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Unions homosexuelles : les silences du pape François

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Le site « Chiesa » de Sandro Magister nous remet en mémoire ce 10 juin 2013 la position de l’Eglise définie en son temps par les cardinaux Ratzinger (SC pour la doctrine de la foi) et Amato (SC pour la cause des saints) et approuvée  par Jean-Paul II  le 28 mars 2003. Elle fut rendue publique le 3 juin de la même année :

 "L’Église enseigne que le respect pour les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l'approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles".

En effet :

"Le bien commun exige que les lois reconnaissent, favorisent et protègent l'union matrimoniale comme base de la famille, cellule primordiale de la société".

Donc :

"Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage signifierait non seulement approuver un comportement déviant et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l'humanité".

C’est pourquoi :

"L'Église ne peut pas ne pas défendre de telles valeurs, pour le bien des hommes et de toute la société".

Ces phrases figurent dans la conclusion du document “Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles” publié par la congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) et facilement consultable sur le site internet de ce dicastère :

Le document en question porte la signature du cardinal Joseph Ratzinger, qui était alors le préfet de cette congrégation et qui est aujourd’hui "souverain pontife émérite", ainsi que celle de l’archevêque Angelo Amato, salésien, qui en était alors le secrétaire et qui est aujourd’hui cardinal et préfet de la congrégation pour les causes des saints.

Il fut approuvé le 28 mars 2003 par le bienheureux Jean-Paul II et publié le 3 juin suivant, jour de la fête de saint Charles Lwanga et ses compagnons martyrs.

Ce n’est pas par hasard que cette dernière date a été choisie. Dans le martyrologe romain, en effet, il est rappelé que saint Charles Lwanga et ses douze compagnons martyrs – des jeunes gens âgés de quatorze à trente ans, faisant partie de la cour du roi Mwanga en tant que jeunes nobles ou gardes du corps, qui étaient des néophytes ou de fervents fidèles de la foi catholique – ayant refusé de répondre favorablement aux demandes honteuses du roi, furent pour les uns transpercés à coups d’épée, pour les autres brûlés vifs, sur la colline de Namugongo, en Ouganda. Par "demandes honteuses", il faut entendre les désirs homosexuels du roi Mwanga, un homme "aux mœurs dissolues".

L’article de « Chiesa poursuit :   

Dix années se sont écoulées depuis la publication de ce document par la CDF ratzingerienne, sous le pontificat de Karol Wojtyla. Dans le calendrier liturgique de l’Église catholique on continue à faire mémoire, le 3 juin, des saints martyrs de l’Ouganda canonisés par Paul VI en 1964, mais il serait intéressant de vérifier combien de personnes connaissent les raisons de leur sacrifice suprême.

Toutefois le contenu des “Considérations” citées plus haut semble appartenir désormais à une autre époque ecclésiale.

Un reflet fidèle de cette nouvelle situation est donné par des déclarations faites à la presse par le cardinal Godfried Danneels, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, à la veille de ses 80 ans, qu’il a fêtés le 4 juin.

Le prélat belge – qui, sans hypocrisie, n’a
pas dissimulé qu’il avait été déçu par l’élection de Benoît XVI lors du conclave de 2005 et qui, cette année, a été l’un des grands électeurs du pape François – a déclaré que l’Église "ne s’est jamais opposée au fait qu’il existe une sorte de 'mariage' entre les homosexuels – mais on parle donc d’une sorte de mariage. Il ne s’agit pas du vrai mariage entre un homme et une femme, donc il faut trouver un autre mot pour le dictionnaire".Et il a conclu : "Que ce soit légal, qu’on le rende légitime par une loi, l’Église n’a rien à dire là-dessus".

Le quotidien belge "Le Soir", qui a rapporté les propos de Danneels, a ajouté que "la prise de position du cardinal était partagée par Mgr André-Joseph Léonard", son successeur en tant qu’archevêque de Malines-Bruxelles. Le journal ne fournit pas les preuves de cette communauté de vues. Mais il ne fait pas de doute que Danneels a effectivement dit, avec la franchise qui le caractérise, ce que d’autres cardinaux et prélats ont également affirmé au cours de ces derniers mois.

