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Au rythme de l'année liturgique - Page 40

  • 6 août : fête de la Transfiguration du Seigneur

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    Du site LiturgieCatholique.fr :

    La fête de la Transfiguration, le 6 août

    Le Christ apparaît dans toute sa gloire à Pierre, Jacques et Jean, ses apôtres, sur le mont Thabor, préfigurant sa résurrection.

    « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante » (Luc, 9, 29 b-30).

    Le 6 août, quarante jours avant l’Exaltation de la Croix, la Transfiguration du Seigneur rappelle comment le Christ voulut « préparer le cœur de ses disciples à surmonter le scandale de la croix », mais elle est aussi une annonce de la « merveilleuse adoption » qui fait de tous les croyants des fils de Dieu en son Fils Jésus, et de la clarté dont resplendira un jour le corps entier de l’Eglise.

    Le quarantième jour avant l’Exaltation de la sainte Croix, nous célébrons la Transfiguration du Seigneur. La fête est connue en Orient dès la fin du Vème siècle. Elle commémore vraisemblablement la dédicace des basiliques du Mont Thabor.

    La fête du Seigneur, la Transfiguration célèbre la vision de la Gloire du Christ qu’eurent Pierre, Jean et Jacques, huit jours après la confession de Pierre à Césarée et la première annonce de la Passion. Le Seigneur voulait fortifier leur cœur à la perspective des souffrances qui l’attendaient, et leur dire déjà, comme il le décla­rera aux disciples d’Emmaüs : « Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa Gloire ? » (Lc 24, 26).

    La Transfiguration est donc une fête de la Gloire, une percée jusqu’au terme de l’histoire du salut, qui est l’entrée plénière dans la vie divine trinitaire. Si Moïse et Elie sont « vus dans la Gloire » (Lc 9, 31), c’est en raison de l’expérience partielle qu’ils eurent de cette Gloire au Sinaï (cf. Ex 33, 18-23 ; 1 R 19, 9-14) ; la mention des tentes par Pierre — même s’il ne savait pas ce qu’il disait (Lc 9, 33) — est une allusion à la Tente de la Rencontre où Yahvéet Moïse conversaient face à face (Ex 33, 7-11).

    La nuée évoque aussi la présence de Dieu à son Peuple dans l’Exode (13, 21-22 ; 19, 9 ; 33, 9-10). La voix du Père, qui dit la parole même en laquelle il engendre le Fils, manifeste que l’entrée dans la Gloire — celle du Fils (cf. Jn 17, 22-24) — n’est possible pour nous que si nous écoutons Jésus pour le suivre. La Transfiguration est un appel à la Gloire et un rappel du chemin de souffrances qui y mène.

    *Missel romain, messe de la Transfiguration, prière d’ouverture

    Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie © Editions CLD, tous droits réservés

     

    Commentaire du Bienheureux Columba Marmion (1858-1923) (source EAQ)
    abbé

    Transfiguration (Le Christ idéal du prêtre, Éd. de Maredsous, 1951, p. 328-329 ; rev.)

    « Il fut transfiguré devant eux »

    Cette transfiguration de Jésus, inattendue des disciples et pleine de mystère, fut pour eux, sans contredit, la source d’une grâce singulière : celle de l’affermissement de la foi en la divinité de Jésus. Désormais, ils savaient, à n’en plus douter, que sous les dehors de l’homme avec lequel ils conversaient tous les jours (cf. Ph 2,7), le véritable Fils de Dieu voilait sa suprême dignité. Cette foi sera confirmée par la venue du Saint Esprit au jour de la Pentecôte.

    Mais la parole du Père entendue par les disciples n’était pas descendue de la nuée pour eux seuls. Toutes les générations chrétiennes la recueilleront à leur tour. (…) Pour chacun de nous, le Christ est toujours prêt à se transfigurer, et la voix du Père ne cesse point de proclamer, par le magistère de l’Église, la divine filiation de Jésus. Assurément, le Christ ne change plus, il demeure immuablement le même (cf. He 13,8). Il se présente toujours à nous comme « constitué pour nous, de par Dieu, sagesse, justice, sanctification, rédemption » (1 Co 1, 30). Mais nous, nous ne découvrons que peu à peu la divinité de sa personne, la valeur incomparable de sa rédemption, l’immensité de ses mérites, le don d’amour fait aux hommes par sa venue. Nous sommes ainsi initiés à cette science éminente du Christ (cf. Ph 3,8) dont parle l’Apôtre.

    Cependant, comprenez-le, cette connaissance n’est pas purement intellectuelle ; elle consiste bien plutôt en une illumination intérieure de la foi. Devant cette révélation toute intime et surnaturelle, le chrétien sent naître en lui le désir de rendre son âme et sa vie de plus en plus conformes à celles de Jésus-Christ.

  • Les bienheureux martyrs dominicains victimes des persécutions religieuses lors de la guerre civile espagnole (5 août)

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    D'Evangile au Quotidien :

    BBx Manuel Moreno Martínez, Maximino Fernández Marínas,
    Víctor García Ceballos, Eduardo González Santo Domingo
    Prêtres o.p. et martyrs en Espagne († 5 août 1936)

    Le 28 octobre 2007, le card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, représentant le Pape Benoît XVI, a présidé, à Rome, la Messe de béatification de 498 martyrs des “persécutions religieuses” de la guerre civile espagnole. Ces catholiques ont été tués dans diverses circonstances en 1934, 1936 ou 1937 ; parmi eux il y avait deux évêques, vingt-quatre prêtres, quatre cent soixante-deux religieux, trois diacres ou séminaristes et sept laïcs qui « versèrent leur sang pour rendre témoignage de l'Evangile de Jésus Christ…soient dorénavant appelés du nom de bienheureux et que leur fête soit célébrée chaque année le 6 novembre dans les lieux et selon les modalités établies par le droit. » (>>> Lettre du Pape Benoît XVI).

