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La révolution sexuelle dans l'Eglise : en accord avec tout le monde mais en excluant Dieu

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De Sandro Magister sur Settimo Cielo :

La révolution sexuelle dans l'Eglise. En accord avec tous, mais au prix de l'exclusion de Dieu

Sinodo

(s.m.) L'image symbolique du synode sur la synodalité, convoqué en session plénière en octobre prochain, est une tente qui s'élargit. Pour enfin "accueillir et accompagner" aussi ceux qui "ne se sentent pas acceptés par l'Église".

Et qui sont les premiers sur la liste des exclus, dans l'"Instrumentum laboris", le document qui guide le synode ? "Les divorcés et remariés, les polygames et les LGBTQ+.

Ces types humains sont au centre des discussions dans l'Église depuis des années. En Allemagne, ils sont à l'origine de toute une "voie synodale" indigène, dont l'objectif déclaré est de révolutionner la doctrine de l'Église en matière de sexualité.

Mais la résistance à cette dérive est également forte, chez ceux qui y voient une soumission à l'esprit du temps, qui remet en cause les fondements mêmes de la foi chrétienne.

L'intervention qui suit se situe de ce côté critique. Elle a été proposée à la publication dans Settimo Cielo par le théologien suisse Martin Grichting, ancien vicaire général du diocèse de Coire.

Il termine sa réflexion en citant Blaise Pascal dans sa polémique avec les Jésuites de son temps. Ce sont des pages, écrit-il, "qui nous réconfortent même dans la situation actuelle".

*

L'ÉGLISE ET L'"INCLUSION"

par Martin Grichting

L'Instrumentum laboris (IL) du Synode des évêques sur la synodalité accuse l'Église du fait que certains ne se sentent pas acceptés par elle, comme les divorcés-remariés, les polygames ou les LGBTQ+ (IL, B 1.2).

Et il demande : "Comment pouvons-nous créer des espaces dans lesquels ceux qui se sentent blessés par l'Église et mal accueillis par la communauté peuvent se sentir reconnus, accueillis, non jugés et libres de poser des questions ? À la lumière de l'exhortation apostolique post-synodale Amoris laetitia, quelles sont les mesures concrètes à prendre pour atteindre les personnes qui se sentent exclues de l'Église en raison de leur affectivité et de leur sexualité (par exemple les divorcés remariés, les polygames, les personnes LGBTQ+, etc.)

C'est donc l'Église elle-même, insinue-t-on, qui est responsable du fait que ces personnes se sentent "blessées", "exclues" ou "mal accueillies". Mais que fait l'Église ? Elle n'enseigne rien de son cru, mais proclame ce qu'elle a reçu de Dieu. Par conséquent, si les gens se sentent "blessés", "exclus" ou "mal accueillis" par le contenu central des enseignements de l'Église sur la foi et la morale, alors ils se sentent "blessés", "exclus" ou "mal accueillis" par Dieu. Car sa parole a établi que le mariage est composé d'un homme et d'une femme et que le lien du mariage est indissoluble. Et sa parole a établi que l'homosexualité vécue et pratiquée est un péché.

Cependant, il est évident que les dirigeants du synode ne veulent pas dire cela aussi clairement. C'est pourquoi ils s'en prennent à l'Église et tentent de creuser un fossé entre elle et Dieu. Car si Dieu accepte tout le monde, c'est l'Église qui exclut. Pourtant, Jésus-Christ a dit : "Celui qui scandalisera l'un de ces petits qui croient en moi, il vaut mieux pour lui qu'on lui mette au cou une meule de moulin et qu'on le jette à la mer" (Mc 9,42). Il est curieux que les responsables du synode semblent avoir oublié cette parole non inclusive de Jésus. Il semble donc que ce soit seulement l'Église qui "blesse" et fait que les gens se sentent "malvenus" ou "indésirables".

Cependant, cette thèse a de graves conséquences. Si, depuis deux mille ans, l'Église s'est comportée d'une manière fondamentalement différente de la volonté de Dieu sur des questions essentielles de la doctrine de la foi et de la morale, elle ne peut plus inspirer la foi sur aucune question. Pourquoi alors y aurait-il encore quelque chose de certain ?

