Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

« La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui se disent encore « progressistes » »

IMPRIMER

Du site de Front Populaire via artofuss.blog :

Pierre-André Taguieff : « La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui se disent encore « progressistes »

26/11/2023

ENTRETIEN. D’où vient la bêtise ? En tout cas, elle n’est pas le monopole d’une catégorie de la population, et nul n’y échappe totalement. Dans Le Nouvel Âge de la bêtise, l’historien des idées Pierre-André Taguieff tente, de manière érudite et précise, d’en déceler les fondements.

Le Nouvel Âge de la bêtise

Front Populaire : Vous évoquez le « nouvel âge » de la bêtise. Comment pourrait-on distinguer la bêtise d’aujourd’hui de celle d’hier ? Peut-on catégoriser les formes de bêtises à travers l’histoire ?

Pierre-André Taguieff : Dans mon livre, je me suis principalement intéressé à la bêtise propre aux élites intellectuelles modernes, celles qui se tiennent au courant des progrès scientifiques et techniques et s’en émerveillent comme celles qui pestent en langage savamment codé contre le « monde mauvais » qui est le nôtre en appelant à le détruire, et non sur la bêtise ordinaire des gens ordinaires. Dans les deux cas, cependant, la bêtise « consiste à vouloir conclure », comme l’a dit Flaubert en 1850.

Mais soyons modestes lorsque nous osons parler de la bêtise, car nous croyons trop souvent pouvoir la regarder de haut ou de loin. Or, elle nous touche de près, elle est aussi bien en nous que chez les autres, dans ce que nous disons comme dans ce que nous faisons. Question de degré ou d’intensité. Milan Kundera parlait justement de la « bêtise consubstantielle à l’être humain » (1986). Il reste que, dans les pays occidentaux, ses formes historiques et culturelles sont variables, car elles sont tributaires des idéologies politiques en présence comme de l’état des sciences et des techniques, et tout particulièrement des technologies de l’information et de la communication. À cet égard, l’explosion des réseaux sociaux a eu pour effet de diffuser dans l’espace mondial les croyances dénuées de sens et de multiplier les débats absurdes, expressions de la nouvelle bêtise de masse.

La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui collectionnent les « bonnes causes » selon l’esprit du temps. Disons les milieux plus ou moins militants qui se disent encore « progressistes ». La défense desdites « bonnes causes » alimente la vanité des imbéciles, qui se félicitent d’être « du bon côté », et donc, par là même, intelligents. C’est ainsi qu’ils fanfaronnent. Dans sa conférence de mars 1937 sur la bêtise, Robert Musil rappelait le vieil adage « Vanité et bêtise poussent sur la même tige » avant d’affirmer qu’« il y a depuis toujours entre bêtise et vanité un lien étroit ».

C’est surtout dans le champ des sciences sociales, de la philosophie, de la linguistique et des études littéraires que l’enseignement supérieur et la recherche ont été pris d’assaut par des groupes ou des réseaux d’intellectuels d’extrême gauche qui y exercent une force d’intimidation. Prenons l’exemple d’une forme d’abêtissement par l’engagement politique sectaire à gauche : le cas Simone de Beauvoir, qu’on ne saurait pourtant considérer comme une imbécile. Au début de son long article intitulé « La pensée de droite, aujourd’hui », publiée en 1955 dans son essai titré Privilèges, on lit avec consternation : « La vérité est une : l’erreur, multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme. » L’une des cibles n’est autre que le penseur libéral Raymond Aron, défenseur du pluralisme. La volonté de nuire peut rendre stupides des personnes intelligentes.

Front populaire : Comment faire face à la bêtise politico-culturelle contemporaine ?

Pierre-André Taguieff : Aujourd’hui, la cuistrerie révolutionnariste donne son style commun au néo-féminisme intersectionnel, à l’écologisme radical, au décolonialisme et au néo-antiracisme contemporains, pépinières de pense-menus emplumés des deux sexes (et de tous les genres, « trans » compris), prétentieux et arrogants. Dans son court essai sur le « bullshit », en 1985, Harry Frankfurt commençait par noter : « L’un des traits les plus caractéristiques de notre culture est l’omniprésence du baratin. »

Depuis les années 1990, les choses se sont considérablement aggravées. Mais ce n’est que tout récemment que s’est produite la prise de conscience du phénomène nommé globalement « wokisme », désignation assurément discutable, en passe de devenir aussi sloganique que « radicalité », « populisme », « communautarisme » ou « panique morale ». Mais, pour se faire à peu près entendre, il faut bien employer des termes enveloppant des notions floues, en s’efforçant d’en justifier les usages et de les définir autant qu’il est possible. Mais il faut assumer la posture du critique donnant dans l’ironie et recourant, si besoin est, au style polémique.

