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Nous, chrétiens d'Arabie...

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Le site "Oasis" présente un livre de Chiara Zappa, "Noi, cristiani d'Arabia" dont il n'existe malheureusement pas de traduction française (à notre connaissance).

Paolo Branca présente cet ouvrage :
 
Chiara Zappa, Noi, cristiani d'Arabia, prefazione di Mons. Bernardo Gremoli, Emi, Bologna 2011
 

Né en Arabie dans le sillage des précédents monothéismes juif et chrétien, présents déjà à l’époque même si minoritaires et un peu éparpillés dans l’immense péninsule, l’islam eut comme premier objectif celui de convertir à la foi en un seul Dieu les païens idolâtres autochtones, en leur proposant un message dans la langue qu’ils parlaient et transmis par un prophète né parmi eux. L’entreprise ne se révéla pas si facile et la vie tourmentée de Muhammad et de ses premiers fidèles en témoigne largement.

Les premiers musulmans, douze ans après le début de leur prédication, durent quitter la Mecque avec leur guide et dans la décennie suivante se produisirent de nombreux désaccords et des affrontements ouverts aussi bien avec leurs ex-concitoyens qu’avec les communautés juives de Médine, peu enclins à reconnaître à la tête des nouveaux arrivés le charisme religieux dont il se vantait. Après sa mort, et à l’occasion de l’extraordinaire expansion arabo-musulmane en dehors de leur terre d’origine, la possibilité de professer des croyances différentes de l’islam disparut en Arabie, alors que dans les terres conquises le système de la dhimma (protection) concédait aux autres monothéismes des conditions de liberté religieuse limitées.

Dans cet immense “carton de sable” le temps ne s’est cependant pas arrêté. Si, dans le royaume de l’Arabie saoudite, où sont situées les deux villes islamiques saintes par excellence – La Mecque et Médine – la pratique de n’importe quel culte différent du musulman est encore inadmissible, dans les autres États la présence chrétienne a fleuri de nouveau grâce au flux important de travailleurs immigrés provenant surtout d’Asie et d’Afrique à cause du boom pétrolier. Les catholiques en particulier, assez peu nombreux parmi les très nombreux chrétiens du reste du Moyen-Orient, sont ici prédominants.

En 1939, il n’y avait qu’une église au Bahreïn, aujourd’hui dans les Émirats Arabes Unis, on compte que les chrétiens représentent au moins 30 % des résidents, avec 7 paroisses catholiques, suivies de 4 à Oman et au Koweït, 2 au Bahreïn et 1 au Qatar, Our Lady of the Rosary conçue par un architecte italien Renato Casiraghi en collaboration avec Lorenzo Caramellini et Rocco Magnoli qui peut accueillir 3000 fidèles et est équipée de 40 salles pour le catéchisme et 10 autres où se retrouvent des communautés appartenant à 70 origines différentes. Mais il ne s’agit pas seulement de nombres.

Ce livre parle d’une variété extraordinaire de charismes qui s’expriment aussi dans des formes d’assistance aux travailleurs, aux femmes battues, aux malades et aux pauvres de tous types, par des groupes de soutien et de prière, des chorales qui accompagnent les célébrations dont la langue est l’anglais, le tagalog, le malayalam, l’ourdu, le tamil et le ceylanais, en plus de l’arabe, naturellement. Il s’agit de sociétés caractérisées par de forts contrastes, encore très traditionnelles et où il n’est pas facile s’intégrer. Ici les immigrés sont encore essentiellement considérés comme des “bras” et même les minorités autochtones chiites et ismaélites musulmanes, elles aussi, n’ont pas suffisamment de garanties.

Et pourtant, la globalisation a déclenché des mécanismes encore simplement inimaginables il y a peu de temps, avec des formes d’attention et de respect envers les diversités culturelles et religieuses encore partielles mais pas pour autant moins significatives. Il faut reconnaître à certains gouvernants le mérite d’avoir su briser des barrières redoutables pour ouvrir au moins une perspective de cohabitation humaine, même si de nombreux problèmes sont encore irrésolus, dans une région délicate et compliquée, emportée par des dynamiques extrêmement accélérées dans un bref laps de temps et que beaucoup ne regardent pas seulement comme un exemple de développement économique et financier.

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