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Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron à propos de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française

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Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron à propos de l’inscription de l’IVG dans la Constitution française

C’est avec consternation que nous apprenons les résultats du vote du Sénat, à la suite de l’Assemblée nationale, ouvrant la voie à l’inscription dans la Constitution française de « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à l’IVG ». 50 sénateurs seulement se sont courageusement élevés contre l’idéologie dominante. C’est une nouvelle avancée de la « culture de mort » (Jean Paul II) ou de la « culture du déchet », tant décriée par le Pape François.

La France, qui détient déjà le triste record du nombre annuel d’avortements (233 000 en 2022), sera l’un des premiers pays à inscrire l’IVG dans la Constitution comme un droit fondamental, performance qui devrait assurément nous faire honte. La classe politique est-elle si dénuée de conscience éthique pour en arriver à un si déplorable résultat ? Les députés et les sénateurs se laisseront-ils interpeller par ces paroles fortes de saint Jean Paul II : « Lorsqu’une majorité parlementaire ou sociale décrète la légitimité de la suppression de la vie humaine non encore née, même à certaines conditions, ne prend-elle pas une décision ‘tyrannique’ envers l’être humain le plus faible et sans défense ? La conscience universelle réagit à juste titre devant des crimes contre l’humanité dont notre siècle a fait la triste expérience. Ces crimes cesseraient-ils d’être des crimes si, au lieu d’être commis par des tyrans sans scrupules, ils étaient légitimés par l’assentiment populaire ? » (Évangile de la vie n. 70). Car, ce qui est présenté comme une victoire du droit des femmes est en réalité une nouvelle atteinte contre la vie humaine en son commencement, autrement dit : un « crime abominable » (Concile Vatican II), le « meurtre délibéré d’une personne humaine innocente », comme l’a rappelé avec force le Pape saint Jean Paul II dans son encyclique l’Évangile de la Vie.

N’y a-t-il pas d’ailleurs une offense faite à la science, une sorte de régression scientifique, quand on invoque « le droit de la femme à disposer de son corps », comme si la génétique moderne n’avait pas montré depuis longtemps que l’embryon est dès la première cellule fécondée un organisme vivant, distinct de celui de sa mère et dont la molécule d’ADN contient toute l’information génétique qui fera de cet embryon telle ou telle personne humaine, avec toutes ses caractéristiques propres ?

À travers ce projet de loi constitutionnelle, on prétend ni plus ni moins valoriser la femme contre l’enfant à naître qui demeure le grand oublié des débats. Ce faisant, on est loin de résoudre le problème des femmes, souvent contraintes à avorter en raison de difficultés sociales et économiques, environ 70% des femmes ayant recours à l’IVG. Les nombreuses confidences reçues au confessionnal de la part de femmes ayant eu recours à l’avortement – et beaucoup de psychologues pourraient en dire autant – nous confirment dans l’idée que l’avortement est toujours un drame et une source de profonds traumatismes pour la femme.

Les parlementaires, réunis en Congrès le 4 mars, s’honoreront-ils d’un sursaut de conscience ou bien deviendront-ils responsables devant l’histoire de la plus grande transgression qui soit, celle de l’interdit de tuer ? En tout cas : « Dieu se fera le juge exigeant de toute violation du commandement ‘tu ne tueras pas’, placé à la base de toute la convivialité de la société. Il est le ‘goël’, c’est-à-dire le défenseur de l’innocent » (Évangile de la Vie n. 53).

J’invite donc les fidèles du diocèse qui le pourront à prier et à jeûner à cette intention, le lundi 4 mars, alors que le Congrès sera appelé à ratifier ce projet de loi constitutionnelle.

Bayonne, le 1er mars 2024.

 

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Commentaires

  • Comme d'habitude, l'auteur de ce communiqué clair est l'évêque français qui s'exprime avec le plus de netteté, la plupart des autres assurant seulement un service minimum, manifestement pressés de passer à autre chose.
    En ce qui concerne les pressions sur les femmes qui avortent, elles ont essentiellement pour origine l'instabilité sentimentale (difficulté pratique et pécuniaire d'élever seule un enfant) et l'hédonisme (refus de se priver de sorties, de renoncer aux voyages, d'entraver la promotion professionnelle, ...). C'est un résultat de l'individualisme.
    Et quant à l'invocation du "droit de disposer de son corps", elle démontre l'absence totale de fiabilité du discours politique, la fâcherie de notre société avec la vérité la plus élémentaire.
    L'impact négatif sur les vocations médicales peut aussi être mentionné, dès lors que des risques pèsent sur l'objection de conscience.
    Cette initiative désastreuse a pour origine un caprice du chef de l'Etat français, qui croit détourner l'attention de son bilan (désindustrialisation, insécurité, inflation, tyrannie covidiste, gabegie financière, corruption systématisée, destruction de la paysannerie) en le complétant par une agression de plus contre le peuple. Même les majorités parlementaires plantureuses par lesquelles le texte a été adopté n'augurent rien de bon : les chiffres rappellent ceux de l'aval donné aux accords de Munich, par une même défaite du courage et de l'intelligence.

  • Intervention remarquable et courageuse de Mgr Aillet. Tout est dit sauf la fin de la clause de conscience et la fin de la liberté d'expression sur l'avortement. Il s'en tient à l'essentiel : l'avortement tue. Cet évêque va se faire attaquer. Il sera considéré comme un ennemi de la Constitution. Oui, cette inscription est une honte, dont le sinistre Macron est très fier. Fier de faire le mal.

  • Il faut se rendre compte de l’évolution du discours politique. Il ne s’agit évidemment pas de justifier d’une manière ou d’une autre ce qui est un meurtre. Dans son exposé depuis la tribune de l’Assemblée, en 1974 je crois, Simone Veil, se situait dans un cadre d’exception (ce qui n’enlève rien au caractère intrinsèquement mauvais de l’avortement.

    Pour en arriver à une reconnaissance dans l’acte fondamental d’une république qui elle - même repose sur l’effusion du sang.

    Que dire maintenant des personnes ostracisées sur leur lieu de travail ou dans leur propre famille, pour avoir osé émettre une remise en cause de ce « droit » , sans même qu’il soit besoin de faire référence à l’Evangile (cf. la déclaration de Mgr Aillet) ?

    Ce sera quoi le prochain article inscrit dans la Constitution ?

  • Votre dernière question est évidement la bonne et ne peut que nous effrayer (Ce sera quoi le prochain article inscrit dans la Constitution ?).
    Car si on peut justifier de mettre l'avortement dans la constitution tel qu'il a été inscrit, on peut justifier de n'importe quoi y compris toutes les horreurs de tous les totalitarismes du 20e siècle. La constitution n'est plus là pour protéger le citoyen de la toute puissance de l'état.

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