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  • 12 considérations sur le document Vigano

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    De Hubert Champrun sur le site infovaticana :

    Douze considérations sur le document de Mgr Viganò

    Huit jours après, voici quelques remarques inspirées à la fois par la lettre de Mgr Viganò et par les réactions à ce rarissime acte d’accusation formulé publiquement par un diplomate du Saint-Siège. Elles sont bien incomplètes. Mais transformer le grand scandale dénoncé par Viganò – celui de la corruption (homo)sexuelle au sein de l’Église et de l’impunité dont elle semble jouir – en petit scandale Viganò, c’est filtrer le moucheron et laisser passer le chameau (Mt 23, 13-24).

    Sur l’objet des accusations de Mgr Viganò : les crimes sexuels du cardinal McCarrick

    1. L’immense majorité des agressions pédophiles sont commises au sein des familles : donc, ce n’est pas en mettant fin au célibat des prêtres qu’on diminuera le nombre des agressions qu’ils commettent. Et considérer le mariage comme une sorte de thérapie sexuelle préventive pour déviants est une curieuse conception de la chose.

    2. Rapportées au nombre d’agressions sexuelles, homosexuelles ou non, pédophiles ou non, les agressions commises par les prêtres catholiques sont en petit nombre – ce qui ne diminue en rien leur caractère scandaleux. On peut toujours regretter qu’elles fassent plus les gros titres que celles perpétrées par des religieux d’autres confessions, ou par des représentants d’autres professions (éducateurs, enseignants, magistrats…), ou par d’autres humains, mais ces humains, ces autres professions et ces autres religions n’ont pas la même prétention à la charité universelle. Les prêtres sont justement jugés à hauteur de leurs prétentions et du message chrétien. Le chrétien ne doit pas s’irriter d’une inégalité démocratique dans le traitement de l’information, ni d’un deux poids-deux mesures judiciaires : il n’appartient ni à un parti ni à une fédération professionnelle.

    3. Il est évident que l’Église devrait se doter d’outils de discernement psychologiques pour évaluer les vocations et que toutes les tendances qui incitent à enfreindre le célibat et la chasteté doivent être considérées comme des obstacles au sacerdoce. Il est non moins évident que le cléricalisme, cette tendance qu’ont les clercs à se confondre avec l’Église en profitant souvent de la naturelle confiance des fidèles en l’autorité, a fait des ravages, et que de nombreux pasteurs ont développé une culture de l’excuse et de l’immunité, prétendument pour préserver l’Église, ce qui est une abomination. L’Église devrait aussi se doter d’outils de discernement adaptés pour la promotion des clercs à des positions d’autorité. Elle répondra qu’elle en a, et depuis plusieurs siècles. Force est de constater qu’ils sont inadaptés aux circonstances – surtout si ces circonstances démontrent que ceux qui les manient sont précisément ceux qu’on aurait dû écarter…

    4. Certes, il ne faut pas confondre pédophilie et homosexualité. Dans le cas du cardinal McCarrick, concerné par les accusations de Mgr Viganò, il apparaît toutefois que les harcèlements, les abus d’autorité, les relations homosexuelles sous contrainte aient été souvent à tendance éphébophile et, au moins dans un cas, celui dont la dénonciation a fini par provoquer la démission du cardinal, pédophile. Pourtant, beaucoup des contre-feux allumés contre Viganò (voir cet article d’Andrea Tornielli par exemple) tendent à gommer cette dimension et insistent sur le fait que les prêtres et séminaristes concernés par les déviances de McCarrick étaient majeurs : comme si cela était moins répréhensible… Or, pour un prêtre en position d’autorité, le harcèlement sexuel d’une personne subordonnée constitue dans tous les cas à la fois une violence sexuelle et un manquement au vœu de chasteté. Organiser ce manquement à grande échelle est évidemment encore plus ignoble, surtout quand cette autorité est crossée, mitrée et même cardinalicement pourprée.

    Voilà ce qui fonde l’inquiétude, l’indignation et l’interpellation de Mgr Viganò.

