Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Chanoine de Beukelaer : Que penser du port du voile, moi qui porte publiquement un signe vestimentaire religieux, soit le clergyman ?

IMPRIMER

Habillement clergé : la simple élégance du clergyman

Une fois établi que le voile est un marqueur religieux, comment répondre à la question de son port - ou non - dans l’espace public ? Une contribution externe du chanoine Eric de Beukelaer dans « La Libre Belgique » de ce jour :

« Alors que la pandémie charrie de nombreuses polémiques sur le port du masque, voici que le port du voile est débattu dans diverses communes de la périphérie bruxelloise. Face à cet enjeu, la plupart de nos formations politiques sont mal à l’aise. La question est, en effet, délicate. De surcroît, elle divise les politiciens progressistes entre une tendance universaliste et une aile particulariste. La première est plutôt hostile au port de signes religieux au nom de l’égalité et de la laïcité, alors que la seconde défend le port du voile, en ce compris derrière un guichet d’administration, afin d’encourager la représentation sociale d’une communauté économiquement précarisée.

Poser le débat

Pour prendre part au débat, il s’agit de d’abord en poser les termes. Je sais bien que nos grands-mères se couvraient la tête jusque dans les églises, mais il ne s’agit pas de cela. Le voile est aujourd’hui devenu un marqueur d’identité religieuse pour nombre de femmes musulmanes. Argumenter qu’il n’est qu’une banale coiffe en tissu est donc inadéquat. Si demain, je m’essuie les pieds en public sur le drapeau belge, en arguant qu’il ne s’agit somme toute, que d’un bout d’étoffe, personne ne me prendra au sérieux. Tout drapeau est un symbole et mon acte sera lourd de sens. Il en va de même pour le voile, la kippa ou l’habit ecclésiastique. Ce ne sont pas de simples pièces de vêtements, mais des marqueurs symboliques. Ne pas le reconnaître est fausser le débat.

Une fois établi que le voile est un marqueur religieux, comment répondre à la question de son port - ou non - dans l’espace public ? Quand une question ne me concerne pas personnellement (car c’est un fait établi : je ne suis pas une femme musulmane), je tâche d’y répondre en me l’appliquant à moi-même. Ceci est d’autant plus aisé que j’ai fait le choix, en tant que prêtre catholique, d’également porter publiquement un signe vestimentaire religieux, soit le clergyman. Je juge, en effet, qu’il est enrichissant pour notre société que la dimension spirituelle dont témoigne le prêtre, puisse s’exprimer sans honte et ce, jusque dans l’espace public. De manière similaire, je n’ai donc rien à redire quand une femme musulmane, ou un juif observant, porte paisiblement en rue le signe de son appartenance religieuse. Imaginons cependant que dans un pays où il n’y a pas de financement des cultes, je devienne fonctionnaire pour gagner ma vie… Admettrait-on que je porte le clergyman durant mes heures de travail ? Et si - fort de ma formation en droit - je suis nommé magistrat, accepterait-on de me voir siéger, habillé en ecclésiastique ? S’il n’y a rien à redire quant au port d’un signe religieux dans l’espace public, il existe selon moi des endroits où la neutralité de l’État enjoint la retenue. Celui qui y exerce une fonction doit s’abstenir d’y afficher ses convictions.

Pas une carapace

Ceci m’amène à quitter le champ politique pour oser une parole plus théologique. Porter un marqueur religieux est un choix. Jamais une obligation. De nombreux ecclésiastiques ne portent pas le clergyman et c’est fort bien ainsi. C’est le cœur du prêtre qui prime et non son habit : à chacun d’eux de trouver comment exprimer au mieux son sacerdoce. Plus fondamentalement encore, je juge que celui qui porte le clergyman doit pouvoir l’enlever. Récemment, j’ai aidé à un déménagement. Pour transporter des meubles, j’étais vêtu en jeans et T-shirt. Il en va de même en vacances, en balade… Je plaide pour la même liberté chez mes sœurs musulmanes. Que chacune fasse le choix de porter ou non le voile, sans craindre le jugement des autres. Et que celles qui le portent se sentent libres de parfois, aussi, pouvoir l’enlever. Un signe d’appartenance religieuse est fécond, à condition de ne pas se muer en carapace qui colle à la peau. Car alors, il devient un fétiche, voire une idole… qui voile la relation à Dieu. »

Ref. Que penser du port du voile, moi qui porte publiquement un signe vestimentaire religieux, soit le clergyman ?

