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Benoît XVI : le sacré et le saint

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De Stefa_D2X0140cover.jpgno Fontana (La nuova Bussola), ce commentaire traduit sur le site web de notre consoeur « Benoît et moi » :

« La douloureuse décision de Benoît XVI de quitter le pontificat a immédiatement été interprétée de différentes façons. Parmi celles-ci également la version dé-sacralisante: la papauté allait devenir une charge comme tous les autres, laïcisée, dans le temps, et dans un but fonctionnel. Le pape «un des nôtres». La Nuova Bussola a tout de suite mis en garde contre ces interprétations qui sont toutefois assez fréquentes, même dans l'Église, et surtout à la base, à travers les hebdomadaires diocésains.

Ces jours-ci un théologien a écrit: «Au fond, le christianisme a désacralisé la religion: en se faisant chair, Jésus a comblé le fossé avec les hommes. Pour nous chrétiens, la grandeur est dans la sainteté, et pas dans le caractère sacré: le caractère sacré indique une distance, contrairement à la sainteté ». Le geste du pape est donc vu comme un abandon du sacré pour passer à la sainteté. Selon ma façon de voir dans la vie de l'Église, il y a la sainteté et le sacré. Bien sûr, les personnes ne sont pas sacrées, mais parfois saintes. Chaque croyant est appelé non pas à se sacraliser lui-même, mais à se sanctifier. Cela ne veut toutefois pas dire qu'il n'y a pas aussi le sacré, comme dépôt objectif de la grâce dans lequel puiser pour être saints. L'Écriture Sainte est sacrée. Les sacrements sont sacrés. L'Eucharistie est sacrée. Le Tabernacle, et l'Eglise comme lieu, sont sacrés. Marie est sans aucun doute Très sainte, mais elle est également sacrée, parce que Tabernacle vivant. L'Église est sainte, mais aussi sacrée, en tant que mystère. Le prêtre peut être plus ou moins saint, mais il est certainement sacré, tout comme est sacrée la consécration qu'il fait sur l'autel. Notre corps possède sa propre sacralité car il est le temple de l'Esprit Saint. Le Pape et les évêques peuvent être plus ou moins saints comme fidèles, mais ils sont aussi sacrés, en tant que successeurs de Pierre et des apôtres.

Le Christ a désacralisé la religion païenne, en ce qu'il s'est opposé au sacré comme mythe et a enseigné à adorer le Père "en esprit et en vérité". Il s'est certes fait chair, mais il ne s'est pas réduit à la chair. Il s'est fait l'un de nous, mais il ne s'est pas réduit à d'entre nous. Il s'est présenté lui-même comme le Temple et a dit qu'il pouvait être adoré aussi en dehors des lieux désignés pour cela. Mais il n'a pas cessé de se laisser trouver dans le caractère sacré de la grâce de Dieu et dans toutes les occasions sacrés où l'Église le célèbre et l'annonce.

Parler de sainteté en coupant les ponts avec le sacré, et même présenter la sainteté comme l'anti-sacré, comme l'abandon du sacré, comporte à mon avis beaucoup de malentendus. Cela signifie s'en remettre "mains levées" à la sécularisation, ce qui est souvent une désacralisation sans pour autant porter à la sanctification.

Pour en revenir à Benoît XVI, il a voulu continuer à vivre dans "l'enceinte de Saint-Pierre" la considérant évidemment comme un lieu sacré. Il a dit, utilisant une image de l'Evangile, vouloir se retirer "sur la montagne", bibliquement le lieu sacré par excellence. Il a dit rester uni à l'Eglise dans la sacralité de la prière. Il n'est pas devenu «un des nôtres», il n'a pas ôté l'habit blanc et ne s'est pas retiré pour une vie privée. Il n'est plus Pape, mais il n'est pas parti en retraite. Après cette démission, le Pape ne devient pas un employé de l'Etat du Vatican, saint, peut-être, mais plus sacré.
Papauté forte parce qu'humaine, comme le titrait un journal? Non, merci! Papauté forte, parce que divine.

Ici : Benoît XVI, le sacré et le saint

Désacraliser n’est en aucune manière une preuve de sainteté…

Commentaires

  • Si vous avez lu ce pensum d'un bout à l'autre, vous méritez une indulgence (partielle).
    Soyez-en sûr, il vous sera beaucoup pardonné.

  • @ etienne

    Je comprends votre réaction grinçante: ce genre d'article est évidemment irrecevable par la mentalité sécularisée, telle qu'elle sévit -spécialement en Europe occidentale. L'enjeu est au coeur du schisme virtuel qui traverse l'Eglise catholique postconciliaire.

  • Bonsoir Tchantchès.

    Vous avez peut-être raison. Je ne sais pas. Votre texte est beaucoup plus court que le précédent. Mais - en toute simplicité - il me paraît encore moins clair que le premier.

    Proposez-vous un dialogue entre adultes, ou un anathème (soft, mais définitif) ?

    Bonne soirée.

  • @ Etienne

    Si mon expression est elliptique, je pense que la vôtre ne l'est pas moins: en quoi contestez-vous l'article qualifié de "pensum"?

    La question soulevée est celle de la notion de "sacré", qui habite l'"homo religiosus" depuis les origines.

    Selon moi, elle trouve son accomplissement dans le Christ qui, sans l'abolir,l'inscrit dans la perspective de la sanctification du monde, en instituant les sacrements et même les sacramentaux ou autres signes "mis à part" (chacun à son rang) au service de l'effusion de la grâce divine.

    Excellente journée

  • Bonjour Tchantchès.

    Quant au mot "pensum" que j'ai utilisé... Oui, à tort ou à raison.

    Sans prétendre que le contenu de cet article soit faux, je l'ai perçu ça comme... une démarche en colimaçon, assez fatigante : tout le monde n'est pas théologien. (Mais les non-thélogiens ne sont pas schismatiques ou hérétiques pour autant...)

    Cette fois, je crois vous avoir compris. Dès lors, il semble même que je puisse adhérer à votre dernier propos. Réjouissons-nous.

  • @ etienne

    Gaudeamus, ergo !

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