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  • Italie / Enzo Bianchi : « Le pape François est isolé. Sur les réseaux sociaux, l'aile traditionaliste de l'Église est beaucoup plus vivante"

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    Une interview (Giampiero Rossi, Corriere della Sera) d’Enzo Bianchi (fondateur agité de la communauté monastique œcuménique marginale remarquée de Bose, dans le nord de l’Italie) au « Corriere della Sera », reproduite par le site web « Sismografo »:

    Le moine et théologien : « Il y a un hiatus entre le pontife prophétique et son peuple. Je ne crois pas que nous nous dirigeons vers un schisme, mais je crains que l'Église ne glisse vers une perte dangereuse"

    « Le pape François est isolé, l'Église ne risque pas un schisme mais une perte dangereuse». Enzo Bianchi - moine de quatre-vingts ans, théologien, érudit de l'Église, fondateur de la communauté de Bose - ne cherche pas de tournures pompeuses pour dire ce qu'il pense. Il ne se réfugie pas dans les équilibristes, même lorsqu'il parle du pontife avec lequel il a eu un conflit ouvert dans un passé récent : il le critique et le défend sans réserve. Mais sa pensée principale, explique-t-il, est l’Église, son avenir dans un monde en rapide évolution.Son dernier livre, « Où va l’Église ? » est dédié à cela. (éditions San Paolo) qui sera présenté le jeudi 30 novembre à 18h au Centre Ambrosianeum (via delle Ore 3) en compagnie de Ferruccio de Bortoli et Don Antonio Rizzolo.

    Enzo Bianchi, la question est obligatoire. Où va l’Église ?

    « L'Église marche vers Jésus-Christ, vers le Royaume. Ou du moins c'est sa vocation, sa mission."

    Toutefois…?

    "Mais ces dernières décennies, elle s'est mise au centre, on parle trop de l'Église et moins de Jésus-Christ et de l'Évangile."

    Quand cette attitude a-t-elle commencé, à votre avis ?

    « Avec le Concile Vatican II, nous sommes arrivés à une réforme de l'Église pour apporter l'Évangile au monde, mais nous nous sommes ensuite fortement concentrés sur les activités mêmes de l'Église, qui s'est toujours positionnée comme maîtresse de l'histoire, estimant que tout dépendait sur elle-même, oubliant le choix de spoliation que le Christ lui-même a fait de sa condition de fils de Dieu. Ici, plutôt que d'avoir la prétention de devoir et de pouvoir tout dire sur tout et sur tout, d'être maître et guide des hommes, la L'Église devrait recommencer à se déshabiller et à marcher aux côtés des hommes, avec compassion et humilité, pour offrir à chacun le grand espoir de la résurrection. »

    Ne pensez-vous pas que depuis le pape Luciani, de nombreux gestes et pas ont été faits dans ce sens ?

    « Je les ai tous connus de près et je peux dire que oui, Jean-Paul Ier a commis des gestes de spoliation, qui étaient alors complètement absents dans le pontificat ultérieur et aussi dans celui de Ratzinger, qui n'avait pas suffisamment de force ni au sein de l'Église ni envers le peuple de Dieu, donc François a eu du courage et de la détermination, mais il faut dire une vérité que personne ne veut dire ouvertement...".

    Qui est?

    « François est isolé, mis à part ses plus proches, il n'est pas suivi par les cardinaux, les évêques, les prêtres et le peuple de Dieu lui-même semble sourd à sa proposition synodale, ils laissent tout passer presque dans l'indifférence. Et donc nous nous trouvons dans cette sorte de hiatus, entre un Pontife prophétique et son peuple, et cela m'inquiète beaucoup car dans la communication via les réseaux sociaux, l'aile traditionaliste est beaucoup plus vivante.

    Vous défendez donc la route tracée par le pape Bergoglio, même si vous avez eu des désaccords assez ouverts et durs avec lui ?

    « J'ai critiqué tout le monde, je n'ai jamais été enclin à idolâtrer un quelconque pape, mais maintenant je vois une situation très difficile. Je ne crois pas que nous nous dirigeons vers un schisme, mais je crains que l'Église ne glisse vers une perte dangereuse. »

    Mais n’existe-t-il pas déjà un conclave construit pour donner une continuité future au chemin indiqué par ce pape ?

    « Mais non, ce n'est pas du tout vrai que François a créé un conclave à son image, il a aussi nommé des cardinaux ennuyeux et traditionalistes, donc le risque pour l'avenir est justement que pour maintenir l'équilibre entre les différentes âmes, le conclave finit par choisir un père ennuyeux. On a vu d'ailleurs comment, à la même époque, il a été choisi de béatifier en même temps Jean XXII et Pie IX : un coup au cercle et un coup au tonneau."