    Commémoration propre à l’Ordo Fratrum Praedicatorum :

    Manuel, né à Rincón de Soto (La Rioja) le 17 juin 1862, baptisé le 20, profession le 24 septembre 1878 au couvent d’Ocaña, profession solennelle le 30 septembre 1881 à Ávila. Encore diacre, en 1884 on l’envoie à Manille, où il termine ses études et est ordonné prêtre en juillet 1885. Envoyé aux missions de Chine (Fokien), il prêche l’évangile avec un grand zèle durant 26 ans; il écrit sur la Chine des récits du plus grand intérêt religieux et historique. Il est vicaire provincial de la mission de Fogan (en 1902 et 1906). Ensuite il exerce l’apostolat aux Philippines pendant 6 ans, au couvent Saint Dominique à Manille (1911-1913) et à Pampanga (1913-1917). De retour en Espagne en 1917, il vit dans divers couvents : Ávila (1917-1921), La Mejorada (1921-1931) comme confesseur des aspirantes et des moniales dominicaines d’Olmedo (Valladolid), chez qui il laisse une réputation de sainteté; puis il est à Santa María de Nieva (Segovia) (1931-1934), puis supérieur de la maison de Barcelone-Saint Gervais 1934-1935, où il est élu prieur d’Ocaña. Il avait un charme extraordinaire en raison de sa douceur et de sa largeur de jugement, sans rien perdre de son sérieux et de sa rigueur, il fit fleurir l’Ordre séculier dominicain à Ocaña.

    Bien qu’il se soit occupé de faire passer au Portugal les frères les plus âgés, le 22 juillet ils furent surpris par l’assaut du couvent où se trouvaient 32 religieux; sous sa responsabilité il laissa les frères partir où ils voulaient et leur donna de l’argent; les assaillants saccagèrent le couvent, profanèrent l’église, brûlèrent les images et les archives. Avec le P. Maximino Fernández et le frère Eduardo González, il se réfugia dans une maison, de laquelle il se préoccupa de ses subordonnés; ils restèrent là jusqu’au 5 août. Alors il décida d’aller à Madrid chercher un hébergement pour tous. A la gare d’Ocaña on leur donna un sauf-conduit qui en réalité menait à la mort. Ils furent emprisonnés à la « poste de Cuenca »; arrivés à la gare de Madrid-Atocha, ils furent arrêtés et fusillés. Ils moururent en criant « Vive le Christ Roi ! Vive l’Église catholique! ». Il avait 74 ans.

    Maximino, naît à Castañeo (Asturies) le 2 novembre 1867. Profession à Ocaña (Tolède) le 9 septembre 1885, profession solennelle à Ávila le 9 septembre 1888. Envoyé aux Philippines en 1892, ordonné prêtre à Manille en1893. Il reste 6 ans à Cagayán, au nord de Luzón. En 1898, au cours de la guerre d’indépendance des Philippines, il fut arrêté et maltraité. Libéré en 1899, il revient à Manille et de là, très malade, il s’embarque pour l’Espagne en 1902. Il passe deux ans à Ocaña, puis est envoyé au collège Santa María de Nieva (Segovia). En 1914 il est nommé vicaire provincial en Espagne, puis visiteur des maisons de la vicairie. En 1919 il va en Italie, où il est confesseur dans les sanctuaires de Pompéi et Madonna dell’Arco ; économe et sacristain au couvent de la Trinité à Rome (1919-1920). De retour en Espagne (septembre 1920), il réside à Ocaña, sauf pour des missions: chapelain des moniales dominicaines de Santa Inés, à Saragosse (1927-1931); directeur de retraites spirituelles chez les dominicaines d’Olmedo (Valladolid) et Ajofrín (Toledo).
    En mai 1936, il retourne à Ocaña pour protéger les Pères âgés. Le 22 juillet, au début de la guerre, le couvent fut attaqué. Blessé mortellement à la gare Atocha à Madrid, le 5 août, il est transporté à demi-inconscient à l’hôpital près de la gare, avec 11 balles dans le corps. Il meurt 10 jours plus tard, le 15 août, après un supplice atroce, au milieu du plus grand abandon et des moqueries.

    Victor, naît à Carrión le 24 juillet 1880, prêtre au couvent d’Ocaña. Le 22 juillet 1936 les milices pillèrent le couvent et les frères durent fuir; le P. Víctor se réfugia chez le vicaire d’Ocaña. Mais les frères ne se sentent pas en sécurité et pensent qu’ils seraient mieux à Madrid avec d’autres frères. Le 4 août ils cherchèrent un sauf-conduit pour rejoindre leurs frères de Madrid, une sœur malade se joignit à eux, et une femme qui l’accompagnait. Le lendemain ils prirent le train, mais le sauf-conduit s’avéra être un piège car il ordonnait de les tuer en chemin. À l’arrivée à la gare d’Atocha, ils furent assassinés, mais les deux femmes purent se sauver et témoigner de l’événement. Du P. Víctor García on garde à Carrión des bannières qu’il peignit pour les processions.

