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  • «Traditionis custodes » : Pourquoi le pape François veut-il l’extinction de la messe en latin ?

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    Lu sur le site web de « L’Incorrect »:

    Dickès x1080.jpg« Publié ce vendredi 16 juillet, le motu proprio « Traditionis custodes » du pape François restreint la célébration des messes en forme extraordinaire. Historien du catholicisme, spécialiste du Saint-Siège et auteur de Vatican, vérités et légendes (Perrin), Christophe Dickès considère ce texte comme injustifié, et y voit la main d'une minorité proche de François et très active depuis le début du pontificat. Tribune :

    « Amertume, incompréhension, désarroi voire colère… Depuis la sortie du motu proprio Traditionis custodes sur l’abrogation progressive de la forme extraordinaire du rite romain, les réactions se multiplient et vont dans le même sens. Elles révèlent le côté surprenant pour ne pas dire inopportun d’un texte, dont on se demande s’il reflète vraiment la réalité du terrain.

    Comment ne pas même voir de l’idéologie dans les exigences démesurées à l’égard du monde traditionnaliste quand, de l’autre côté du Rhin, les évêques allemands sont littéralement en roue libre sur de nombreux aspects du dogme et défient ouvertement Rome depuis plusieurs années ? Comment ceux qui travaillent en grande majorité à l’unité depuis quinze ans, portent des vocations sacerdotales, font vivre leur foi à des familles entières, comment donc, ces catholiques peuvent être au centre d’une telle défiance au point de ne pas susciter un seul mot pastoral de la part du pape lui-même, ni dans le motu proprio, ni dans la lettre aux évêques accompagnant le texte ? Pourquoi l’œuvre pacificatrice du motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI visant à libéraliser l’ancien rite est-elle effacée d’un trait de plume ? Comment, selon les propres termes de Benoît XVI, « ce qui était sacré pour les générations précédentes [et qui] reste grand et sacré pour nous » pourra se retrouver à terme interdit ? Pourquoi finalement programmer l’extinction de la forme extraordinaire du rite romain ?

    Lire aussi : Reportage : Catholiques en Tunisie, une minorité qui attend son Pape

    Avant de publier le motu proprio Traditionis custodes, la Congrégation pour la doctrine de la Foi a réalisé une enquête auprès des évêques du monde entier afin de les sonder sur le sujet. La chose est habituelle, surtout dans la perspective de la synodalité qui vise à faire participer le pouvoir épiscopal aux grandes décisions du pontificat. Or, dans la lettre du pape aux évêques qui accompagne le motu proprio, on peut notamment lire : « Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. »  Mais est-ce vraiment le cas ? Dit autrement : est-ce qu’aujourd’hui une majorité d’évêques se plaignent du comportement de ceux qui sont attachés à l’ancien rite ?

    À la lecture du cas français, on peut sérieusement en douter. Certes le document de la Conférence des évêques de France (CEF, avril 2020) souligne des aspects négatifs de l’application du motu proprio de Benoît XVI, mais la synthèse de chaque question posée par la Congrégation révèle malgré tout le chemin de pacification entrepris : « Dans la plupart des cas, la situation semble apaisée. On perçoit, dans les réponses, le désir des évêques d’associer le plus possible des prêtres diocésains aux célébrations de forme extraordinaire, mais cela s’avère difficile en raison du faible nombre de prêtres » (question 1). La question 2 souligne « le souci de communion où l’évêque agit par délicatesse pastorale ». La question 3 sur les aspects positifs et négatifs révèle qu’à l’exception de deux évêques, « tous s’accordent sur l’apaisement qui résulte de l’application du motu proprio ».

    En arrivant au pouvoir porté par une minorité active décidée à mettre fin à l’héritage de Jean-Paul II et de Benoît XVI, le pape François s’est entouré d’une véritable cour voulant imposer sa propre feuille de route à l’ensemble de l’Église catholique

    Naturellement, des interrogations demeurent, des points de friction aussi : les aspects négatifs de la forme extraordinaire sont plus nombreux que les aspects positifs. Il n’empêche, se dégage une forme de neutralité dans ce document et une double attitude des évêques : celle d’être des artisans de paix (Matthieu 5, 9), réalisant un « inlassable travail d’unité ». De fait, même si le besoin d’approfondir le dialogue est prégnant dans ce document, même s’il demande que les fidèles de la forme extraordinaire participent davantage à la vie diocésaine, nous sommes bien loin de la guerre des années 1970 et 1980 ! La note de la CEF nous dit à cet égard que seule « une petite minorité » a été confortée dans ses travers et la culture de leurs particularismes en réclamant davantage de droits. Dont acte.