    Sur la réception faite au témoignage de Mgr Viganò

    5. Viganò ne rapporterait que des faits invérifiables, des on-dit, des conversations privées… alors qu’il fait mention de rapports remis et archivés. Dire cela, c’est volontairement oublier ce qui est objectif. Les documents évoqués par Viganò existent – ou pas. Donc, si l’Église veut, elle peut les rendre public. Elle s’y est toujours refusé jusqu’à maintenant, se mettant ainsi, et de plus en plus lourdement à chaque fois, en défaut vis-à-vis des autorités civiles quand il était avéré que les reproches étaient fondés.

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  • Deux nouveaux cycles de formation à l'amour et au mariage "Bâtir sa maison sur le roc" à Bruxelles et à Rixensart

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    Le cycle de formation « Bâtir sa maison sur le Roc » s’adresse aux couples de fiancés ou jeunes mariés, qui souhaitent fonder les bases de leur mariage sur le Christ, pour bâtir leur foyer « sur le roc » et prendre un départ solide dans la vie conjugale.

    Il vise également à réfléchir et à approfondir avec des couples déjà mariés les réalités de l’amour conjugal et du mariage, à la lumière de l’enseignement de l’Eglise catholique. Cette réflexion les aidera à persévérer et à consolider leur engagement afin de rayonner cet amour dans leur foyer et vers l’extérieur.. 

    Deux nouveaux cycles de formation à l'amour et au mariage "Bâtir sa maison sur le roc", seront organisés en parallèle, l’un à Rixensart, chez et animé par Véronique et Christophe Depreter (première soirée le samedi 20 octobre 2018), l’autre à Bruxelles (WSL), chez et animé par Oriane et Christophe de Hemptinne (première soirée le samedi 27 octobre 2018).  

    Le nombre de places est limité.

    Pour toutes informations, y compris les dates des cycles de cette nouvelle saison, voir le site www.batirsamaisonsurleroc.be.

    Visitez la page facebook, sur laquelle vous trouverez de nombreuses publications enrichissantes.

  • Baudouin et Fabiola, l'itinéraire spirituel d'un couple

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    Du site des éditions Artège :

    Baudouin et Fabiola

    L'itinéraire spirituel d'un couple 

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    Date de parution : 19.09.2018

    EAN : 9791033607571

    Nombre de pages : 224

    Catégorie : Grandes figures

    Présentation :
    Chaque couple a son histoire. Et quand un couple règne sur la Belgique, il appartient aussi à l'Histoire. Bernadette Chovelon retrace ici la vie du roi Baudouin et de son épouse Fabiola, depuis leur romanesque rencontre jusqu'à ce que la mort les sépare. Elle nous fait découvrir l'intimité de leur vie spirituelle comme leur action publique face aux événements qui ont bouleversé l'histoire de la Belgique.
    Cet ouvrage, unique dans son approche, révèle le lien le plus fort de leur mariage : leurs vies étroitement unies sous le regard de Dieu et données aux autres. On ne pouvait laisser sous le boisseau cette spiritualité vécue à deux, tant elle rayonne et peut inspirer tous les couples !

    Bernadette Chovelon, enseignante, titulaire d'une licence de philosophie et d'un doctorat de lettres, a écrit avec Bernard Chovelon, son mari, L'aventure du mariage chrétien, ouvrant ainsi au grand public les lignes de la spiritualité conjugale, tracées par le père Caffarel, fondateur des Équipes Notre-Dame.
  • Garder la foi malgré tout quand de graves scandales discréditent l'Eglise

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    De Miguel Pastorino sur le site aleteia.org :

    Comment garder la foi quand l’Église est frappée par de graves scandales ?

    Ou plutôt : en quelle Église croyons-nous ? Une Église parfaite ou pécheresse ?