    En parlant de cardinaux, ici à Milan, quelqu'un soulève cycliquement la question de l'échec de la nomination de l'archevêque Mario Delpini. Qu'en penses-tu?

    « Francis ne choisit pas les grandes villes, les grands personnages, mais suit plutôt une logique suburbaine. Il suffit de penser à la nomination de l'évêque de Mongolie, à l'extrême périphérie du monde et qui compte plus ou moins trois mille fidèles. Parce qu’il veut dire que même le petit, même le petit, compte. Et ce n’est pas un choix politique, mais évangélique. Autrement, il aurait fait de tout son peuple des cardinaux. » 

    Un autre sujet très sensible dans le diocèse ambrosien et dans toute l’Église est le déclin des vocations. Dans le livre, il en parle également, mais inverse le point de départ.

    «Bien sûr, car avant de s'interroger sur la crise des vocations, il faut s'interroger sur la crise de la foi. Et je reviens au point de départ : l'Église, trop concentrée sur ses propres activités - toutes belles et précieuses, toujours aussi nombreuses en deux mille ans d'histoire - a perdu de vue son message fondamental et extraordinaire : l'espérance que la mort ne soit pas le dernier mot, car avec le Christ il y a la résurrection. Revenons en arrière et disons ceci à l'humanité. »

    Bref, selon l’adage bien connu, un « pur » trouve toujours un plus pur qui l’épure…

  • Les préoccupations immobilières du pape

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    Du Sismografo :

    30 novembre 2023

    François : un pape soucieux de l'immobilier

    (L.B., R.C., par la rédaction de "Il sismografo")

    La nouvelle de la sanction du pape à l'encontre du cardinal américain Raymond Leo Burke a été confirmée par le pontife lui-même dans une brève note adressée le 28 novembre à son biographe Austen Ivereigh. Désireux de corriger certains articles de presse, François a écrit : "J'ai simplement annoncé le fait lors de la réunion des chefs de dicastère [le 21 novembre] sans donner d'explications spécifiques". Le Saint-Père nie également avoir utilisé l'expression "mon ennemi" en référence au cardinal. D'autre part, il ne semble pas que François ait dit que Mgr Burke était un ecclésiastique "qui sème la discorde", comme l'a rapporté la presse. À ce stade, ce qui a été dit est essentiellement vrai et il n'y a pas grand-chose à nier : le souverain pontife va retirer au cardinal Raymond Leo Burke, qui a fêté ses 75 ans en juin dernier, son appartement de fonction dans la Via Rusticucci à Rome et son salaire, qui est d'ailleurs une pension.

    Une aversion réciproque

    Les relations entre Burke et Bergoglio ont toujours été tendues. Les raisons de cette aversion mutuelle sont inconnues. Certains observateurs font remonter cette aversion à une époque lointaine. Raymond Burke est cardinal depuis 2010 et Jorge Mario Bergoglio depuis 2001, ils se sont donc rencontrés à plusieurs reprises. Le pape, personnalité forte et susceptible, a contre-attaqué Burke à plusieurs reprises, au point de l'accuser d'être no-vax (ce qui est faux) et de sourire avec sarcasme lorsque le cardinal a été frappé par Covid19 : "Même dans le Collège des cardinaux, il y a des 'négationnistes' et l'un d'entre eux, le pauvre, est hospitalisé avec le virus. Bah, ironie de la vie..." a déclaré un pape sans pitié lors d'une conférence de presse à son retour d'un voyage en Hongrie. (15 septembre 2021)

    Icônes médiatiques : le progressiste réformateur contre l'indietriste conservateur

    On sait donc qu'il y a toujours eu une inimitié totale et sans limite entre les deux, et pas seulement pour des raisons doctrinales ou pastorales, comme nous l'avons vu ces dernières années sur différents sujets. Il s'agit également d'un différend de nature personnelle, d'un rejet mutuel. Il n'en fallait pas plus pour faire de l'un et de l'autre des icônes opposées : celle d'un pape progressiste et réformateur, et celle d'un prêtre américain conservateur, "indietriste", rigide et préconciliaire (le cardinal Burke).

