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La famille fondée sur le mariage est la première cellule de nos communautés et doit être reconnue comme le lieu naturel des premières relations et de la génération

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D' sur zenit.org :

Le pape plaide pour des politiques familiales «fondées sur l’intérêt des familles»

Audience de la Fédération des Associations familiales catholiques en Europe

« Les politiques familiales ne doivent pas être considérées comme des instruments du pouvoir étatique », affirme le pape François ; « elles sont avant tout fondées sur l’intérêt des familles elles-mêmes ».

Le pape François a reçu en audience les membres de la Fédération des Associations familiales catholiques en Europe (FAFCE), à l’occasion des 25 ans de sa fondation, ce vendredi 10 juin 2022, dans la Salle Clémentine du Palais apostolique.

Le pape a souligné que « les États ont pour mission d’éliminer les obstacles à la générativité des familles et de reconnaître que la famille est un bien commun à récompenser, avec des conséquences positives naturelles pour tous ».

Il a dénoncé la gravité de « l’hiver démographique », le « fléau de la pornographie », « la pratique inhumaine » de la location d’utérus et la « pandémie de la solitude » :  Il existe « un lien très étroit », a-t-il souligné, « entre cette pauvreté génératrice et le sens de la beauté de la famille ».

Encourageant la fédération pour son « service précieux », le pape François estime qu’il est « urgent que les Eglises locales, en Europe et au-delà, s’ouvrent à l’action des laïcs et des familles accompagnatrices ».

La FAFCE compte 19 organisations membres dans 14 pays et 8 membres associés, ce qui signifie une présence dans 21 des pays membres de l’UE, peut-on lire sur son site.

Elle « assure une représentation politique des familles tant auprès de l’Union européenne que du Conseil de l’Europe. Elle base son travail sur la Doctrine sociale de l’Église catholique, et promeut la beauté de la famille, sa richesse et la dignité de chacun de ses membres. La FAFCE possède un statut participatif auprès du Conseil de l’Europe et est membre de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne ».

Voici notre traduction du discours du pape François.

Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !

Je remercie le Président pour ses salutations et son mot d’introduction. Cette rencontre est un jubilé : vous fêtez vos 25 ans, et il est bon de célébrer et de rendre grâce. Malheureusement, en ce moment, l’Europe, et je dirais surtout les familles d’Europe, vivent un moment qui pour beaucoup est tragique, et pour tous dramatique, en raison de la guerre en Ukraine. Je m’associe à votre déclaration : « Les mères et les pères, quelle que soit leur nationalité, ne veulent pas la guerre. La famille est l’école de la paix » (Conseil de présidence de la FAFCE, 6 mai 2022). Les familles et les réseaux familiaux ont été et sont toujours en première ligne pour accueillir les réfugiés, notamment en Lituanie, en Pologne et en Hongrie.

 

Dans votre engagement quotidien auprès des familles, vous rendez un double service : vous portez leur voix auprès des institutions européennes et vous travaillez à la constitution de réseaux familiaux à travers l’Europe. Cette mission est en pleine correspondance avec le chemin synodal que nous vivons, pour que l’Église devienne davantage une famille de familles.

Je vous remercie pour le séminaire que vous avez organisé en collaboration avec le Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, centré sur le témoignage de la beauté de la famille. Anticipant de quelques jours la Rencontre mondiale des familles, vous attirez l’attention sur la pénurie de naissances en Europe et en particulier en Italie. Cet hiver démographique est grave ; soyez attentifs ! C’est très grave. Il existe un lien très étroit entre cette pauvreté génératrice et le sens de la beauté de la famille : « Le témoignage de la dignité sociale du mariage deviendra persuasif précisément par ce chemin, le chemin du témoignage qui attire » (Catéchèse, 29 avril 2015).

Renouvelant l’exhortation que je vous ai adressée il y a cinq ans (1er juin 2017), je vous encourage à poursuivre votre travail pour favoriser la naissance et la consolidation des réseaux familiaux. Il s’agit d’un service précieux, car il existe un besoin de lieux, de rencontres, de communautés où les couples et les familles se sentent accueillis, accompagnés, jamais seuls. Il est urgent que les Eglises locales, en Europe et au-delà, s’ouvrent à l’action des laïcs et des familles accompagnatrices.

Nous vivons – c’est clair – non seulement une ère de changement, mais un changement d’époque. Votre travail se déroule dans le cadre de ce changement, ce qui peut parfois entraîner un risque de découragement. Mais, avec la grâce de Dieu, nous sommes appelés à travailler avec espoir et confiance, en communion effective avec l’Église. A cet égard, des exemples récents sont le Mémorandum d’entente signé l’année dernière par votre Fédération avec le Conseil des Conférences épiscopales européennes et pour la coopération avec la Commission des Conférences épiscopales de l’Union européenne, dans les bureaux de laquelle se trouve votre Secrétariat général à Bruxelles.

