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Les employés du Vatican qui refusent le vaccin risquent-ils d'être licenciés ?

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De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

Covid-19 : au Vatican, les employés qui refusent le vaccin risquent le licenciement

Les faits 

Une note signée le 8 février par le président du gouvernorat du Vatican rend obligatoire le vaccin contre le Covid 19, à moins de disposer d’une « raison de santé avérée ».

Le Vatican fait un pas de plus dans son adhésion au vaccin contre le Covid-19. Le plus petit État du monde impose désormais à ses employés et à ses résidents d’être vaccinés sous peine de sanction. Et ces sanctions peuvent aller jusqu’au licenciement, selon un décret daté du 8 février et signé par le président du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, le cardinal Giuseppe Bertello.

« Le refus de la vaccination peut également présenter un risque pour autrui », peut-on lire dans le décret de dix articles, qui porte sur les dispositions sanitaires dans l’État de la Cité du Vatican pour lutter contre la pandémie. Le texte ajoute que « ce refus pourrait accroître sérieusement les risques pour la santé publique ».

Vaccination obligatoire

Les auteurs du texte prévoient notamment que les autorités sanitaires du Vatican peuvent « juger nécessaire d’engager une prophylaxie impliquant l’administration d’un vaccin pour protéger la santé des citoyens, des résidents, des travailleurs et de la communauté de travail lors de l’exécution d’activités professionnelles impliquant des tâches de service public, des relations avec des tiers ou des risques pour la sécurité de la communauté de travail ».

Le décret revient, dans les faits, à rendre obligatoire la vaccination pour les résidents et les employés du Vatican. Seule raison qui pourrait leur permettre de se soustraire à cette obligation : une « raison de santé avérée », précise le décret.

Interruption de la relation de travail

Les sanctions prévues pour ceux qui refuseraient le vaccin sont particulièrement lourdes, pouvant aller jusqu’au licenciement. Une disposition permise par un texte en vigueur au Vatican depuis 2008, prise à l’époque dans le cadre de l’épidémie H1N1, et remise à jour en 2011.

Ce texte, signé à l’époque par le cardinal Tarcisio Bertone prévoit en effet que « le refus de se soumettre aux examens préventifs ou périodiques ainsi qu’aux examens de santé d’office, de même que le renoncement à la poursuite des examens préventifs, périodiques ou déjà commencés, ont des conséquences pour les salariés à des degrés divers qui peuvent aller jusqu’à l’interruption de la relation de travail »« Pour les candidats à l’emploi, cela équivaut à une renonciation à l’établissement de la relation de travail », peut-on encore lire dans ce texte de 2011.

Le texte a commencé à parvenir autour du 10 février aux chefs de dicastère et de service du Vatican. Si ce décret tout juste publié surprend, c’est que la vaccination a d’abord été présentée comme une proposition – donc facultative — aux employés du Vatican. Dans les faits, seuls les responsables côtoyant directement le pape avaient eu l’obligation de se faire vacciner. Pour le reste, les chefs de dicastère avaient répertorié, dans la deuxième quinzaine de décembre, les personnes souhaitant se voir administrer le vaccin contre le Covid.

« Certains ont laissé traîner »

« Puis début janvier, nous avons tous reçu un appel téléphonique pour fixer un rendez-vous, y compris ceux qui ne s’étaient pas inscrits », raconte un employé du Vatican. « Certains ont laissé traîner, n’ont pas donné suite, mais on sentait bien que la doctrine était en train d’évoluer vers une obligation. Mais il est évident qu’il y a des réfractaires. Le discours anti-vaccin existe ici aussi », poursuit la même source.

Le Vatican, qui a commencé à vacciner ses employés et ses résidents mi-janvier, a acheté 10 000 doses du vaccin produit par Pfizer, ainsi qu’un super congélateur pour pouvoir les conserver à – 70 degrés.

Les vaccins sont administrés dans un espace spécialement aménagés dans la salle Paul VI, qui sert habituellement à recevoir les grands groupes venant assister aux audiences papales, ou aux audiences publiques accordées par le pape durant l’hiver.

