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Le synode sur la synodalité : un processus d'autodémolition inéluctable ?

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De Joachim Heimerl sur kath.net/news :

En chute libre : l'Eglise sous le signe du Synode mondial

11 juillet 2023

"Il n'y a pas d'Église qui rompe avec elle-même, qui coupe les racines de sa tradition et dans laquelle on pourrait en plus exiger des fidèles une 'obéissance' pour cela".

Linz (kath.net/joh) Cela a duré longtemps : pendant 2000 ans, l'Eglise a défié ses ennemis, jusqu'à ce qu'elle soit désormais achevée par les siens. Sans protection, elle ressemble à une ville ouverte, et les associations sombres avec "Roma città aperta" (1945) de Rossellini s'imposent ici d'elles-mêmes.

Il y a dix ans encore, on n'aurait jamais imaginé qu'un synode des évêques deviendrait le boulet de démolition de l'Eglise, pas plus d'ailleurs que lorsque le pape François a convoqué ce synode comme contre-projet à la dérive schismatique de l'Allemagne.

Mais entre-temps, l'agenda des Allemands est également sur la table à Rome : une nouvelle Eglise doit voir le jour, une Eglise plus féminine et également homosexuelle, une Eglise "multicolore" dans laquelle - à l'exception des "traditionalistes" bannis - tous se sentent à l'aise et dont personne ne s'offusque : surtout pas le célibat, la soi-disant "question des ministères" et encore moins l'indissolubilité du mariage. L'Évangile est tout simplement adapté sous le signe de l'arc-en-ciel, le péché est canonisé par la (fausse) miséricorde, et l'Église est bradée par les évêques et les cardinaux. On peut le dire sans crainte de se tromper : l'Eglise est en chute libre, et la papauté aussi.

Le document de travail du synode qui vient d'être publié et approuvé par le pape a accéléré cette évolution, tout comme la nomination du nouveau préfet de la foi "Tucho" Fernandez, qui a déjà été élu cardinal moins de huit jours après sa nomination, et ce bien qu'un dossier ait déjà été ouvert à son sujet à la Congrégation pour la doctrine de la foi, comme l'a récemment confirmé son préfet émérite, le cardinal G.H. Müller. Et pourtant, contrairement au pape, Fernandez n'est même pas jésuite ; c'était sans doute la seule surprise lors de sa nomination, comme l'ont murmuré les mauvaises langues.

Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que l'on affirme partout que le pape François veut enfin donner vie à une "nouvelle" Eglise après la disparition de Benoît XVI, qu'il veut commander sa "maison" à temps avant sa mort et que le synode est justement son instrument pour cela. - Personne ne peut dire si c'est vraiment le cas ; ce qui est frappant, c'est que ce sont justement les "amis" du pape qui le disent très souvent et qui causent ainsi le plus grand dommage à son pontificat. 

Mais quoi qu'il en soit, un sanglier sauvage sévit actuellement dans la vigne du Seigneur et, alors que le pape Léon X le remettait encore à sa place (allusion à la condamnation de Luther par le pape Léon X ndB), les portes de l'Eglise lui ont été grandes ouvertes sous François. Les voix d'avertissement, comme celles de l'archevêque émérite de La Plata (Argentine) ou du vaillant évêque de Tyler (USA), se perdent en revanche dans le vent. Il n'est pas rare que les critiques du nouveau cours soient réduites au silence en pleine scène.   

Au milieu de ce désastre sans précédent, comme le cardinal Pell a qualifié le pontificat actuel, il vaut toutefois la peine de réfléchir à ce que sont - et à ce que ne sont pas - l'Eglise et le pape. Selon moi, c'est Yves Congar qui a décrit le plus succinctement ce réseau complexe de relations : "Obéir à Dieu, c'est obéir à l'Église, qui à son tour, obéit au pape".

Cela sonne sans aucun doute très catholique et c'est probablement le cas. Après tout, Congar a écrit ces mots en pensant au pape le plus important du Moyen-Âge, Grégoire VII, qui a fortement influencé notre conception actuelle de la papauté. Et pourtant, cette vision "classique" est aujourd'hui source de malentendus pour de nombreuses personnes, qui assimilent simplement l'Eglise et le pape, même si l'histoire de l'Eglise connaît de nombreux cas où cela n'a pas été sans poser problème.

Nous vivons la même chose aujourd'hui, alors que le pontificat actuel semble se détacher de plus en plus nettement des précédents, ce qu'illustrent deux césures : L'exhortation post-synodale "Amoris Laetitia" et le motu proprio "Traditiones Custodes". Ces deux textes marquent une rupture évidente dans la continuité du magistère pontifical, rupture qui est - en fait - impossible et qui pourtant semble désormais se consolider de plus en plus sous le signe du synode mondial.  

C'est justement ici qu'il est important de se rappeler la compréhension de Congar de la papauté : Dieu et l'Eglise passent toujours avant le pape, car aucun pape n'a un quelconque pouvoir par lui-même ou ne pourrait exiger l'obéissance s'il n'est pas lui-même obéissant au Christ et à l'Eglise de tous les temps.

