De Tommaso Scandroglio sur la NBQ :
Le Pape chez Bonino, une visite qui scandalise
La visite de François à Emma Bonino porte un jugement négatif. Il est bon de visiter ceux qui souffrent, mais il est juste de ne pas scandaliser les petits dans la foi et d'appeler à la conversion ceux qui, loin d'être « un exemple de liberté », promeuvent une liberté nécrophile.
7_11_2024
Nouvelle excursion du Pape François qui, le 5 novembre, a rendu visite à Emma Bonino (1), sortie de l'hôpital il y a quelques jours à la suite d'une crise respiratoire. Sur X, la dirigeante radicale historique a déclaré que François lui avait offert « un bouquet de roses et des chocolats ». Elle a ajouté qu'elle avait été frappée par le fait qu'on lui ait dit d'être « un exemple de liberté et de résistance ». Cela m'a remplie de joie ». Le pontife avait déjà rencontré Mme Bonino à d'autres occasions et, par le passé, il n'a pas manqué de faire son éloge et celui de son travail. En 2016, il l'a incluse « parmi les grands de l'Italie d'aujourd'hui » et, à une autre occasion, faisant référence à l'engagement de la fondatrice de +Europa en faveur des migrants, il a déclaré qu'elle avait « offert le meilleur service à l'Italie pour connaître l'Afrique ».
Quel jugement porter sur la visite du pape à Bonino ? Le jugement est malheureusement négatif. Essayons d'en expliquer les raisons. Tout d'abord, posons-nous la question suivante : le pape a-t-il rendu visite à un avorteur convaincu parce qu'il est lui aussi favorable à l'avortement ? Non. Sur cette question, la condamnation de l'avortement par François a toujours été claire. À plusieurs reprises, le pape a qualifié de tueurs ceux qui pratiquent l'avortement. Ainsi, en utilisant cette même image du Pape, il y a deux jours, le Saint Père est allé rendre visite à un tueur en série, étant donné qu'il est bien connu qu'Emma Bonino a procuré plusieurs avortements à autant de femmes elle-même avant le décès du 194. Comment donc concilier cette condamnation claire de l'avortement non seulement avec la visite, mais aussi et surtout avec les paroles d'appréciation à l'égard de Bonino exprimées au cours de cette même visite et à d'autres occasions ? Comment peut-on condamner l'avortement et encenser quelqu'un qui a non seulement avorté, mais aussi procuré des avortements et qui a été l'une des figures publiques les plus incisives dans la lutte pour la diffusion de l'avortement, de l'euthanasie, du divorce, de la drogue gratuite, etc. dans notre pays ?
D'une part, comme l'a expliqué Stefano Fontana dans ces mêmes colonnes en se référant également et précisément à Bonino, la praxis l'emporte sur la doctrine. Bonino, selon le pape, travaille dans de nombreux domaines avec mérite et nous devons donc reconnaître sa valeur. Malheureusement, la promotion de l'homicide prénatal l'emporte en gravité sur toute autre initiative politique du leader radical (initiatives d'ailleurs très discutables). Le fameux discernement est appréciable à condition qu'il soit fait de manière globale en identifiant non seulement les mérites (supposés), mais aussi les défauts. C'est comme si un juge, face à un prévenu qui a avoué de nombreux meurtres, l'acquittait et lui donnait même une grosse somme d'argent en récompense parce que, par exemple, il fait du bénévolat auprès des migrants. C'est ce qui explique les paroles du Souverain Pontife qui, face aux critiques pour de telles marques d'estime à l'égard d'un ennemi juré de l'Église, a répondu en une occasion : « Patience, il faut regarder les gens, ce qu'ils font ». Et c'est précisément en regardant les personnes et ce qu'elles font qu'il conviendrait, pour le salut de l'âme de Bonino et pour éviter le scandale parmi les fidèles, de la rappeler à la vérité.
Par ailleurs, la décision du Pape de se rendre à Bonino peut être expliquée en se référant aux concepts de justice et de miséricorde, mal interprétés par François, et à la stratégie de communication du Pontife. Commençons par le premier aspect. Dans la théologie très privée de François, il n'existe pas de justice divine. La justice est la volonté constante et perpétuelle de reconnaître à chacun son dû. Aux bons le prix, aux mauvais le châtiment.