    En 1969, Joseph Ratzinger, à l’époque théologien, écrivait dans son œuvre « Introduction au christianisme » un bref chapitre sur l’Église qui commençait d’une manière qui peut nous paraître quelque peu familière actuellement :

    « Parlons également de ce qui nous accable de nos jours. N’essayons pas de le cacher ; aujourd’hui nous sommes tentés de dire que l’Église n’est ni sainte, ni catholique… L’histoire de l’Église est remplie d’humains corrompus. Nous pouvons comprendre l’horrible vision de Dante qui voyait monter dans la voiture de l’Église les prostituées de Babylone, et nous comprenons les terribles mots de Guillaume d’Auvergne (XIIIe siècle), qui affirmait que nous devrions trembler face à la perversion de l’Église : « L’Église n’est plus une épouse, mais un monstre effrayant, difforme et sauvage… »

    La catholicité de l’Église nous semble tout aussi problématique que la sainteté. Les partis et les batailles ont divisé la tunique du Seigneur, ont divisé l’Église en de nombreuses Églises qui prétendent être, de manière plus ou moins vive, la seule vraie et unique Église. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui l’Église est devenue pour de nombreuses personnes l’obstacle principal à la foi. On ne peut voir en elle que la lutte pour le pouvoir humain, le misérable théâtre de ceux qui, avec leurs affirmations, veulent absolutiser le christianisme officiel et paralyser le réel esprit du christianisme ».

    Il l’affirme de la manière la plus claire et dure qu’il soit, convaincu qu’on ne peut réfuter ces arguments et que cette perception se base non seulement sur des raisons fondées, mais aussi sur des cœurs déçus et blessés qui ont vu leurs attentes s’effondrer. Et c’est à partir de là, de ce contraste entre l’opinion que l’on a de la foi et ce que l’on perçoit dans la réalité, qu’on se demande : « Pourquoi, en dépit de tout, aimons-nous l’Église ? »

    Église sainte ?

    « Église sainte » ne sous-entend pas que chacun de ses membres est saint, immaculé. Joseph Ratzinger soutient que le rêve d’une église immaculée renaît à toutes les époques mais n’a pas sa place dans le Credo, et qu’en réalité les critiques les plus vives envers l’Église viennent de ce rêve irréaliste d’une église immaculée.

    « La sainteté de l’Église réside dans ce pouvoir de sanctification que Dieu exerce malgré le caractère pécheur de l’homme. Elle est donnée par Dieu comme une grâce, qui subsiste en dépit de l’infidélité de l’homme. C’est l’expression de l’amour de Dieu qui ne se laisse pas vaincre par l’incapacité de l’homme, mais qui continue, malgré tout, à être bon avec celui-ci, il ne cesse de l’accueillir justement en tant que pécheur, il se tourne vers lui, il le sanctifie et l’aime. »

    Tout comme ce qui est gratuit ne dépend pas du mérite des croyants, la sainteté de l’Église est celle du Christ, pas la nôtre. « Mais c’est toujours vraiment la sainteté du Seigneur qui se fait présente ici, et il choisit aussi et justement les mains sales des hommes comme réceptacle de sa présence. »

    Pour Joseph Ratzinger, la déconcertante association de la sainteté de Dieu et de l’infidélité de l’homme est l’aspect dramatique de la grâce de ce monde, car elle rend visible l’amour gratuit et inconditionnel de Dieu, qui hier comme aujourd’hui s’assied à la table des pécheurs.

    Le rêve d’un monde pur

    L’idée selon laquelle l’Église ne se mêle pas au péché est une pensée simpliste et dualiste, qui présente une image idéale et noble, mais pas réelle. Joseph Ratzinger rappelle ce qui était déjà perçu comme scandaleux dans la sainteté du Christ, aux yeux de ses contemporains, était qu’il ne faisait pas descendre le feu sur ceux qui étaient indignes et ne cherchait pas la pureté en séparant le blé de l’ivraie.

    « La sainteté de Jésus se manifestait précisément dans ses rencontres avec les pécheurs, qu’il attirait à lui, en complète communauté de destin avec les égarés, révélant ainsi ce qu’est la véritable sainteté : non pas une séparation mais une unification ; non pas un jugement mais un amour rédempteur. »

    Les questions qui surviennent de cette manière de voir les choses sont effroyables, mais pleines d’espoir : « L’Église n’est-elle pas simplement la poursuite de cet abandon de Dieu à la misère humaine ? N’est-elle pas la continuation des repas pris par Jésus avec les pécheurs ? N’est-elle pas la continuation de ses contacts avec la pauvreté du péché, au point d’avoir l’air d’y sombrer ? Dans la sainteté de l’Église, bien peu sainte par rapport à l’attente humaine d’une pureté absolue, n’y a-t-il pas la révélation de la véritable sainteté de Dieu qui est amour, un amour qui toutefois ne se réfugie pas dans le noble détachement de l’intangible pureté, mais qui se mêle à la saleté du monde de façon à la nettoyer ? La sainteté de l’Église peut-elle être autre chose que le fait que les uns portent les charges des autres, ce qui vient évidemment, pour tous, du fait que tous sont soutenus par le Christ ? »

