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Ethique - Page 400

  • Cardinal Burke : « Les Pères synodaux demandent que la relatio soit rectifiée »

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    Tout sauf la « langue de buis » : une interview du cardinal Burke par Antoine Pasquier sur le site de l’hebdomadaire « Famille chrétienne », ce 17 octobre :

     "Le co-président du groupe de travail anglophone au Synode revient sur les enjeux de fond de ce dernier.

     Après la publication lundi d’un rapport d’étape peu satisfaisant, de nombreux Pères synodaux ont travaillé à l’améliorer pour que le texte final, qui sera voté (ou non) samedi 18 octobre donne une vision juste de la pensée de l’Église sur la famille. Parmi eux, le cardinal Edmund Burke, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique – et surtout co-président du groupe de travail anglophone au Synode – revient sur ce processus synodal et sur les enjeux de fond sous-jacents.

    Comment les cercles mineurs se sont-ils approprié la relatio post disceptationem  après la polémique du début de semaine ? Faut-il s’attendre à de profonds changements de la relatio ?

    Il y a eu une réaction forte contre le texte de lundi matin. Quasiment tous les cercles mineurs ont exprimé des objections fondamentales et proposé des révisions substantielles. Les pères synodaux ont demandé une plus forte référence à l’écriture sainte et au riche magistère de l’Église sur la famille.

    Ils ont regretté l’absence de référence à la loi naturelle et ont jugé inacceptables les affirmations sur les rapports sexuels hors mariage et entre personnes de même sexe. L’accès des divorcés remariés à la sainte communion a été rejeté par plusieurs cercles mineurs.

    Le message envoyé est fort : le texte doit être radicalement changé. Samedi matin, j’attends de la relatio synodi qu’elle soit très différente de la relatio post disceptationem.

    La relatio synodi est présentée et discutée samedi matin, avant d’être votée dans l’après-midi. Un rejet est-il envisageable ?

    C’est très possible. Si les membres de la commission chargée d’écrire la relatio synodi ne prennent pas en compte l’approche rectifiée sortie des cercles mineurs, le texte ne sera pas approuvé.

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  • La véritable histoire du synode sur « la famille ». Le metteur en scène, les exécutants, les assistants

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    Sur son blog « Chiesa », Sandro Magister retrace l’histoire des grandes manœuvres pour un changement de paradigme : son metteur en scène, ses exécutants, ses assistants. Extrait.

    « Aussi bien lors du concile Vatican II qu’au cours du présent synode, les changements de paradigme sont les fruits d’une mise en scène très soignée. Un protagoniste de Vatican II tel que le père Giuseppe Dossetti – très habile stratège des quatre cardinaux modérateurs qui étaient aux commandes de la machine conciliaire – revendiquait ce fait avec fierté. Il disait qu’il "avait bouleversé le destin du concile" grâce à son aptitude à piloter l'assemblée, aptitude qu’il avait acquise antérieurement grâce à son expérience politique de leader du plus grand parti d’Italie.

    Les choses se sont également passées ainsi au cours du présent synode. Ni les ouvertures en direction d’une autorisation de communier qui serait accordée aux divorcés remariés civilement – et donc l'acceptation de ces remariages par l’Église – ni l'impressionnant changement de paradigme en ce qui concerne l’homosexualité qui a été introduit dans la "Relatio post disceptationem" n’auraient été possibles sans une série de démarches habilement calculées par ceux qui avaient et qui ont le contrôle des procédures.

    Pour le comprendre, il suffit de parcourir de nouveau les étapes qui ont abouti à ce résultat, même si la conclusion provisoire du synode – comme on le verra – n’a pas été conforme aux attentes de ses metteurs en scène.

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  • Synode : le cheval de Troie de la gradualité

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    Par l’abbé Claude Barthe sur le blog du bimensuel « L’Homme Nouveau »

    Les discussions qui ont eu lieu lors du Synode ne peuvent faire abstraction de la théologie morale enseignée depuis toujours dans l’Église. Débat autour de la notion de gradualité.

    Le Synode extraordinaire sur la famille est le théâtre de tensions toujours plus fortes en raison de la doctrine morale qui est engagée sous un aspect particulier : celui de la communion eucharistique d’époux dont le mariage a été rompu par un divorce civil et qui ont contracté une deuxième union, mais aussi de concubins ayant contracté une union civile, ou encore d’homosexuels vivant en couple stable.

    Deux moyens sont employés simultanément par les partisans d’une évolution pour contourner l’enseignement traditionnel fondé sur l’indissolubilité du mariage (saint Matthieu 19, 3-6) :

    1. La novation est d’abord présentée sous la forme d’un « compromis » entre ceux qui veulent purement et simplement accorder l’Eucharistie aux divorcés remariés et ceux qui tiennent que cela n’est pas possible (1). Entre les deux serait une thèse moyenne : l’accès à l’Eucharistie sera donné dans certaines conditions, par miséricorde, à ceux qui sont encore « en chemin », etc.