Selon François, il faut récompenser tout le monde, mais vraiment « tout le monde, tout le monde » et ne punir personne, mais vraiment personne, personne : c'est pourquoi, dans sa perspective, l'Enfer serait vide. C'est pourquoi toutes les religions se valent : puisque tous sont sauvés par la fonction, la Rédemption du Christ est inutile. Le christianisme est donc inutile et, par conséquent, toutes les religions permettent d'être sauvé pour la simple raison que Dieu sauve tout le monde. Dans cette perspective, la miséricorde devient le bonisme. Dieu aime tout le monde et veut vraiment sauver tout le monde. Mais, en même temps, il est évident que tout le monde ne répond pas à son amour et donc que tout le monde ne veut pas être sauvé. Le bonisme de François sauve au contraire même le pécheur impénitent : il le sauve par la force, même contre sa volonté : le Paradis sera rempli non pas de saints, mais de pécheurs. Sous cet angle, le péché embrassé et jamais abandonné devient un élément non pertinent, un aspect non discriminant. C'est pourquoi le Pape, entre autres, insiste tant sur le fait que, dans le confessionnal, il faut toujours absoudre, même lorsque les conditions pour le faire ne sont pas réunies.
Par conséquent, toujours dans cette perspective, il ne serait pas nécessaire d'appeler Bonino à la conversion - d'autant plus que François a condamné à plusieurs reprises le prosélytisme - parce que Bonino serait déjà sauvée. Peu importe les batailles contre la vie et la famille qu'elle a menées : Emma a déjà acheté son billet pour le Paradis. Alors pourquoi lui rendre visite ? Seulement pour être proche d'elle humainement à un moment d'épreuve, pour l'accompagner dans cette montée du chemin, pour être son voisin de manière philanthropique, en laissant la charité à Santa Marta, parce que c'est un mot qui rappelle l'amour du Christ crucifié, une réalité qui ne peut pas être prêchée par un athée comme Bonino.
Il y a aussi une troisième raison pour laquelle le Pape a probablement choisi de visiter Bonino : Consolider l'image d'un pape proche des lointains, souffrant avec les souffrants (voir la photo des deux en fauteuil roulant sur la terrasse de Bonino), qui ne juge pas les pécheurs, qui prend sa 500X SCV blanche et se rend dans les périphéries existentielles (mais pas dans les périphéries urbaines, puisque Bonino vit au centre de Rome), mais qui - il est juste de le rappeler - n'ouvre pas la porte de son étude pour accueillir les cardinaux douteux et qui marque des distances au détriment de ceux qui ne s'alignent pas sur son orientation. Cela explique pourquoi la rencontre a été rendue publique ou, du moins, pourquoi tout a été fait pour la cacher à la presse (le fait qu'un journaliste de la Repubblica l'attendait déjà dans la rue avant que le pape ne quitte la maison de Bonino en dit long).
Les pontifes ont toujours eu l'habitude de rencontrer les pécheurs manifestes pour les ramener dans le droit chemin. Mais ils le faisaient, la plupart du temps, en privé pour éviter les scandales, c'est-à-dire pour éviter ce qui se passe ces heures-ci : de nombreux catholiques ont été pour le moins surpris de voir le pape faire l'éloge d'un partisan convaincu de l'avortement, de l'euthanasie, de l'insémination artificielle, du divorce, de l'homosexualité, etc. La liberté de Bonino louée par François est la liberté de la femme de tuer son enfant par l'avortement, des époux de tuer leur famille par le divorce, des malades en phase terminale de se tuer par l'euthanasie, des gays de tuer la nature par l'homosexualité, du toxicomane de tuer sa propre existence. Une liberté nécrophile. La résistance alors toujours louée par le Pape ne peut être que la résistance de Bonino au bien et à la vérité.
On dira qu'il s'agit d'un procès d'intention. Réponse : il est positif d'être aux côtés de ceux qui souffrent et d'autant plus s'ils souffrent de l'éloignement de Dieu, mais ce serait un devoir, surtout à la tête d'un Pontife et surtout envers une personne qui s'approche de l'éternité, d'accompagner les gestes de proximité par des gestes d'évangélisation ou au moins d'éviter de scandaliser les petits dans la foi, qui pourraient croire que la visite de Bonino est aussi une bénédiction apostolique du Pape à toute son œuvre.
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(1) En 1973, Emma Bonino participe à la fondation du centre d'information sur la stérilisation et l'avortement (CISA), à Milan. Elle avoue, deux ans plus tard, avoir pratiqué des interruptions volontaires de grossesse (IVG), alors interdites en Italie.
Commentaires
Merci pour cette publication forcément très utile pour ceux qui cherchent vraiment à savoir qui est en réalité celui qu’on appelle ”le pape François ” et qui accomplit ”des prodiges étonnants” selon les termes cités par Ap 13/13-14.