    S’aider les uns les autres, car Il a porté le fardeau avec nous

    Il confesse, de sa plume toujours lucide et transparente, que la sainteté presque imperceptible de l’Église a quelque chose de consolateur. Parce que nous serions découragés face à une sainteté immaculée, dévastatrice et qui nous juge ; une sainteté qui ne comprendrait pas la fragilité humaine et qui n’offrirait pas toujours le pardon à celui qui se repent de tout son cœur. En réalité, nous devrions tous être radiés de l’Église si elle était une communauté de personnes qui méritent un prix pour leur perfection.

    Ceux qui vivent en étant conscients d’avoir besoin du soutien des autres ne pourront pas refuser de porter le poids de leurs frères. La seule consolation que la communauté chrétienne peut offrir est de porter les autres comme on est nous-mêmes portés.

    Ce qui importe réellement aux croyants

    L’idée réductrice que l’on se fait de l’Église ne tient pas compte de l’opinion qu’a l’Église d’elle-même, ni de son centre, Jésus-Christ. La particularité de l’Église se situe au-delà de son organisation, « dans la consolation de la Parole de Dieu et des sacrements qu’elle apporte dans les jours de joie ou de tristesse. »

    « Les vrais croyants ne donnent jamais une importance excessive à la lutte pour la réorganisation des formes ecclésiales. Ils vivent de ce que l’Église est toujours. Si l’on veut savoir ce qu’est vraiment l’Église, c’est eux qu’il faut aller voir. L’Église n’est pas là où l’on organise, où l’on réforme, où l’on dirige ; elle est présente en ceux qui croient avec simplicité et qui reçoivent en elle le don de la foi, qui devient pour eux source de vie. »

    Pour Joseph Ratzinger, l’Église vit de la lutte de ceux qui ne sont pas saints pour parvenir à la sainteté, mais c’est une lutte qui n’est constructive que si elle est portée par un authentique et véritable amour. Une Église aux portes fermées détruit ceux qui sont à l’intérieur, et Joseph Ratzinger considère qu’il est une illusion de croire qu’en nous isolant du monde, on peut le rendre meilleur, car c’est aussi une illusion de croire en une « Église des Saints », car ce qui existe réellement est une « Église sainte », car « le Seigneur lui prodigue le don de la sainteté, sans aucun mérite de notre part. »

  • Une centaine de Belges ont retiré leur demande anticipée d'euthanasie en 2016-2017

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    2016-2017, 98 BELGES ONT RETIRÉ LEUR "DÉCLARATION D’EUTHANASIE"

     

    En 2016 et 2017, « 98 Belges ont retiré la déclaration anticipée d’euthanasie qu’ils avaient déposée ».

    La Belgique autorise ce type de déclaration depuis 2008. A ce jour, 170 942 déclarations pour demander l'euthanasie ont été déposées. Parmi elles, « 128 291 déclarations toujours actives et 42 651 autres arrivées à échéance ». Concernant les déclarations arrivées à échéance, « 29 842 enregistrements n’ont pas été confirmés, le reste émanait de personnes entre-temps décédées ».

    Gert Huysmans, président de la Fédération flamande des soins palliatifs, estime entre autres que « les gens rédigent leur déclaration alors qu’ils sont en bonne santé et sous-estiment alors l’instinct de survie qui les animera quand ils seront malades ».