En élargissant la question au débat sur les concepts de neutralité et de pluralisme en droit belge je résumerais ainsi une conférence de Francis Delpérée que l’Union des étudiants catholiques de Liège avait organisée, voici quelques années déjà, dans la salle des professeurs de l’université de Liège :

Les mots ne sont pas toujours univoques : il suffit d’ouvrir un dictionnaire pour le vérifier.

 Au sens premier, être neutre signifie s’abstenir, ne pas prendre parti. Cela peut valoir pour un individu ou une collectivité. Le pluralisme au contraire est un principe actif, valorisant la diversité : la société civile peut-elle, en effet, s’accommoder d’un espace public circonscrit par la seule expression d’une « volonté générale » que les appareils étatiques sont censés exprimer ?

Le seul service public que la constitution belge qualifie de « neutre » est l’enseignement organisé par les Communautés. Toutefois le constitutionnaliste pense que cette qualification n’est pas exclusive mais seulement exemplative.

Par ailleurs, le terme « pluralisme » n’appartient pas au vocabulaire de la constitution mais le régime des droits et libertés que celle-ci instaure implique la chose, tout comme la diversité que la loi organise ou favorise au sein des collectivités belges.

Neutralité, pluralisme : sur l’application de ces deux concepts, la doctrine et la jurisprudence ont-elles été plus loquaces ? 

La doctrine distingue plusieurs types de neutralité possibles : passive, active et organisationnelle.

La « neutralité passive » consiste à ne pas tenir compte dans l’espace public des appartenances philosophiques, idéologiques ou religieuses des personnes. Selon le Conseil d’Etat (arrêt du 20.05.2008), c’est un principe constitutionnel lié au droit à la non-discrimination et à l’égalité.

La « neutralité active » fait acception de la diversité des appartenances philosophiques, idéologiques ou religieuses : elle recherche l’équilibre ou la pondération des tendances là où la neutralité individuelle est jugée impossible à atteindre : par exemple, dans l’information radiotélévisée (arrêt Lenaerts du 26.07.1968) ou les fonctions culturelles (loi du 16.07. 1973).

La « neutralité organisationnelle », enfin, s’applique aux programmes et au recrutement des maîtres de l’enseignement organisé par les Communautés.

Le pluralisme se déduit des articles 10 (égalité) et 11 (protection des tendances idéologiques et philosophiques) de la constitution. Il se décline sous deux formes : le pluralisme externe que manifeste la pluralité des institutions privées et publiques (enseignement, soins de santé, aide sociale etc.) et le pluralisme interne que traduit l’intégration de groupes idéologiques différents dans la direction d’une institution publique (cela va de la Banque nationale aux Transports publics en passant la sécurité sociale ou la radiotélévision…).

Bref, entre la neutralité et le pluralisme, la Belgique ne choisit pas, elle conjugue et décline ces concepts sous des modes divers. Une symphonie ?

