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Quand le chanoine de Beukelaer dénonce une "laïcité dogmatique"

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Le 24 avril dernier, les évêques belges ont publié une déclaration (assez molle, il faut bien le dire) à propos du débat sur l'allongement à 18 semaines du délai permettant à une femme d'avorter. Ils déclaraient notamment : "Le législateur s’est préoccupé jusqu’à présent de trouver un équilibre entre la protection de la vie à naître et l’autodétermination de la femme enceinte. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles propositions. La protection de la vie à naître est pourtant en soi de la plus haute importance, aussi et surtout dans l’État de droit. Elle l’est d’autant plus que de nouvelles recherches sont menées aujourd’hui sur la perception de la douleur chez le fœtus."

La députée fédérale Sophie Rohonyi (Défi) a réagi à cette déclaration le week-end dernier dans La Libre, affirmant que l’IVG est désormais une question de santé publique et non une question éthique, ajoutant que les évêques de Belgique n’ont pas à s’immiscer dans ce débat.

C'est alors que le chanoine Eric de Beukelaer est monté au créneau, dénonçant  (le 29 avril) sur son blog  "la tentation de la démocrature soft, qui dénigre la parole de l’opposant, afin de la disqualifier plutôt que d’oser le débat de fond." Et explique : "C’est à pareille tentation que cède Sophie Rohonyi (Défi) dans le quotidien La Libre de ce samedi en p.5. A la question: « Les évêques de Belgique s’opposent à la révision de la loi sur l’avortement. Selon eux, “la protection de la vie à naître est de la plus haute importance”. Qu’en pensez-vous ? », la députée répond: « Je pense qu’ils n’ont pas à s’immiscer dans des débats comme ceux-là qui ne doivent plus être vus comme des débats éthiques, mais comme des questions de santé publique. D’ailleurs, les experts commencent leur rapport en disant que l’avortement doit être un acte médical. » Elle ajoute un peu plus loin: « Ce débat éthique est censé avoir été réglé. ». Pour le vicaire général de Liège, "le débat sur l’avortement est évidemment une question de santé publique, mais il est tout autant et bien davantage encore, une question éthique."

Du coup, les tenants de la laîcité ont réagi aux propos d'Eric de Beukelaer, allant jusqu'à le menacer de poursuites judiciaires : lundi, sur Twitter, Marc Uyttendaele a pointé du doigt l'intervention d’Eric de Beukelaer, dénonçant les “propos choquants du vicaire de Beukelaer à l’égard de la députée Rohonyi. L’article 268 du Code pénal interdit à un ministre du culte d’attaquer publiquement une loi. La loi consacre le droit à l’IVG. Le clergé doit s’y soumettre. Ce n’est pas une question éthique, c’est l’État de droit”, a-t-il publié sur les réseaux sociaux. Cette prise de position du constitutionnaliste a elle-même suscité un nouveau torrent de commentaires sur le web… comme le souligne dans la Libre Frédéric Chardon (voir ICI).

Le 1er mai, le chanoine de Beukelaer est revenu sur cette polémique et a répondu à ses détracteurs, fustigeant une "laïcité dogmatique qui fait taire les convictions spirituelles et ne ne donne voix qu’au libre examen." Et d'ajouter : "Je le répète: je ne suis pas un citoyen de seconde zone et – comme toute instance représentative d’une communauté – les responsables d’un culte ont voix au chapitre dans tous les débats de société."

A suivre ?

Commentaires

  • Au fond, Monsieur de Beukelaer est le petit enfant des Habits Neufs de l'Empereur.

  • L'avortement est évidemment une question de santé publique. La société doit notamment se préoccuper de la condition du bébé menacé d'être éliminé après torture.
    Ce n'est dès lors pas la réalisation d'un avortement qui est un acte médical, mais son empêchement. Il me semble avoir lu que c'était l'avis d'Hippocrate. Il est vrai que ce dernier inspire moins certains médecins contemporains, comme par exemple le docteur Mengele, mais c'est regrettable.
    Entendre qu'une question de santé publique n'a pas de dimension éthique suscite la perplexité. Bon, on osait soupçonner vaguement, surtout ces dernières années, que des décisions dans ce domaine sont dictées par d'autres critères que le soin de la personne. Mais l'exprimer aussi crûment fera sursauter les plus naïfs.
    L'affirmation que "le débat est censé avoir été réglé" amène à s'interroger sur les conceptions démocratiques de cette parlementaire. D'abord, un débat n'est jamais "réglé" ; il se poursuit éternellement ; il peut être relancé par la découverte de nouvelles réalités ou par la publication de raisonnements, d'arguments.
    Ensuite, ce que la députée dit précisément, c'est que c'est "censé" avoir été réglé. Qui a décrété cela ? En tout cas, l'ancien Roi des Belges en personne n'a pas voulu le cautionner. La vérité, c'est que les tenants d'un point de vue ont, à un moment donné, une force politique supérieure aux défenseurs de la thèse adverse. Et que cela peut changer. Rien n'est donc "réglé", pas même ce qui est "censé" l'être. Parce que ceux qui trancheront demain ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui.
    Quant au juriste Uyttendaele, son intervention est approximative, pour rester aimable. Aucune loi belge ne prévoit de "droit à l'IVG", mais une dépénalisation partielle. Et les évêques n'ont pas attaqué la loi, ils se sont préoccupés des adaptations qui étaient projetées. L'avocat distingué a des circonstances atténuantes : le temps qu'il doit passer à défendre ses amis l'a empêché de consacrer l'attention nécessaire à ce sujet d'actualité.

  • "Citoyens de seconde zone"? Oui, car, comme l'écrit Eric, nous ne vivons plus en démocratie mais en démocrature. Cela dit, si tous ceux qui réclament à corps et à cris le fait qu'un foetus n'est rien d'autre qu'un kyste feraient bien de méditer sur le fait que si leurs ancêtres avaient pensé la même chose qu'eux,, beaucoup d'entre eux ne seraient pas nés par en parler

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