    Sources: La Libre (01/09/2018)

  • La Curie dans la tourmente

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    D'Adélaïde Pouchol sur le site de l'Homme Nouveau :

    La Curie dans la tempête

    L’été aura été terrible pour l’Église, non que les vicissitudes qu’on lui connaît soient nouvelles, mais parce qu’en l’espace de trois mois, c’est une tempête d’une violence sans précédent qui a éclaté. Une tempête causée par plusieurs affaires de mœurs, toutes reliées de près ou de loin à la Curie romaine et à ce qui apparaît désormais au mieux comme une incapacité, au pire comme le refus de s’attaquer réellement aux crimes dont sont coupables ou complices par leur silence de nombreux prélats. L’homme de foi sait que la barque de Pierre ne coulera pas, mais les intempéries sont si fortes que même les plus fervents ont la nausée. 

    Que s’est-il passé ? Le 20 juin dernier, le prélat américain Mgr Theodore McCarrick, prêtre ordonné pour l’archidiocèse de New York, évêque de Metuchen, archevêque de Newark puis de Washington D.C. et créé cardinal, a été suspendu de l’exercice public de son ministère par le secrétaire d’État du Vatican, Pietro Paolin, sur instruction du pape. Un mois plus tard, McCarrick démissionnait du collège cardinalice, avec l’approbation du Saint-Siège et l’ordre de mener une vie de prière et de repentance « jusqu’à ce que les accusations portées contre lui soient examinées dans le cadre d’un procès canonique normal. » Et pour cause, le prélat est accusé non seulement d’un crime de pédophilie remontant à une cinquantaine d’années, mais également d’abus sur des séminaristes et des jeunes prêtres, à l’époque où il était évêque. Nouveau séisme pour les États-Unis, déjà très abîmés au début des années 2000 après une série de scandales du même genre. 

    Le coup de grâce est porté le 14 août lorsque le Grand Jury de l’État de Pennsylvanie remet les résultats de son enquête et met en cause quelque 300 prêtres responsables de crimes sexuels sur plus de 1 000 victimes au cours des soixante-dix dernières années. Cela dit, les accusations concernent des prêtres dont un grand nombre sont décédés aujourd’hui. Les mesures annoncées par la Conférence des évêques américains en 2002 n’étaient pas restées lettre morte puisque les abus sexuels commis par des prêtres ont considérablement chuté : en 2016 et 2017 les cas allégués n’ont touché qu’une vingtaine de prêtres sur les 414 000 en ministère ou à la retraite. Reste que les noms de prélats pleuvent, des quatre coins du pays, soupçonnés d’avoir commis eux-mêmes des abus sexuels ou de les avoir couverts. Sauf qu’un élément nouveau est mis sur la place publique, lorsque plusieurs évêques et cardinaux dénoncent la « sous-culture » homosexuelle qui sévit dans le clergé catholique. Les langues se délient : celle du cardinal Raymond Burke dans un entretien donné le 16 août, celle de Mgr Robert Morlino, évêque de Madison (Wisconsin) dans une lettre pastorale adressée à ses fidèles le 18 août, celle aussi du cardinal sud-africain Wilfrid Napier le 21 août. Comme si le drame de la pédophilie avait permis, pendant de trop nombreuses années, de masquer celui de l’homosexualité au sein de l’Église. Pourtant, deux enquêtes datées de 2004 et 2011 et menées par la faculté John Jay concluaient que 81 % des victimes d’abus sur mineurs par des membres du clergé étaient des garçons et 78 % des garçons post-pubères. 

    Le 17 août, 140 théologiens, éducateurs et dirigeants laïcs américains signent une lettre publique demandant la démission des évêques américains. Une démission collective serait-elle envisageable ? En mai 2018, après la tempête traversée par l’Église au Chili pour le même type de crimes sexuels, les 34 évêques du pays avaient tous présenté, lors d’une rencontre à Rome, leur démission au Pape. Mais ce dernier n’avait accepté que cinq d’entre elles, jugeant certainement que changer de pasteur ne suffirait pas à préserver le troupeau et qu’il fallait plutôt s’attaquer aux causes profondes du mal. 