    Eduardo, naît à Ávila le 5 janvier 1884 ; baptisé le 13, confirmé en 1891. Orphelin de père à 3 ans, sa mère (tertiaire dominicaine) dut travailler comme employée de maison chez Antonio Mata, chapelain des carmélites de San José, qui l’emmena à la résidence provinciale d’Ávila. À 11 ans il revint chez sa mère. Après un temps à Ocaña, il fit profession comme frère coopérateur à Ávila le 27 décembre 1914. Il travailla fidèlement aux offices de sa profession au collège de La Mejorada (1917-1923), Ocaña (1924), Ávila (1925-1930), maison de la Passion à Madrid (1932-1933), couvent du Rosaire, aussi à Madrid (1935-1936). Plein de bonté, travailleur et charitable, joyeux, recueilli et humble. Il se rendait très bien compte de l’hostilité antichrétienne qui régnait à Madrid depuis le début de 1936, il prévoyait le martyre et même le désirait. Le 6 juin il fut nommé à Ocaña, où le 22 juillet il fut victime de l’assaut du couvent. Il alla à Madrid avec les pères Maximino Fernández, Manuel Moreno et Víctor García Ceballos et mourut, avec eux, le 5 août 1936. Il avait 52 ans.

    BBx Manuel Moreno et comp.
  • Dieu, viens à mon aide (introit du 18e dimanche du temps ordinaire)

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    DEUS, in adiutórium meum inténde: Dómine, ad adiuvándum me festína: confundántur et revereántur inimíci mei, qui quærunt ánimam meam. Ps. ibid., 4 Avertántur retrórsum, et erubéscant: qui cógitant mihi mala. ℣. Glória Patri.

    O Dieu, viens à mon aide; Seigneur, hâte-Toi de me secourir. Qu'ils soient confondus et couverts de honte, ceux qui cherchent à m'ôter la vie. Ps. ibid.,4 Qu'ils reculent en arrière et soient dans la confusion, ceux qui me veulent du mal.

  • Les trois thèmes de l'Evangile du dimanche 4 août

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    Dimanche 5 août 2012 :

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 6,24-35.

    La foule s'était aperçue que Jésus n'était pas là, ni ses disciples non plus. Alors les gens prirent les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus.
    L'ayant trouvé sur l'autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
    Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés.
    Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l'homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son empreinte. »
    Ils lui dirent alors : « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit :
    « L'œuvre de Dieu, c'est que vous croyiez en celui qu'il a envoyé. »
    Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?
    Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l'Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
    Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n'est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c'est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel.
    Le pain de Dieu, c'est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
    Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous de ce pain-là, toujours. »
    Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n'aura plus jamais soif.

    Homélie du Frère Jean-Christian Lévêque : carmel.asso.fr

    "Comme à son habitude, saint Jean fait passer sous des mots tout simples un enseignement très profond sur la personne de Jésus et sur son œuvre.

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  • « Vous reconnaîtrez alors que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu » (18e dimanche du temps ordinaire)

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    L'homélie du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ sur homelies.fr :

    « Vous reconnaîtrez alors que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu ». Ce verset tiré de la première lecture pourrait servir de fil rouge à la liturgie de la Parole de ce dimanche.

    « Les gens » se mettant « à la recherche de Jésus » : la démarche est louable, mais ils ne connaissent pas celui qu’ils cherchent. Peut-être l’évangéliste suggère-t-il qu’à travers leur démarche et leur questionnement maladroit, c’est précisément l’identité de cet étrange rabbi qu’ils cherchent à découvrir. 

    « Quand es-tu arrivé ici ? » La question surprend : quel intérêt ce renseignement peut-il avoir ? A moins qu’elle ne trahisse l’état d’esprit de la foule. Tout à la joie de se rassasier du pain que Jésus venait de multiplier, elle ne s’est pas rendu compte de son départ discret. Ce qui montre bien - comme le confirme Jésus - qu’elle en est restée à la matérialité du pain sans reconnaître le signe qui lui était donné à travers cet aliment. Les bénéficiaires du miracle se sont rendu compte de l’absence du rabbi lorsqu’après le repas ils ont pris conscience de l’intérêt qu’il pouvait représenter : un pourvoyeur de nourriture à peu de frais. Se mettant en quête de le retrouver afin de « s’emparer de lui et d’en faire leur roi » (Jn 6, 15), ils éprouvent un réel soulagement de le découvrir à Capharnaüm. Avec délicatesse, Notre-Seigneur tente de leur faire accéder au sens du miracle de la multiplication des pains : le but n’était pas d’abord d’offrir à profusion une « nourriture qui se perd », mais de signifier que celui qui peut miraculeusement rassasier de pain terrestre, est celui que le Père a envoyé pour offrir « la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ». La multiplication des pains est un des sept « signes » de la pédagogie divine visant à faire découvrir l’identité du « Fils de l’homme, lui que Dieu a marqué de son empreinte ». 

    « Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Les interlocuteurs semblent prêts à reconnaître que la multiplication des pains résulte d’une intervention divine ; mais ils n’accèdent pas encore à la gratuité du don. Le pain est le salaire de l’ouvrier travaillant au service d’un maître ; comment faut-il se faire embaucher par Dieu pour être assuré d’un salaire aussi abondant ? La réponse de Jésus renverse paradoxalement les rôles : ce n’est pas l’homme qui travaille dans la vigne de Dieu, mais le Seigneur qui est à l’œuvre dans nos vies pour nous orienter vers lui : « Nul ne vient à moi si le Père ne l’attire » (Jn 6, 44). « Vous ne me chercheriez pas si l’Esprit Saint ne vous orientait pas vers moi. Et c’est encore l’Esprit qui vous presse de croire en moi, l’Envoyé du Père ». 

