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Machrek : les démocrates occidentaux perdent le Nord.

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Un bon résumé sur le minisite d’Eric de Beukelaer, curé-doyen de Liège (rive  gauche) :

« Les trois principes fondateurs, légitimant le caractère démocratique d’un régime politique ont pris corps sur les ruines de la seconde guerre mondiale – car ils sont l’exacte négation du projet nazi. Les « vrais » démocrates seraient donc ceux qui :  (1) Fondent la gouvernance sur des élections libres. (2) Pratiquent une saine laïcité politique, héritée des Lumières : la gouvernance de la cité se fondant sur des arguments de raison (appelée « loi naturelle » dans la tradition chrétienne) et non sur une révélation de type religieuse ou idéologique. (3) Respectent les droits de l’homme, dont le premier est l’inviolabilité de toute vie humaine. Durant la guerre froide, ces trois principes gardaient toute leur valeur référentielle, car le « bloc de l’Est » n’avait (1) ni élections libres (2) ni séparation entre l’idéologie marxiste et Etat (3) ni respect de l’inviolabilité de la personne. Eux étaient donc les « méchants » et nous, les « gentils ».

Ce qui se passe aujourd’hui en Egypte et en Syrie brouille la donne et – chacun le sent bien – les démocrates sont déboussolés. S’ils « perdent le nord » en se divisant sur leurs allégeances et analyses, c’est parce que leurs repères traditionnels de légitimité s’effacent. Vous croyez à la vertu d’élections libres ? Alors, vous soutenez le régime Morsi en Egypte. Vous tenez à une saine laïcité politique ? Alors, c’est le coup de force des militaires qui est légitime.  Vous haïssez un régime qui bafoue les droits de l’homme ? Alors soutenez les rebelles en Syrie. Vous ne voulez pas d’un régime islamiste à Damas ? Alors, aidez Assad. Bref, il y a là de quoi perdre son latin. Sans oublier les éternels et sous-marins intérêts économiques. Le Qatar veut un passage pour son gaz vers la méditerranée, afin d’augmenter ses parts de marché avec l’Occident ? Il soutient les rebelles. La Russie veut garder la part du lion dans la vente de gaz en Europe ? Elle soutient Assad, afin de bloquer ce projet. Bien malin qui prend parti, en étant sûr de choisir le « bon » camp. Je distingue, pour l’instant, quatre tendances : 1. La ligne « empêchons un plus grand chaos » représentée par des personnalités comme Tony Blair : Soutien à l’armée Egyptienne à condition d’élections rapides et soutien à la rébellion syrienne, à condition d’exclure Al Qaida. 2. La ligne « évitons un nouveau bourbier irakien » représentée par une bonne part des opinions publiques occidentales : Attendons de voir en Egypte et laissons faire en Syrie. 3. La ligne « droit de l’hommiste » défendue par plusieurs personnalités du parlement européen – de tous bords politiques : Intervenons en Syrie et rappelons en Egypte que Morsi est légitime. 4. La ligne « pacifiste », que l’on retrouve chez certaines ONG et nombre de chefs religieux. Pas d’intervention armée, ni en Syrie, ni en Egypte.

Ces positions diverses se croisent et se contredisent autant qu’elles se recoupent . D’où l’impression de cacophonie occidentale. Déboussolés dans leurs critères de jugements, les démocrates perdent le nord. Dur, dur pour les Occidentaux que nous sommes de se faire un jugement éclairé sur ce qui se passe en Orient, depuis les printemps arabes. »

 Ref. Quand les démocrates perdent le nord

 Les dogmes politiques de l’Occident "éclairé" ne correspondent pas à grand’chose, ni au Moyen-Orient ni dans la majeure partie du monde d’ailleurs. Reste alors à jeûner et à prier pour la concorde,  avec le pape François en la fête de la nativité de Marie (samedi 7 septembre) ou à faire de la « real-politique », avec les acteurs de ce jeu d’échec. JPSC

Commentaires

  • Les expériences malheureuses en Afghanistan et en Irak, où les populations ne vivent pas plus en paix maintenant qu'avant, devraient inciter nos dirigeants à la prudence dans le dossier syrien.

  • @ jlc ... Je crains que la volonté d'aller porter la division et la guerre civile dans tous ces pays ne fasse partie d'une stratégie plus machiavélique. Les Occidentaux préfèrent que ces peuples se battent et se massacrent entre eux et chez eux, plutôt que d'être unis et de venir porter la guerre et les massacres chez les Occidentaux. En outre, trois mille soldats américains tués sur un champ de bataille étranger seront toujours plus acceptés par l'opinion publique, que trois mille civils tués sur le sol américain.
    .
    Ceux qui veulent régner sur des populations cherchent toujours à diviser ces populations. Des population divisées sont incapables de s'unir pour se retourner contre leur despote. On leur fait croire que c'est leur voisin qui est responsable de tous leurs maux, alors que le vrai responsable, le despote, vit bien caché et s'enrichit toujours davantage sur les conflits fomentés dans le peuple. C'est l'un des principes de base de ces élites qui veulent faire régner leur « nouvel ordre mondial ». Ils appellent cela le « despotisme éclairé par la raison ». Une sorte de « nouvelle dictature mondiale » ou de « nouvel esclavagisme mondial », qui serait justifié parce qu'il serait « rationnel », mené par la raison et non par le cœur.

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