    Règne de l'opinion

    2. Ce compromis est ensuite légitimé comme une opinion d’une partie des Pères du Synode, et plus généralement d’une partie des évêques du monde : « Certains pensent que… ». Du coup cette opinion peut être suivie en toute sécurité de conscience par les baptisés.

    L’ensemble du processus repose sur la notion de « gradualité » :

    « Vu le principe de gradualité du plan salvifique divin, on se demande quelles possibilités sont données aux époux qui vivent l’échec de leur mariage (…). Pour certains, il faudrait que l’éventuel accès aux sacrements soit précédé d’un chemin pénitentiel (…). Il s’agirait d’une situation non généralisée, fruit d’un discernement réalisé au cas par cas, suivant une règle de gradualité, qui tienne compte de la distinction entre état de péché, état de grâce et circonstances atténuantes » (rapport du cardinal Erdo),

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  • Le Synode défend la doctrine mais encourage la compassion

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    Selon Radio Vatican :

     « L’assemblée du Synode s’est clairement et librement exprimée, par le biais des rapports présentés ce vendredi matin en présence du Pape. C’est le fruit d’un travail intense, rigoureux, en profondeur. A de rares différences près, les dix groupes linguistiques, au sein desquels tous les participants avaient été répartis, se sont prononcés en faveur d’une considérable refonte du rapport d’étape présenté lundi. Un carrefour a indiqué avoir proposé jusqu’à 80 amendements. D’autres ont proposé en plusieurs endroits clés du texte une nouvelle formulation, voir une totale réécriture. Les appels à la prudence et à la vigilance sont nombreux, surtout dans le choix des mots,  pour éviter de semer la confusion. Ce Synode ne doit pas donner l’impression que l’Eglise abandonne sa doctrine sur l’indissolubilité du mariage et la famille. L’Eglise respecte toutes les personnes humaines, mais pas tous les comportements humains.

    Plusieurs appels également en faveur d’une réflexion approfondie, avant le synode de l’année prochaine, sur les thèmes les plus délicats comme celui des divorcés-remariés, de la communion spirituelle ou de l’attitude à adopter à l’égard de la multiplication des unions libres, les uns souhaitant la constitution de groupes d’études composés d’experts, d’autres préférant une plus large consultation impliquant les diocèses. Pour la plupart, un langage nouveau s’impose, des développements sont possibles, à des conditions bien précises toutefois, conformes à la vérité de l’Evangile et à la tradition de l’Eglise. Malgré la pluralité et la diversité des situations ecclésiales, une nette convergence s’est dégagée en faveur de la mise en valeur des familles qui vivent avec cohérence et fidélité le mariage chrétien. Les familles chrétiennes ont besoin d’être soutenues dans un contexte qui ne leur est pas favorable.

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  • Synode sur la famille : la confiance règne ?

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    Finalement, les 10 rapports des circuli minores ont été mis en ligne, avant que la commission désignée par le pape François n’ait entrepris d’en faire la synthèse qui sera soumise au vote de l’assemblée plénière, samedi prochain.

    Ces rapports  sont ici.

    Voici  à titre documentaire celui du "circulus gallicus B" dont Mgr Léonard est le rapporteur : 

    « Relatio - Circulus Gallicus "B"

    Moderator: Em.mo Card. Christoph SCHÖNBORN, O.P.
    Relator: S.E. Mons. André LÉONARD

    « Notre travail s’est déroulé dans un beau climat de franchise et d’écoute mutuelle. Tous ont apprécié cette « palabre » universelle où les voix de l’Europe, de l’Asie et du Moyen Orient, de l’Afrique et de l’Amérique du Nord ont résonné en des timbres fort diversifiés, mais de manière généralement symphonique. Les constats et les enjeux ont pu être clarifiés grâce aux expériences si diverses au sein d’un même groupe linguistique.

    Nous avons salué avec gratitude la présence des laïcs, hommes et femmes – des couples principalement – qui nous ont touchés et édifiés par leur « témoignage » vécu, parfois plus performant que nos « élucubrations » théologiques, indispensables, elles aussi, pourtant.

    Dans nos tout premiers échanges, en réaction aux innombrables interventions des Pères synodaux, notre attention s’est d’abord portée sur deux enjeux principaux :

    1. Comment unir doctrine et discipline, approche dogmatique et proximité pastorale ? Comment conjoindre l’amour de la vérité et la charité pastorale d’une manière qui ne choquera ni le fils cadet ni le fils aîné de la célèbre parabole rapportée par Luc ?

