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Philippe VI d’Espagne sera-t-il un roi catholique ?

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Le roi Juan Carlos d’Espagne a annoncé qu’il renonçait au trône. Son fils, le prince des Asturies va lui succéder. Quel avenir pour la monarchie espagnole ? De Josémaria Ballester Esquivas dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » :

244952-le-prince-felipe-d-espagne-et-sa-femme-637x0-3.jpg« Entre tradition familiale et contraintes constitutionnelles, la marge de manœuvre du nouveau monarque espagnol est étroite.

Dans le livre-portait qui lui avait été consacré en 1993 par les journalistes José Apezarena et Carmen Castilla, le prince des Asturies, qui régnera, probablement avant la fin du mois,  sous le nom de Philippe VI, répondait par un « oui » ferme lorsqu’on lui avait demandé s’il se considérait comme catholique pratiquant. Il avait alors 25 ans et la réponse était celle que l’on attendait d’un héritier de la Couronne d’Espagne. Depuis, il ne s’est plus exprimé publiquement sur ce sujet. Où en est-il aujourd’hui ? Quelques indices permettent de mieux le cerner.

Une éducation catholique dans une société décléricalisée

Au départ de tout, il y a l’école. Le prince a effectué toute sa scolarité – sauf la dernière année – à l’école Santa Maria de los Rosales, un établissement privé situé dans la banlieue chic de Madrid. Et là premier élément éclairant : c’est une école non confessionnelle, même si l’enseignement de la religion catholique y est dispensé de manière sérieuse.

Le choix de ses parents, qui n’étaient pas encore le roi Juan Carlos et la reine Sophie, s’est expliqué à l’époque par une volonté de combiner les fondamentaux historiques de l’Espagne  et de sa monarchie – avec une société en pleine décléricalisation.

Mais les princes espagnols sont élevés de façon ininterrompue en catholiques depuis la conversion du roi wisigoth Récarède au VIIe siècle. Ils ont même reçus du pape Alexandre VI le titre de « très catholiques »depuis l’union d’Isabelle Ire de Castille et Ferdinand d’Aragon (1469). C’est pourquoi tous les sacrements du prince ont été reçus en public, sans en faire toutefois des cérémonies d’État, à l’exception de son mariage. Cette éducation catholique se traduit par ses gestes. Il n’oublie jamais de se signer en entrant dans une église ou de baiser l’anneau d’un évêque, malgré l’énervement que ces gestes produisent dans certains secteurs laïcards de l’opinion espagnole.

Un mariage non conventionnel

Et inversement, il a assumé de rompre la tradition en épousant Letizia Ortiz, une roturière divorcée. Son premier mariage dura un an (1999-2000). Étant uniquement civil, la possibilité canonique de célébrer le sacrement de mariage était sauve.

Le 22 mai 2004, le mariage princier fut célébré à la cathédrale de la Almudena. Ce fut une occasion en or pour l’Église de rappeler qu’elle était prête à accueillir ceux qui s’étaient éloignés d’elle. C’est ainsi que la princesse, dont la vie catholique avait pris fin avec sa première communion suivit une catéchèse sur plusieurs mois, dont l’aboutissement fut le sacrement de confirmation, reçut des mains du cardinal-archevêque de Madrid, Mgr Antonio Maria Rouco Varela peu avant la célébration du sacrement de mariage.

Néanmoins, au cours de cette dernière cérémonie, qui attira des centaines de millions de téléspectateurs du monde entier, la télévision publique changea subitement de plan lorsque la nouvelle princesse des Asturies était en train de communier. Personne n’a jamais compris pourquoi. Par contre, la visite que les jeunes mariés rendirent à Jean-Paul II au Vatican au retour de leur voyage de noces eut lieu en grande pompe : lui, en queue-de-pie, bardé de décorations ; elle, en robe longue noire, la tête couverte de la mantille.

Le couple a eu deux filles, Leonor – nouvelle héritière de la Couronne – et Sofía, nées respectivement en 2005 et 2007. Toutes deux furent baptisées dans le baptistère de saint Dominique, le même dans lequel tous leurs aïeuls ont reçu la foi depuis 1605. Ensuite, comme le veut la tradition, elles ont été présentées à Notre-Dame d’Atocha, une Sainte Vierge madrilène dont l’histoire est étroitement liée à celle de la famille royale.

La Constitution espagnole pour référence

Concernant le fond et l’attitude religieuse du futur roi, on peut d’ores et déjà dire qu’il ne faut pas s’attendre, par exemple en matière sociétale, a des coups de théâtre comme celui du roi des Belges Baudouin en 1990 lorsqu’il refusa de signer la loi qui dépénalisait l’avortement : le futur Philippe VI a toujours dit que la Constitution était sa référence et qu’il avait l’intention de la respecter scrupuleusement.