 JPSC

Commentaires

  • Confusion ! Il paraît que le sage chinois Confucius aurait dit : ’Si j’avais à refaire ma vie, je commencerais par étudier le sens des mots”. Mais il est plus probable qu’il ait dit : ”Si j'avais le pouvoir, je commencerais par redonner leur sens aux mots. ” (facile à vérifier sur le Web)
    Quoi qu’il en soit, en cette pandémie de mensonges et de totalitarismes en tout genre même au sein de l’Eglise, ce serait bien que chacun puisse récupérer le pouvoir de rendre leur sens aux mots. Cela pourrait au moins permettre de ne plus se laisser berner par la confusion faite délibérément et obstinément, spécieusement même, entre le grand nombre de personnes en bonne santé testées positives par test PCR (sans fiabilité scientifique établie puisque ce test est même désavoué par son concepteur pour ce genre d’application) et le petit nombre de personnes réellement hospitalisées pour cause d’atteinte par le SARS-CoV-2, ainsi que le nombre réel de décès réellement dus au SARS-CoV-2.
    Quel rapport avec la foi catholique ? Mais enfin, y aurait-il donc une autre réalité religieuse et véritable que la foi catholique apostolique et qui permettrait d’affirmer d’une quelconque réalité qu’elle n’a rien à voir avec cette foi ? Y aurait-il donc d’autres mondes, d’autres dieux créateurs de toutes choses, d’autres réalités, d’autres vérités ?
    En Belgique comme en France, deux terres catholiques depuis des siècles, tout prétendu catholique qui veut discourir d’un quelconque sujet devrait auparavant mettre sur la table trois livres : une bible/évangile catholique, un catéchisme de l’Eglise catholique (sans quoi ”fidéisme” comme l’a précisé Jean-Paul II) et bien sûr, pour que tout le monde s’accorde bien sur le ”sens des mots”, un dictionnaire de la langue utilisée dans le débat. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut établir une corrélation crédible entre la réalité et ce qu’on en rapporte verbalement tout en générant l’unité qui est la perfection de l’amour.
    Jusqu’à aujourd'hui, nos papes n’ont jamais jugé nécessaire de discourir du port du voile islamique mais ont toujours rappelé l’obligation qu’ont les prêtres de Jésus-Christ de porter le vêtement adéquat témoignant de leur sacerdoce et de leur appartenance à leur Maître.
    N’en est-il pas de même pour les policiers (rémunérés par la contribution financière des citoyens) qui doivent porter, exhiber les signes de leur fonction quitte à se faire siffler et injurier ? Et aussi pour les pompiers dont aucun d’entre eux, en pensant à ceux qu’ils aiment autant qu’à leur sécurité, n’oserait délaisser la tenue adéquate pour combattre le feu ?
    N’est-ce pas de cela qu’il faudrait oser discourir plutôt que du voile islamique dont on n’a que faire puisque l’islam n’est qu’une idéologie fondamentalement incompatible avec notre religion ?
    Bien sûr, l’habit ne fait pas le moine, mais c’est quand même à l’habit qu’on reconnaît le moine. Et le saint curé d’Ars disait qu’un bon prêtre peut sauver des milliers d’âmes mais qu’un mauvais peut en perdre tout autant.
    Par amour et reconnaissance envers nos frères « hommes prêtres », daignons les soutenir surtout et d’abord par la puissance de la prière selon ce que NS Jésus-Christ nous a dit : « En vérité, je vous le dis, tout ce que vous demanderez à mon père en mon nom, il vous l’accordera ». Et nous pouvons y ajouter la puissance de l’intercession du Cœur Immaculé de Marie, mère de Jésus-Christ, à laquelle Il n’a jamais rien su lui refuser surtout pour nos frères « hommes prêtres » dont Elle dit qu’ils sont ses « fils de prédilection » parce que, par l’immensité de leur sacerdoce, ils « enfantent » aussi son Fils Jésus dans la Sainte Eucharistie, selon le sacrement qu’Il a lui-même institué.
    Chers frères prêtres, en ces temps de profondes ténèbres, soyez fiers de porter les signes distinctifs de votre sacerdoce. Il y a certainement maintenant bien plus de pauvres pécheurs qui cherchent un brin de lumière que de vociférateurs allergiques à la lumière et à la vérité.
    N’ayez crainte ! Votre habit sacerdotal sera à présent tout autant aimé et respecté que celui des infirmiers et des infirmières sur un champ de bataille.
    Merci à vous pour votre courageux sacerdoce qui, contre le Sars-Cov-2, nous est bien plus précieux qu’un vaccin « placebo » dangereux et inutile.

  • ... merci beaucoup Emmaüs, oui, nous avons besoin de nous reconcentrer sur le sens des mots, pour être honnêtes avec notre Eglise et les futurs baptisés qui ont droit à un discours cohérent, fidèle à l'enseignement de nos Pères.
    Ainsi, à la Messe à laquelle j'assiste, au moment qui précède la Communion, le Prêtre ou le Diacre nous invite à échanger un "signe" de Paix, très précisément. Avant l'épidémie, le mot était un "geste" de Paix.
    C'est le mot "signe" qui me dérange. Ce mot a une consonnance assez "franc-maçonne", non ? et selon moi ne convient pas pendant la Messe. Faut-il vraiment garder cette action : échanger la Paix fraternelle. L'idée est intéressante, mais cela distrait ... Je verrais mieux cela après la Messe, échanger quelques mots amicaux, nous souhaitant un bon dimanche et une bonne semaine en union avec N.S.J.C. Trinité Sainte, et N.S. Mère Marie. Mais en ce moment de précautions sanitaires, il est mieux de le faire seulement avec les yeux et le coeur.

