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  • Pour Amin Maalouf, nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire

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    D'Alexandre Devecchio sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Amin Maalouf: «Nous marchons comme des somnambules vers un affrontement planétaire»

    4 octobre 2023

    EXCLUSIF – Dans son dernier livre, Le Labyrinthe des égarés (Grasset), dont Le Figaro publie en exclusivité les bonnes feuilles, le nouveau secrétaire perpétuel de l’Académie française livre une méditation puissante et angoissée sur le devenir du monde en même temps qu’une magistrale leçon d’histoire.

    La guerre entre la Russie et l’Ukraine témoigne du déclin relatif de l’Occident et n’est peut-être que le premier chapitre d’un affrontemententre les États-Unis et la Chine , analyse Amin Maalouf. L’écrivain remonte aux sources de ce nouveau conflit en retraçant l’histoire de trois pays qui ont chacun tenté de remettre en cause la suprématie globale de l’Occident: le Japon impérial, la Russie soviétique et enfin la Chine qui constitue aujourd’hui le principal «challenger» de la superpuissance planétaire américaine. En revisitant ces deux derniers siècles, Maalouf met en lumière les causes profondes des conflits en cours et alerte quant au risque d’une troisième guerre mondiale potentiellement beaucoup plus dévastatrice que les deux précédentes. Il appelle l’Europe et les États-Unis à construire enfin un système international dans lequel l’humanité entière pourrait se reconnaître.


    Le déclin de l’Occident ?

    Est-ce vraiment le déclin de l’Occident que nous avons aujourd’hui sous les yeux ? Cette interrogation n’est évidemment pas neuve, elle revient de façon récurrente depuis la Première Guerre mondiale ; le plus souvent, d’ailleurs, sous la plume des Européens eux-mêmes. Ce qui n’a rien de surprenant, puisque les puissances du Vieux Continent ont effectivement connu un « déclassement » par rapport au rang qu’elles tenaient dans le monde au temps des grands empires coloniaux. Cependant, une bonne partie de leur prépondérance perdue a été « récupérée » par cette autre puissance occidentale que sont les États-Unis d’Amérique.

    La grande nation d’outre-Atlantique s’est hissée à la première place il y a plus de cent ans ; c’est elle qui s’est chargée de barrer la route à tous les ennemis de son camp ; et à l’heure où j’écris ces lignes, elle conserve sa primauté – par sa puissance militaire, par ses capacités scientifiques et industrielles, comme par son influence politique, culturelle et médiatique dans l’ensemble de la planète. Serait-elle aujourd’hui sur le point de tomber, elle aussi, de son piédestal ? Serions-nous en train d’assister au déclassement de l’Occident tout entier, et à l’émergence d’autres civilisations, d’autres puissances dominantes ? À ces questions, qui reviendront forcément hanter nos congénères tout au long de ce siècle, j’apporterai, pour ma part, une réponse nuancée : oui, le déclin est réel, et il prend parfois les allures d’une véritable faillite politique et morale ; mais tous ceux qui combattent l’Occident et contestent sa suprématie, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, connaissent une faillite encore plus grave que la sienne.

    Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres […] ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus sereinAmin Maalouf

    Ma conviction, en la matière, c’est que ni les Occidentaux, ni leurs nombreux adversaires ne sont aujourd’hui capables de conduire l’humanité hors du labyrinthe où elle s’est fourvoyée. On ne peut que s’angoisser de cet égarement généralisé, de cet épuisement du monde, de cette incapacité de nos différentes civilisations à résoudre les problèmes si épineux auxquels notre planète doit faire face. J’aime à croire, néanmoins, que cette appréhension que j’éprouve, et que beaucoup d’autres ressentent, sous tous les cieux, finira par susciter une prise de conscience salutaire. Si aucune nation, aucune communauté humaine, aucune aire de civilisation ne possède toutes les vertus ni ne détient toutes les réponses ; si aucune n’a la capacité ni le droit d’exercer sa domination sur les autres, et qu’aucune, non plus, ne veut être soumise, rabaissée ni marginalisée ; ne devrions-nous pas repenser en profondeur la manière dont notre monde est gouverné, afin de préparer, pour les générations futures, un avenir plus serein, qui ne soit pas fait de guerres froides ou chaudes, ni de luttes interminables pour la suprématie ?

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  • Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

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    De gènéthique.org :

    Le Parlement européen reconnaît la GPA comme une forme de traite des êtres humains

    5 octobre 2023

    La commission des droits des femmes et de l’égalité des genres et la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen ont voté un « projet de position sur des règles révisées pour lutter contre la traite des êtres humains et aider les victimes »[1]. Le texte a été adopté par 69 voix pour. Aucun député n’a voté contre, 22 se sont abstenus. Cette directive qui reconnaît que la GPA peut être associée à l’exploitation des femmes est désormais soumise au trilogue sans passer par un vote en séance plénière (cf. Parlement européen : la GPA en débat ?).

    « Les nouvelles propositions donneraient aux services répressifs de l’UE de nouveaux outils pour démanteler les organisations criminelles en ajoutant de nouvelles catégories de crimes, y compris le mariage forcé et l’adoption illégale », indique le communiqué du Parlement. Les députés ont souhaité « inclure dans le champ d’application de la loi la gestation pour autrui à des fins d’exploitation reproductive ».