    La tradition rabbinique rapportait que dans les temps messianiques, le miracle de la manne se reproduirait chaque jour. Aussi les Juifs sollicitent-ils de Jésus le « signe » du renouvellement quotidien du prodige qu’il vient d’accomplir, pour accréditer qu’il est plus grand que Moïse. La revendication de la foule reste au niveau d’un pain terrestre. Or le pain que les pères ont mangé au désert, tout comme le pain que Jésus vient de multiplier de l’autre côté du lac, sont préfiguratifs d’un autre pain, « le vrai pain venu du ciel », auquel Notre-Seigneur s’identifie explicitement : « Le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde ». 

    Ce pain divin c’est d’abord la parole de Notre-Seigneur, - « L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4) - ; il est le Verbe de Dieu qui nous nourrit de la vraie sagesse. Mais Jésus se donnera bien plus radicalement encore en nourriture dans l’Eucharistie, le pain sur lequel il prononce sa Parole : « Prenez et mangez, ceci est mon corps, livré pour vous ». C’est donc de toute sa Personne que le Seigneur nous nourrit : « Moi je suis le pain de vie », c’est-à-dire le Pain qui donne part à la vie divine et fait de nous des fils. C’est précisément en mangeant ce pain dans la foi en sa réalité profonde, que nous connaissons le Père, source de tout bien ; « nul en effet ne connaît le Père sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Lc 10, 22) par le don qu’il lui fait de tout lui-même.

    « Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » : croire c’est venir à Jésus et se rassasier des eaux vives de l’Esprit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive, celui qui croit en moi ! Comme dit l’Écriture : “Des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur”. En disant cela, il parlait de l’Esprit Saint, l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Jésus » (Jn 7, 37-38). Notre-Seigneur définit clairement la vie du disciple comme une vie dans l’Esprit ; il convient dès lors que ce soit une vie « selon la vérité de Jésus lui-même » (2nd lect.), puisque la mission de « l’Esprit de vérité » est de nous « guider vers la vérité toute entière » (Jn 16, 13), en reprenant ce qui vient de Jésus pour nous le faire connaître (cf. Jn 16, 13). Voilà pourquoi le chrétien doit s’efforcer jour après jour, dans la force de l’Esprit qui repose sur lui, de « se défaire de sa conduite d’autrefois, de l’homme ancien qui est en lui, et de se laisser guider intérieurement par un esprit renouvelé, afin d’adopter le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu » (2nd lect.). Telle est notre manière de « travailler » pour faire fructifier en nous « l’œuvre de Dieu ».

    « Seigneur, Père Saint, chaque jour tu renouvelles pour nous le plus grand des miracles : “pour nous nourrir, tu fais pleuvoir la manne, tu nous donnes un froment du ciel, tu nous nourris du pain des forts” (Ps 77). Donne-nous de reconnaître ta paternité dans le don de ce Pain divin par lequel nous nous unissons à ton Fils pour ne faire avec lui qu’un seul Corps. Puissions-nous, dans la force de l’Esprit que ce Pain communique, “adopter résolument le comportement de l’homme nouveau” (2nd lect.) afin d’être dignes d’être appelés tes fils. »

    Père Joseph-Marie

  • Ne trompons pas notre faim! (18e dimanche du temps ordinaire)

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    L'homélie proposée par l'abbé Cossement pour le 18e dimanche :

    à bas les amuse-gueule!

    (homélie du 18e dimanche B, 2 août 2015)

    Il y a en nous une grande faim de vie, qui nous pousse en avant et se traduit par la recherche d’expériences nouvelles. Ces expériences nous nourrissent quand elles nous permettent de rencontrer des personnes, de les rencontrer vraiment, mais dans les autres cas elles nous déçoivent, et nous croyons trouver la solution à notre faim dans des expériences toujours plus intenses, qui s’avèrent finalement toujours plus vides. Les uns courent dans les pays les plus lointains, recherchent la vitesse la plus folle, tandis que d’autres se lancent dans de nouvelles aventures amoureuses. Pour un temps.

    Heureux qui s’aperçoit de sa faim et de la difficulté à l’assouvir. Car Dieu se révèle dans la faim de l’homme, dans cette expérience d’un manque fondamental qui nous atteint un jour ou l’autre. C’est pourquoi le peuple hébreu découvre ce que Dieu peut faire pour lui lorsqu’il est dans le désert depuis longtemps et qu’il y meurt de faim. C’est pourquoi aussi Dieu a tant de mal à parler au cœur de l’homme d’aujourd’hui, à qui la société de consommation offre tant d’occasion pour tromper sa faim. Et l’homme d’aujourd’hui se nourrit d’amuse-gueule tout au long de sa vie. C’est tragique. Mais heureux qui s’aperçoit de sa faim !

    C’est ce que font les interlocuteurs de Jésus, et il veut leur révéler les vrais besoins de leur cœur. La vie, ce n’est pas manger du pain à satiété, ce n’est pas avoir une bonne part de ce qu’on pourrait souhaiter. La vie, c’est de croire en celui que Dieu a envoyé ! Quelle surprise ! En quoi croire nourrit-il à ce point la personne ? Bien des gens trouvent un guide en prenant Jésus comme référence, comme un sage qui leur indique le bon chemin. Un chemin qui leur permettra de jouir de l’existence sans faire trop de mal et en ayant la conscience plutôt en paix. Parfois même — cerise sur le gâteau — ils viennent à la messe. Mais ce n’est pas encore ce que Jésus veut dire.

