Un ami réagit aux propos de l'évêque de Liège sur RCF (du 24 septembre) :
"Un évêque adepte de la désespérance
Il était tard ce dimanche soir lorsque je suis rentré chez moi. J’étais branché sur RCF, qui rediffusait un entretien avec Mgr Jousten, Evêque de Liège. L’émission, prise au vol, m’apprit que notre évêque s’était rendu plusieurs fois au Rwanda et qu’il avait eu l’occasion de célébrer la messe, récemment, devant plus de 600 jeunes. Très bien.
Mais fallait-il pour autant que Mgr Jousten y aille de son petit pronostic décourageant en imaginant déjà que de toute façon, d’ici vingt ans, l’Eglise du Rwanda serait à son tour gagnée par le sécularisme ?
Je me suis souvenu d’un autre évêque, honni, qui suppliait un jour, à Rome, qu’on le laisse faire l’expérience de la tradition. On expérimentait déjà toutes les gammes de la créativité, en phase avec l’esprit de liberté qui donnerait enfin le printemps à l’Eglise, vermifugée contre les prophètes de malheur. Pourquoi pas cette expérience que l’Eglise connaissait depuis vingt siècles en effet… Fermer une église l’aurait rendu malade, certainement. Renoncer, jamais.
Je me suis souvenu aussi des apôtres, et du premier d’entre eux, à qui Notre Seigneur avait prédit la persécution. Comment ne pas penser au Père Popieluszko, prêtre martyr, victime de la dictature communiste, ou à cet enfant mort dans une église sœur, au Kenya, ce dimanche 30 septembre 2012 ? Comment un chrétien philippin travaillant comme esclave en Arabie saoudite, obligé de prier en cachette, et parfois de se convertir à une autre religion s’il veut garder son travail… comment doit-il comprendre cette perspective de faillite annoncée dans une contrée déjà promise par Monseigneur à la gangrène du sécularisme… et nous pourrions ajouter… à la perte de la foi, à l’apostasie ?
Avant de remettre l’avenir de l’Eglise d’Afrique – ou celle de Liège – dans les mains du Seigneur, comme Monseigneur l’a fait, ne faut-il pas commencer par se souvenir de l’exemple courageux des apôtres et de tous ceux qui galvanisent le peuple chrétien, par des témoignages de leur Foi, plutôt que de faire le constat précoce d’une mort annoncée, d’une déliquescence semblable à celle que nous connaissons en Belgique et qui conduit à la fermeture d’églises… au tarissement des vocations sacerdotales dont il fut aussi question – sans trop appuyer… combien de séminaristes à Liège au fait ? - dans cet entretien sur RCF ?
J’étais à Banneux il y a quelques jours, avec un ami agnostique, en phase de conversion. Un jeune homme africain priait à genoux, sans ostentation mais avec ferveur. Un témoignage muet mais fort. Parce qu’il est tourné vers le Ciel. J’en rencontre d’autres dans une église bruxelloise. Des prêtres africains ont rejoint nos communautés. Non, nous ne pouvons pas faire le pronostic d’une mort programmée pour quelque communauté que ce soit.
Si tout était perdu, comme même les disciples ont pu le croire lorsque Jésus souffrit sa Passion, alors à quoi bon animer une communauté ? Je ne suis pas évêque mais un simple baptisé qui croit à la puissance de la prière et de la communion dans l’Eglise tout entière. Et je prie du fond du cœur pour qu’éclose dans l’Eglise du Rwanda, et partout ailleurs, de saintes vocations. Nous devons tous prier pour que le peuple chrétien n’oublie pas ses racines. Notre première obligation de solidarité, à nous chrétiens, c’est de prier. Avant même de penser aux aspects matériels."