    Trois jours plus tard, le 20 août, le Pape adressait une « Lettre au peuple de Dieu », affirmant une fois de plus la nécessité d’une « tolérance zéro ». Mais des déclarations de ce genre, le peuple de Dieu en a déjà entendu beaucoup sans que rien ne change. Les propos du Pape sont quand même salués par certains fidèles, relayés par la presse, mais le désespoir est bien là, un sentiment d’impuissance face à l’ignominie. Et l’été n’est pas fini... Le 21 août s’ouvrait à Dublin, en Irlande, la IXe Rencontre Mondiale des Familles. L’Irlande, un pays gravement blessé lui aussi avec, depuis 2002, pas moins de 14 500 personnes qui ont déclaré avoir été victimes d’abus par des prêtres. Ces accusations sont-elles toutes vraies ? Peut-être pas, mais même si seulement la moitié d’entre elles l’étaient, l’horreur n’en serait pas moins grande. Alors, forcément, quand le Pape s’est rendu à Dublin pour rencontrer les familles, il était attendu sur la question de la pédophilie. Le terrain était déjà glissant, mais l’organisation de la Rencontre des Familles avait ajouté au malaise avec la présence largement controversée, parmi les intervenants, du Père jésuite James Martin, nommé par le Pape consultant auprès du secrétariat pour la Communication et promoteur affirmé de l’homosexualité, qui s’est piqué d’une intervention de défense de la cause non pas seulement homosexuelle, mais LGBT lors de son passage à Dublin. Comment le Saint-Siège avait-il pu laisser cet homme tenir un tel discours devant plusieurs milliers de familles catholiques ? 

    Le 25 août, tandis que s’achevait la Rencontre à Dublin, l’ancien nonce apostolique aux États-Unis, Mgr Carlo Maria Viganò publiait un document de 11 pages portant de lourdes accusations contre le Pape François et nombre de hauts dignitaires de l’Église. La lettre, relayée par quelques médias aux aurores le lendemain dans ses versions française et italienne, s’achève sur un appel à démissionner adressé au Pape lui-même.

    Le document détaille la gestion troublante du dossier McCarrick, connu aux États-Unis depuis l’année 2000 et depuis 2006 par Mgr Viganò lui-même. Et l’ancien nonce d’énumérer les noms de membres de la Curie ou évêques et cardinaux américains qui savaient, mais n’ont rien dit ou, pire, ont laissé McCarrick prendre des responsabilités au sein de l’Église jusqu’à devenir cardinal et, selon Mgr Viganò, un proche conseiller du Pape lui-même.

    Dans l’avion de retour de Dublin, le Pape s’est livré à l’exercice habituel de la conférence de presse et, inévitablement, la question de la charge de Mgr Viganò a été posée. Et le Pape a répondu ou, plutôt, il a répondu qu’il ne répondrait pas : « J’ai lu ce matin ce communiqué, je l’ai lu et je dirai sincèrement que je dois vous dire ceci, à vous et à tous ceux d’entre vous qui sont intéressés : lisez attentivement le communiqué et faites-vous votre propre jugement. Je ne dirai pas un mot là-dessus. Je pense que le communiqué parle de lui-même. Et vous avez la capacité journalistique suffisante pour tirer des conclusions. »

    Alors les journalistes, de métier ou improvisés pour les besoins de la cause, les vaticanistes, des clercs, tous ont obéi au pape pour se faire une idée par eux-mêmes. Depuis le 26 août, les informations pleuvent, multiples, souvent contradictoires, souvent difficiles à vérifier pour qui n’est pas familier des couloirs du Vatican. Mgr Viganò dit-il la vérité ? Ou plutôt, puisque c’est la question qui anime, au fond, tous ceux qui se préoccupent de l’affaire : le Pape François est-il coupable ?

    Il n’a pas fallu cinq minutes après que Mgr Viganò a lancé sa bombe pour que l’affaire soit ainsi analysée : ce serait l’une des batailles de la guerre des conservateurs antipapes contre les progressistes favorables au Pape François. Et cela, c’est vrai, y ressemble parfois un peu, entre ceux qui brandissent les témoignages de proches de Mgr Viganò le décrivant comme un homme de foi et intègre et ceux qui, au contraire, affirment que l’ancien nonce est carriériste, rancunier et conservateur. Sauf que la véracité des faits énoncés dans la lettre ne dépend pas du degré de sainteté de Mgr Viganò car on peut tout à fait être un sale type et dire parfois des choses vraies ou bien aimer beaucoup le Pape et dire parfois des âneries. Si bien qu’il serait bon qu’une enquête soit menée en haut lieu, qui ne se résume pas à se demander s’il faut être « pour » ou « contre » le Pape. 