Dernièrement, en effet, des propos favorables à la reconnaissance légale d’unions homosexuelles ont été enregistrés par les médias. Ils provenaient de quatre hauts représentants de la hiérarchie de l’Église :

- l’archevêque Piero Marini, président de la commission pontificale pour les congrès eucharistiques et ancien maître des cérémonies liturgiques papales ;

- l’archevêque Vincenzo Paglia, président du conseil pontifical pour la famille, qui a corrigé ses propos par la suite ;

- le cardinal autrichien Christoph Schönborn, archevêque de Vienne ;

- le cardinal colombien Rubén Salazar Gómez, archevêque de Bogota, qui a été contraint à une rapide rétractation avant de recevoir la barrette cardinalice au mois de novembre 2012.

L’auteur s’interroge enfin sur l’absence de réactions –jusqu’’ici – du nouveau pape sur cette question du mariage pour tous :

Le 24 avril dernier, le père Federico Lombardi, “porte-parole du Vatican”, est également intervenu à propos de cette question. Interrogé au sujet de l’approbation définitive du “mariage gay” par l’Assemblée Nationale française, il a répondu qu’il fallait "clairement souligner que le mariage entre un homme et une femme est une institution spécifique et fondamentale dans l’histoire de l’humanité. Cela n’empêche pas que l’on puisse reconnaître d’une certaine manière d’autres formes d’union entre deux personnes".

Questionné ensuite à propos d’une éventuelle réaction du pape à la décision qui a été prise à Paris, le père Lombardi a déclaré : "C’est le pape qui doit parler, je le laisse parler".

Il est de fait que, jusqu’à présent, Jorge Mario Bergoglio n’a pas encore proféré une syllabe à propos de la décision française d’élever au rang de mariage les unions civiles homosexuelles, qui étaient pourtant déjà légitimées depuis plusieurs années sous le nom de "Pacte Civil de Solidarité", PACS.

Le pape n’a pas non plus souhaité s’exprimer sur ce sujet lorsque, le 23 mai, il a rencontré pour la première fois les évêques de la conférence épiscopale italienne, l’Église dont il est "ex officio" le primat.

Alors que, au contraire, dans le discours d’introduction qu’il avait prononcé trois jours plus tôt, le cardinal Angelo Bagnasco avait réaffirmé que "la famille ne peut pas être humiliée et affaiblie par de telles représentations, qui constituent, de manière feutrée, un 'vulnus' progressif contre son identité spécifique et qui ne sont pas nécessaires pour protéger des droits individuels qui sont déjà, dans une large mesure, garantis par le système actuel".

Prenant comme paradigmatiques les quatre péchés que la tradition catéchétique définit comme étant ceux dont "on dit qu’ils crient vengeance devant la face de Dieu" (selon la terminologie du catéchisme de saint Pie X) ou qui "crient vers le Ciel" (selon le catéchisme de Ratzinger et Wojtyla, publié en 1992), le pape Bergoglio a montré jusqu’à présent qu’il considérait comme prioritaire, dans ses homélies mais aussi dans son premier discours à des diplomates nouvellement accrédités près le Saint-Siège, de pointer du doigt l’importance sociale des deux derniers péchés – l’oppression des pauvres et la fraude sur le salaire des ouvriers – plutôt que celle du deuxième : le péché des sodomites.

Le 19 mars dernier, six jours après l'élection du pape François, le "New York Times" a écrit que lorsque le débat à propos de l’introduction du “mariage gay” battait son plein en Argentine – en 2009 et 2010 – celui qui était alors le cardinal Jorge Mario Bergoglio était favorable à une solution de compromis qui légitimerait une union civile entre des personnes du même sexe.

Ce qui s’est véritablement passé est sujet à controverse. D’après des reconstitutions effectuées par des journalistes dignes de foi, au cours d’une réunion de la conférence des évêques argentins, ceux-ci avaient effectivement discuté de la manière de traiter cette question. Et, en fin de compte, la ligne qui avait prévalu n’aurait pas été celle des “colombes”, représentée par Bergoglio, mais celle des “faucons”, conduite par l’archevêque de La Plata, Héctor Rubén Aguer.