Cette attitude est commune aux monarques qui règnent actuellement en Europe, fussent-ils catholiques. Voici quelques semaines, Philippe, roi des Belges et catholique pratiquant, n’hésita pas une seule seconde à parapher la loi sur l’euthanasie infantile. Et ceci alors que l’engagement religieux personnel du couple royal belge est assumé de manière plus affirmée que celui de Felipe et Letizia.

Le 16 juin 2008,  le grand-duc de Luxembourg refusa d’approuver la loi sur l’euthanasie et perdit une partie de ses compétences. On peut supposer que cela a incité à la prudence ses cousins. Il faut toutefois mentionner, un oiseau rare – le prince Aloïs de Liechtenstein (dont l’épouse soutient une fondation pro-vie). Il menaça d’abdiquer si ses sujets dépénalisaient l’avortement par voie référendaire. Il gagna son pari, mais le cadre du Liechtenstein – une monarchie quasi absolue – est plus favorable. Il est ainsi tout à fait représentatif de l’engagement chrétien qui est une seconde nature chez beaucoup de Habsbourg.

Il ne faudra probablement pas en attendre autant du prince des Asturies. Même si la conférence épiscopale espagnole a publié un communiqué plus que courtois, chaleureux saluant un prince qui a « déjà donné des gages de sa qualification et de sa compétence comme nous avons pu le constater lors de ses engagements successifs dans la vie publique ».

Ref. Philippe VI d’Espagne sera-t-il un roi catholique ?

La monarchie espagnole est fragile et dispose d’une marge de manœuvre encore plus faible que son homologue belge. JPSC

Commentaires

  • Je ne suis pas favorable à la royauté (et encore moins au royalisme). Est-ce un "crime de lèse-majesté" selon vous ?

  • @ jacques d ... Un Roi a au moins l'avantage de représenter les intérêts de tous les citoyens d'un pays, et donc il représente tout le pays et sera un germe d'union entre les citoyens d'un pays.
    .
    Un Président ne représentera jamais que les intérêts d'un certain pourcentage des citoyens d'un pays, et donc il ne représentera jamais tout le pays, et sera même un germe de divisions et de rancœurs entre les citoyens d'un pays.
    .
    Être non favorable au Président et au présidentialisme, est-ce un « crime de lèse-majesté » selon vous ?

  • Pauvre job, vous me dites : Être non favorable au Président et au présidentialisme, est-ce un « crime de lèse-majesté » selon vous ?

    Mais certainement pas. Nous avons encore cette faculté de nous exprimer librement !

  • Selon l’ afp « le prince Felipe, qui devrait succéder à son père la semaine prochaine, gagne encore en popularité puisque 72,9% des personnes interrogées pensent qu'il ferait un "bon roi", contre 66,4% en janvier » et ajoute même : « le roi Juan Carlos, affaibli par des ennuis de santé et des scandales, dont les démêlés judiciaires de sa fille Cristina et de son gendre, Iñaki Urdangarin, voit sa popularité remonter: 65% pensent que son règne a été "bon ou très bon", contre 41,3% en janvier. La plus populaire est sans doute la reine Sofia, qui cumule 78,5% de "bonnes ou très bonnes opinions". Allez, une nouvelle guerre civile n’est pas pour demain au pays des Rois Catholiques.

  • Cela fait bien longtemps que plus aucun Roi ou Prince catholique n'a de puissance en ce bas monde. Seuls des Rois ou Princes protestants, musulmans, hindouistes, ou des Dictateurs ou Leaders athéistes, ont encore suffisamment de richesses que pour revendiquer quelque puissance.
    .
    Et cela fait bien longtemps aussi que les principales dynasties toutes puissantes, sont les dynasties financières et industrielles. Depuis 1789, ces dynasties ont mis la main sur presque tous les pouvoirs. Et elles sont supranationales, elles dictent leurs exigences aux États. Tels un Louis XIV en son temps, elles se revendiquent de « droit divin ». Le « divin » signifiant le dieu Argent, bien sûr.
    .
    Et ces dynasties financières et industrielles ne sont bien sûr pas démocratiques. Il ne faut pas rêver. Aucun peuple ne les a élus comme représentants. Ce sont au contraire ces dynasties qui dictent au peuple leurs quatre volontés. Aucun peuple n'est souverain, aucun État même n'est souverain, ce sont ces dynasties qui sont souveraines, de « droit divin ».
    .
    Et elles adorent détourner le regard du peuple sur elles-mêmes, en accusant les pauvres souverains catholiques d'être responsables de tous les maux que ces dynasties infligent au peuple. Et quand elles n'ont pas de souverains catholiques à se mettre sous la dent, c'est bien sûr l'Église catholique qui leur sert de bouc émissaire. Le peuple bien souvent ne sait même pas qui sont ces despotes qui les exploitent. Il ne sait même pas à qui imputer tous les fléaux qui lui tombent dessus. Et il lui est donc impossible de se révolter.

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