Ce que l'IL donne à comprendre désarçonne l'Église tout entière. Mais cela pose aussi la question de Dieu. Comment Dieu pourrait-il créer l'Église - le corps du Christ vivant dans ce monde, auquel Dieu donne son Esprit de vérité comme assistance - alors qu'il a laissé cette même Église et des millions de croyants s'égarer sur des questions essentielles depuis deux mille ans ? Comment une telle Église pourrait-elle encore être crue ? Si elle est ainsi faite, tout ce qu'elle dit n'est-il pas provisoire, réversible, erroné et donc non pertinent ?

Mais l'Église est-elle réellement "exclusive", c'est-à-dire excluante, en raison de la manière dont elle s'est comportée pendant deux mille ans sur les questions soulevées ? Non, depuis deux mille ans, elle vit l'inclusion. Sinon, elle ne serait pas répandue dans le monde entier aujourd'hui et ne compterait pas 1,3 milliard de croyants. Mais les outils d'inclusion de l'Église ne sont pas - comme le prétend l'IL - la "reconnaissance" ou le "non-jugement" de ce qui contredit les commandements de Dieu. Les "instruments" par lesquels l'Église inclut sont le catéchuménat et le baptême, la conversion et le sacrement de pénitence. C'est pourquoi l'Église parle des commandements de Dieu et de la loi morale, du péché, du sacrement de pénitence, de la chasteté, de la sainteté et de la vocation à la vie éternelle. Autant de concepts que l'on ne retrouve pas dans les 70 pages de l'IL.

Certes, les mots "repentance" (2 fois) et "conversion" (12 fois) se trouvent dans l'IL. Mais si l'on tient compte du contexte respectif, on constate que ces deux termes dans l'IL ne se réfèrent pratiquement jamais au détournement de l'homme du péché, mais signifient une action structurelle, c'est-à-dire de l'Église. Ce n'est pas le pécheur qui doit se repentir et se convertir, non, c'est l'Église qui doit se convertir - "synodalement" - à la "reconnaissance" de ceux qui professent ne pas vouloir suivre ses enseignements et donc Dieu.

Le fait que les directeurs du synode ne parlent plus de péché, de repentance et de conversion des pécheurs suggère qu'ils croient maintenant avoir trouvé un autre moyen d'éliminer le péché du monde. Tout cela rappelle les événements décrits par Blaise Pascal, né il y a tout juste 400 ans, dans ses "Provinciales" (Les Provinciales, 1656/1657). Pascal y affronte la morale jésuite de son temps, qui sapait les enseignements moraux de l'Église par une casuistique de sophismes, au point de les transformer en leur contraire. Dans sa quatrième lettre, il cite un critique d'Étienne Bauny qui disait de ce jésuite : "Ecce qui tollit peccata mundi", voici celui qui enlève les péchés du monde, au point d'en faire disparaître l'existence par ses sophismes. De telles aberrations des Jésuites ont été condamnées à plusieurs reprises par le magistère ecclésiastique. Car ce ne sont certainement pas eux qui enlèvent le péché du monde. C'est l'Agneau de Dieu. Et il en est de même aujourd'hui, pour la foi de l'Eglise.

Pour Blaise Pascal, la manière dont la tromperie et la manipulation s'opéraient dans l'Église avait quelque chose d'effrayant, et donc aussi de violent. Dans sa Douzième Lettre, il nous a laissé des lignes qui nous réconfortent même dans la situation actuelle :

"Quand la force combat la force, la plus puissante détruit la moindre ; quand l'on oppose les discours aux discours, ceux qui sont véritables et convaincants confondent et dissipent ceux qui n'ont que la vanité et le mensonge ; mais la violence et la vérité ne peuvent rien l'une sur l'autre. Qu'on ne prétende pas de là néanmoins que les choses soient égales : car il y a cette extrême différence que la violence n'a qu'un cours borné par l'ordre de Dieu qui en conduit les effets à la gloire de la vérité qu'elle attaque, au lieu que la vérité subsiste éternellement et triomphe enfin de ses ennemis ; parce qu'elle est éternelle et puissante comme Dieu même."