    2. Comment prendre en compte la grande variété des situations pastorales à travers le monde et en renvoyer éventuellement le traitement aux Conférences épiscopales nationales, régionales ou continentales, en vertu du principe de subsidiarité, tout en respectant la catholicité et donc l’universalité de l’Église, d’autant plus que beaucoup de problématiques essentielles sont liées, en même temps, aux traits fondamentaux de la nature humaine ?

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  • Vérité et amour au synode

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    Un article du Père dominicain Jean Miguel Garrigues (Toulouse) publié par « Famille chrétienne » :

     « Avoir l’esprit dur et le cœur tendre. » Cette parole bien connue de Maritain à Cocteau, qui hantait l’héroïque Sophie Scholl en 1943 avant son exécution dans une prison nazie, me venait à l’esprit en constatant dans les médias la dialectique désastreuse dans laquelle nous, les catholiques, risquons de nous laisser enfermer dans le débat passionné suscité par le rapport du cardinal Erdö au Synode. À ce sujet, j’ai envie de filer la métaphore de Maritain et de dire à mon tour aux catholiques : n’ayons ni l’esprit dur avec un cœur sec, ni le cœur tendre avec un esprit mou. Car c’est bien ces deux attitudes qui tendent aujourd’hui à s’affronter dans une dialectique stérile.

    Les tenants de la ligne « pastorale » semblent trop souvent ne pas juger nécessaire que le Synode rappelle encore une fois les vérités fondamentales, naturelles et surnaturelles, tenues et enseignées par le Magistère jusqu’aux derniers papes. Ils les déclarent suffisamment connues et même trop ressassées par le passé ; mais on voit percer dans leur discours qu’en fait ils les trouvent gênantes parce que, jugées « trop théoriques », elles entravent l’attitude compassionnelle et pédagogique de la démarche pastorale. De ce fait, ils sont soupçonnés de faire le lit du relativisme par les tenants de la ligne « doctrinale ».

    Ceux-ci ont tellement peur que l’Église abandonne ces vérités fondamentales, surtout dans le contexte dissolvant de notre société occidentale, qu’ils ne veulent pas que le Magistère, en se penchant sur l’immense profusion de cas personnels souvent limites, en vienne à affaiblir la certitude des principes dans l’âme des fidèles. Ils sont soupçonnés par les autres de formalisme idéaliste et déconnecté de la vie et de la souffrance des hommes.

    Perdre l’intelligence des fondements du couple et de la famille, c’est vouloir avancer sans boussole.

    Je voudrais dire aux uns et aux autres que seule la vision binoculaire nous donne la perception du réel avec son relief concret. Dans l’esprit humain les deux yeux de la vision binoculaire correspondent à l’intelligence et au cœur dont parlait Maritain.

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  • Synode sur la famille : le calme après la tempête ?

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    Alors que le calme semble revenu dans le monde synodal, les groupes linguistiques planchent sur l’amélioration du document qui a déclenché la tempête. Lu sur le site « aleteia » :

    « Après la tempête déclenchée par la publication de la désormais fameuse « Relatio post disceptationem »  (A lire ici sur Aleteia), le calme semble revenu et, d’après le bureau de presse du synode, on travaille dur dans les dix groupes linguistiques, où sont répartis les 253 membres de l’assemblée synodale.

    Chaque groupe produit sa « Relatio revue et corrigée »

    Dur, mais selon quelle méthode de travail et pour quel résultat ? Le processus est partout le même : les paragraphes de la Relatio sont examinés les uns après les autres. Ils font l’objet de propositions d’amendements. Certains visent à la suppression pure et simple d’un ou plusieurs paragraphes, d’autres à la correction de tel ou tel terme. Les amendements sont soumis au vote des Pères synodaux (les autres membres, religieux ou laïcs, ne votent pas). Ils sont retenus s’ils recueillent la majorité absolue des voix. Le relateur du synode les consigne alors par écrit. Chaque groupe produit ainsi sa « Relatio revue et corrigée » et la présentera ce jeudi 16 octobre, en assemblée générale. La commission « pour la rédaction de la Relatio synodi » s’appuira sur les dix textes des groupes de travail pour rédiger ce document final, très attendu.

