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Le Cardinal Marx et la mort de la loi morale naturelle

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De Stefano Fontana sur le site de l'Observatoire International Cardinal Van Thuan sur la Doctrine Sociale de l'Eglise :

Le Cardinal Marx et la mort de la loi morale naturelle

Les déclarations du cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et principal conseiller de François, sur l'homosexualité dans l'interview du 30 mars dernier [pour un compte rendu exhaustif, voir ici], les actions de tant de personnes dans la hiérarchie ecclésiale qui, ces derniers temps et en particulier ces jours-ci, ont poussé à un changement majeur de la doctrine en la matière, et les silences de ceux qui pourraient au contraire apporter des éclaircissements, nous laissent tristement stupéfaits. Essayons de considérer brièvement l'énorme bouleversement que la ligne Hollerich-Bätzing-Becquart-Marx sur les relations homosexuelles produirait - mais produit déjà en fait - dans l'Église, la transformant en quelque chose d'autre.

La première chose à remarquer dans les déclarations de Marx est l'absence de toute référence à la loi naturelle (morale) et, par conséquent, aux commandements. Une élimination évidente - pourrait-on dire - si l'on veut légitimer la pratique homosexuelle, et rien de nouveau étant donné que depuis des décennies la théologie se débat avec la loi naturelle, dont le Magistère Pétrinien, jusqu'à Benoît XVI, a toujours clairement confirmé la doctrine. Nier la loi morale naturelle signifie corrompre irrémédiablement la relation entre la raison et la foi. La première a sa propre autonomie de recherche qui concerne aussi les lois morales et que la foi n'annule pas, mais confirme et perfectionne. Si un cardinal n'admet pas la loi morale naturelle, il montre qu'il est un protestant et non un catholique, car il sépare la raison et la foi. Si cela se produit dans le domaine moral, cela se produit également dans tous les autres domaines, de sorte que la raison empruntera ses propres voies multiples tandis que la foi en empruntera d'autres. Mais à ce stade, la théologie catholique est terminée, à commencer par la "théologie fondamentale", qui concerne la relation entre la foi et la raison.

La négation de la loi morale naturelle et des commandements produit alors la séparation entre Dieu le Créateur et Dieu le Sauveur, ainsi qu'entre l'Ancien Testament et le Nouveau Testament. Les origines gnostiques, manichéennes, catharistes, etc. de cette approche sont évidentes. En niant la loi naturelle, le cardinal Marx devient un adepte de Marcion et voit dans la nature non pas un bien déjà orienté vers le salut, mais un mal à effacer sans le corriger. L'inclusivité devient ainsi le voile à poser sur la nature pour la cacher sans la racheter. L'Église a toujours enseigné que la nouvelle loi de l'Évangile ne supprime pas l'ancienne loi. On ne peut penser être agréable à Dieu si on se livre à des pratiques contre nature, si on tue des innocents par l'avortement, si on trahit le sacrement du mariage par l'adultère. Dans ce cas, le repentir lui-même devient inutile et n'est plus requis si l'inclusion obligatoire l'empêche à la racine. L'ancienne loi du Pentateuque contenait la loi naturelle (comme les commandements), les normes cultuelles et les dispositions légales. Après la résurrection du Christ, les règles cultuelles sont définitivement dépassées, même les règles juridiques ne sont plus nécessaires puisqu'elles n'appartiennent qu'à Israël, seules les règles naturelles demeurent et doivent être confirmées dans la nouvelle loi. De plus, ils sont aussi l'objet de la Révélation, étant donné ce qui s'est passé au Sinaï. La structure entière de la relation entre la Nouvelle Loi et l'Ancienne Loi est subvertie par la position Hollerich-Bätzing-Becquart-Marx.

Pour les raisons que nous venons de voir, l'Église a toujours considéré qu'elle avait reçu du Christ le mandat d'enseigner dans deux domaines, celui de la doctrine de la foi et celui des mœurs. Voir, par exemple, Humanae Vitae du pape Paul VI : "Aucun fidèle ne niera que le Magistère de l'Église a aussi la tâche d'interpréter la loi morale naturelle. Car il est indiscutable [...] que Jésus-Christ, en communiquant son autorité divine à Pierre et aux Apôtres et en les envoyant enseigner ses commandements à tous les peuples, les a constitués dépositaires et interprètes authentiques de toute la loi morale, c'est-à-dire non seulement de la loi évangélique mais aussi de la loi naturelle. En effet, la loi naturelle est aussi une expression de la volonté de Dieu, et son accomplissement fidèle est également nécessaire pour le salut éternel de l'humanité". L'Église défend le droit naturel et la loi morale naturelle, sinon elle nierait que la création ait un sens finaliste et dépende d'une intelligence créatrice. Ce rôle de l'Église a toujours été exercé au profit de la vie civile et en collaboration avec l'autorité politique légitime. Or, en appliquant le paradigme du cardinal Marx, l'Église n'aurait plus cette tâche et ses enseignements devraient se retirer du champ naturel pour se référer uniquement au champ évangélique. Mais la révélation ne peut se communiquer aux hommes qu'en utilisant leur langage naturel, de sorte que la communication de la foi a besoin de la communauté de la raison. Lorsqu'ils parlent de questions morales, les pasteurs ne doivent jamais se limiter à ce niveau mais toujours se baser sur le niveau surnaturel, afin de ne pas parler uniquement un langage humaniste, mais en même temps ils ne doivent pas enseigner la dimension surnaturelle comme si elle n'avait rien à voir avec la nature humaine.

Le cardinal Marx veut changer le catéchisme sur ce point. Ici, une autre bombe ecclésiale émerge. Pour ce faire, il est nécessaire de ne pas tenir compte des exigences de la lettre de l'Écriture, étant donné les nombreuses condamnations qu'elle contient à l'égard de la pratique homosexuelle. Mais sans le respect de ce premier niveau - le littéral - du sens de l'Écriture, tous les autres sens deviennent également manipulables et la théologie de l'Église ne serait plus une connaissance mais seulement une interprétation. Avec lequel tout s'effondre.

Stefano Fontana 

Commentaires

  • Ce qui est terrible dans l'action de ces évêques, c'est le peu d'excuses qu'ils ont.

    L'Eglise catholique est en effet une institution mieux placée que le monde Occidental (qui en est encore à la phase d'auto-aveuglement), suite au John Jay report https://fr.wikipedia.org/wiki/John_Jay_report (USA) et à l'étude de la CIASE (France) pour constater que entre 80 et 85% des cas d'abus sexuels DANS L'EGLISE qui ont été commis SUR DES GARCONS par 3 à 4% de prêtres HOMOSEXUELS.

    D'où la décision du pape Benoît XVI en 2009 pour interdire l'accès au sacerdoce des personnes homosexuelles (manifestement en difficulté avec la chasteté).

  • Benoît XVI a interdit aux homosexuels l'accès aux séminaires dès 2005 (et non 2009), première année de son pontificat. Il connaissait très bien l'état des lieux.
    Reconnaître la pratique de l'homosexualité dans l'Eglise c'est favoriser la prolifération des abus sexuels.
    Comment ne pas le voir ?

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