    Alors que la maternité de substitution reste interdite dans plusieurs pays de l’UE, les différentes législations des autres nations de l’Union créent une incohérence réglementaire sur cette question. L’année dernière, une proposition de règlement de la Commission européenne visait à « la reconnaissance de la parentalité entre Etats membres dans les situations familières transfrontalières ». Ce qui obligerait les Etats interdisant la gestation par autrui à s’adapter à ceux qui l’autorisent (cf. GPA : le Sénat s’oppose à la Commission européenne). Entre traite des êtres humains et généralisation de la GPA, quelle est la position de l’Union ?

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    [1] La proposition vise à modifier la directive 2011/36/UE concernant la prévention de la traite des êtres humains et la lutte contre ce phénomène, ainsi que la protection des victimes (2022/0426(COD))

  • Nicaragua : la chasse aux chrétiens continue

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    De Jean-Baptiste Noé sur aleteia.org :

    La chasse aux chrétiens se poursuit au Nicaragua

    5/10/23

    L’arrestation et la condamnation en février 2023 de l’évêque Rolando Alvarez témoignent de la lutte antireligieuse du régime de Daniel Ortega. Bien décidé à éradiquer le christianisme, le dictateur sandiniste accroît la répression contre les catholiques.

    Pays de 6,8 millions d’habitants, le Nicaragua est l’un de ces pays d’Amérique centrale qui ne cesse d’osciller entre différents régimes autoritaires. Menant la lutte contre le dictateur Somoza, Daniel Ortega et les sandinistes sont parvenus à la direction du pays en 1979. Daniel Ortega est resté président jusqu’en 1990, avant de perdre les élections présidentielles. N’ayant jamais abandonné la politique, il revient au pouvoir en 2007 puis fait modifier la Constitution pour abroger la limite des mandats.

    Homme fort du Nicaragua depuis plus de 15 ans, il a fait élire son épouse à la vice-présidence et installé des membres de sa famille aux postes clefs du pays. Organisant une répression sans faille des opposants politiques, il a notamment fait arrêter l’évêque de Matagalpa, Mgr Rolando Alvarez, qui a été condamné en février 2023 à 26 ans de prison, ayant été déclaré « traître à la patrie » lors d’un procès truqué. Ce dernier a refusé de s’exiler aux États-Unis, préférant rester dans son pays, quitte à passer de longues années en prison. 

    Un régime solidement ancré

    Rien n’a pu renverser le régime du président Ortega, dont la pensée et la pratique ont été forgées dans les luttes sandinistes des années 1970. L’homme est l’une de ces survivances des révolutions marxistes qui, comme à Cuba, sont parvenues à prendre et à conserver le pouvoir, sans que les États-Unis ne puissent rien y faire. Si beaucoup de fantasmes sont accolés à la puissance tentaculaire de la CIA et de Washington, force est de constater l’impuissance du géant américain pour renverser un régime qui lui est hostile. 

    Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    S’appuyant sur les puissants cartels de la drogue, Daniel Ortega finance ses vassaux et ses affiliés pour tenir le pays, n’hésitant pas à réprimer lourdement les manifestations, comme celles de 2018 qui ont abouti à de nombreux morts et arrestations, sans parvenir à faire vaciller un régime solidement ancré. Emprisonné dans un lieu tenu secret, nul ne sait ce qui est arrivé à Mgr Alvarez, des rumeurs l’annonçant même comme mort. 

    Répression contre les catholiques 

    La répression ne se limite pas à l’arrestation de l’évêque de Matagalpa. En mai 2023, plusieurs prêtres du pays ont vu leur compte bancaire gelé. Une mesure identique fut appliquée à des écoles catholiques et des paroisses. Un rapport, orchestré par le régime, a présenté l’Église comme menant des actions de blanchiment d’argent et se livrant à des actes de terrorisme. Des accusations qui sont lancées à l’égard de tous ceux qui s’opposent au régime.

    En août, plusieurs prêtres qui s’étaient rendus à Lisbonne pour les JMJ se sont vus refusés le retour sur le sol du Nicaragua. Le même mois, le gouvernement a saisi l’université gérée par les jésuites, les biens de l’ordre et a prononcé sa dissolution. Là aussi, sous le motif de « terrorisme ». Un motif bien commode pour museler les oppositions. Le gouvernement a également expulsé le nonce apostolique, privant le Saint-Siège de relais et d’informations sur le pays. 

    L’argent de la drogue 

    Une répression qui n’est toutefois pas nouvelle. Lors de sa visite en 1983, Jean Paul II avait affronté l’un des déplacements les plus difficiles de son pontificat. Micros coupés pour que sa voix ne porte pas, soldats sandinistes placés au pied de l’estrade pour crier et l’insulter, le pape polonais ne s’était pas démonté et avait tenu son voyage jusqu’au bout. Un voyage marqué notamment par l’admonestation contre le père Ernesto Cardenal, alors ministre de la Culture du gouvernement de Daniel Ortega. 

    Aucune voie de sortie n’est pour l’instant visible. Le président Ortega est solidement ancré, il tient les rouages clefs de l’armée et de la police, arrose ses soutiens avec l’argent de la drogue. Le Nicaragua désespère les États-Unis, qui n’ont jamais réussi à déloger les sandinistes. Comme au Venezuela, comme à Cuba, ces dictatures enracinées dans une histoire profonde sont solidement amarrées à leur pays.