    Une commission qui doit encore faire ses preuves

    Cette commission, qui a également rédigé la Relatio post disceptationem, est pilotée par le Rapporteur général du synode, le cardinal Peter Erdö, assisté du Secrétaire spécial, Mgr Bruno Forte et du Secrétaire général, le Cardinal Lorenzo Baldisseri. Il y a peu (mais avant la rédaction de la Relation post disceptationem), le Saint-Père a décidé de renforcer cette commission en y nommant les cardinaux Gianfranco Ravasi (par ailleurs président de la Commission pour le message) et Donald William Wuerl, les évêques Victor Manuel Fernandez, Carlos Aguiar Retes, Peter Kang U-Il et le jésuite Adolfo Nicolas Pachon. Le document qu’elle a déjà produit n’ayant pas fait l’unanimité – c’est le moins que l'on puisse dire, cette commission devra encore faire ses preuves dans la rédaction de la Relation synodi. Celle-ci sera présentée à toute l’assemblée le dernier jour des travaux, samedi 18 octobre, dans l'après-midi). Pour être « acceptée », elle devra recueillir les 2/3 des votes des Pères Synodaux. Si tel est le cas, elle sera remise alors au Saint-Père, puis publiée. Dans le cas contraire, elle sera rejetée. Y a-t-il un risque de rejet ? Qui vivra verra !

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  • Synode : Gérard Leclerc (France Catholique) ajuste son tir

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     Nous avions fait état d'une première réflexion de Gérard Leclerc, ici : Opinion et Synode : une énorme déception en vue ?  Il précise sa pensée, à la vue de l’effet  produit par le « rapport » publié à mi-parcours du synode. C'est sur le site "Figaro Vox" :

    « Les titres sont sensationnels, celui du Monde les dépasse tous en intensité: «Le Pape François force l'Église à faire sa révolution sur la famille.» Et cela fait presque toute la largeur de la une, s'il vous plaît! Tout est parti d'un rapport d'étape, dont j'ai parlé moi-même avant-hier, à la suite d'une analyse rapide de texte. Aujourd'hui, après m'être soigneusement renseigné, je ne dirai pas exactement la même chose. Tout d'abord, il faut rappeler que le texte lu par le cardinal Erdö - qu'il n'avait pas forcément écrit - est un document de travail qui n'est revêtu d'aucune autorité, ayant été rédigé par un petit groupe qui n'engage que lui-même, et qui, au surplus, n'a nullement été ratifié par le Synode.

    Après relecture, il m'apparaît qu'il y a d'évidentes faiblesses de rédaction et que de toute évidence, les résultats définitifs des réflexions du Synode amèneront à des conclusions beaucoup plus abouties et mieux ciselées dans leur formulation. Je puis affirmer que certaines de ces expressions - celles qui ont été mises en vedette par les médias - sont précisément celles qui sont le plus vigoureusement contestées à l'intérieur de l'Assemblée des évêques. Je ne m'avance pas beaucoup en affirmant que certains paragraphes seront purement et simplement abandonnés parce qu'ils sont récusés par la plus grande partie de l'Assemblée.

    Comme toujours, la presse va au plus vite et selon sa plus grande pente, sans réfléchir à cette évidence qu'une institution comme l'Église catholique ne saurait se renier sur les points les plus importants de sa doctrine, sauf à se suicider. Le pape lui-même ne dispose pas de l'autorité qui lui permettrait de contredire ses prédécesseurs, d'autant que Jean-Paul II et Benoît XVI, le premier surtout, ont consacré à la question de la famille un corpus doctrinal considérable, qui n'a pas d'équivalent par son ampleur et sa profondeur dans les propositions qu'on lui oppose. Mais à propos de la tradition ecclésiale, il conviendrait de relire, au plus vite, le Bienheureux cardinal John Newman, expliquant le caractère organique d'une pensée qui progresse sans jamais se renier.

    Ref. Synode : les divorcés remariés, les médias, le pape François et la polémique

    JPSC 

  • Le pape se tait mais beaucoup parlent de lui

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     Tribune de Thibaud Collin aujourd’hui dans le "Figaro" et reprise sur le "salon beige" :

     "Le pape se tait. Mais beaucoup parlent pour lui. Un premier texte de synthèse des travaux du synode sur la famille circule. Ce document provisoire permet de mesurer à quel point la ligne critique, portée sous Jean-Paul II et Benoit XVI par les cardinaux Martini et Kasper, est désormais influente à Rome. Ce texte est, en effet, porteur d’une nouvelle méthode pastorale, qui part de la réalité de la vie des hommes et des femmes d’aujourd’hui en valorisant au maximum ce qu’elle contient. Fi d’une approche employant des gros mots tels que péché, vérité sur le bien, conversion, combat spirituel. Il faut que les pasteurs effectuent une « conversion missionnaire » et « une conversion du langage ». L’heure est au « prendre soin » (le care importé des études féministes anglo-saxonnes), à l’accueil inconditionnel des personnes ayant vécu des échecs et des blessures ; les divorcés remariés bien sûr auxquels dans certains cas on ne pourrait par miséricorde refuser la communion eucharistique et la réconciliation mais aussi « les personnes homosexuelles qui ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne ».

