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Un prêtre namurois en voie de béatification ?

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De Bertrand Goethals sur Kerk & Leven :

Un prêtre namurois bientôt béatifié ?

17 janvier 2023

Le diocèse recherche des témoignages sur Joseph André

Le prêtre namurois Joseph André (1908-1973) sera-t-il bientôt béatifié ? Si cela dépend du diocèse de Namur, oui. Les descendants de son entourage ont pris l'initiative d'entamer le processus de béatification. "Sans se rendre compte de ce que cela implique", confesse le prêtre Bruno Jacobs du diocèse de Namur. "Pour ouvrir un tel dossier, la personne en question doit remplir certaines conditions. Par exemple, une aura de sainteté doit entourer la personne, au moins localement. Il doit être l'objet de la prière au sein de la communauté de foi. Nous savons maintenant qu'il était particulièrement aimé de son entourage, mais qu'en raison de sa grande modestie, il était peu connu. C'est dommage, car il était une figure remarquable de notre diocèse."

Protecteur des Juifs

Le prêtre Joseph André a passé deux ans au noviciat des Jésuites à Arlon. Cependant, une mauvaise santé l'empêche d'y rester. Il s'est consacré à la protection des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour cela, Israël lui a déjà décerné le titre honorifique de Juste parmi les Nations en 1967. En 1941, l'ecclésiastique namurois ouvre discrètement la Maison des Œuvres de la paroisse à une grande organisation dans le but de sauver les enfants juifs de la déportation. La maison est devenue un centre de transit où les enfants séjournaient pour une courte période, juste le temps de trouver une institution religieuse ou une famille à la campagne où ils pouvaient se cacher en toute sécurité. Pour les nourrir, le prêtre André et ses associés parcouraient la campagne, de ferme en ferme, pour mendier de la nourriture et chercher un abri pour les protégés. Guidé par une amitié personnelle pour les Juifs et un grand respect pour la liberté religieuse, André n'a jamais entrepris de tenter de baptiser les enfants ou de les convertir au christianisme. Joseph André fait parfois l'objet de méfiance de la part de la Gestapo et est convoqué pour des interrogatoires. Pourtant, il n'a jamais pu être arrêté.

Accueil des Hongrois

Pendant une dizaine d'années après le soulèvement hongrois de 1956, le père André a organisé l'accueil des réfugiés hongrois au château de l'Horloge à Bomel. Il hébergeait une douzaine de jeunes hommes, ainsi que quelques personnes âgées. Avec l'aide de quelques bénévoles, il s'est occupé de leur fournir du pain et un abri, ainsi qu'un soutien social, moral et religieux. En raison du déracinement et de la désorientation de ses protégés, cette tâche était tout sauf évidente. En même temps, il devient aumônier de la prison de Namur. Cette position lui a permis de rechercher des solutions aux situations juridiques difficiles dans lesquelles se trouvaient certains de ses protégés.

Malgré son caractère humble, la figure de Joseph André a captivé l'imagination de beaucoup. Par exemple, son histoire a inspiré le roman L'Enfant de Noé de l'auteur français Éric-Emmanuel Schmitt, et une bande dessinée sur le prêtre namurois a déjà été publiée. Alors maintenant, une béatification peut être ajoutée.

Pour donner du poids au dossier de Joseph André, le prêtre Bruno Jacobs recherche des témoignages de personnes qui l'ont connu. "Il n'avait que 65 ans lorsqu'il est mort, dans son bureau d'aumônerie de la prison de Namur", rappelle M. Jacobs. "Il ne reste donc plus beaucoup de sources vivantes. Les Juifs qu'il a pu protéger sont eux-mêmes morts depuis longtemps ou étaient trop jeunes pour se souvenir de lui. Il est donc important d'atteindre rapidement les dernières personnes qui l'ont connu."

Commentaires

  • Cette enquête est nécessaire. Nous désirons en savoir plus. En effet, les témoignages divers parlent d'un saint homme. Mais ils proviennent en général de sources qui n'ont pas connu directement l'Abbé André. Si ce que l'on dit de lui à travers la bande dessinée et le livre de EE Schmitt est vrai, alors il ne faut pas hésiter. Il n'est jamais trop tard pour attester de cette compassion infinie au péril de sa vie.

  • Bien avant qu'Eric-Emmanuel Schmitt n'en parle, l'abbé Joseph André m'est apparu à travers les contacts que j'ai pu avoir avec d'anciens "enfants cachés" dans le cadre de mon travail journalistique comme un grand Juste parmi les Nations...
    A l'instar de bien d'autres hommes d'Eglise comme le P. Bruno Reynders très actif sur le Brabant wallon mais aussi de certains abbés-professeurs du Collège St Pierre d'Uccle comme l'abbé Richard.que j'ai encore eu l'honneur de connaître!
    Ils méritent une réelle reconnaissance et à mes yeux, le "santo subito" qu'on peut lancer à leur propos ne nécessiterait même pas l'ouverture d'une cause à Rome...

  • Voici mon témoignage sur l'abbé Joseph André. En 1963 j'ai fait, comme novice jésuite, un stage d'un mois au Château de l'Horloge à Bomel pour y rendre de menus services. C'est ainsi que j'ai connu l'abbé André. Je garde le souvenir d'une sorte d'ascète. Il nous recommandait de nous "sustenter", mais nous ne savons pas où et quand il trouvait le temps de manger. Il rentrait tard de la prison, et ne dormait pas dans un lit mais se reposait brièvement dans un fauteuil. Nous le sentions complètement dévoué à de multiples personnes en difficulté auxquelles il accordait tout son temps.

  • Et merci à Eric- Emmanuel Schmitt d'en avoir si bien parlé. Son livre " L'enfant de Noë " est magnifique.

  • Merci Michel Bacq pour ce témoignage vécu....

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