C’est pourquoi se multiplient aujourd’hui les essais polémiques ou les pamphlets contre la bêtise idéologisée et institutionnalisée qu’est le « wokisme » dans tous ses aspects. Dans un autre contexte, mais avec des arguments qui n’ont rien perdu de leur force, George Orwell recommandait ainsi le recours à l’écriture pamphlétaire : « Le pamphlet devrait être la forme littéraire d’un âge comme le nôtre. Nous vivons à une époque où les passions politiques sont vives, où les véhicules de libre expression deviennent de plus en plus rares, et où le mensonge organisé règne sur une échelle inconnue jusqu’à présent. Pour combler les lacunes de l’histoire, le pamphlet est l’outil idéal. » Face à la bêtise politico-culturelle diffusée massivement sur les réseaux sociaux, on peut s’engager dans une enquête accompagnée d’une analyse critique, réagir par des pamphlets lorsqu’on a le talent polémique requis, ou encore refaire les chemins de Nietzsche écrivant ses Considérations inactuelles.

Front populaire : Le rasoir de Hanlon est une règle de raisonnement qui stipule qu’il vaut mieux attribuer les erreurs à la bêtise plutôt qu’à la malveillance. Vous qui connaissez bien l’univers de la bêtise humaine et celui du complot, qu’en pensez-vous ?

Pierre-André Taguieff : Disons qu’il est de bonne méthode que de commencer par tenter d’expliquer par la bêtise les erreurs, les illusions et les échecs. Mais, bien sûr, quand l’hypothèse de la bêtise s’avère insuffisante ou qu’elle est contredite par les faits, il faut faire appel à l’hypothèse de l’action d’une intelligence plus ou moins perverse, à celle de l’ignorance ou à celle de la méchanceté doublée d’intelligence. Un complot réussi suppose l’action concertée d’un groupe de personnes intelligentes capables d’imaginer un plan réalisable, souvent complexe, en vue d’obtenir du pouvoir ou de la richesse. Mais il faut distinguer les complots réels, qui aboutissent ou non, des complots imaginaires. Ces derniers sont fabriqués soit par des imbéciles pour expliquer la marche du monde telle qu’ils l’ont en horreur, soit par des manipulateurs cyniques, plus ou moins doués, qui inventent, sur la base de croyances dogmatiques (préjugés et idées reçues), des complots susceptibles de séduire tel ou tel groupe humain qu’ils veulent pousser à agir contre les comploteurs fictifs. C’est le cas, par exemple, du complot juif mondial et du grand complot maçonnique, qui visent à mobiliser les masses ou le pouvoir en place contre les Juifs ou les francs-maçons.

Dans les croyances complotistes, du côté des consommateurs, on rencontre divers mélanges de bêtise et de paranoïa. Mais l’imaginaire complotiste, qu’il faut soumettre à une analyse critique, ne doit pas nous faire oublier l’existence ni négliger l’importance des vrais complots dans l’histoire.

Front Populaire : Votre ouvrage tente de démêler un demi-paradoxe : il existe une bêtise intellectuelle, celle des « sachants », des « diplômes analphabètes » (Goldmann) qui est généralement d’autant plus éclatante qu’elle est sûre de son fait. Qu’a-t-elle de particulier ?

Pierre-André Taguieff : La bêtise ordinaire est une chose, la bêtise sophistiquée et « cultivée » en est une autre. Mon objet premier, c’est la bêtise idéologique, ou plus exactement la bêtise idéologisée, celle des intellectuels engagés, des universitaires militants, des politiques supposés lettrés. Une bêtise cultivée, souvent née d’un aveuglement produit par des convictions idéologiques absolues.

La bêtise est chez elle ans avec les bons sentiments comme avec les mauvais, surtout lorsqu’ils sont idéologisés. Les « catéchisations laïques », pour parler comme Clément Rosset, donnent le ton. C’est ainsi que des « catéchismes bêtifiants » font autorité dans l’espace culturel et médiatique, poussant les esprits grégaires à proférer avec le plus grand sérieux des affirmations absurdes. Par exemple, sur le front animaliste, cette ferme amie et protectrice des animaux qu’est Stéphanie de Monaco avait déclaré avec conviction : « Les animaux sont des êtres humains comme les autres. »

Le phénomène n’est nullement nouveau. La bêtise cultivée s’exprime par des niaiseries fardées et des fadaises parfois élégamment dites. Le phénomène n’avait pas échappé à Montaigne, qui notait : « Personne n’est exempt de dire des fadaises : le malheur est de les dire curieusement. » Selon Littré, « dire curieusement » signifie dire avec soin, ou avec soin et délicatesse. Des fadaises, c’est-à-dire des propos futiles, ineptes, niais, bref, des sottises, prenant souvent la forme de lieux communs. Il faut entendre aussi : des non-sens proférés soigneusement avec le plus grand sérieux, ce qui implique le souci du style, du travail sur la langue. Les niaiseries qui viennent à l’esprit des imbéciles cultivés doivent être dites élégamment. C’est la bêtise de salon, endimanchée, la bêtise des gens chics et des snobs, des conférenciers à la mode et des marchands de baratin.