    Cette conversion consiste à poser un regard positif sur ces réalités autrefois considérées comme désordonnées et peccamineuses. Au cœur de cette nouvelle démarche, une méthode importée de l’œcuménisme : au lieu de voir les sujets qui divisent, au lieu de proclamer des anathèmes, chercher les convergences, les pierres d’attente pour un progrès vers l’unité et la plénitude de l’union à Dieu. Cette attitude inclusive tend à gommer le sens du péché, vu comme responsable du blocage que les hommes contemporains éprouvent relativement à l’Evangile. Pourquoi braquer les gens en leur assénant une vérité transcendante lorsqu’on peut les rejoindre là où ils sont et les inviter à gravir les degrés d’un chemin vers un idéal, horizon de la vie humaine telle que Dieu la désire ? Il s’agit par exemple de discerner dans la vie des concubins des réalités positives telles que la stabilité, l’affection profonde, la responsabilité envers les enfants qui peuvent être vues « comme un bourgeon à accompagner dans son développement vers le sacrement de mariage ». Cette méthode repose sur les sciences humaines et sociales et non plus sur une anthropologie philosophique et théologique telle qu’elle a été développée durant les deux derniers pontificats. Au lieu de voir l’homme dans sa vérité profonde, on le regarde tel qu’il est concrètement, c’est-à-dire blessé et imparfait. Ainsi « la vérité s’incarne dans la fragilité humaine non pas pour la condamner, mais pour la guérir ».

    Comme ces mots sont doux aux oreilles de nos contemporains ! Mais comme ils risquent de produire des malentendus ! Nous sommes là au cœur d’une tension théologique qui traverse l’Eglise depuis des décennies. De quoi s’agit-il de guérir ? Le Christ est venu pour sauver les hommes et non pour soigner leurs souffrances psychologiques même si la grâce a une dimension thérapeutique par surabondance. Dès lors, comment la vérité peut-elle s’incarner dans la vie des hommes si ce n’est par leurs actes libres en réponse à l’appel de Dieu ? Ce lien entre vérité et liberté passe par la formation de la conscience morale, lieu même où la vérité sur son péché se révèle et permet de s’ouvrir à la miséricorde et à une juste réception des sacrements. Le texte souligne à juste titre que la miséricorde divine est offerte à tous mais il semble en déduire que le seul moyen de la rendre aimable est de valoriser l’état de fait dans lequel les gens vivent. Lorsque le Christ dit à la femme adultère « va et ne pèche plus », il n’enferme pas la personne dans son péché mais en le nommant il lui permet de s’en détacher. C’est donc toute l’économie de la miséricorde qui en contournant l’objectivation du péché, et donc de la liberté, risque de rendre superflue la conversion. Cette conception de la miséricorde ressemble étrangement à la tolérance au nom de laquelle la plupart des sociétés civiles occidentales ont, ces dernières décennies, rompu l’arrimage de la loi politique à la loi morale. En bonne logique, la légitimation de l’exception ruine tout simplement la norme. La norme rebaptisée idéal ne gêne plus personne puisqu’elle apparaît réservée à une élite. L’appel universel à la sainteté proclamé par Vatican II devient une option parmi d’autres. Ce texte en introduisant une nouvelle méthode déstabilise la doctrine en changeant son statut. La pastorale déconnectée de la doctrine est identifiée à l’art de faire des exceptions à une loi vue comme empêchant la miséricorde. Or qu’est-ce qu’un pasteur qui, pour être mieux reçu, édulcore l’exigence du message qu’il a à transmettre ?"

    Ici : Divorcés-remariés : une révolution au sein de l'Eglise ? et là : Vers une révolution de paradigme

    JPSC 

  • Pastorale « argentine » et communion aux divorcés remariés

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    Lu sur le site « Chiesa » cette réflexion de Sandro Magister (extrait) :

    (…) Jusqu’au milieu du XXe siècle, dans les paroisses catholiques, l’interdiction de communier qui frappait les personnes en situation matrimoniale irrégulière ne posait pas de problèmes, parce qu’elle restait pratiquement invisible. Même dans les endroits où les fidèles se rendaient fréquemment à la messe, en effet, les gens qui communiaient chaque dimanche n’étaient pas nombreux. La communion fréquente n’était pratiquée que par des personnes qui, d’autre part, allaient fréquemment se confesser. On en trouve la preuve dans le double précepte de l’Église à l’usage de la grande masse des fidèles : il fallait se confesser "une fois par an" et communier "au moins à Pâques".

    Par conséquent le fait de ne pas pouvoir accéder à la communion n’était pas une marque visible de punition ou de marginalisation. La principale raison qui éloignait de la communion fréquente une grande partie des fidèles était le très grand respect que l’on avait alors pour l'eucharistie, dont on ne devait s’approcher qu’après une préparation adéquate et toujours avec crainte et tremblement.

