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Accompagner sans convertir : la façon de faire des évêques belges ?

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De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

Accompagner sans convertir : la façon de faire des évêques belges

30-11-2022

La visite ad limina est désormais le prétexte pour entériner le bouleversement de la foi et de la morale au son des tapes (romaines) sur l'épaule. Pour dédouaner la bénédiction des couples homosexuels, le cardinal De Kesel s'appuie sur les propos du doyen de l'Institut Jean-Paul II au nom d'une ouverture à tout sauf à la conversion.

Depuis quelque temps, les visites ad limina Apostolorum semblent être devenues une sorte de vitrine permettant aux évêques de relancer dans les médias de masse leur volonté d'aller droit au but dans le renversement de la foi et des mœurs. Une sortie communautaire à Rome avec une belle discussion avec le pape, qui semble donner une tape dans le dos à chaque fois pour confirmer les choix pastoraux les plus disparates. Les évêques allemands sont rentrés chez eux en disant que le pape les avait encouragés à maintenir les tensions et en rejetant la demande du cardinal Ouellet d'un moratoire sur les documents du Synodaler Weg.

Une semaine à peine s'est écoulée et c'est au tour des évêques de Belgique, eux aussi ravis d'avoir un dialogue cordial avec le pape, après que certains des leurs, les évêques flamands, aient approuvé un rite de bénédiction des couples de même sexe. En fait, la visite ad limina était prévue pour la fin septembre ; on ne sait pas si cette initiative liturgique a suggéré au Saint-Siège qu'il était plus prudent de la reporter de quelques semaines. Le cardinal Jozef De Kesel, président de la Conférence épiscopale belge, a déclaré : "Nous avons parlé des couples homosexuels, nous avons parlé des viri probati, nous avons parlé de la possibilité du diaconat pour les femmes." Aucune mention de la réduction effroyable des ordinations sacerdotales et des catholiques assistant à la messe et aux sacrements.

Concernant la bénédiction des couples homosexuels, Mgr De Kesel a expliqué que "ce que nous avons voulu faire, c'est structurer un peu la pastorale, de sorte que dans chaque diocèse, au sein de l'équipe de pastorale familiale, il y ait quelqu'un qui s'occupe du problème. À Rome, nous avons pu en parler et nous nous sommes sentis écoutés : cela ne veut pas dire que mon interlocuteur est nécessairement d'accord avec moi, mais nous avons pu en discuter. Nous devons aider ces gens, si nous ne les aidons pas, ils sont perdus". Et de toute évidence, la création d'une liturgie pour l'occasion est une façon de s'occuper un peu du problème.

Au cas où il viendrait à l'esprit du lecteur bienveillant d'interpréter la préoccupation pastorale du prélat de la manière la plus chaste possible, c'est De Kesel lui-même qui dissipe tout doute sur ce que l'on entend par pastorale des couples homosexuels : "Peut-on demander à ces personnes de vivre dans la chasteté ? Il faut être réaliste...". Et il ajoute : "J'ai lu la position du président de l'Institut pontifical Jean-Paul II pour la famille, Monseigneur Phlippe Bordeyne, selon laquelle personne ne peut être privé de la bénédiction de Dieu. Nous y reviendrons dans un instant.

Le cardinal flamand en profite également pour repousser la question de l'ordination d'hommes mariés, "non pas pour changer la discipline de l'Église, le célibat ; mais dans certaines situations, pourquoi dire non à des viri probati ?". Or, le moins que l'on puisse dire est que De Kesel ne voit pas la contradiction logique de son affirmation ; car permettre l'ordination des viri probati, c'est précisément changer la discipline de l'Église sur le célibat.

Et puis, indéfectiblement, le diaconat féminin : " selon les études historiques, théologiques, exégétiques, il semble que le diaconat féminin ait existé, et même avec l'imposition des mains, comme un ministère : on ne peut le nier ". Une fois de plus, le cardinal ne semble pas remarquer la contradiction flagrante de sa déclaration : s'il "semble" qu'il y ait eu un diaconat féminin, pourquoi alors "ne peut-on pas le nier" ? Est-ce que cela semble ou est-ce que cela est certain ? Et l'imposition des mains évoquée, quelle valeur avait-elle ? Existe-t-il peut-être des témoignages de diaconesses exerçant les mêmes ministères liturgiques que les diacres ?