Cependant la divergence ne portait pas sur la question de savoir s’il fallait ou non s’opposer au "mariage gay", mais sur la manière de s’y opposer et sur l’acceptabilité d’un compromis qui admettrait les unions civiles sans pour autant utiliser le mot "mariage".

Quelques semaines avant que ne soit approuvée, le 15 juillet 2010, la loi qui a légalisé en Argentine le mariage des personnes homosexuelles et leur a donné la possibilité d’adopter des enfants, Bergoglio avait écrit une lettre aux quatre carmels de Buenos Aires.

Dans cette lettre, après avoir rappelé aux carmélites qu’il ne s’agissait pas "seulement d’un projet de loi (celui-ci est seulement l’instrument)" mais d’"un mouvement du père du mensonge qui cherche à perturber et à tromper les enfants de Dieu", il leur demandait d’"invoquer le Seigneur afin qu’il envoie son Esprit aux sénateurs qui vont voter sur le projet de loi. Qu’ils ne le fassent pas sous l’influence de l’erreur ou de situations contingentes, mais en fonction des indications qui leur sont données par la loi naturelle et par la loi de Dieu".

Bergoglio voyait dans la nouvelle loi l’effet de "l'envie du Démon, à travers laquelle le péché est entré dans le monde : une envie qui essaie habilement de détruire l’image de Dieu, c’est-à-dire l’homme et la femme qui reçoivent le mandat de croître, de se multiplier et de dominer la terre".

Mais, pour réagir à ce défi, il faisait davantage confiance aux prières des religieuses cloîtrées qu’aux manifestes publics, aux déclarations solennelles, ou aux manifestations de rue.

Jusqu’à présent, il n’y a pas de signes indiquant que, en tant qu’évêque de Rome, il veuille modifier cette ligne de conduite. »

Référence:

Journal du Vatican / Six voix de plus pour les unions "gay"

 Comme le remarque justement le site « Chiesa »,  le quotidien belge "Le Soir", qui a rapporté les propos de Danneels, a ajouté que "la prise de position du cardinal était partagée par Mgr André-Joseph Léonard", son successeur en tant qu’archevêque de Malines-Bruxelles, mais le journal ne fournit pas les preuves de cette communauté de vues.

Sur ce sujet, nous renvoyons au commentaire que nous avons publié en conclusion du post « La prudente imprudence du Cardinal Danneels »

Commentaires

  • Dans un livre de référence paru en langue française fin mars (« Seul l’amour nous sauvera », coll. Parole et silence, éditions du Rocher) le pape François livre –entre autres choses- son point de vue sur le mariage gay :

    «Nous ne voulons pas juger ceux qui pensent et ressentent différemment que nous. (…). Le mariage précède l'État, il est le socle de la famille, la cellule de la société, antérieure à toute loi et même à l'Église. Par conséquent, l'adoption du projet de loi serait un grave recul anthropologique. Le mariage (formé d'un homme et d'une femme) n'est pas la même chose que l'union de deux personnes de même sexe. Distinguer n'est pas discriminer, mais respecter; différencier pour discerner consiste à évaluer correctement, pas à discriminer. (…) Nous ne pouvons pas enseigner aux générations futures qu'il est équivalent de se préparer à développer un projet familial fondé sur un engagement de relation stable entre un homme et une femme, que de vivre avec une personne du même sexe (…). Je vous en conjure, qu'il n'y ait de votre part, ni dans vos paroles ni dans vos cœurs, aucune marque d'agressivité ou de violence envers aucun frère.» (cité par le Figaro du 28 mars 2013).

    Le pape est donc opposé à l’assimilation des unions homosexuelles au mariage mais, si je lis bien, il ne se prononce pas contre un statut civil pour les unions de nature homosexuelle. Reste à observer qu’il s’exprime là à titre privé.

    La position de l'Eglise reste celle qui fut exprimée en 2003 dans un document signé par Jean-Paul II: "L’Église enseigne que le respect pour les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l'approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles".

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