    Tout cela va changer au cours des années du concile Vatican II et de l’après-concile. En résumé, la pratique de la confession s’effondre, tandis que la communion devient un phénomène de masse. Tout le monde, ou presque, communie, tout le temps. Parce que, dans le même temps, il y a un changement dans la perception du sacrement de l’eucharistie par la plupart des gens. La présence réelle du corps et du sang de Jésus dans le pain et le vin consacrés n’est plus qu’une présence symbolique. La communion devient, à l’instar du baiser de paix, un signe d’amitié, de partage, de fraternité, "dans la série : tout le monde fait comme ça, alors moi aussi", pour reprendre une formule du pape Benoît XVI, qui tenta de remettre à l’honneur le sens authentique de l'eucharistie, notamment en demandant que les fidèles à qui il distribuait la communion s’agenouillent pour recevoir l’hostie dans la bouche.

    Dans un tel contexte, il était inévitable que l’interdiction de communier soit considérée parmi les divorcés remariés comme revenant à leur refuser publiquement un sacrement auquel tout le monde a "droit". Cette revendication émanait – et émane – d’un petit nombre de personnes, parce que la plupart des divorcés remariés sont éloignés de la pratique religieuse, tandis qu’il ne manque pas, parmi les catholiques pratiquants, de gens qui comprennent et qui respectent la discipline de l’Église. Mais ce tout petit nombre de cas a servi de point d’appui, à partir des années 90 et principalement dans quelques diocèses de langue allemande, à une campagne ayant pour objectif le changement de la discipline de l’Église catholique en matière de mariage, campagne qui a atteint son point culminant sous le pontificat du pape François, avec le consentement manifeste de celui-ci.

    D’autre part le fait que le synode se concentre sur la question des divorcés remariés risque de faire perdre de vue des situations de crise concernant le mariage catholique qui impliquent beaucoup plus de gens.

    Par exemple, on a pu trouver dans les librairies italiennes, peu de temps avant que le début du synode, un reportage concernant l'action pastorale mise en place dans les périphéries de Buenos Aires par celui qui était alors le cardinal Jorge Mario Bergoglio: P. De Robertis, "Le pecore di Bergoglio. Le periferie di Buenos Aires svelano chi è Francesco", Editrice Missionaria Italiana, Bologna, 2014.

    Cet ouvrage explique qu’une large majorité - entre 80 et 85 % - des gens de ces périphéries qui vivent en couple ne sont pas mariés mais qu’ils se contentent de vivre ensemble, tandis que, en ce qui concerne les gens mariés, "les mariages sont en majorité invalides, parce que ceux qui se marient sont immatures", mais ils ne cherchent d’ailleurs même pas à faire établir la nullité de leur mariage par les tribunaux diocésains.

    C’est par les "curas villeros", les prêtres qui ont été envoyés dans les périphéries par Bergoglio, que ces indications ont été fournies. Ils précisent avec fierté que, de toute façon, ils donnent la communion à tous ceux qui le souhaitent, "sans élever de barrières".

    Les périphéries de Buenos Aires ne constituent pas, en Amérique latine, un cas isolé. Et elles témoignent non pas d’un succès mais, en réalité, d’une absence ou d’un échec de la pastorale du mariage. Sur d’autres continents, le mariage chrétien est aux prises avec des défis qui ne sont pas moins graves et qui vont de la polygamie aux accouplements forcés, des théories du "gender" aux "mariages" homosexuels.

    Confrontés à un tel défi, ce synode et celui qui viendra ensuite devront décider si la bonne réponse va consister à frayer un passage au divorce ou bien à restituer au mariage catholique indissoluble toute sa force et toute sa beauté différente, révolutionnaire (…).

     Ref. Le vrai dilemme: indissolubilité ou divorce

    JPSC 

  • « Relatio synodale » à mi-parcours: du côté de ceux qui se réjouissent

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    Cet autre son de cloche on le trouve dans « La Vie », sous la signature de Marie-Lucile Kubacki, qui se réjouit par avance de l’abandon du combat mené par saint Jean-Paul II et ajoute, pour conclure, une sentence  à la louange du pape François : « là où Benoît XVI faisait de la charité une conséquence de la vérité, François semble vouloir partir de la charité pour mener vers la vérité ». Il faut espérer qu’il s’agisse de la même (JPSC) :

    « Surprise à Rome : sous l’impulsion du pape François, qui a libéré la parole, les évêques changent de discours sur la famille.

    « Séisme pastoral », « bombe », « coup de théâtre »… Les observateurs n’ont pas de mots assez forts pour qualifier la relatio, synthèse des contributions des 191 pères depuis le début du synode, rendue publique à Rome le 13 octobre. Il y a presque tous les sujets qui fâchent : divorcés remariés, cohabitation avant le mariage, accueil des homosexuels dans l’Église. Et un ton radicalement nouveau.