    Dieu ne donne pas un exemple, un modèle, il « donne le pain de Dieu, celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde » (Jn 6,33). C’est quelque chose qui vient du ciel, de Dieu, de la source de vie, et qui donne la vie. Qui ne donne pas seulement de vivoter, d’avoir une consolation, mais d’avoir le cœur rempli de vie d’une façon aussi vaste que le ciel. Un goût d’infini dans nos vies. Une révélation que nos vies sont taillées à la mesure de l’infini, qu’elles s’y destinent et que dès aujourd’hui elles sont nourries en proportion d’infini.

    Et alors, qu’est-ce qui donne d’avoir le cœur ainsi nourri et débordant ? C’est quelqu’un à qui on va, quelqu’un pour qui nous sortons de nous-mêmes pour nous ouvrir à lui personnellement : « moi, dit Jésus, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6,35). Croire en Jésus, c’est aller à lui. Aller à lui, c’est nous ouvrir à son être à la fois divin et humain. Nous ne pensons pas à lui comme à quelqu’un de bien, mais comme à un ami qui est là présent et qui veut nourrir notre cœur, le combler, le faire déborder. Le Christ, le Fils de Dieu, est vivant et veut nous remplir d’une vie débordante : celle du cœur visité, saisi, aimé par l’auteur du monde.

    Quand nous avons faim, que nous faisons l’expérience du manque, allons à Jésus par la prière. À l’église ou à la maison, et même au milieu de la nature, entrons en nous-mêmes pour dire au Seigneur : tu es là ! Tu m’aimes ! Apprends-moi à t’aimer ! Je veux passer du temps à te regarder et à capter ton regard sur moi ! Toi, le Fils de Dieu, de l’auteur de la vie ! Et puis prenons quelques phrases de l’Évangile, apprenons-les par cœur, laissons-les tourner en nous et nous bercer. Cette prière est un moyen pour faire grandir la vie en nous.

    Pour terminer je voudrais raconter ma dernière rencontre avec des pauvres qui ont faim. C’était la semaine passée, avec des personnes mariées séparées de leur conjoint et qui ont choisi de lui être fidèle au nom du mariage, de ce que le Christ a fait dans leur mariage(1). Elles connaissent la trahison, la solitude, l’incompréhension, elles sont vraiment affamées. Mais le Christ les nourrit, il y a en elles une vie qu’on voit rarement ailleurs. J’ai entendu des témoignages que je n’ai jamais entendu autre part, d’une présence discrète et efficace du Seigneur dans une vie, au cœur même des difficultés. Ce sont des personnes en qui la vie de Dieu a pris une proportion importante par rapport aux satisfactions habituelles. Elles m’ont fait comprendre cet évangile. Elles me donnent d’espérer la vie éternelle où notre cœur sera débordant de joie et de lumière.

    (1) La Communion Notre-Dame de l’Alliance, www.cn-da.org

  • "Je suis le pain vivant descendu du ciel"

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    hostie 01.jpgUne belle homélie prononcée par le Cardinal Josef Tomko lors de l’envoi en mission à la réunion de Montée Jeunesse à Québec le 21 mai 2007 (en préparation du Congrès eucharistique), parfaitement adaptée à l'Evangile de ce 19e dimanche:

    "Je dois vous parler de l’Eucharistie et je me trouve simplement désarmé devant la tâche. Je ne peux utiliser ni les raisonnements, ni la sagesse humaine, ni l’analyse scientifique, ni même le langage brillant. Parce que je dois m’approcher avec vous de ce que nous acclamons après la consécration: «Il est grand le mystère de la foi». C’est pourquoi je me sens comme Moise sur la montagne de Horeb devant le buisson ardent. Nous devons enlever les sandales, fermer nos yeux et écouter Celui qui a inventé l’Eucharistie. 

    Nous pouvons comprendre le grand mystère de la foi seulement par moyen d’une grande foi! Foi qui requiert une libre écoute et un accueil, mais aussi une profonde humilité quand c’est Dieu Lui-même qui nous parle. Il s’agit d’un discours qui peut sembler «dur», difficile, et provoquer l’abandon de quelques-uns, mais nous voulons l’affronter avec la foi de Pierre et des Douze apôtres: «Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle» (Jn 6, 68). C’est la foi de la première Église qui reste la même jusqu’à aujourd’hui grâce à la jalouse et fidèle transmission, dont saint Paul est le témoin quand il présente aux Corinthiens l’institution de l’Eucharistie: «Pour moi, en effet, j’ai reçu du Seigneur ce qu’à mon tour je vous ai transmis»(1 Co 11, 23). Et alors, écoutons le Seigneur qui nous parle dans la synagogue de Capharnaüm.

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  • 1er août : prier Marie avec saint Alphonse-Marie de Liguori

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    Prière à Marie :

    O ma Souveraine, si vous priez pour moi je serai sauvé ; car vous obtenez par vos prières tout ce que vous voulez ; priez donc pour moi, auguste Mère de Dieu, puisque votre divin Fils vous écoute et vous accorde tout ce que vous lui demandez. Il est vrai que je suis indigne de votre protection ; mais vous n'avez jamais abandonné aucun de ceux qui ont eu recours à vous.

    O Marie ! je vous confie mon âme, c'est à vous de la sauver. Obtenez-moi la persévérance dans la grâce de Dieu et l'amour envers votre Fils et envers vous.

    Je vous aime, ô ma Reine ! et j'espère vous aimer toujours ; aimez-moi aussi, recevez-moi près de vous et ayez pitié de moi ; faites-le pour l'amour que vous portez à Jésus.