    Alors, d’où vient le problème ? Certains évoquent le fait que le motu proprio ait été traduit en anglais (et non en français) afin précisément de marquer sa cible : les néo-conservateurs américains qui, depuis l’élection du pape François, ne cessent de le critiquer. Dans ce dernier cas, pourquoi sanctionner l’ensemble d’une communauté ? Dans les faits, il est difficile de répondre à cette question sans un accès à l’ensemble des études. Or, si l’on en croit la vaticaniste Diane Montagna, 30% des évêques dans le monde ont répondu à l’enquête du Vatican sur le rite extraordinaire. Sur ces 30%, la moitié s’est révélé « neutre et favorable » à la forme extraordinaire du rite. La question est donc : est-ce que 15% d’évêques mécontents peuvent justifier l’abrogation d’une pratique ? Peut-on aussi considérer une minorité de pratiquants comme un réel danger pour l’unité, quand une écrasante majorité des évêques dans le monde n’a strictement aucun avis sur la question ?

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  • Carton rouge pour l'Ancien Rite, et le jeu devient méchant

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    Carton rouge pour l'Ancien Rite, et le jeu devient méchant

    Quelques jours après sa publication, il est encore trop tôt pour mesurer les effets du motu proprio " Traditionis Custodes " par lequel le pape François a pratiquement interdit la messe en ancien rite : à savoir si les nouvelles dispositions contribueront à rendre l'Église plus unie, ou au contraire à la diviser encore davantage.

    Au vu des réactions, l'hypothèse la plus probable est la seconde, comme le suggère également le professeur Pietro De Marco dans son commentaire cinglant déjà publié sur Settimo Cielo.

    L'unité de l'Église était également l'objectif du précédent motu proprio de 2007, le "Summorum Pontificum" de Benoît XVI, qui avait libéralisé la célébration de la Messe dans l'ancien rite, en la considérant comme la seconde forme "du seul et même rite romain", qui pouvait en fait être célébré à la fois de la manière "ordinaire" générée par le Concile Vatican II, et de la manière "extraordinaire" du missel jamais abrogé de 1962.

    Maintenant, cependant, le pape François a établi que le rite romain a une "expression unique", celle qui suit Vatican II. La Messe dans l'ancien rite n'a pas été interdite, mais mise sur la voie de l'extinction. Ceux qui la célèbrent actuellement ne peuvent continuer à le faire qu'avec l'autorisation préalable de leur évêque et avec beaucoup plus de contraintes. Quant aux nouveaux prêtres qui souhaiteraient le célébrer, ils devront aller jusqu'à obtenir l'autorisation du Saint-Siège. Quant aux groupes de fidèles amoureux de l'ancien rite, il ne sera plus permis d'en former de nouveaux.

    Ce qui a le plus troublé Benoît XVI, c'est de voir que "dans de nombreux endroits, les célébrations n'étaient pas fidèles aux prescriptions du nouveau missel, mais ce dernier était en fait compris comme autorisant ou même exigeant la créativité, ce qui conduisait fréquemment à des déformations de la liturgie difficilement supportables."

    Pour François, cependant, ce qui l'"attriste" le plus, c'est que "l'utilisation instrumentale du "Missale Romanum" de 1962 est souvent caractérisée par un rejet non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II lui-même, en affirmant, avec des affirmations sans fondement et insoutenables, qu'il a trahi la Tradition et la "vraie Église"."

    En fait, la controverse actuelle sur le rite est analogue à la controverse sur l'interprétation de Vatican II. Ceux qui interprètent ce concile comme une rupture inacceptable de la tradition catholique rejettent également le renouvellement de la liturgie généré par le concile lui-même. Alors qu'au contraire Benoît XVI a écrit, dans la lettre d'accompagnement de "Summorum Pontificum" : "Dans l'histoire de la liturgie, il y a une croissance et un progrès, mais pas de rupture. Ce que les générations précédentes considéraient comme sacré, reste sacré et grand pour nous aussi, et il ne peut pas être tout à coup entièrement interdit ou même considéré comme nuisible."

