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La légende noire de l'histoire de l'Eglise

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Que de fois il ne nous faut pas entendre répéter les mêmes poncifs contre l'Eglise, ressassés par les médias, et qui servent si souvent d'alibis ou de prétextes aux reniements et aux abandons. L'histoire de l'Eglise est très souvent invoquée par des gens qui ne la connaissent pas vraiment mais qui brandissent l'arsenal habituel: croisades, cathares, inquisition, Galilée, Pie XII, etc. Dan Brown (comme de nombreux autres) fait ses choux gras de cette légende noire et beaucoup de gens prennent cela pour argent comptant. Peu de sites, sur l'internet, fournissent des données historiques fiables pour faire la part des choses et rendre justice au rôle positif que l'Eglise a joué à travers notre histoire. Un site fournit une synthèse honnête même si, à nos yeux, certains points mériteraient d'être nuancés, notamment en ce qui concerne l'histoire récente :

"Appréhendons d'abord l'Église comme une réalité historique. Cette institution, vieille de 2000 ans, est parvenue jusqu'à nous à travers de nombreuses vicissitudes où le meilleur a coexisté avec le moins bon. Retenons d'abord le meilleur, ce n'est que justice, car nous risquons de l'oublier. Mais nous reviendrons sur le moins bon aussitôt après. Il nous faut aussi prendre conscience que les Français (toujours eux! ndbelgicatho) d'aujourd'hui sont souvent habités par une sourde agressivité à l'égard de l'Église catholique, tout simplement parce que celle-ci a été prépondérante en France (comme chez nous, ndB.) pendant des siècles, qu'elle a exercé une forte influence sur le pouvoir politique et qu'elle a donné prise à l'accusation de cléricalisme.

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Commentaires

  • Effectivement, c'est un lieu commun d'affirmer que les religions sont à l'origine de toutes les haines, de tous les déferlements de violence, de tous les massacres. Quand je suis confronté à une affirmation de ce type(et qu'un dialogue est possible) je rétorque "Ah bon ? pas depuis le 19 e siecle, en tout cas!" et si l'interlocuteur reste interloqué, je lui propose un jeu simple: en partant de la révolution française jusqu'à nos jours, évoquer chronologiquement toutes les guerres et tous les massactres connus du grand public, et vérifier si l'idéologie qui les a engendrés était profane ou religieuse. Massacre des vendéens, boucheries de Lyon, guerres de conquête napoléonnienne, la Commune, la "grande guerre de 14-18", la révolution russe, le génocide arménien, la montée du nazisme,la 2 eme guerre mondiale,la Shoah,l'utilisation des bombes atomiques contre la population civile japonaise, les guerres coloniales, la guerre du viet-nam, les massacres en Yougoslavie, etc..
    Que reste t'il à votre interlocuteur ? les affrontements en Irlande, en Palestine, et le 11 septembre: c'est tout, c'est bien peu de victimes,comparativement (même si on ne se livre pas à de l'arithmétique),et, qui plus est, il est aisé de démonter l'aspect "colonialiste" plus que religieux de l'origine de ces violences. Mais c'est plus facile d'affirmer (= réflexe du "bouc émissaire")que le monde serait en paix sans le fanatisme religieux, que de faire disparaitre les véritables causes des divisions : l'injustice, la cupidité, les ambitions démesurées.

  • Tous ces clichés et caricatures sur l'Église et sur les catholiques ont été fabriqués à partir de deux évènements principaux. Le schisme protestant et la Révolution française, assez intimement mêlés d'ailleurs.

    Le schisme protestant provoqua des persécutions terribles des catholiques de ces régions, et leurs conversions forcées, dues au principe théocratique du protestantisme (le Prince est aussi le Pape, et « une région, une religion »). Ces gens devaient donc absolument essayer de 'démontrer', a posteriori, pourquoi ils avaient eu raison de prendre une décision aussi grave que cette désunion majeure des chrétiens d'Europe. Et pourquoi cela s'était fait aussi peu chrétiennement, par la force des armes.

    Et encore aujourd'hui, certains protestants sont parmi les plus anticléricaux des intervenants sur les forums internet. Car ils se voient toujours comme concurrents dans le christianisme, en même temps que comme adversaires du point de vue doctrinal. Et leur propre propagande contre l'Église a donc largement nourri cette légende noire actuelle. Propagande qui les faisait passer évidemment pour les bons et gentils de l'Histoire, face aux méchants catholiques.