    Considérez la confiance que j'ai en votre miséricorde et ne cessez pas de m'aider dans toutes mes peines. Je sais que vous ne manquerez pas de me secourir, quand je me recommanderai à vous ; mais vous devez m'obtenir encore cette grâce, de recourir toujours à vous dans les tentations et au moment où je pourrais perdre la grâce de Dieu.

    Assistez-moi à l'heure de ma mort ; faites que je rende le dernier soupir, ayant sur les lèvres votre nom et celui de votre Fils, et redisant : Jésus, Marie, je vous recommande mon âme !

    Saint Alphonse-Marie de Liguori (1696-1787)
  • Alphonse de Liguori : la sainteté est accessible à chaque chrétien (1/8)

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    Lors de l'Audience générale du 30 mars 2011, le pape Benoît XVI a consacré sa catéchèse à saint Alphonse de Liguori (source : vatican.va) :

    Chers frères et sœurs,

    Je voudrais aujourd’hui vous présenter la figure d’un saint docteur de l’Eglise à qui nous devons beaucoup, car ce fut un éminent théologien moraliste et un maître de vie spirituelle pour tous, en particulier pour les personnes simples. Il est l’auteur des paroles et de la musique de l’un des chants de Noël les plus populaires en Italie et pas seulement: Tu descends des étoiles.

    Appartenant à une noble et riche famille napolitaine, Alphonse Marie de Liguori naquit en 1696. Doté de nombreuses qualités intellectuelles, il obtint à seulement 16 ans une maîtrise de droit civil et canonique. Il était l’avocat le plus brillant du barreau de Naples: pendant huit ans il gagna toutes les causes qu’il défendit. Toutefois, dans son âme assoiffée de Dieu et désireuse de perfection, le Seigneur le conduisait à comprendre que la vocation à laquelle il l’appelait était une autre. En effet, en 1723, indigné par la corruption et l’injustice qui viciaient le milieu juridique, il abandonna sa profession — et avec elle la richesse et le succès — et il décida de devenir prêtre, malgré l’opposition de son père. Il eut d’excellents maîtres, qui l’initièrent à l’étude de l’Ecriture Sainte, de l’histoire de l’Eglise et de la mystique. Il acquit une vaste culture théologique, qu’il mit à profit quand, quelques années plus tard, il entreprit son œuvre d’écrivain. Il fut ordonné prêtre en 1726 et il se lia, pour l’exercice de son ministère, à la Congrégation diocésaine des Missions apostoliques. Alphonse commença une action d’évangélisation et de catéchèse dans les couches les plus humbles de la société napolitaine, auxquelles il aimait prêcher, et qu’il instruisait sur les vérités fondamentales de la foi. Un grand nombre de ces personnes, pauvres et modestes, auxquelles il s’adressait, s’adonnaient souvent aux vices et accomplissaient des actes criminels. Il leur enseignait avec patience à prier, les encourageant à améliorer leur façon de vivre. Alphonse obtint d’excellents résultats: dans les quartiers les plus misérables de la ville se multipliaient les groupes de personnes qui, le soir, se réunissaient dans les maisons privées et dans les échoppes, pour prier et pour méditer la Parole de Dieu, sous la direction de plusieurs catéchistes formés par Alphonse et par d’autres prêtres, qui rendaient visite régulièrement à ces groupes de fidèles. Quand, suivant le désir de l’archevêque de Naples, ces réunions furent tenues dans les chapelles de la ville, elles prirent le nom de «chapelles du soir». Elles furent de véritables sources d’éducation morale, d’assainissement social, d’aide réciproque entre les pauvres: les vols, les duels, la prostitution finirent presque par disparaître.

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  • Ignace, fondateur des jésuites (31 juillet)

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    Lst_ignatius_of_loyola_1491-1556_founder_of_the_jesuits.jpge mercredi 31 juillet 2013, le pape François a prononcé cette homélie en l'église du Gésu à Rome à l'occasion de la fête de saint Ignace :

    En cette Eucharistie au cours de laquelle nous célébrons notre Père Ignace de Loyola, à la lumière des lectures que nous avons écoutées, je voudrais proposer trois pensées simples, guidées par trois expressions : mettre au centre le Christ et l’Église ; se laisser conquérir par Lui pour servir ; ressentir de la honte pour nos limites et nos péchés, pour être humbles devant Lui et devant nos frères.