Revenons à la bénédiction des couples homosexuels. Le président de la Conférence des évêques de Belgique a rappelé une déclaration de Philippe Bordeyne qui, une semaine seulement avant la visite des prélats belges à Rome, avait rouvert la possibilité de cette bénédiction. Mgr Bordeyne a clairement pris ses distances par rapport au Responsum de la Congrégation pour la doctrine de la foi de l'année dernière, dans lequel il est expliqué que l'Église n'a pas l'autorité pour accorder des bénédictions aux unions homosexuelles, puisque "ce qui est béni" doit être "objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce, conformément aux desseins de Dieu inscrits dans la création et pleinement révélés par le Christ Seigneur". Ces unions ne le sont pas.

Au lieu de cela, il fonde son " ouverture " sur une affirmation alambiquée de l'antériorité du bien sur ce qui est bien et ce qui est mal ; la bénédiction se tournerait vers le bien, sans pour autant légitimer un acte. Bordeyne s'appuie sur le premier chapitre du livre de la Genèse, lorsque Dieu voit le bien qu'il a fait : "Et Dieu vit que cela était bon". Ce texte soutient pourtant la position de la Congrégation, qui explique que c'est la bénédiction de la personne, que Dieu crée ontologiquement " très bonne ", qui est légitime, et non la relation homosexuelle, qui n'est pas le résultat de la création divine, malgré les affirmations contraires.

Cela n'a pas non plus de sens d'évoquer la figure évangélique de Bartimée rabroué par les disciples, pour prétendre que ces couples demandent " à Dieu ce qu'ils n'ont pas pu obtenir de l'Église " ; ou la chanson habituelle de Jésus mangeant avec les pécheurs, conversant avec la Samaritaine, etc. Là encore, cela démontre la différence entre la personne pécheresse et le péché, et non la bénédiction d'une union objectivement désordonnée.

Comme De Kesel, Bordeyne montre aussi, en fin de compte, où se situe le vrai problème : on n'a pas le courage de croire au travail de la grâce et à la possibilité pour l'être humain de changer, de se corriger : "Soyons réalistes : toutes les personnes qui ne peuvent pas se marier n'ont pas la capacité de vivre seules. N'ont-ils pas droit au soutien de l'Église dans leur cheminement de foi et de conversion ? Nous devons avoir le courage d'être "pastoralement créatifs". Il va sans dire que le problème n'est pas de vivre seul ou non, mais le type de relation qui s'établit. Le sixième commandement n'existe tout simplement plus.

Au nom de la "pastorale créative", l'Église est censée accompagner les personnes sur le chemin soit d'une conversion sélective - c'est-à-dire une conversion qui ne concerne que certains aspects de la personne et pas d'autres -, soit d'une foi sélective, c'est-à-dire une foi qui a décidé d'effacer un chapitre entier de la Révélation de Dieu. La seconde est appelée hérésie ; la première, en revanche, devient une pratique pour finir en enfer, tous ensemble et passionnément.

Commentaires

  • Personne n'est dupe. On voit comment une génération d'évêques essaye, avant de partir en retraite, en passant par la PASTORALE qui doit accueillir tout homme fut-il pécheur ou criminel, de changer la DOCTRINE sur le péché ou le crime.

    La réalité est que nos évêques ne voient plus ce qu'il y a de gravement désordonné dans l'homosexualité. Ils se disaient jadis "experts en humanité" et n'arrivent plus à voir les vies dramatiquement brisées par une faille intérieure, dans les milieux homosexuels. Ils ne le voient plus car ils ne veulent pas regarder.

    Ils opposeront avec raison à mon message "trop radical" les cas où l'homosexualité est effectivement vécue dans la fidélité d'une amitié durable.

    Mais qu'ils fassent l'effort de les compter, ces cas rêvés et si rares

  • "Je pense, non, je suis sûr, que le futur de l’Église viendra de personnes profondément ancrées dans la foi, qui en vivent pleinement et purement. Il ne viendra pas de ceux qui s’accommodent sans réfléchir du temps qui passe, ou de ceux qui ne font que critiquer en partant du principe qu’eux-mêmes sont des jalons infaillibles. Il ne viendra pas non plus de ceux qui empruntent la voie de la facilité, qui cherchent à échapper à la passion de la foi, considérant comme faux ou obsolète, tyrannique ou légaliste, tout ce qui est un peu exigeant, qui blesse, ou qui demande des sacrifices."

    (Interview du cardinal Ratzinger sur l'avenir de l'Église le 25 décembre 1969 sur la radio Hessischer Rundfunk)

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