  • Merci Aubelle, pour votre suite bien cohérente. Il est réconfortant de vous savoir dans de telles dispositions. Et nous devons être certain qu’il en est de même pour beaucoup d’autres lecteurs de ce blog soucieux de réalité et de vérité.
    Vous avez bien compris toute l’importance fondamentale des mots et de leur compréhension commune qu’on doit en avoir. Même les ennemis de l’Eglise, ennemis de l’amour, de la vie et de l’espérance, sont très attentifs au ”pouvoir” des mots. C’est pourquoi ils s’emploient à manipuler ou détourner le sens des mots pour parvenir à leur fin. C’est ainsi qu’un foetus (un être humain) est devenu un ”matériel génétique ” et qu’un avortement (crime) est devenu une IVG, ”interruption volontaire de grossesse” du ”matériel génétique ”. C’est ainsi qu’ils parviennent à faire passer des lois iniques, Et dans un même état d’esprit, on ne se gêne plus pour contourner le sens des mots du décalogue, le sens du mariage et de la famille, ce qui fait que certains ”divorcés remariés” se voient attribuer pour raison d’intégration le privilège de pouvoir outrepasser le respect du 6ème commandement.
    Evidemment, cette stratégie d’anéantissement de la vérité opère aussi dans les actes comme vous l’avez bien compris selon l’exemple que vous citez avec le ”geste de paix”. La suppression des génuflexions, des bénédictions, des marques de respect envers la Présence Réelle du Seigneur dans sa Sainte Eucharistie, ….. est un processus de désacralisation qui génère l’apostasie.
    Ainsi, on trouve sur le Web un document exposant ”33 points pour détruire l’Eglise”. On peine à ne pas douter de son authenticité mais lorsqu’on le lit, on réalise que ces 33 points ont presque tous été réalisés et ont bien produit les effets escomptés de destruction de l’Eglise.
    Et bien sûr, un de ces points suggère l’abandon de l’habit ecclésiastique et religieux.
    Les prêtres eux-mêmes savent bien autant que les gens mariés que ce n’est même pas le sacrement qu’ils reçoivent qui font d’eux de bons prêtres ou de bons conjoints mais que c’est leur foi qui leur suscite le besoin des sacrements. Et cette foi, si elle est authentique, ne saurait pas répugner l’obéissance car l’amour est obéissance à ce qui est bon : ”Père, que ta volonté soit faite !”.
    Le port de l’habit ecclésiastique est évidemment pour le frère prêtre un moyen de plus de témoigner en tout lieu de son amour pour Dieu. Rien de comparable avec le masque qu’on nous impose en guise de soumission au nouvel ordre. Et lorsqu’il consacre les espèces, ce ne sont pas les dispositions de son cœur qui valide la consécration mais le fait qu’il procède correctement selon ce que veut l’Eglise. Car on trouve des prêtres qui, plus soucieux de montrer leur cœur que leur foi, en viennent à célébrer la Sainte Eucharistie n’importe comment et à prêcher n’importe quoi.
    Ceux qui voudront bien lire les ”33 points” comprendront vite ce qu’il faut approuver ou désapprouver, et pourront tirer les conclusions qui s’imposent à la bonne foi autant qu’à la raison.

  • Le chanoine affirme que " De nombreux ecclésiastiques ne portent pas le clergyman et c’est fort bien ainsi. C’est le cœur du prêtre qui prime et non son habit : à chacun d’eux de trouver comment exprimer au mieux son sacerdoce." Il me semble que compter sur ses vertus personnelles pour témoigner de son sacerdoce est gravement présomptueux, mais tout à fait dans la ligne de l'église moderniste.

  • Je vous félicite de porter une tenue qui manifeste votre état d’ ecclésiastique. Par contre je regrette que tous ne le fassent pas, car il s'agit là d'un témoignage ou, mieux encore, d'un véritable apostolat auprès de la population de notre pays largement déchristianisé. Evidemment, je reconnais qu'une telle attitude est loin d'être confortable car elle peut entraîner des quolibets et de l'agressivité de la part des "bouffeurs de curés". En revanche, elle peut susciter de l'admiration et de l'intérêt. Vous n'ignorez sans doute pas que les prêtres des fraternités traditionnelles portent l'habit et qu'ils affrontent donc les conséquences négatives, mais aussi positives de ce fait. Le père Zanotti - Sorkine (qui n'est stricto sensu pas "tradi") dit que sa soutane est son bleu de travail. Il a raison, et les prêtres "couleur de muraille" ont tort.

  • Si on part du principe que l islam est plus un pouvoir et une idéologie qu une religion, il est inadequoit de rapprocher le port du voile et le clergyman. Le port du voile est une discrimination entre l homme et la femme, pourquoi l homme musulman ne porte pas de signe qui révèlerait son appartenance au pouvoir islamique. Quant au clergyman, il correspond à un fonction bien déterminée et librement choisie comme les magistrats, infirmiers, juges, uniformes d écoles ou militairs

Les commentaires sont fermés.