    Un virage à 180° depuis Jean Paul II

    Certes, ce n’est qu’une synthèse à mi-parcours et les pères synodaux doivent encore « approfondir » les pistes évoquées, comme l’a déclaré le cardinal Péter Erdö, archevêque de Budapest et rapporteur général du synode, qui, une semaine avant les échanges, présentait une synthèse présynodale diamétralement opposée. Mais le ton est donné et l’appel du cardinal Walter Kasper qui, à la demande du pape François, avait ouvert la réunion préparatoire il y a un an en appelant à un « changement de paradigme » semble avoir été entendu.

    L’idée forte est qu’il faut sortir du « tout ou rien » dans la pastorale familiale et oser se risquer à des « choix courageux ». « Confirmant avec force la fidélité à l’Évangile, lit-on dans la relatio, les pères synodaux ont perçu l’urgence de chemins pastoraux nouveaux, qui partent de la réalité effective des fragilités familiales, en reconnaissant que, le plus souvent, celles-ci sont “subies” plus que choisies en toute liberté. » Mais, poursuit le texte, « envisager des solutions uniques ou s’inspirant de la logique du “tout ou rien” n’est pas signe de sagesse. » On ne part plus de la vérité et de la doctrine pour aller vers les gens, on part des gens, où qu’ils en soient, pour les accompagner vers la vérité de l’Église et de l’Évangile. C’est déjà ce qui se passe en bien des endroits. Mais c’est la première fois que l’institution, à un si haut niveau, reconnaît si clairement l’état de fait.

    > A lire aussi : notre synthèse des principaux passages de la relatio
     

    Un mot pourrait résumer l’esprit de cette synthèse : pragmatisme. Une proposition revient de manière récurrente : reconnaître des « aspects positifs » dans les situations de cohabitation avant le mariage et dans les mariages civils. « Une nouvelle sensibilité de la pastorale d’aujourd’hui consiste à comprendre la réalité positive des mariages civils et, compte tenu des différences, des concubinages. Il faut que dans la proposition ecclésiale, tout en présentant clairement l’idéal, nous indiquions aussi les éléments constructifs de ces situations qui ne correspondent plus, ou pas encore, à cet idéal. »

    Par rapport à l’exhortation apostolique Familiaris consortio de Jean Paul II, fruit du précédent synode sur la famille en 1981, c’est un virage à 180°. Sur le concubinage, le pape polonais exhortait les communautés ecclésiales à certes « bien connaître de telles situations et leurs causes concrètes, cas par cas », à « approcher avec discrétion et respect ceux qui vivent ainsi ensemble »mais pour « leur donner un témoignage familial chrétien, autrement dit tout ce qui peut les acheminer vers la régularisation de leur situation ». Les mots ont un sens et celui de « régularisation » employé alors par Jean Paul II, qui présupposait l’irrégularité, n’apparaît à aucun moment dans la synthèse de 2014.

    Sur le mariage civil entre catholiques, même grand écart. En 1981, Jean Paul II, tout en constatant « un certain engagement dans un état de vie précis et probablement stable », concluait que, « malgré cela, l’Église ne peut pas non plus accepter cette situation ». En 2014, la question n’est plus de savoir s’il faut accepter ou non le seul mariage civil. Puisque la situation existe, on fait avec, même si les pasteurs ne doivent pas renoncer à accompagner les couples vers le mariage chrétien : « Dans ces unions aussi, on peut voir des valeurs familiales authentiques, ou du moins le désir de celles-ci. Il faut que l’accompagnement pastoral commence toujours par ces aspects positifs », stipule la relatio.

    Premières objections au document 

    Plus loin, encore, il est écrit que « les personnes homosexuelles ont des dons et des qualités à offrir à la communauté chrétienne » même si la position de l’Église sur le fait que « les unions entre des personnes de même sexe ne peuvent être assimilées au mariage entre un homme et une femme »est confirmée. Quant à la possibilité d’ouvrir les sacrements aux divorcés remariés, au terme d’un « chemin pénitentiel – sous la responsabilité de l’évêque diocésain –, et avec un engagement évident en faveur des enfants », elle est sérieusement étudiée. En distinguant toutefois les « victimes » de séparation des « auteurs ».

    Avec un tel revirement de perspectives, et compte tenu de l’ambiance tendue du synode, il est évident que c’est un électrochoc pour tous ceux qui campaient sur les positions de Jean Paul II. D’ailleurs les premières objections n’ont pas tardé à émerger. Dès la première session de travail après la publication de la relatio, certains pères synodaux ont « regretté la quasi-absence dans le texte du mot péché, et rappelé combien le Christ a fortement condamné le danger de céder à la mentalité du monde ». Le président de la conférence épiscopale polonaise, Stanislaw Gadecki, juge quant à lui la ­relatio « inacceptable » pour bon nombre d’évêques.