    Pour le pape Joseph Ratzinger, "les deux formes d'usage du rite romain" ne sont ni alternatives ni opposées. Au contraire, elles pouvaient et devaient "s'enrichir mutuellement". Comme il l'a lui-même constamment montré au monde dans l'acte de célébrer.

    Il convient toutefois de garder à l'esprit qu'en réalité, la grande majorité des fidèles catholiques ne se sentent pas concernés par cette controverse. Pour eux, la "vieille" messe dont ils entendent parler est en fait la messe en latin, la langue que le Concile Vatican II n'a nullement abolie, mais qu'il a décidé de conserver comme langue propre de la liturgie, même si elle a été tempérée par l'utilisation des langues nationales, notamment dans les lectures.

    Puis, en réalité, les langues nationales ont pris le dessus et le latin a pratiquement disparu de la liturgie, après en être devenu la langue sacrée pendant des siècles.

    Les appels lancés à Rome, en 1966 et 1971, pour sauver le latin dans la liturgie, par des personnalités comme Jacques Maritain, Jorge Luis Borges, Giorgio De Chirico, Eugenio Montale, François Mauriac, Gabriel Marcel, Harold Acton, Graham Greene, Agatha Christie et bien d'autres, n'ont rien donné.

    Pour beaucoup, il s'agissait d'un changement purement linguistique. Mais ce n'est pas le cas, comme le montre le cardinal Walter Brandmüller, 92 ans, ancien président du comité pontifical pour les sciences historiques, dans la réflexion suivante, tirée d'un article qu'il a publié en 2002 dans la revue allemande "Die Neue Ordnung", intitulé "Nationalisme liturgique ou universalisme ?"

    *

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  • Le Père Abbé de Fontgombault : "Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l'Eglise"

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    De Samuel Pruvot sur le site de Famille Chrétienne :

    Dom Pateau : « Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l’Église »

    Conscient du choc qu’a provoqué le motu proprio Traditionis custodes, le père-abbé de l’abbaye de Fontgombault Jean Pateau appelle à ne pas rejeter le texte du pape François et à « construire des ponts entre les deux formes du rite romain ».

    <p>Dom Jean Pateau, bénédictin et abbé de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault.</p>

    Dom Jean Pateau, bénédictin et abbé de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault.

    19/07/2021

    Comprenez-vous la tristesse et le choc de beaucoup de fidèles attachés à la forme extraordinaire ? Que dire à tous ceux qui se sentent victimes d'une injustice profonde ?

    Oui, je les comprends et je les rejoins. Depuis la parution du Motu Proprio Traditionis custodes, beaucoup se tournent vers les monastères en attendant une parole d’apaisement. Je dois même avouer que la tristesse ne touche pas que les fidèles attachés à la forme extraordinaire. Beaucoup dans l’Église manifestent une réelle tristesse et incompréhension devant un texte rude et sévère. Que faire ? Notre devoir est d’appeler à la confiance, confiance en Dieu, confiance en l’Église, confiance envers le Saint-Père.

    En quoi le pape François change-t-il l'esprit du motu proprio de Benoît XVI ?

    Le Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI a été un texte d’ouverture, de réconciliation, répondant à la légitime souffrance de fidèles qui n’avaient pas trouvé chez leurs pasteurs l’oreille attentive, bienveillante et généreuse, qu’ils étaient en droit d’attendre en particulier dans le prolongement des invitations du Pape Jean-Paul II. Il est juste de ne pas l’oublier. Par ce texte, le Pape Benoît demandait de répondre à l’attente d’un groupe stable de fidèles. Il rappelait aussi que tout prêtre pouvait user du Missel romain promulgué par Jean XXIII en 1962, forme dite extraordinaire de l’unique Missel Romain. Le Pape Benoît formait en outre le vœu d’un mutuel enrichissement des deux formes ; souhait qui n’a guère reçu d’attention, quand il n’a pas été repoussé tant d’un côté que de l’autre, et ce dès la parution du document. À la lumière de ce texte, les pasteurs ont fait du chemin et, dans la grande majorité des cas, l’ouverture de lieux de célébration en forme extraordinaire s’est faite avec leur accord et pour le bien de tous.

