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Synode : propos iconoclastes

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Synode : propos iconoclastes 

A quelques jours de la conclusion du synode, le soufflé médiatique est déjà en train de retomber. Et l’on ne peut s’empêcher de se poser des questions sur tout ce battage qui, aux yeux de l'opinion publique, s’est focalisé sur la question de l’accès des divorcés remariés à la communion et sur celle de l’attitude à l’égard des personnes homosexuelles. Comme si, dans la pratique, tout cela n’était pas largement dépassé. Il suffit de regarder autour de soi pour s’apercevoir que de nombreux ecclésiastiques ne se privent pas de bénir des remariages après divorces et que certains en font tout autant pour les « unions homosexuelles ». Et il faut bien reconnaître que l’on (pas seulement les personnes divorcées remariées) s’avance aujourd’hui pour communier sans être très regardant sur son degré d’adéquation aux exigences des commandements de Dieu et de l’Eglise… Et d’ailleurs, quelle valeur accorde-t-on encore à la communion eucharistique ? Quand on pense à l’investissement humain et financier que représente la tenue de ces deux synodes, on ne peut que s’interroger sur le profit réel d’une telle entreprise. N’y aurait-il pas d’autres priorités quand on voit nos églises désertées, quand on voit où en est l’enseignement de la foi dans nos écoles, quand les séminaires et les noviciats sont vides, quand de nombreux clercs renoncent à leurs engagements ou vivent dans le concubinage, quand – en un mot - on mesure l’effondrement spirituel de nos sociétés et le degré d'immoralité ambiante ? Quand on pense à tout ça, on ne peut que sourire en voyant certaines de nos excellences plastronner à Rome et nous délivrer d’augustes paroles sur l’Eglise qui change et sur les ouvertures décisives qui nous conduisent vers des temps nouveaux… Il serait bien plus rassurant de voir Rome se préoccuper de l’état réel de nos Eglises européennes qui agonisent plutôt que d’organiser de stériles débats qui font penser à ces querelles autour du sexe des anges qui – dit-on – absorbaient les théologiens byzantins alors que les Turcs s’apprêtaient à s’emparer de leur empire moribond.

Commentaires

  • Comme l’an dernier, la médiation du synode des évêques s’est focalisée sur quelques thèmes obsédant les Eglises de ce qu’il est convenu d’appeler « le premier monde » de la planète.

    Le nombre de divorcés civilement remariés désireux de recevoir la communion sacramentelle des mains d’un Monseigneur Kasper ou celui des couples homosexuels intéressés à faire bénir leur union par celles d’un Monseigneur Bonny était-il si important qu’il doive monopoliser les débats d’un synode sur la famille ?

    Mais, en fait, que ce nombre soit marginal importait peu.

    La question soulevée était, en réalité, celle de l’anthropologie libérale postmoderne pour laquelle seul le particulier, l’individuel, compte au détriment du général et du bien commun: les bons samaritains n’y échappent pas lorsqu’ on leur propose une éthique de la miséricorde reposant sur une sensibilité affective indifférente aux règles « abstraites » des morales traditionnelles. Voilà l’enjeu véritable sur lequel se sont confrontés, sinon affrontés, les pères synodaux et le pape lui-même.

    Le rapport du synode n’a malheureusement fourni aucune réponse claire à la hauteur de cet enjeu aux multiples facettes. Car tout est lié : en ce sens, le théologien Georges Weigel rappelait voici peu, à propos de l’Europe : « lorsque tout un continent cesse de construire son futur dans le sens le plus élémentaire en refusant d’avoir des enfants, c’est le signe que quelque chose ne tourne pas rond, quelque chose de l’ordre d’un assèchement de l’âme ».

    Mais là où on aurait pu attendre un véritable appel à un sursaut prophétique des consciences, on est venu, en conclusion, nous parler de construire un catholicisme en forme de polyèdre et une Eglise synodale décentralisée : un sujet dont je doute qu’il soit propre à passionner les foules…

  • Merci à ces deux intervenants. Ils désignent le vrai noeud du problème : des peuples qui renoncent à s'aimer eux-mêmes.

  • En somme, c'est l'esprit du monde qui a imposé ses priorités, qui ne sont pas celles de l'Eglise universelle.

    L'extraordinaire fécondité de l'Eglise primitive (les trois premiers siècles) était basée sur une dynamique issue directement des ordres du Christ et de l'aide du Saint-Esprit : la prédication n'était pas seulement verbale, elle était accompagnée d'un mode de vie qui lui correspondait ; en outre, elle était confirmée par des signes qui en attestait la vérité et l'origine divine : guérison des malades, expulsion des démons, langage nouveau, protection miraculeuse contre les tentatives de meurtre des ennemis... En somme, ce que Jésus-Christ a fait lui-même pendant sa vie publique...
    Chose remarquable, il y a un crescendo dans les dons extraordinaires du Saint-Esprit faits aux croyants : ils d'abord sont réservés aux Douze (Mt 10, 5-8), puis ils sont élargis aux 72 disciples (Luc 10, 1-20), puis, après la résurrection partagés à tous ceux qui sont devenus croyants (vous et moi) (Mc 16, 17-18).

    Quant à la miséricorde, elle est porteuse d'une exigence de base : la conversion du pécheur et son "ferme propos", çàd son intention de ne plus retomber dans le péché ("Va et désormais ne pèche plus").
    L'épître aux Hébreux utilise une expression terrible pour encourager ceux qui sont engagés dans ce combat contre soi-même et contre les démons : "Vous n'avez pas encore résisté JUSQU'AU SANG dans votre lutte contre le péché" (Heb 12, 4). Or, avant l'apparition de la première goutte du précieux liquide rouge, combien ont déjà crié "Aïe, maman bobo".

    Il serait temps que les princes de l'Eglise et les fidèles redécouvrent et entament ce combat spirituel, "jusqu'au sang", sans lequel les croyants ne seront jamais que d'aimables et douillets dilettantes, très exigeant quant à leur confort spirituel et extrêmement miséricordieux envers eux-mêmes...

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