    L’Église, ses fidèles et le monde dans son ensemble ont besoin que la lumière soit faite sur le bourbier qu’est la Curie pour incriminer les responsables, mais aussi et surtout pour que les horreurs cessent. 

    La vraie question, donc, est de savoir comment l’affaire McCarrick a été rendue possible sachant que cela ne concerne pas uniquement le règne du Pape actuel puisque le cardinal déchu sévissait déjà au temps de Benoît XVI. 

    Pourquoi la Curie romaine est-elle à ce point impossible à réformer ? 

    Enfin, comme si l’Église n’avait pas eu assez de ces deux mois terribles, le Pape a eu le malheur, dans le même avion de retour de Dublin, de dire un mot sur l’homosexualité qui n’a pas plu du tout, surtout pas à la secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa. Elle trouve les propos du Pape « injustifiables » et « incompréhensibles ». C’est dire ! Incompréhensible ? Il faut dire que les médias n’ont retenu qu’une seule phrase — ce qui n’aide pas à comprendre — sur les deux minutes et quelques de temps de parole que le Pape a pris pour répondre à la question posée par l’un des journalistes, de savoir ce qu’il conseillerait à des parents catholiques dont l’un des enfants serait homosexuel. Et le Pape, entre autres recommandations de dialogue, d’accueil, d’accompagnement et d’écoute, a dit que pour ces enfants, « il y avait peut-être quelque chose à faire avec la psychiatrie ». Un tollé, évidemment, à tel point que la communication du Saint-Siège a jugé nécessaire de supprimer ce mot du verbatim de la conférence de presse donnée dans l’avion. Le Pape, dans la tourmente, avait-il oublié qu’il est des propos absolument interdits en Occident ?

    N’empêche qu’au fond, parmi les fidèles catholiques qui ont répondu aux accusations virulentes de la presse que non, en fait le Pape ne voulait pas dire ça, il en est certainement qui au fond, aimerait bien que les cardinaux, évêques et prêtres aux pratiques homosexuelles aient, eux, « quelque chose à voir avec la psychiatrie »... et le confessionnal.

  • Pour résoudre la crise de l'Eglise : un synode extraordinaire ou un concile ?

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    A lire ICI, sur le site du portail catholique suisse.

    De son côté, Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, suggère d'annuler le prochain synode sur la jeunesse (source):

    Dans le contexte de la gravissime crise des prédateurs sexuels cléricaux, Mgr Chaput, archevêque de Philadelphie, a demandé publiquement au Pape un report du synode sur la jeunesse, au motif que, dans le contexte de la crise actuelle, les évêques ne seraient absolument pas crédibles pour s’adresser à la jeunesse. A la place, il demande un synode sur l’épiscopat – ce qui ne pourrait certes pas nuire à la qualité du gouvernement de l’Eglise!

  • Face aux scandales sexuels : la solution ?

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    Arnaud Dumouch a trouvé un précédent historique éclairant dont on pourrait s'inspirer pour répondre à la crise actuelle déclenchée par les scandales sexuels :

    Scandales sexuels : la solution ?

    Un docteur de l'Eglise inconnu a su agir et a réussi : saint Pierre Damien, Docteur de l’Eglise, qui annihila la pédophilie au XI° s (+ 1072).

    Comment ce saint moine, confronté à une des pires crises de la papauté et à une des pires décadences du clergé, réussit à extirper les vices de la pédérastie (c'est le vrai nom de l'abus par des homosexuels de jeunes garçons et de jeunes adultes) et de la simonie dans le clergé de son temps. Pour cela, il analysa les causes puis désigna le remède : réduire à l’état laïc tout clerc, fut-il cardinal, coupable de ces vices. Il obtient de la papauté (Léon IX aidé par Hildebrand, futur pape saint Grégoire VII) une réaction adaptée. Sa prédication forte par ses lettres, sa droiture morale, prépare la réforme grégorienne et la merveilleuse efflorescence du XIII° siècle.