Commentaires

  • Je souscris totalement à cette analyse notamment ceci que je rappelais à des personnes avec qui je discutais: "Si, depuis deux mille ans, l'Église s'est comportée d'une manière fondamentalement différente de la volonté de Dieu sur des questions essentielles de la doctrine de la foi et de la morale, elle ne peut plus inspirer la foi sur aucune question. Pourquoi alors y aurait-il encore quelque chose de certain ?" J'en parlais par rapport à l'ordination des femmes, question supposée close depuis Jean Paul II en 1994 dans Ordinatio Sacerdotalis et Ad Tuendam Fidem, mais qui revient dans IL et le "chemin synodal allemand". Si rien n'est définitif, quel assentiment je dois donner à l'enseignement du pape aujourd'hui ?

  • "...qui sont les premiers sur la liste des exclus, dans l'"Instrumentum laboris", le document qui guide le synode ? "Les divorcés et remariés, les polygames et les LGBTQ+."

    Du vécu maintenant: seule à m'agenouiller à la Consécration lors des messes dominicales dans mon village, me fichant complètement et n'émettant absolument aucun jugement ni en parole, ni en pensée de ce que les autres personnes restent debout, certaines d'entre elles m'ont dit que "ça ne se fait plus", que "je me fait remarquer."
    Mon mari, qui lui, préfère rester debout mais me respecte fort heureusement, peut en témoigner.
    Plus question que nous remettions un pied dans cette paroisse pour le moins...singulière, qui, telle que je la connais, accueillerait probablement les bras ouverts la bénédiction de l'union de deux personnes du même sexe.

    Du factuel habituel également: la confusion entre rigidité, jugement, manque d'amour et désir sain et équilibré de respect du Magistère.
    J'en fais les frais régulièrement!

    Au regard de ce que je dépeins ci-dessus (et que je ne suis pas la seule à constater), le mot que ce synode m'évoque est "hypocrite".

  • Pourquoi entretenir l'idée que l'Eglise est "non inclusive" alors que dans sa doctrine, elle nous dit, concernant les "hommes ou les femmes qui présentent des tendances homosexuelles foncières" que (...) "ils doivent être ACCUEILLIS avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination (...). CEC 2358
    Et envers les divorcés remariés, " les prêtres et toute la communauté doivent faire preuve d'une SOLLICITUDE attentive, afin qu'ils ne se considèrent pas comme séparés de l'Eglise, à la vie de laquelle ils peuvent et doivent participer en tant que baptisés" (CEC 1651).
    Pourquoi réinventer le catéchisme alors que tout y est dit avec précision et délicatesse...

  • Merci,chère Véronique pour tes commentaires. Je suis entièrement d'accord avec tout ce que tu nous dit. En résumé, nous avons l(impression que ce synode des synodes jettera de la poudre aux yeux à moins que le Saint Esprit ne provoque une très forte effusion et ne protège cette Eglise, corps mystique du Christ, contre ses orgueilleux détracteurs et ses prétentieux innovateurs. Heureusement, Jésus nous a assurés que " les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre Elle ". Christus vincit ! Oui, mais que de dégâts en perspective . Il est urgent de prier Marie en tant que Mère de l'humanité de mobiliser St. Michel et toutes les armées célestes pour "élever les humbles" et "renverser les suppôts de leurs trônes" La meilleure défense trouve sa force dans l'Adoration et "l'arme des pauvres", à savoir le Rosaire ! Ne tardons pas à y recourir avec amour et persévérance ! Merci !

  • Merci Madame Hargot de nous rappeller que dans le CEC tout est dit avec précision et délicatesse. Reste la Communion au Corps et au Sang du Christ. Personnellement je ne pourrais pas vivre sans. Alors que je suis une pauvre pécheresse comme les autres sauf que j'ai la grande chance de ne PAS me trouver dans un état de " péché qui dure". ( remariage après divorce, vie de couple homosexuelle ). Car après une confession sincère et un peu de guidance spirituelle ne sommes nous pas TOUS suffisemment en état de grâce pour pouvoir communier ? Que savons nous de ce qui se dit en confession.? Et ne devons nous pas tous nous approcher de la table de communion avec humilité ( "Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guérie ....".je le dis toujours trois fois, comme autrefois. . ( Convertie à l'âge adulte, ayant suivi une catéchèse pour adultes, ce refus de communion dans les deux cas précités est la seule " chose " dans l' église que je n'ai jamais comprise et qui m'a toujours fort chagrinée)..

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