Lorsque le préfet de la foi nouvellement nommé parle vaguement d'un "magistère du pape François" propre, à connotation "réformatrice", il passe volontairement sous silence cet aspect nécessaire de la soumission et de la continuité pontificales et prouve ainsi involontairement qu'il est lui-même tout sauf un "gardien de la foi" approprié.  Il n'y a pas d'Eglise "franciscaine", pas d'Eglise "jésuite" et pas non plus d'Eglise "synodale". Il n'y a pas d'Église qui rompt avec elle-même, qui coupe les racines de sa tradition et dans laquelle un pape pourrait encore exiger l'"obéissance" des fidèles pour cela. Les décennies qui ont suivi le Concile Vatican II l'ont justement montré de manière assez douloureuse et ont dramatiquement renforcé l'exode hors de l'Église.

Pourtant, le prochain synode maintiendra son cours d'autodémolition inconditionnelle, que seul François pourrait encore arrêter, mais qui ne semble pas le faire. Tant que cela ne changera pas, l'Eglise et la papauté seront en chute libre. - Et pourtant, l'Eglise de tous les temps survivra à ce désastre.

Joachim Heimerl est prêtre et professeur d'université.

Commentaires

  • Encore un fois, ce professeur est pessimiste et/ou n'a pas assez confiance dans le Seigneur.

    Si l'Eglise vient de Jésus et est protégée infailliblement au plan doctrinal par Jésus. Donc elle ne risque rien.

    De deux choses l'une :

    Soit le pape laisse d'abord débattre sur un document de travail et ensuite il imposera par son Magistère ce qu'il faut pour l'Eglise comme cela s'est passé pour le Synode de l'Amazonie.

    Soit le pape médite une bêtise dogmatique et comme pour Jean XXII au XV° s,, il partira pour l'autre monde avant de pouvoir la réaliser.

  • "Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas"
    Mathieu 24,35.

  • Il ne faut pas tenter le Diable en imaginant les prires scenarios. D'accord avec Arnaud Dumouch et André.

  • Jérémie avait été qualifié de pessimiste en son temps !

    Avoir confiance au Seigneur ne nous empêche pas de craindre le pire. Après tout, combien (y compris moi) pourront-ils être perdu par l'inconistence et les dérives du pontificat actuels ?

    Nous avons vu le déchirement survenu au sein de la communion anglicanes à cause de questions similaires. Ce qui se passe actuellement dans l'Eglise est similaire à ce qui s'est passé dans la société civile : la politique des petits pas. Les forces de perversion sont certes pressées mais sont aussi résilientes. Ce synode est une grande victoire pour eux car, leurs questions sont les plus en vue et les plus valorisées.

    A force d'insiter, ils finiront par vaincre. L'Eglise ne disparaitra pas mais certainement, elle se divisera entre 2 factions. C'est déja arrivé et cela arrivera. Combien de personnes voudrons-nous perdre ?

    Malheur à celui par qui le scandale arrive.


    Merci pour cet article qui dresse le tableau sombre mais réaliste de l'Église.

  • Mr Dumouch, pourquoi dites-vous "ce professeur est pessimiste et/ou n'a pas assez confiance dans le Seigneur" ?
    Il écrit à la fin de son article "Et pourtant, l'Eglise de tous les temps survivra à ce désastre." Je n'y vois pas de manque de confiance dans le Seigneur, au contraire.
    Comme le dit "Carmel Mondain", on peut avoir confiance dans le Seigneur mais être réaliste et craindre l'avenir. A moins d'estimer que les martyrs, le massacre des chrétiens (comme au Nigeria) et la division de l'Eglise sont des bonnes choses.

  • Lanceur d’alerte !
    Voici ce que pense le cardinal Raymond Burke du Synode 2023/2024 :
    " Ma prière personnelle chaque jour à notre Seigneur est qu'il veille d'une manière ou d'une autre à ce que le Synode n'ait pas lieu, car franchement, je n'en vois aucun bien."
    https://www.stilumcuriae.com/card-burke-prego-ogni-giorno-perche-il-sinodo-non-si-faccia
    Et certainement que le cardinal s’est retenu de dire qu’il n’y voyait que du mal. Comprenons donc bien ce qui est en train de se passer et ce qu’on va devoir affronter.
    Bien sûr, on peut estimer que le cardinal Burke n’est qu’un personnage dérisoire de la Sainte Église catholique régulière et qu’il faut plutôt d’abord écouter, croire et suivre Bergoglio.
    Mais si on méprise ainsi de tels hauts prélats, si même les prétendus catholiques restent sourds à leurs appels, à leurs avertissements, si on leur préfère des fables interminables qui détournent de la Vérité et de la réalité, alors qu’il en soit comme au temps de Noé (Mt 24/39)
    Et çà, ce sera bien évidemment au terme de ce synode qui va dévoiler le mystère d’iniquité.
    Croient-ils vraiment en Jésus-Christ ceux qui pensent qu’Il va permettre la mise en oeuvre d’un processus d'autodémolition inéluctable de son Église ?
    C’est étonnant que si peu s’inquiètent des conséquences universelle d’un tel synode.
    Il reste peu de temps avant le terme.

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