Les défis sont grands et ils sont tous interconnectés. Par exemple, « on ne peut parler de développement durable sans solidarité entre les générations » (Enc. Laudato si’, 159), et cette solidarité suppose un équilibre ; or, c’est précisément cet équilibre qui fait défaut dans notre Europe aujourd’hui. Une Europe vieillissante et non génératrice est une Europe qui ne peut se permettre de parler de durabilité et qui a de plus en plus de mal à être solidaire. C’est pourquoi vous insistez souvent sur le fait que les politiques familiales ne doivent pas être considérées comme des instruments du pouvoir étatique, mais qu’elles sont avant tout fondées sur l’intérêt des familles elles-mêmes. Les États ont pour mission d’éliminer les obstacles à la générativité des familles et de reconnaître que la famille est un bien commun à récompenser, avec des conséquences positives naturelles pour tous.

De plus, comme nous le rappelle l’une de vos récentes résolutions, « avoir des enfants ne doit jamais être considéré comme un manque de responsabilité envers la création ou ses ressources naturelles. Le concept d’“empreinte écologique” ne peut être appliqué aux enfants, car ils constituent une ressource indispensable pour l’avenir. Il faut plutôt s’attaquer au consumérisme et à l’individualisme, en considérant les familles comme le meilleur exemple d’optimisation des ressources » (FAFCE, Familles pour un développement durable et intégral, 26 octobre 2021).

Nous parlons également du fléau de la pornographie, qui est désormais répandue partout via Internet : il doit être dénoncé comme une atteinte permanente à la dignité des hommes et des femmes. Il ne s’agit pas seulement de protéger les enfants – une tâche urgente pour les autorités et pour nous tous – mais aussi de déclarer la pornographie comme une menace pour la santé publique. « Il serait gravement illusoire de penser qu’une société dans laquelle la consommation anormale de sexe sur le Net sévit chez les adultes est ensuite capable de protéger efficacement les mineurs » (Discours aux participants au Congrès « La dignité de l’enfant dans le monde numérique », 6 octobre 2017). Les réseaux familiaux, en coopération avec les écoles et les communautés locales, sont essentiels pour prévenir et combattre ce fléau, en soignant les blessures de ceux qui se trouvent dans le tourbillon de la dépendance.

La dignité des hommes et des femmes est également menacée par la pratique inhumaine et de plus en plus répandue de la « location d’utérus », où les femmes, presque toujours pauvres, sont exploitées et les enfants traités comme des marchandises.

Votre fédération a également sa propre responsabilité de témoigner de l’unité et d’œuvrer pour une paix qui soit la grande paix, en ce moment de l’histoire où, malheureusement, les menaces sont nombreuses et où il est nécessaire de se concentrer sur ce qui unit et non sur ce qui divise. À cet égard, je vous suis reconnaissant car, au cours des cinq dernières années, votre Fédération a accueilli dix nouvelles organisations familiales et quatre nouveaux pays européens, dont l’Ukraine.

Enfin, et c’est peut-être le défi qui se cache derrière tous les autres, la pandémie a mis en lumière une autre pandémie, plus cachée, dont on parle peu : la pandémie de la solitude. Si de nombreuses familles se sont redécouvertes comme des Églises domestiques, il est également vrai que trop de familles ont fait l’expérience de la solitude, et que leur relation avec les sacrements est souvent devenue purement virtuelle. Les réseaux familiaux sont un antidote à la solitude. En effet, par leur nature même, ils sont appelés à ne laisser personne derrière eux, en communion avec les pasteurs et les Églises locales.

« L’amour mutuel entre l’homme et la femme est le reflet de l’amour absolu et indéfectible avec lequel Dieu aime l’être humain, destiné à être fécond et à se réaliser dans l’œuvre commune de l’ordre social et de la garde de la création » (Aux participants à l’Assemblée plénière de l’Académie pontificale des sciences sociales, 29 avril 2022). La famille fondée sur le mariage est donc au centre. Elle est la première cellule de nos communautés et doit être reconnue comme telle, dans sa fonction générative, unique et inaliénable. Non pas parce qu’elle est une entité idéale et parfaite, non pas parce qu’elle est un modèle idéologique, mais parce qu’elle représente le lieu naturel des premières relations et de la génération : « Quand la famille accueille et va vers les autres, en particulier les pauvres et les abandonnés, elle est un symbole, un témoignage, une participation à la maternité de l’Église » (Exhortation apostolique Amoris laetitia, 324).

Chers frères et sœurs, allez de l’avant dans votre service ! Veillez à ce que votre organisation soit entièrement au service, aussi « légère » que possible et prête à répondre aux exigences de l’Évangile. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge vous garde. Je vous bénis tous de tout cœur, et je vous demande de prier pour moi. Merci !

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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