  • Un dossier pour comprendre l'affaire McCarrick

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    De François Dupas sur le site infocatho.fr :

    Edito #91 – “Affaire McCarrick” : le dossier pour tout comprendre

    L’affaire McCarrick a commencé par les accusations portées à l’encontre de Mgr McCarrick, cardinal et archevêque émérite de Washington, selon lesquelles il aurait commis des abus sexuels sur un adolescent dans les années 1970. Le Pape François l’a suspendu en conséquence, le mercredi 20 juin 2018, de tout ministère public.

    Cette sanction a été prise dans le contexte des abus sexuels qui ont été commis partout dans le monde – aux USA, au Chili, en Honduras, en Australie…

    Le 25 août 2018, Mgr Viganò, ancien nonce apostolique aux USA a fait parvenir à LifeSiteNews une lettre témoignage dans laquelle il met en cause le pape François dans la gestion du cas McCarrick. – LIRE LA LETTRE

    Jean-Marie Guénois dans le Figaro identifie quatre thèses développées par Mgr Vigano dans cette lettre :

    • le pape François a choisi, dès son élection en 2013, comme son conseiller personnel pour les USA, le cardinal McCarrick – qui avait joué un rôle décisif dans son élection – alors qu’il savait la pratique homosexuelle de ce prélat ;
    • Benoît XVI, en 2009, informé des moeurs du cardinal McCarrick l’avait sanctionné ; le cardinal ayant refusé d’obtempérer et d’exécuter la sanction ; le pape François, le scandale arrivant, a décidé de faire appliquer la sanction le 28 juillet 2018 en retirant le titre de cardinal et lui imposant une vie de pénitence ;
    • un réseau homosexuel existe dans le clergé catholique ;
    • la politique de nomination des évêques aux USA est dictée par Mgr McCarrick selon un critère simple ; pas de gens de droit.

    Certains commentateurs soutiennent alors que cette accusation est mensongère et qu’elle est ourdie par un “complot de l’ultradroite conservatrice américaine”.

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  • L’Église n’est pas une caserne et l’obéissance n’y est pas celle qui prévaut dans une armée

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    De Christophe Geffroy sur le site de la revue La Nef :

    De l’attitude envers le Magistère

    Si le pape François conserve une forte popularité dans les médias et l’opinion publique, il faut reconnaître qu’il fait moins l’unanimité au sein même de l’Église. Au point que Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, est intervenu cet été pour reprocher à ceux qui critiquent le pape, notamment en ce qu’il s’éloignerait de la doctrine de Veritatis splendor, de n’avoir pas « le désir d’une découverte de la vérité » ni d’être fidèles « à la tradition de l’Église » (1).

    Pourquoi le nier ? François, qui a ses traits de lumière (comme sa magnifique Lettre au peuple de Dieu), met aussi parfois mal à l’aise. Avec Jean-Paul II et Benoît XVI, nous avions une telle proximité doctrinale, spirituelle et humaine, qu’aucune question majeure ne s’était jamais posée à leur égard. Il y a certainement eu des divergences ici ou là, mais cantonnées à des aspects contingents de leur ministère, si bien que l’on pouvait recevoir leur enseignement en toute confiance, l’esprit critique n’ayant aucune prise pour se manifester. J’admets que l’on puisse taxer cette attitude d’une certaine « papolâtrie », mais en fait elle ne l’était pas : elle ne faisait qu’exprimer la réalité d’une rare connivence. Avec François, de notre point de vue, nous revenons à une situation plus « ordinaire » où la réalité nous rappelle que toute parole du pape n’est pas en soi l’émanation de l’Esprit Saint, et qu’elle n’est donc pas incritiquable.

    L’obéissance dans l’Église

    En effet, l’Église n’est pas une caserne et l’obéissance n’y est pas celle, inconditionnelle, qui prévaut dans une armée. L’Évangile forme des personnes libres qui, si elles ont le devoir de former leur intelligence et leur conscience, n’ont pas à être enrégimentées ni à se tenir au garde à vous. Si un problème sérieux se pose en conscience à l’égard d’un supérieur ou d’un enseignement, il est légitime de le faire connaître (cf. Can. 212 § 3). Mais pas n’importe comment ni à n’importe qui, la principale condition étant de ne jamais remettre en cause l’unité de l’Église ni le principe de l’autorité et le respect qui lui est dû.

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