Front populaire : Existe-t-il des hiérarchies dans la bêtise ? Entre la bêtise des foules, pointée du doigt par Gustave Le Bon et celle des universitaires-inquisiteurs contemporains que vous analysez, faut-il choisir ? D’où vient le danger ?

Pierre-André Taguieff : La bêtise peut être considérée comme un vice du savoir, un vice épistémique, ainsi que le proposent les philosophes Pascal Engel et Kevin Mullligan. Dans cette perspective, la bêtise se caractérise par l’indifférence ou l’hostilité aux valeurs cognitives, et se manifeste notamment par l’emploi de clichés, le vain bavardage, le blabla ou le « baratin », qui varie selon les modes. L’un des paradoxes comiques qui saute aux yeux, c’est de voir des imbéciles diplômés se moquer de la bêtise des foules. Le mépris de « ceux d’en haut » pour « ceux d’en bas » va de pair avec l’arrogance et l’esprit de sérieux. Si la bêtise sans prétention des gens simples peut avoir parfois du charme, celle des pédants, des phraseurs et des pontifiants est odieuse et insupportable.

On connaît le constat désenchanté de Bertrand Russell : « L’ennui dans ce monde, c’est que les idiots sont sûrs d’eux et les gens sensés pleins de doute. » L’aveuglement est ce que partagent les fanatiques et les imbéciles. Ils ne doutent de rien, et surtout pas d’eux-mêmes et de la justesse de leurs pensées comme de leurs actes. Mais les voies de la bêtise sont tortueuses, et elle se niche partout, même chez ceux qui la stigmatisent, comme le pointe ce court dialogue dû à Georges Courteline :

« Seuls les idiots n’ont pas de doute.
– Vous en êtes sûr ?
– Certain.
 »

Front Populaire : On dit souvent de la bêtise qu’elle est le miroir de l’infini ou qu’elle est invincible. Baudelaire parle superbement de « la bêtise à front de taureau ». Dans un univers digitalisé où règnent le biais de confirmation et la loi de Brandolini, quelles sont les chances réelles de l’intelligence face à la bêtise ? Une victoire est-elle sérieusement envisageable ?

Pierre-André Taguieff : Si l’on prend au sérieux le principe ou la loi d’asymétrie du baratin (ou « loi de Brandolini »), qui stipule que la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter du baratin (ou des sottises) est beaucoup plus grande que celle qui a permis de le créer, alors on ne peut qu’être pessimiste sur l’issue de la lutte de l’intelligence contre la bêtise. Tout se passe comme si les réfutations, les démontages ou les dégonflages des sottises venaient toujours trop tard et attiraient moins l’attention que la diffusion de ces dernières. Au total, la force de séduction des sottises est plus grande que celle des discours se réclamant à la fois de la rationalité et des faits bien établis, qui demandent du temps pour les comprendre. La fulgurance des sottises proférées fait paraître ternes les analyses critiques et les mises au point savantes. Le psychanalyste Paul-Claude Racamier avait vu juste : « L’ennui avec la sottise, c’est qu’elle ne connaît pas de répit et qu’on ne lui connaît pas de fond. » Elle est donc sans limites, comme l’avait noté Claude Chabrol : « La bêtise est infiniment plus fascinante que l’intelligence. L’intelligence a des limites, la bêtise n’en a pas. » D’où le mot d’Edgar Varèse : « Il y a deux infinis, Dieu et la bêtise. » La bêtise résiste à nos tentatives de la définir et de la connaître, et plus encore à nos efforts pour la neutraliser ou la soigner. On la perçoit, on la reconnaît, on la décrit, on en rit autant qu’on peut, sans plus. En 1975, le grand gourou Lacan avait déclaré dans un éclair de lucidité : « La psychanalyse est un remède contre l’ignorance ; elle est sans effet sur la connerie. »

On pourrait en dire autant de la philosophie et des sciences sociales, qui se montrent impuissantes contre la bêtise tout en lui servant parfois de boucliers ou en lui offrant des maquillages. La bêtise résiste à l’ironie et au persiflage autant qu’à la critique rationnelle. Disons simplement que la bêtise ne se soigne pas, qu’elle est sans remèdes, qu’elle est incurable. En cela, elle diffère autant de l’ignorance que de l’erreur et de l’illusion. Et peut-être aussi des névroses. La bêtise a l’éternité devant elle. Tant du moins que le genre humain persiste dans l’existence. Car elle est un propre de l’homme – terme pris ici au sens générique, mais qui ne manquera de choquer les wokistes.