    1. Notre blason à nous, jésuites, est un monogramme, l’acronyme de Iesus Hominum Salvator (ihs). Chacun de vous pourra me dire : nous le savons parfaitement ! Mais ce blason nous rappelle constamment une réalité que nous ne devons jamais oublier : la place centrale du Christ pour chacun de nous et pour toute la Compagnie, que saint Ignace voulut précisément appeler « de Jésus » pour indiquer le point de référence. Du reste, même au début des Exercices spirituels, il nous place face à notre Seigneur Jésus Christ, à notre Créateur et Sauveur (cf. ee, 6). Et cela nous conduit, nous jésuites et toute la Compagnie, à être « décentrés », à avoir devant nous le « Christ toujours plus grand », le Deus semper maior, l’intimior intimo meo, qui nous fait sortir de nous-mêmes en permanence, qui nous conduit à une certaine kenosis, à « sortir de notre amour, de notre volonté et de notre intérêt » (ee, 189). Pour nous, pour nous tous, cette question n’est pas évidente : le Christ est-il le centre de ma vie ? Est-ce que je place vraiment le Christ au centre de ma vie ? Parce qu’il y a toujours la tentation de penser que c’est nous qui sommes au centre. Et quand un jésuite se met lui-même au centre et non pas le Christ, il commet une erreur. Dans la première lecture, Moïse répète avec insistance au peuple d’aimer le Seigneur, de marcher dans ses voies, « parce qu’Il est ta vie » (cf. Dt 30, 16.20). Le Christ est notre vie ! À la place centrale du Christ correspond aussi la place centrale de l’Église: ce sont deux feux que l’on ne peut séparer: je ne peux pas suivre le Christ sinon dans l’Eglise et avec l’Eglise. Et dans ce cas également, nous, jésuites, et l’ensemble de la Compagnie, nous ne sommes pas au centre, nous sommes, pour ainsi dire, « déplacés », nous sommes au service du Christ et de l’Église, l’Épouse du Christ notre Seigneur, qui est notre Sainte Mère l’Église hiérarchique (cf. ee, 353). Être des hommes enracinés et fondés dans l’Église : c’est ainsi que nous veut Jésus. Il ne peut pas y avoir de chemins parallèles ou isolés. Oui, des chemins de recherche, des chemins créatifs, oui, cela est important : aller vers les périphéries, les nombreuses périphéries. Cela exige de la créativité, mais toujours en communauté, dans l’Église, avec cette appartenance qui nous donne le courage d’aller de l’avant. Servir le Christ, c’est aimer cette Église concrète et la servir avec générosité et dans un esprit d’obéissance.

    2. Quelle est la voie pour vivre ce double caractère central ? Regardons l’expérience de saint Paul, qui est également l’expérience de saint Ignace. Dans la deuxième lecture que nous avons écoutée, l’apôtre écrit : je m’efforce de courir vers la perfection du Christ « ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus » (Ph 3, 12). Pour Paul, cela a eu lieu sur le chemin de Damas, pour Ignace dans sa maison de Loyola, mais le point fondamental est commun : se laisser conquérir par le Christ. Je cherche Jésus, je sers Jésus parce que lui m’a cherché en premier, parce que j’ai été conquis par Lui : et c’est là le cœur de notre expérience. Mais lui est premier, toujours. En espagnol, il existe un mot qui est très éloquent, qui l’explique bien : lui nous « primerea », « El nos primerea ». Il est toujours le premier. Quand nous arrivons, Il est arrivé et il nous attend. Et ici, je voudrais rappeler la méditation sur le Royaume pendant la Deuxième Semaine. Le Christ notre Seigneur, Roi éternel, appelle chacun de nous en nous disant : « Qui veut venir avec moi doit travailler avec moi, afin qu’en me suivant dans la souffrance, il me suive aussi dans la gloire » (ee, 95) : être conquis par le Christ pour offrir à ce Roi toute notre personne et tous nos efforts (cf. ee, 96) ; dire au Seigneur de vouloir tout faire pour son plus grand service et sa louange, l’imiter dans sa façon de supporter même les insultes, le mépris, la pauvreté (cf. ee, 98). Mais je pense à notre frère en Syrie en ce moment. Se laisser conquérir par le Christ signifie être toujours tendus vers ce qui se trouve devant moi, vers l’objectif du Christ (cf. Ph 3, 14) et se demander en vérité et avec sincérité : Qu’est-ce que j’ai fait pour le Christ ? Qu’est-ce que je fais pour le Christ ? Que dois-je faire pour le Christ ? (cf. ee, 53).

    3. Et j’en viens au dernier point. Dans l’Évangile, Jésus nous dit : « Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera »... « Celui qui aura rougi de moi...» (Lc 9, 23). Et ainsi de suite. La honte du jésuite. L’invitation que fait Jésus est de ne jamais rougir de Lui, mais de le suivre toujours avec un dévouement total, en se confiant et en se fiant à Lui. Mais en regardant Jésus, comme saint Ignace nous l’enseigne dans la Première Semaine, surtout en regardant le Christ crucifié, nous ressentons le sentiment si humain et si noble qu’est la honte de ne pas être à la hauteur ; nous regardons la sagesse du Christ et notre ignorance, sa toute-puissance et notre faiblesse, sa justice et notre iniquité, sa bonté et notre méchanceté (cf. ee, 59). Demander la grâce de la honte, la honte qui vient du dialogue constant de miséricorde avec Lui, la honte qui nous fait rougir devant Jésus Christ, la honte qui nous met en harmonie avec le cœur du Christ qui s’est fait péché pour moi, la honte qui met notre cœur en harmonie dans les larmes et qui nous accompagne dans la sequela quotidienne de « mon Seigneur ». Et cela nous conduit toujours, en tant qu’individus et en tant que Compagnie, à l’humilité, à vivre cette grande vertu. Une humilité qui nous fait prendre conscience chaque jour que ce n’est pas nous qui construisons le Royaume de Dieu, mais que c’est toujours la grâce du Seigneur qui agit en nous, l’humilité qui nous pousse à nous placer de tout notre être non pas au service de nous-mêmes ou de nos idées, mais au service du Christ et de l’Église, comme des vases d’argile, fragiles, inadéquats, insuffisants, mais dans lesquels se trouve un immense trésor que nous portons et que nous communiquons (2 Co 4, 7). J’ai toujours aimé penser au crépuscule du jésuite, lorsqu’un jésuite finit sa vie, quand il est à son crépuscule. Et me viennent toujours à l’esprit deux icônes de ce crépuscule du jésuite : l’une, classique, celle de saint François-Xavier, regardant la Chine. L’art l’a peint tant de fois ce crépuscule, cette fin de Xavier. Même la littérature, dans ce beau texte de Pemán. À la fin, sans rien, mais devant le Seigneur ; cela me fait du bien de penser à cela. L’autre crépuscule, l’autre icône qui vient comme un exemple, est celle de Père Arrupe lors de son dernier entretien dans le camp de réfugiés, quand il nous avait dit — ce que lui-même disait — « Je dis ceci comme si c’était mon chant du cygne : priez ». La prière, l’union avec Jésus. Et après avoir dit cela, il a pris l’avion, est arrivé à Rome et a eu cet ictus, qui a marqué le début de ce crépuscule si long et si exemplaire. Deux crépuscules, deux icônes qu’il sera bon pour nous tous de regarder, et d’y revenir. Et demander la grâce que nos crépuscules soient comme les leurs.

