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« Catholiques, indignez-vous ! »

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Source : Famille chrétienne n° 1765

Pasteur et artiste, le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine, curé de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul à Marseille, réagit devant les « œuvres » récentes qui blessent la foi de l’Eglise et touchent le visage du Christ.

Comment réagir sans violence pour ne pas ressembler aux incendiaires de Charlie Hebdo ?

Marie et Jean au pied de la Croix nous donnent le bon exemple à suivre, sous le bois, au milieu des soldats, avec la prière entre les dents.

Que la jeunesse ardente continue donc de prier et de s’exprimer de cette façon-là – pacifiquement, c’est essentiel – pour crier leur amour envers la Beauté éternelle ! Avec dans le cœur la volonté d’aimer le Christ par-dessus tout, mais aussi l’Eglise en ses pasteurs qu’ils jugent parfois pusillanime et compromise avec l’esprit du monde, les artistes et les créateurs qui ne sont pas tous à jeter à la Seine.

Le Christ semble être devenu la cible privilégiée de certains artistes…

Plutôt que de souscrire à l’idée du Christ « cible », je dirais plus volontiers que l’esprit humain et, par conséquent, la création qui en surgit toujours, ne peuvent se passer de cet être divin qui demeure, qu’on le veuille ou non, l’icône majeure de l’être humain parfait. L’œuvre du Christ s’étend à toute l’humanité, elle pénètre nos fibres, et il est donc impossible à l’homme de s’en départir.

D’une manière ou d’une autre, voici le Christ qui surgit à travers les siècles, au Louvre en juillet, dans la magnifique exposition sur la figure du Christ chez Rembrandt, et en ce moment au Châtelet, assistant impassible à la défécation continue des enfants qu’Il a sauvés un jour dans le sang. Et jusqu’à la fin du monde qui peut-être approche, puisqu’il semble bien que notre art contemporain dans son ensemble – serait-ce un signe ? – ne soit pas appelé à durer, le Christ sera là, adoré ou rejeté, selon l’amour, le mal-être ou la méchanceté des hommes.

On ne congédie par le Christ. Il s’impose à l’âme humaine Les sociétés et leurs éventuelles tentatives d’éviction de la foi assorties de lois iniques, sans oublier bien sûr, leurs politiques dites culturelles, ne pourront donc rien contre le cœur humain qui est ordonné, j’oserais presque dire, malgré lui, à la transcendance, et par conséquent au Christ Jésus qui est Dieu.

Le christianisme est la religion la plus agressée des religions. Pourquoi, selon vous ?

Le Démon n’aie pas la vérité, et comme il sait que le christianisme en est le visage le plus authentique, il tape dessus ! Voilà pour la raison surnaturelle.

Maintenant, je pense que, dans l’esprit de nombreux de nos contemporains, demeure l’idée une l’Eglise empêche l’homme de vivre comme il l’entend et le contraint à suivre scrupuleusement ce que Gide appelait « la moraline », à savoir la prescription réglementée de la manière dont il faut se conduire du lever au coucher, et surtout durant la nuit quand les corps s’étreignent…

Et poutant… plus amoureux de la liberté que Dieu et son Christ, vous ne trouverez pas !

Quel contrepoison utiliser ?

Il faut essayer – et ce sera long – d’anéantir dans les esprits cette perception faussée des exigences de la foi chrétienne, qui, de fait, s’abritent toutes sous la volonté d’aimer très fort et concrètement.

Que face à des lois qui tuent la vie dans l’œuf ou dans le corps épuisé des vieillards qui respirent encore, nous intervenions avec force, cela va de soi, mais ensuite, baissons un peu l’abat-jour sur la vie intime des personnes, tout en demeurant soucieux de la fidélité à l’amour vrai, et vous allez voir si Notre-Seigneur va grandir en séduction dans le cœur de l’homme !

Comment concilier ces deux exigences la liberté de l’artiste et la liberté de conscience des chrétiens ?

Mais où sommes-nous ? Sous quel régime dictatorial vivons-nous ? On tue les Saddam, les Kadhafi, on soutient les insurgés de tout poil jusqu’à les canoniser parfois, et la jeunesse catholique devrait se taire alors que les autres partis en présence, artistes et autres subventionnés, reçoivent de l’Etat le droit inattaquable au porte-voix ! Ce n’est pas juste.

En outre, des centaines de milliers d’exemplaires de M. Stéphane Hessel viennent de se vendre de par le monde avec pour titre : Indignez-vous !, et là, tous se ruent sur le texte, on l’encourage on l’applaudit à tout rompre, mais les catholiques, eux, n’auraient pas le droit de s’indigner ?

Les catholiques et les autres, d’ailleurs, feront bien, dans les années à venir qui s’annoncent très chaudes, de préserver leur droit en mettant en œuvre leur indignation.

Ne faut-il pas tendre l’autre joue plutôt que de sortir le glaive ?

Un être attaqué dans ses convictions, dans sa foi, dans sa personne, peut très bien décider de ne pas réagir, et d’avancer comme le Christ Agneau vers l’abattoir. Mais cela concerne la personne elle-même qui peut aller jusqu’à choisir de mourir, comme ce fut le cas de tous les martyrs, sans élever la voix, le sourire aux lèvres, le courage dans le ventre.

Cependant, en ce qui concerne l’avenir des autres qui sont à côté, « chacun est responsable du monde entier », comme le dit gravement le Talmud. Ici, le Christ attend notre présence, active, priante et pacifique.

Parmi les derniers ouvrages parus du Père Zanotti-Sorkine : Cette nuit, l’éternité (Editions de l’œuvre).

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