    Le pape François restreint fortement l'usage de la messe tridentine. De façon positive, le texte du Pape François souligne le rôle de l’évêque comme « modérateur, promoteur et gardien de toute la vie liturgique de l'Église particulière qui lui est confiée. » Il les invite aussi à nommer dans les lieux de célébration en forme extraordinaire des prêtres qui aient à cœur « non seulement la célébration correcte de la liturgie, mais aussi le soin pastoral et spirituel des fidèles », à veiller à ce que « les paroisses érigées canoniquement au profit de ces fidèles soient effectives pour leur croissance spirituelle. » En sens contraire, le Motu Proprio du Pape François tient les fidèles éloignés des églises paroissiales, refuse l’érection de nouvelles paroisses personnelles, et la constitution de nouveaux groupes. Faudra-t-il donc construire des églises particulières pour la célébration de la forme extraordinaire ? Comment un évêque pourra-t-il répondre à la demande croissante des fidèles ? Celle-ci est un fait en particulier depuis le début de la pandémie. Le texte du Pape laisse à penser que tout doit être fait pour que le mode de célébration en forme extraordinaire disparaisse au plus vite. Ceci inquiète à juste titre les fidèles attachés à cette forme.

    Comprenez-vous "l'angoisse" du pape après la réception de l'enquête sur l'usage de la forme extraordinaire dans tous les diocèses du monde, une angoisse qui serait liée au rejet - par certains - du Concile ?

    L’état d’angoisse, de souffrance du Pape François a été partagé par beaucoup d’évêques, de prêtres et de fidèles attachés tant à la forme ordinaire qu’à la forme extraordinaire et ce depuis longtemps. Angoisse devant le fait que le sacrement de l’Eucharistie, sacrement de l’Amour par excellence devienne comme le sacrement de la division, tant entre les deux formes qu’au sein même de l’une ou l’autre forme. Angoisse devant le rejet par certains fidèles de la réforme liturgique ou du Concile Vatican II. Angoisse devant le refus de certains prêtres de concélébrer avec leur évêque, pour la Messe chrismale en particulier. Angoisse devant le refus de communier de certains fidèles au cours d’une Messe en forme ordinaire. Angoisse aussi devant le mépris exprimé par de nombreux liturgistes envers la forme extraordinaire ou ceux qui la célèbrent. L’Église ne peut s’enorgueillir de cela. Les responsabilités sont largement partagées tant de la part de ceux qui ne veulent pas entendre l’appel des fidèles, que de ceux qui manquent à leur devoir d’enseigner leur troupeau ; de ceux aussi qui s’approprient le droit de dire et de faire n’importe quoi sans ouvrir leur cœur aux demandes légitimes de leurs pasteurs. L'unité du corps ecclésial a été blessée et ce dès les premiers temps de la réforme liturgique. Les légitimes et diverses sensibilités liturgiques n’ont pas été suffisamment écoutées et ont été exploitées « pour creuser des écarts, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui nuisent à l'Église, lui barrent la route et l'exposent au péril de la division. » Si ce constat est vrai, il n’appelle cependant pas une réponse sans distinction. Les fidèles proches de la Fraternité Saint-Pie X parlent de « vraie Église », de « vraie Messe ». Ce n’est pas le cas dans d’autres lieux de célébration de la forme extraordinaire. Si le Motu proprio invite les évêques a un discernement, et c’est heureux, beaucoup ne se retrouvent pas dans les reproches du Saint-Père et les ressentent comme injustifiés. On doit les comprendre.

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  • Comment comprendre le Motu proprio Traditionis Custodes ?

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    De KTO :

    Comment comprendre le Motu proprio Traditionis Custodes ?

    Edition Spéciale - Traditionis Custodes

    18/07/2021

    Le pape François a signé un Motu Proprio intitulé "Traditionis Custodes" (Gardiens de la tradition) qui détermine les nouvelles modalités pour célébrer la liturgie romaine selon le missel de 1962. Pourquoi ces dispositions ? Quel rôle central dévolu aux évêques ? Comment réagissent ceux qui célèbrent selon la forme extraordinaire du rite romain ? La rédaction de KTO vous propose une édition spéciale ce dimanche 18 juillet à 20h15. Enjeux, débat et perspectives avec Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras et vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), Christophe Geffroy, directeur du magazine La Nef et l’abbé Alexis Garnier, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. Animée par Philippine de Saint Pierre.

  • Quand le berger, au lieu de prendre l'odeur de ses moutons, les frappe durement avec son bâton

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    De kath.net :

    "Au lieu de prendre l'odeur des moutons, le berger les frappe durement avec son bâton."