    Le pape Bergoglio sait qu'il a de nombreux ennemis et, à cet égard, il ne se laisse pas distraire. Il répond coup par coup. C'est son style et sa méthode, depuis qu'il est jeune séminariste. La plupart des problèmes du pape Bergoglio au sein de la Compagnie de Jésus découlent de plusieurs controverses de ce type. Avec un style différent et des manières plus cossues, le cardinal Burke répond sans rien épargner, ce qu'il faisait déjà lorsqu'il était évêque de Saint Louis (Missouri-USA).
    Il est maintenant confirmé, selon les termes mêmes du Pontife, que le Saint-Père a décidé de retirer au cardinal Raymond Leo Burke son salaire et sa pension (5-6 000 euros au total, avec les avantages sociaux) ainsi que l'appartement du Vatican dans lequel il réside en tant qu'ancien cardinal collaborateur du Pontife, un "privilège" dont jouissent de nombreux autres cardinaux au sujet desquels le Pontife n'a pas annoncé de mesures similaires. 

    Pour la énième fois en plus de dix ans, nous en revenons au conflit entre le pape et Burke ou entre Burke et Bergoglio. Pourquoi ce conflit éclate-t-il après tant d'années ? Qu'y a-t-il de nouveau ?  

    Les parties - pape et cardinal - ont-elles la moindre conscience du moment délicat que vit l'Église dans le monde ? Cette conduite est-elle une manière d'évangéliser, de répandre le bien, de témoigner de la miséricorde et de la correction fraternelle ?

    Le patrimoine du Vatican

    Depuis le début de son pontificat, et en particulier depuis que François a découvert le patrimoine immobilier du Saint-Siège au Vatican, en Italie et à l'étranger, il a consacré beaucoup d'attention à cette question, notamment parce qu'il estimait que ce patrimoine avait été une gigantesque source de corruption pendant des décennies. Dans ce domaine, le Saint-Père a introduit plusieurs nouvelles lois et règles.

    L'attribution de logements au sein du Vatican devint une obsession pour le pape, et dans de nombreux cas de licenciement ou de cessation de service, il s'occupa toujours personnellement d'obtenir pour les désormais anciens employés - dont certains étaient très importants - l'injonction appropriée de libérer rapidement le logement.

    Le cas le plus connu, parce qu'il a été rendu public, est celui de Mgr Georg Gaenswein.

    La délicatesse immobilière du pontife

    L'"appartement" est l'un des éléments qui entrent dans les discussions sur les grandes nominations, un privilège que le Pape sait très bien manipuler. Le dernier cas en date est celui du Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, le Card. Manuel Fernández, qui a plus d'une fois parlé de son appartement dans les murs du Vatican comme d'un "cadeau" extraordinaire. Dans une note publiée sur Facebook après sa nomination, le préfet V.M. Fernández a écrit quelque chose de surprenant : "Ces jours-ci, alors que j'étais à Rome, le pape lui-même a pris soin de me chercher un endroit où vivre à l'intérieur du Vatican, avec des plantes et une vue sur la verdure, parce qu'il sait que je viens de la campagne et que j'ai besoin de cela. Regardez sa délicatesse. C'est pour cela que c'est un plaisir de travailler près de lui et de l'accompagner de plus près".

    Le cardinal Becciu

    Il convient de rappeler que le 23 septembre 2020, lorsque le pape a demandé au cardinal Angelo Becciu de présenter sa démission, il lui a dit - pour transmettre un geste miséricordieux de sa part - que la suspension des droits et des prérogatives n'incluait pas le logement et qu'il pouvait donc continuer à vivre dans le palais de l'ancien Saint-Office, où, au cours de ces trois années de procès, le pape s'est rendu avec une certaine fréquence inhabituelle pour rencontrer le cardinal qui connaîtra son sort dans deux ou trois semaines avec la sentence du procès douteux ; un procès voulu par le pape François lui-même qui, a-t-il dit, a personnellement signé la plainte contre le cardinal.

  • Saint André, apôtre (30 novembre)

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    Nous publions ci-dessous le texte intégral de la catéchèse consacrée au premier apôtre appelé par le Christ prononcée par le pape Benoît XVI au cours de l’audience générale du mercredi 14 juin 2006 (source) :

    Chers frères et sœurs,


    Dans les deux dernières catéchèses, nous avons parlé de la figure de saint Pierre. A présent nous voulons, autant que les sources le permettent, connaître d'un peu plus près également les onze autres Apôtres. C'est pourquoi nous parlons aujourd'hui du frère de Simon Pierre, qui était lui aussi l'un des Douze. La première caractéristique qui frappe chez André est son nom: il n'est pas juif, comme on pouvait s'y attendre, mais grec, signe non négligeable d'une certaine ouverture culturelle de sa famille. Nous sommes en Galilée, où la langue et la culture grecques sont assez présentes. Dans les listes des Douze, André occupe la deuxième place, comme dans Matthieu (10, 1-4) et dans Luc (6, 13-16), ou bien la quatrième place comme dans Marc (3, 13-18) et dans les Actes (1, 13-14). Quoi qu'il en soit, il jouissait certainement d'un grand prestige au sein des premières communautés chrétiennes.