    Chers frères, tournons-nous vers Nuestra Señora, Elle qui a apporté le Christ dans son sein et qui a accompagné les premiers pas de l’Église, qu’elle nous aide à mettre au centre de notre vie et de notre ministère le Christ et son Église. Elle qui a été la première et la plus parfaite disciple de son Fils, qu’elle nous aide à nous laisser conquérir par le Christ pour le suivre et le servir dans toutes les situations. Elle qui répondit avec la plus profonde humilité à l’annonce de l’Ange : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m'advienne selon ta parole ! » ( Lc 1, 38), qu’elle nous fasse ressentir la honte de notre insuffisance face au trésor qui nous a été confié, pour vivre l’humilité devant Dieu. Que nous accompagne sur notre chemin l’intercession paternelle de saint Ignace et de tous les saints jésuites, qui continuent de nous enseigner à tout faire, avec humilité, ad maiorem Dei gloriam.

  • 31 juillet : saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus

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    Sur Radio Vatican :

    Jour de fête pour la communauté jésuite aujourd’hui, en ce jour où l’Eglise fait mémoire de Saint Ignace de Loyola (1491-1556), fondateur de la Compagnie de Jésus, une fête que le pape François a décidé de passer avec ses frères jésuites.

    Il a célébré ce matin une messe privée en l’église du Gesù, église-mère de la compagnie, située en plein cœur de Rome, entouré d'environ 800 personnes, dont quelque 250 prêtres.

    Du site des jésuites du Quebec et de Haïti :

    Vie d'Ignace de Loyola

    I. Entre les murs d'un château

    En 1491, au château de Loyola en Espagne, naît un enfant qu'on prénomme Inigo. Quelque trente ans plus tard, au début de ses études à Paris, Inigo changera son nom en celui d'Ignacio (Ignace, en français).

    En 1506-1507, Inigo, encore adolescent, se rend à Arévalo et devient page à la cour espagnole. Le jeune noble de Loyola s'initie alors à la vie de cour et au métier des armes.

    En 1521, engagé dans la défense de la forteresse de Pampelune, Inigo est blessé. Un boulet de canon lui brise la jambe droite et endommage sérieusement l'autre jambe.

    Premier bouleversement

    Celui qui, hier encore, rêvait d'exploits militaires et de vie chevaleresque se retrouve blessé, cloué à un lit, incapable de se déplacer seul. Un boulet de canon a soudainement bouleversé sa vie.

    Opéré une première fois à Pampelune, Inigo est ramené à Loyola. On doit se rendre à l'évidence, des os mal repris ou déplacés forment une saillie qui rend la jambe difforme. Parce qu'il veut retrouver son élégante démarche d'autrefois, par deux fois et à froid Inigo accepte de se faire briser la jambe et scier les os qui dépassent. Commence une longue convalescence Ignace souffre physiquement et moralement; il s'ennuie.

    Pour tuer le temps et se redonner un peu de courage, il aimerait bien lire quelques romans de chevalerie. Dans tout le château, malheureusement, on ne lui trouvera que deux livres: l'un portant sur la vie des saints et l'autre sur la vie de Jésus. Faute de mieux, le malade entreprend la lecture de ces ouvrages.

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  • Saint Ignace de Loyola (31 juillet)

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    Voir ICI

    En ce jour de la fête de saint Ignace, nous vous proposons cette prière qu'il a composée:

    Prends, Seigneur et reçois, 
    toute ma liberté, 
    ma mémoire, 
    mon intelligence 
    et toute ma volonté; 
    Tout ce que j'ai et possède, 
    c'est Toi qui me l'as donné: 
    A Toi, Seigneur, je le rends Tout est à Toi, 
    disposes-en 
    selon Ton entière volonté.
    Donne-moi, 
    ton amour et ta grâce :
    c'est assez pour moi. 

    Commentaire de Benoît XVI :

    Cette dernière partie justement me semble très importante: comprendre que le vrai trésor de notre vie est d'être dans l'amour du Seigneur et ne jamais perdre cet amour. Alors, nous sommes véritablement riches. Un homme qui a trouvé un grand amour se sent véritablement riche et sait que cela est la véritable perle, que cela est le trésor de sa vie et non toutes les autres choses qu'il peut posséder. Nous avons trouvé, mieux encore, nous avons été trouvés par l'amour du Seigneur et plus nous nous laissons toucher par son amour dans la vie sacramentelle, dans la vie de prière, dans la vie du travail, du temps libre, plus nous pouvons comprendre que oui, j'ai trouvé la perle véritable, tout le reste ne compte pas, tout le reste n'est important que dans la mesure où l'amour du Seigneur m'attribue ces choses. Je ne suis riche, je ne suis réellement riche et élevé que si je suis dans cet amour. Trouver ici le centre de la vie, la richesse. Puis laissons-nous guider, laissons la Providence décider ce qu'elle fera de nous.

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