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Quand l'Église suit l'actualité comme si c'était une nouvelle Révélation

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De Stefano Fontana sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

L'Église suit l'actualité comme une nouvelle Révélation

18-07-2022

C'est la chronique, l'actualité, ce que l'histoire nous raconte qui est la nouvelle Révélation. Avec l'Église du pape François, les "prophéties" de Hegel, Martini et Sartre se réalisent : l'existence précède l'essence et la revue de presse est la nouvelle prière du matin. Migrations, globalisme, écologisme, transitions, agenda de l'ONU, modèle chinois, planning familial, abolition de la propriété privée, homosexualisme. Il n'y a pas de sujet d'actualité sur lequel l'Eglise d'aujourd'hui maintienne une position dure et antithétique à celle du monde, de résistance et d'opposition.

Le philosophe allemand Hegel a prédit que la prière matinale de l'homme moderne sera de lire le journal. Les nouvelles, l'actualité, ce que l'histoire nous raconte seront la nouvelle Révélation et la prière consistera à en prendre acte. Le cardinal Martini a déclaré que l'Église a 200 ans de retard. En retard par rapport à quoi ? En retard par rapport à ce que l'histoire nous dit être la nouvelle Révélation dont l'Église n'a pas encore pris connaissance. François semble avoir pris sur lui de raccourcir, voire d'annuler ce délai, avec le risque que l'Église échange la chronique, l'actualité, ce que l'histoire nous dit, contre la Révélation, dont la prière signifie prendre acte.

Chaque jour, François donne une interview à un journal. Il parle de ce qui se passe, des événements actuels, de ce que l'histoire nous dit. Il ne juge pas, sauf à la lumière d'une certaine opinion, également liée au déroulement des évènements. Il ne juge pas à la lumière d'une doctrine soustraite à la chronique, il prend acte de ce qui se passe, il pose des questions, il jette quelques pierres dans la mare, comptant sur la chronique pour faire quelques soubresauts et faire surgir le nouveau.

L'expression du cardinal Martini, qui est devenue l'agenda de François, suggère que c'est le monde dans son histoire qui dit ce qui est vrai, et que l'Église doit s'empresser de suivre. C'est ce qui se passe, l'actualité, ce que l'histoire nous raconte qui est la nouvelle Révélation.

L'un des thèmes du retard de l'Église était, pour le cardinal, la moralité sexuelle. Et en effet, l'Église de François fait la course pour rattraper le terrain perdu. L'Académie pontificale des sciences sociales s'ouvre à la contraception et à la fécondation homologue [ICI et ICI] et certaines agences prédisent une prochaine encyclique du pape sur le sujet. François va certainement changer l'enseignement traditionnel sur le sujet - inutile de se faire des illusions - et la raison en sera une seule : les nouvelles, l'actualité, ce que l'histoire nous dit est différent et nous devons en prendre note : les louanges du matin sont la revue de presse. Puisqu'aujourd'hui très peu mettent en pratique les enseignements d'Humanae vitae et - dit-on - même les couples catholiques utilisent des contraceptifs ... alors l'Église doit changer son enseignement. Ce sont les faits qui dictent la loi.

Après tout, quelle était la raison du changement de doctrine sur la peine de mort ? Le fait que sociologiquement la sensibilité générale sur le sujet avait changé. Et pour quelle raison la proposition catholique sur l'adultère a-t-elle été modifiée comme l'a fait Amoris laetitia, si ce n'est pour la même raison, à savoir que l'opinion actuelle et la pratique répandue étaient désormais très différentes ?

Je voudrais inviter le lecteur de ces lignes à m'indiquer une question d'actualité sur laquelle l'Église de François maintient une position dure et antithétique à celle du monde, une position de résistance et d'opposition. Migrations ? Le mondialisme ? L'écologisme ? Transitions ? L'agenda de l'ONU ? Le modèle chinois ? Le planning familial ? L'abolition de la propriété privée remplacée par le partage mondialiste ? L'homosexualisme ? Même le transhumanisme est dédouané, pour l'instant par les grandes revues théologiques, demain encore plus haut dans la hiérarchie ecclésiastique.

L'avortement, qui devrait être le tout premier sujet de lutte avec le monde, est aujourd'hui largement toléré et un engagement public de l'Église contre lui est jugé comme idéologique et non pastoral. L'Église se contente de "prendre acte" d'un règlement qui empêche de liquéfier ou d'extraire en morceaux un enfant du ventre de sa mère, ou même d'extraire son corps alors que sa tête est encore à l'intérieur, et que le médecin le tue en incisant la moelle épinière.

Le projet de Martini, activé aujourd'hui, est basé sur le principe que l'existence précède l'essence. Ce principe est implicite dans la prédiction de la prière du matin comme lecture du journal, puisque ce serait le journal - c'est-à-dire l'existence - qui nous dirait ce que nous devons penser et ce que nous devons faire. Mais c'est Jean Paul Sartre qui l'a dit le plus clairement : l'existence précède l'essence. L'Église aussi a une essence, immuable, fondée par le Christ et soutenue dans son indéfectibilité par l'Esprit Saint, et elle a ensuite une existence dans le temps qui passe, dans l'actualité, dans l'histoire.

C'est la première, l'essence, qui doit donner une direction à la seconde et non l'inverse. C'est de son essence que découlent la mission et la pastorale de l'Église et non l'inverse. Ce que l'Église enseigne doit découler de son essence et de sa mission et non des nouvelles, des événements actuels et de ce que dit l'histoire. Si la contraception, ou l'adultère, ou l'homosexualité, ou l'avortement ... sont contraires au bien naturel et surnaturel, l'Église doit continuer à le dire, en cohérence avec son essence et sa mission, même si les statistiques démoscopiques sur le comportement réel des gens disent le contraire.

C'est le plus grand problème de l'Église aujourd'hui. Si l'essence est oubliée, l'existence n'est plus éclairée par aucune lumière. Il s'imposera par une efficacité aveugle, et la vie de l'Église ne sera plus que le "temps", qui emporte tout dans son vol.

Commentaires

  • Le constat est cruel, mais il semble effectivement très proche de la réalité. En tout cas ce que l'on entend de l'Eglise dans le monde ou les media est très proche de ce que relate l'article. Il y a heureusement dans l'Eglise encore de nombreuses pensées et communications qui ne suivent pas ce schéma. Mais on ne les entends pas beaucoup, il faut les chercher.

  • Tenir la Bible dans une main et le journal dans l’autre, disait Karl Barth

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