Pour le grand nombre, il est le Vicaire du Christ, l’ami intime de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il devrait en être ainsi selon l’exemple que nous a donné Benoît XVI dont les derniers mots exprimés furent ”Jésus, je t’aime ! ”.
Mais visiblement, il n’en est pas ainsi pour Tommaso Scandroglio qui résume bien la stratégie bergoglienne pour séduire le monde et substituer une fausse Église à celle instituée par le Seigneur Jésus-Christ :
”Selon François, il faut récompenser tout le monde, mais vraiment « tout le monde, tout le monde » et ne punir personne, mais vraiment personne, personne : c'est pourquoi, dans sa perspective, l'Enfer serait vide. C'est pourquoi toutes les religions se valent : puisque tous sont sauvés par la fonction, la Rédemption du Christ est inutile. Le christianisme est donc inutile et, par conséquent, toutes les religions permettent d'être sauvé pour la simple raison que Dieu sauve tout le monde.”
Le catholique un peu avisé ne saurait manquer de voir en ces faits l’actualisation de la prophétie faite par le bienheureux John Fulton Sheen en 1947 :
”Sa logique (du diable et de ceux qu’il inspire) est simple : s’il n’y a pas de Ciel, il n’y a pas d’enfer ; s’il n’y a pas d’enfer, alors il n’y a pas de péché ; s’il n’y a pas de péché, il n’y a donc pas de juge et s’il n’y a pas de jugement, alors le mal est un bien et le bien est un mal.”
http://www.belgicatho.be/archive/2016/10/30/l-antechrist-5867439.html
http://www.belgicatho.be/archive/2018/10/20/l-antechrist-selon-mgr-fulton-sheen-6098593.html
N’est-ce pas ce que celui qu'on appelle ”le pape François ” essaye de nous faire croire ? Pourfendeur de l’avortement mais ”EN MÊME TEMPS” (comme dit son copain Macron) , grand ami de ”tueurs à gage” ! Si un tel comportement n’interpelle pas plus les cardinaux et les évêques, alors, c’est qu’on est en train de nous vendre au diable, et, dans ce cas, il serait temps de réagir. Car, en réalité : https://gloria.tv/post/9buofnpFN3od4AYtSZVd9Bkwp
Attention à l’erreur conséquente qui consiste à prétendre que l’Antéchrist est une forme d’esprit. C’est une affirmation tout à fait contraire à la Sainte Écriture qui livre de nombreux renseignements permettant d’établir que l’Antéchrist est formellement et indéniablement un personnage humain dont elle décrit des oeuvres qui sont propres à un personnage humain. Il ne faut pas le confondre avec ”la Bête à sept têtes surgie de la mer ” (Ap 13/1-3) qui, elle, est une forme d’esprit antichrist agissant au travers de sept idéologies antichrists.
On ne voit pas très bien comment les cardinaux et des évêques d'aujourd'hui pourraient remédier à la crise de l'Eglise, alors qu'ils sont les continuateurs de ceux d'hier et de ceux d'avant-hier, lesquels, avec aveuglement et obstination, ont refusé de percevoir les problèmes causés par les expressions et les omissions emblématiques d'au moins quatre documents du Concile : Dignitatis humanae, Gaudium et spes, Nostra aetate, Unitatis redintegratio.
Plus précisément, comment des clercs qui sont bien plus, et bien plus souvent des partisans que des opposants
- à la nouvelle conception de l'anthropologie chrétienne,
- à la nouvelle conception des relations avec le monde contemporain,
- à la nouvelle conception des religions non chrétiennes,
- à la nouvelle conception de l'ecclésiologie catholique,
pourraient-ils s'opposer aux prises de parole et de position d'un pape qui, en faisant en sorte que le dialogue interconfessionnel et le dialogue interreligieux soient complétés par le dialogue interconvictionnel, comme c'est le cas ici, s'avère beaucoup plus cohérent que ses prédécesseurs conciliaires puis post-conciliaires ?
Il n'est pourtant pas bien difficile de comprendre que la sécession intellectuelle ante-conciliaire, la disruption magistérielle intra-conciliaire et la subversion liturgique et pastorale post-conciliaires ont transformé ce qui aurait pu n'être qu'une crise d'adaptation et d'évolution en surface en une crise d'identité et d'orientation en profondeur.
Non, il n'est pas bien difficile de le comprendre, mais il n'est pas conciliairement, inclusivement, pastoralement et synodalement correct de chercher à le faire comprendre, dans l'Eglise de François.