Qui est le véritable ennemi de la philosophie ? Ni l’ignorance, ni le faux savoir, ni les mythes, mais la bêtise. C’est la grande découverte de Nietzsche. En 1882, dans le paragraphe 328 du Gai savoir, intitulé « Nuire à la bêtise », Nietzsche, après avoir rappelé que des prédicateurs, « pendant des millénaires », avaient cherché à dépouiller l’égoïsme de sa bonne conscience, souligne que « les philosophes anciens assignaient au contraire une tout autre source au mal » : la bêtise. Une philosophie, comme l’affirmait Gilles Deleuze, « sert à nuire à la bêtise, elle fait de la bêtise quelque chose de honteux ». Il faut donc apprendre à se moquer de la bêtise, de la nôtre comme de celle des autres, sans imaginer qu’on puise la vaincre ou la faire disparaître.  Échapper à la bêtise, c’est d’abord être capable de rire de soi. C’est pourquoi Valéry disait de la bêtise qu’elle « consiste en une inaptitude à se moquer de soi-même ».

Front Populaire : Vous parlez de la « bêtise militante ». La bêtise n’est-elle pas malheureusement consubstantielle à l’esprit militant ?

Pierre-André Taguieff : C’est là en effet la conclusion que je tire moins de mes réflexions que de ma longue expérience des milieux militants, principalement de gauche et d’extrême gauche, que j’ai traversés depuis mon adolescence. Mon hypothèse est que le militantisme abêtit. Il transforme des personnes intelligentes en bêtes à cornes. Dans les cas des gauches, la bêtise consiste à croire qu’on est installé dans le Bien, qu’on monopolise l’exigence de justice sociale et celle de solidarité. Et bien sûr qu’on est du « bon côté » : l’internationalisme, le cosmopolitisme, etc. La bêtise va de pair avec le moralisme ou le vertuisme, en particulier celui qu’on rencontre aujourd’hui dans le wokisme.

Les formes de la bêtise diffèrent considérablement au sein du champ des droites, qui toutes prétendent être attentives à la réalité sociale, et faire ainsi preuve de réalisme. Elles s’opposent en ce sens aux gauches, reléguées dans le camp de l’irréalisme et de l’utopisme. Les droites peuvent être libérales, autoritaires, républicaines, populistes, nationalistes, ethno-nationalistes, etc. Chacune de ces tendances idéologico-politiques offre des traits relevant de la bêtise, qui se confond avec la référence au « bon sens », qui peut n’être qu’une coquetterie. Dans les conversations et les débats, la plupart des représentants de ces tendances veulent à tout prix conclure, ou avoir le dernier mot, illustrant la définition flaubertienne de la bêtise : « conclure » à tout prix, en faisant ainsi preuve d’une intolérance de principe à l’égard des thèses contraires. La bêtise consiste ici à vouloir toujours avoir raison, ou à croire avoir toujours raison, en se référant à la réalité socio-économique pour les libéraux ou aux traditions pour les conservateurs. Donc à vouloir mettre la raison de son côté, en croyant pouvoir la monopoliser. Mais, en guise de raison, on trouve le plus souvent de piteuses « bonnes raisons ».

Prenons un exemple drôlatique pour conclure sans conclure. Dans une vidéo diffusée le 2 janvier 2023 sur le compte Twitter de la ville de Pantin (Seine-Saint-Denis), « Bonne année 2023, Pantine engagée pour l’égalité », le maire socialiste Bertrand Kern, fin lettré, a présenté ainsi ses vœux résolument militants aux « Pantinoises et Pantinois », centrés sur une réforme lexicale hautement symbolique, destinée à « faire réagir et permettre d’ouvrir des réflexions, voire lancer des dynamiques d’action » afin de lutter contre les inégalités hommes-femmes : « Cette année, j’ai décidé de placer les vœux de la municipalité sous l’égide de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les violences faites aux femmes. Pantin s’appellera pendant un an Pantine. »

Une innovation lexicale antisexiste du même genre pourrait être imposée par les mairies de Tarascon ou de Juan-les-Pins.

Tout dépend du degré d’abêtissement idéologique du maire et de son entourage.

Commentaires

  • Si on va à la racine du phénomène, la bêtise a des origines animales. Le perroquet est un candidat sérieux : il se croit original, alors qu'il répète ce qu'il ne cesse d'entendre.

Écrire un commentaire

NB : Les commentaires de ce blog sont modérés.

Optionnel