    Sur le Motu proprio Traditionis custodes. Un commentaire du cardinal Gerhard Ludwig Müller

    L'intention de ce motu proprio est d'assurer ou de restaurer l'unité de l'Église. Le moyen d'y parvenir est l'unification totale du Rite Romanus sous la forme du Missel de Paul VI (y compris ses variations antérieures). C'est pourquoi la célébration de la messe dans la forme extraordinaire du rite romain, telle qu'introduite par le pape Benoît XVI avec Summorum pontificum (2007) sur la base du Missel de Pie V (1570) à Jean XXIII (1962), est drastiquement restreinte. L'intention perceptible est de les condamner à l'extinction à long terme.

    Dans la "Lettre aux évêques du monde entier", le pape François tente d'expliquer les motifs qui l'ont poussé, en tant que détenteur de l'autorité suprême de l'Église, à supprimer la liturgie du rite extraordinaire. Au-delà de la présentation d'impulsions subjectives, une argumentation théologique rigoureuse et logiquement compréhensible aurait toutefois été appropriée. En effet, l'autorité papale ne consiste pas superficiellement à exiger des fidèles une obéissance de soumission formelle de la volonté, mais bien plus essentiellement à leur permettre de donner également un assentiment convaincu de l'intellect. Déjà, Paul était si courtois avec ses Corinthiens souvent récalcitrants qu'il disait. "Mais devant l'église, je préfère dire cinq mots avec mon intelligence pour instruire les autres que dix mille mots en langues." (1 Co 14, 19). Cette dichotomie entre bonne intention et mauvaise exécution se produit toujours lorsque les objections de collègues compétents sont perçues comme faisant obstacle aux intentions de leur supérieur et sont donc sagement omises. Aussi réjouissante que soit cette fois l'invocation de Vatican II, il faut veiller à utiliser ses déclarations avec précision et dans leur contexte. La citation de Saint Augustin, attribuée à tort à Lumen Gentium 21, sur l'appartenance de l'Église "selon le corps" et "selon le cœur" (Lumen Gentium 14) se réfère à la pleine appartenance à l'Église du catholique. Elle consiste en une incorporation visible au corps du Christ (profession de foi, communion sacramentelle et ecclésiastique-hiérarchique) et en une appartenance selon le cœur, c'est-à-dire dans l'Esprit Saint. Il ne s'agit cependant pas de l'obéissance au pape et aux évêques dans la discipline sacramentelle, mais de la grâce sanctifiante, qui nous incorpore pleinement à l'Église invisible en tant que communauté de vie avec le Dieu trinitaire.

    En effet, l'unité dans la confession de la foi révélée et la célébration des mystères de la grâce dans les sept sacrements n'exigent nullement une uniformité stérile dans la forme liturgique extérieure, à l'image des succursales identiques des chaînes hôtelières internationales. L'unité des fidèles entre eux est enracinée dans l'unité en Dieu en vertu de la foi, de l'espérance et de l'amour et n'a rien à voir avec l'uniformité de l'apparence, l'uniformité d'une formation militaire et l'uniformité de la pensée à l'ère de la grande technologie.

    Même après le Concile de Trente, il y a toujours eu une certaine diversité (musicale, cérémoniale, régionale) dans l'organisation liturgique des célébrations de la messe. L'intention du pape Pie V n'était pas de supprimer la diversité des rites, mais les abus qui avaient conduit à une incompréhension dévastatrice de la substance du Sacrifice de la Messe (caractère sacrificiel et Présence réelle) chez les réformateurs protestants. Dans le Missel de Paul VI, l'homogénéisation rituelle (rubriques) est rompue, précisément pour dépasser une performance mécanique en faveur d'une participation active intérieure et extérieure de tous les fidèles, chacun dans sa langue et sa culture. Cependant, l'unité du rite latin doit être préservée par la même forme liturgique de base et l'orientation précise des traductions par rapport à l'original latin. Il s'agit donc d'une responsabilité pour l'unité du culte que l'Église romaine ne doit pas transmettre aux conférences épiscopales. Une traduction des textes normatifs du Missel de Paul VI ou même des textes bibliques qui obscurcit le contenu de la foi ou même présume améliorer la verba Domini (par exemple "pro multis" dans la consécration, le "et ne nos inducas in tentationem" dans le Pater noster) contredit la vérité de la foi et l'unité de l'Eglise plus que la célébration de la Messe selon le Missel de Jean XXIII.

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