    Le lien de sang entre Pierre et André, ainsi que l'appel commun qui leur est adressé par Jésus, apparaissent explicitement dans les Evangiles. On y lit: « Comme il [Jésus] marchait au bord du lac de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans le lac: c'était des pêcheurs. Jésus leur dit: “Venez derrière moi, et je vous ferai pêcheurs d'hommes” » (Mt 4, 18-19; Mc 1, 16-17). Dans le quatrième Evangile, nous trouvons un autre détail important: dans un premier temps, André était le disciple de Jean-Baptiste; et cela nous montre que c'était un homme qui cherchait, qui partageait l'espérance d'Israël, qui voulait connaître de plus près la parole du Seigneur, la réalité du Seigneur présent. C'était vraiment un homme de foi et d'espérance; et il entendit Jean-Baptiste un jour proclamer que Jésus était l'« agneau de Dieu » (Jn 1, 36); il se mit alors en marche et, avec un autre disciple qui n'est pas nommé, il suivit Jésus, Celui qui était appelé par Jean « Agneau de Dieu ». L'évangéliste rapporte: ils « virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là » (Jn 1, 37-39). André put donc profiter de précieux moments d'intimité avec Jésus. Le récit se poursuit par une annotation significative: « André, le frère de Simon Pierre, était l'un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d'abord son frère Simon et lui dit: “Nous avons trouvé le Messie (autrement dit: le Christ)”. André amena son frère à Jésus » (Jn 1, 40-43), démontrant immédiatement un esprit apostolique peu commun. André fut donc le premier des Apôtres à être appelé à suivre Jésus. C'est précisément sur cette base que la liturgie de l'Eglise byzantine l'honore par l'appellation de Protóklitos, qui signifie précisément « premier appelé ». Et il est certain que c'est également en raison du rapport fraternel entre Pierre et André que l'Eglise de Rome et l'Eglise de Constantinople se sentent de manière particulière Eglises-sœurs. Pour souligner cette relation, mon prédécesseur, le pape Paul VI, restitua en 1964 les nobles reliques de saint André, conservées jusqu'alors dans la Basilique vaticane, à l'évêque métropolite orthodoxe de la ville de Patras en Grèce, où selon la tradition, l'Apôtre fut crucifié.

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  • Saint André : une foi fondée sur la confiance

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    Homélie pour la fête de saint André, apôtre, du Père Joseph-Marie Verlinde (homelies.fr) :

    La liturgie de la fête de Saint André nous invite à faire une interruption dans notre lecture continue de Saint Luc, pour entendre l’appel des premiers disciples, dans l’Évangile de Matthieu.

    Saint Grégoire le Grand était frappé par le fait que ces hommes, Simon-Pierre et André son frère, puis Jacques et Jean, abandonnent leurs filets pour suivre Jésus dès le premier mot, sans avoir vu aucun miracle, ni entendu aucune promesse de récompense. Telle est la foi vigoureuse que Jésus attend de ses disciples : une foi qui ne se fonde pas sur des signes, mais sur la confiance absolue dans celui que nous reconnaissons, à la lumière de l’Esprit, comme notre Seigneur et Maître.

    La promptitude, la générosité, bref la liberté avec laquelle ces simples pêcheurs répondent à l’appel de Dieu devrait nous donner honte de notre tiédeur, remarque le prédicateur qui précise : « En suivant le Seigneur, ils ont abandonné tout ce qu’ils auraient pu désirer en ne le suivant pas. Il n’y a pas ici de prix fixé ; mais le Royaume de Dieu te coûte ni plus ni moins que ce que tu possèdes. Il coûta ainsi à Zachée la moitié de ses biens, puisqu’il se réserva l’autre moitié pour rembourser au quadruple ce qu’il avait pris injustement (cf. Lc 19,8). Il coûta à Pierre et à André l’abandon de leurs filets et de leur barque. Il coûta deux piécettes à la veuve (cf. Lc 21,2), et un verre d’eau fraîche à tel autre (cf. Mt 10,42). Oui, comme nous l’avons dit, le Royaume de Dieu te coûte ni plus ni moins que ce que tu possèdes ».

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