Autour de Noël, le pape a particulièrement durci le ton autour des vaccins, estimant que ceux qui refusaient le vaccin faisaient preuve d’un « négationnisme suicidaire ». « Je ne sais pas pourquoi quelqu’un dit : “Non, le vaccin est dangereux”, mais si les médecins le présentent comme une chose qui peut être bien, qui ne présente pas de risques particuliers, pourquoi ne pas le faire ? », avait-il affirmé.

Dans une note publiée mardi 29 décembre, le Saint-Siège considérait également que la vaccination relève de la « responsabilité morale » de chacun : « Il est nécessaire de rappeler comment cette question implique une relation entre la santé personnelle et la santé publique, en montrant leur étroite interdépendance. »

Echo un peu différent sur zenit.org (Anne Kurian-Montabone) : Décret sur la vaccination : pas de mesures de « répression » au Vatican

Décret sur la vaccination : pas de mesures de « répression » au Vatican

La protection de la collectivité et la liberté de choix individuelle

Le Vatican n’entend pas exercer de « quelconque répression » à l’égard de l’employé qui refuserait la vaccination contre le Covid-19, affirme une note du gouvernorat de la Cité du Vatican, publiée ce 18 février 2021. Une mise au point alors que les mesures évoquées dans un récent décret ont fait couler beaucoup d’encre et soulevé des questions éthiques.

Ces normes vaticanes n’ont « en aucun cas » une visée « de sanction ou de punition », clarifie le petit Etat : elles entendent apporter « une réponse flexible et proportionnée » à la crise, en respectant « l’équilibre entre la protection sanitaire de la collectivité et la liberté de choix individuelle ».

Le décret du 8 février 2021 (n. CCCXCVIII) dont il est fait mention, stipule à l’article 5 qu’en cas de crise de santé publique, le Vatican est tenu d’adopter « toutes les mesures nécessaires » pour réduire le risque d’infection, y compris par « l’administration de vaccins scientifiquement reconnus ». L’article 6 précise que si un employé ne peut se soumettre au vaccin « pour des raisons de santé justifiées », sa hiérarchie peut l’affecter à un poste différent, comportant moins de risque, en lui garantissant le même salaire.

Mais si l’employé refuse la vaccination sans motifs justifiés, s’applique alors un règlement approuvé en 2011, qui laisse la possibilité d’obliger certaines catégories d’employés à se soumettre à un traitement, afin d’éviter la propagation d’une maladie. L’article 6 de ces normes est rédigé ainsi : « Le refus de se soumettre aux contrôles préventifs ou périodiques et aux contrôles sanitaires d’office, ainsi que le renoncement à la poursuite du contrôle préventif, périodique ou d’office déjà initié, comportent pour les employés des conséquences de différents degrés qui peuvent aller jusqu’à l’interruption de la relation de travail. »

Ces mesures de licenciement semblent contredire l’adhésion à la campagne de vaccination actuelle, qui se fait sur la base du volontariat.

Le nouveau décret, explique le Vatican, a été émis pour répondre de façon « urgente » à l’exigence « de protéger et de garantir la santé et le bien-être de la communauté de travail, des citoyens et des résidents du Vatican », en cas de « crise sanitaire publique ». Il entend garantir « la protection individuelle du travailleur et la protection collective de l’environnement de travail ».

Ce texte, peut-on lire encore dans la mise au point, envisage « toutes les mesures aptes à prévenir, contrôler et lutter contre des situations exceptionnelles », indiquant en détail « tous les instruments pour une réponse adéquate et proportionnelle au risque sanitaire ».

Parmi ces mesures, « le recours à la vaccination peut être jugé nécessaire dans des contextes déterminés » : dans des activités qui impliquent un service public, des relations avec des tiers ou un risque pour la sécurité de l’ensemble des employés. Dans ces cas, « un éventuel refus de l’intéressé peut constituer un risque pour lui, pour les autres et pour l’environnement de travail ».

Le Vatican a donc envisagé des mesures « qui d’une part minimisent le danger en question et d’autre part permettent de trouver des solutions alternatives pour la réalisation du travail de la part de l’intéressé ».

Ce décret a suscité des questions, notamment sur l’objection de conscience.

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