoglio, l’historien de l’Église et chef de file de ce que l’on appelle « l’École de Bologne », Alberto Melloni, accuse pour la première fois directement le Pape François d’être à l’initiative de la rupture.

    Aujourd’hui, il y a un nouveau prieur à Bose, Sabino Chialà, élu le 30 janvier dernier avec la bénédiction du Vatican. Mais Bianchi ne s’est pas résigné à la perte de son premier amour. Il continue à écrire, à tenir des conférences, à cultiver son réseau international et œcuménique d’amitiés. Et il a acheté, à une dizaine de kilomètres de Bose, à Albiano d’Ivrea, une grande ferme qui, une fois restaurée, l’hébergera en compagnie de la dizaine de moines restés avec lui.

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