De Solène Grange sur le site de l'Homme Nouveau :
Chartres 2025 : « Pour qu’Il règne »
Notre Dame de Chrétienté
Ils étaient 19 000 sur les routes de Chartres. Des visages jeunes, des familles entières, des prêtres, des étrangers venus de 40 pays, des récents convertis, des fidèles de toujours.
Le chiffre seul est parlant. Mais au-delà des statistiques +17 % de croissance en 2025, +13 % par an sur les trois dernières années, c’est un visage qui frappe : celui d’un catholicisme enraciné, joyeux, priant, structuré. Une Église qui marche, et qui le fait non pour protester ou défendre, mais pour confesser : Christus regnat.
Le thème de cette 43e édition du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté – « Pour qu’Il règne, sur la terre comme au ciel » – s’inscrivait dans une année chargée : 100e anniversaire de l’encyclique Quas Primas, 1 000 ans de la cathédrale de Chartres, 350 ans du message du Sacré-Cœur à Paray-le-Monial, 1 700 ans du concile de Nicée. Autant d’échos puissants à la question centrale : le Christ est-il encore Roi pour notre génération ?
Pendant l’homélie de la messe de la Pentecôte, par Mgr Athanasius Schneider a interrogé : « Qu’est-ce que cela signifie d’être chrétien, d’être catholique ? ». L’évêque auxiliaire d’Astana a livré une réponse claire : « Cela signifie que le Christ est Roi de ma vie. Cela signifie ne jamais avoir honte de confesser le Christ et la vérité de la foi catholique. Cela signifie observer les commandements de Dieu, avec l’aide de sa grâce, la pureté de l’âme et la chasteté du corps, le pardon mutuel et la charité persévérante envers le prochain. ».
Être catholique, a-t-il conclu, n’est pas seulement adhérer à une tradition ou à une morale. C’est d’abord et avant tout reconnaître la seigneurie du Christ sur chaque aspect de notre vie.
La liturgie tridentine
La veille du pèlerinage, l’association « Notre-Dame de Chrétienté » a publié un manifeste expliquant les raisons de son choix liturgique. Les questions soulevées récemment à propos de l’usage de la liturgie tridentine ont été l’occasion d’apporter un éclairage sur l’histoire et l’esprit de ce rassemblement.
Les organisateurs regrettent la polémique lancée quelques jours avant le pèlerinage, alors que toutes les équipes étaient en pleine préparation.
Elle déplore également que ce débat puisse brouiller le message essentiel du pèlerinage, qui est un témoignage public de foi, joyeux et pénitent, d’une chrétienté portée par l’espérance du Règne du Christ mais aussi l’absence de dialogue, malgré plusieurs demandes d’entretiens restées sans réponse.
Pendant trois jours, les pèlerins ont été nourris par la messe quotidienne (327 célébrées), le rosaire, les confessions et l’adoration eucharistique du dimanche soir.
Les pèlerins
Le profil des pèlerins confirme une dynamique bien installée avec une moyenne d’âge de 20 ans. Plus de 50 % sont venus de toutes les régions de France et 15 % des pèlerins étaient des étrangers qui représentaient 40 nationalités. Il y a eu 3 300 pèlerins familles, 1 700 enfants, 500 pastoureaux, 1 200 bénévoles, 430 clercs. Et surtout, 6 000 anges gardiens, pèlerins priant à distance (en ehpad, en prisons, des malades, des mères isolées…).
Mais c’est aussi un réseau d’une efficacité impressionnante (420 chapitres, 270 tentes montées et démontées par jour, 140 tonnes d’eau, 82 000 pains distribués…) qui a rendu possible le pèlerinage.
À travers les témoignages des marcheurs, un fil rouge se dessine : la conversion. Celle de ceux qui ont tout quitté, comme cette femme qui a entendu passer la colonne sous sa fenêtre et s’est lancée sans rien emporter. Celle d’un jeune pompier bouleversé par la procession. Celle d’un musulman converti marchant pour la première fois. Celle de parents qui redécouvrent la foi avec leurs enfants.
En relation : Lettre à un pèlerin revenant du pèlerinage de Chartres