    La Révolution française, avec ses propres persécutions terribles de catholiques - voire génocide - ou conversions forcées à l'athéisme rationaliste, fut comme une sorte de redite ou conséquence du schisme protestant. Notons d'ailleurs que le schisme protestant avait fait largement le lit de l'athéisme, en privilégiant une vision lettrée et rationaliste du chrétien (sola scriptura), par rapport à la vision de l'Église qui met les plus petits aux premières places (pas besoin de se promener avec une Bible sous le bras, ni même de savoir lire, pour être un bon chrétien). Les protestants, ayant comme enfermé Dieu dans la Bible, pensaient le posséder en bien propre et exclusif.

    Cette vision protestante a aussi fait le lit d'une autre idéologie adversaire de l'Église : la franc maçonnerie, associée au capitalisme bourgeois. Ce capitalisme, né dans les régions protestantes, résultait du fait que le protestantisme avait récupéré une conception pré-chrétienne de récompense terrestre du 'juste'. Celui qui réussit dans la vie, qui accumule les biens terrestres, est béni de Dieu. Il fait donc partie d'une 'élite', il est 'élu' par Dieu. Et comme 'élite', il est à même de diriger la vie des 'non élus' (ou 'moins élus que lui') par une forme de despotisme éclairé.

    Bref, la propagande anticléricale des athées et francs maçons a largement récupéré la propagande des protestants, mais en fabriquant tout un répertoire de clichés et caricatures supplémentaires, liés à sa propre idéologie rationaliste (il fallait donc 'démontrer' que l'Église était source d'obscurantisme et superstition). Et liés aussi à la barbarie de sa Révolution (il fallait donc 'démontrer' que l'Église était encore plus barbare). Pour arriver à faire oublier ou à justifier la barbarie de la Révolution française, il fallait donc faire croire au monde que ces catholiques n'avaient fait qu'expier pour de prétendus crimes encore plus horribles de leurs ancêtres.

    Notons d'ailleurs que les athées anticléricaux se sont bien gardés de fabriquer une légende noire des protestants, ou des musulmans, ou de toute autre religion. À la suite de leur prophète Voltaire, ils n'ont fabriqué qu'une légende noire principalement des catholiques, mais aussi des juifs. C'est pour cela que le discours récurrent anticlérical ne nous sort que ce répertoire de clichés anti cathos, comme si les autres religions n'existaient pas, ou qu'on ne trouvait rien à y redire.

    Cette légende noire est donc un réel négationnisme historique, qui va malheureusement durer encore longtemps. La plupart des gens y sont tellement endoctrinés, dès l'école. Les livres d'Histoire, surtout scolaires, reprennent ces clichés et caricatures comme des vérités historiques.

  • Voilà un énorme et inépuisable sujet à la fois passionnant et... passionnel.
    Il faut évidemment écarter d'emblée la plupart des auteurs du 19ème. siècle et ce dans les deux camps. D'un côté les enragés anticléricaux héritiers directs des Lumières et de la Révolution, dont le positiviste Auguste Comte qui eut son heure de gloire et prédisait la disparition du catholicisme pour l'an 19OO. Et de l'autre côté des apologistes fermant bien les yeux sur certaines réalités dérangeantes, nous sommes en pleine époque ultra-montaine et des Zouaves.

    Depuis lors beaucoup d'historiens se sont penchés sur la question avec plus d'objectivité même si certains ont succombé au péché mortel de tout historien honnête à savoir l'anachronisme.

    IL y a des livres très intéressants remettant les pendules à l'heure quant à la sainte trinité laïcarde à savoir "croisades-Inquisition-Galilée".

    IL faut du temps et de la patience pour lire la brique de 800 pages du "Livre Noir de la Révolution Française", Editions du Cerf, 2008. Une contribution de plusieurs historiens sous la direction du dominicain Renaud Escande. Très édifiant mais aussi critiqued'une certaine "réaction", Joseph de Maistre, Bonald, Maurras et quelques pages étonnantes sur une facette peu connue de Baudelaire.

    Enfin, jamais le massacre de la ST. Barthélémy n'aura été aussi bien remis en perspective quant à ses implications politiques et enjeux de pouvoir que par le jeune théologien laïc américain William Cavanaugh,, "Le Mythe de la Violence Religieuse", éditions de l'Homme Nouveau, 2009. C'est aussi plein d'informations sur la nouvelle christianophobie aux USA, un phénomène peu connu en Europe.

    Autrement dit il ne suffit pas de se lamenter dans son coin il faut s'informer et fourbir ses armes de défense par une argumentation solide et bien étayée.

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