    François se démarque de Benoît XVI

    On pourrait se contenter d’expliquer ce bascule­ment par une volonté de parler différemment, de ne pas faire fuir les catholiques des périphéries en s’adressant à eux en des termes dissuasifs. La première semaine, des évêques ont en effet appelé à bannir des expressions comme « mentalité contraceptive » ou « vivre dans le péché ». Mais on aurait tort de ne voir là qu’un effet de style ou une stratégie de communication.

    Si François confirmait ces orientations dans l’exhortation apostolique qu’il devrait prononcer en 2016, il s’agirait d’une inversion de perspective dans la lignée de l’exhortation apostoliqueEvangelii gaudium, son programme pontifical. Il déclarait alors : « Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. » Ainsi, là où Benoît XVI faisait de la charité une conséquence de la vérité, François semble vouloir partir de la charité pour mener vers la vérité.

    Ref. Le Synode des évêques renverse la table

    Relevant de la même « sensibilité », lire ici  Pour le cardinal Luis Antonio Tagle, "l'année qui vient va être cruciale" l’interview par « La Vie » du cardinal Tagle, archevêque de Manille : Tagle est un disciple de l’ « école progressiste de Bologne » pour laquelle « la tradition est aussi faite de ruptures ». Il est président délégué du synode. Dans une conférence de presse, il a salué le « groupe des héros » auteur de la « relatio » controversée et déclaré ironiquement « le drame continue ». A bon entendeur...

    JPSC

  • Toujours le « buzz » sur le rapport intermédiaire du synode : la réaction de l’hebdomadaire « Famille chrétienne »

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    Devant les fortes réactions qu’a provoquées la publication, la veille, de la relatio post disceptationem, le secrétaire général du synode a redit mardi 14 octobre qu’il s’agissait d’un « document de travail ». Mais pourquoi ce texte reflète-t-il aussi peu la pensée des évêques ?

    « Opération « déminage » mardi matin au Synode sur la famille. Le rapport intermédiaire (« Relatio post disceptationem »), publié la veille, « n’a pas été bien compris », a reconnu le secrétaire général du synode, Mgr Lorenzo Baldisseri. « Il s’agit d’un document de travail et aucun cas d’un texte définitif », ont affirmé les différents porte-parole lors de la conférence de presse hebdomadaire.

    Lors de sa présentation lundi 13 octobre au matin aux évêques, la relatio a suscité de nombreuses et fortes réactions. « Il a été fortement critiqué lors de sa présentation en Assemblée générale et il ne fait pas l’unanimité des Pères », a confié Mgr Tony Anatrella à l’agence de presse Zenit. Pas moins d’une quarantaine de participants ont pris la parole après la lecture faite par le rapporteur général, le cardinal Péter Erdo, dont une très large majorité a exprimé sa perplexité et son incompréhension devant la retranscription faite des débats de la première semaine.

    Les points de divergence concernent principalement les suggestions pastorales avancées vis-à-vis des personnes homosexuelles et des divorcés-remariés. L’utilisation du concept de gradualité a aussi été contestée par certains intervenants. La présentation de la relatio a entraîné des réactions pour le moins énergiques : « Ce document manque de prudence », « nous sommes en train d’ouvrir une brèche », « ce texte est irresponsable », « il donne l’impression que l’Église se soumet à un lobby »…

    Un rapport déséquilibré

    Comment en est-on arrivé là ? s’interrogeaient de nombreux Pères synodaux mardi matin durant la pause-café. La lecture de la presse du jour, surinterprétant souvent et abusivement parfois le document, a suscité une forte émotion et même de l’angoisse parmi les évêques et les laïcs. La relatio est-elle le reflet de ce que pense l’assemblée ? Visiblement non. Les interventions de la première semaine, limitée à 4 minutes, ont contraint les participants à orienter leur propos, en fonction de leur origine géographique, de leurs centres d’intérêt ou encore des problématiques locales qu’ils pouvaient rencontrer. Ainsi, par exemple, les évêques africains ont concentré leurs interventions sur des points comme la polygamie, la pauvreté, les mariages mixtes, et pas sur la question des divorcés-remariés et de l’homosexualité. D’où leur fort étonnement lundi matin à la lecture de la relatio.

    Le rapport intermédiaire a toujours été rendu public, rappelle-t-on au Vatican.

    Le rapport intermédiaire reflète-t-il les discussions des congrégations générales ? Oui, mais de manière imparfaite. Si tous les éléments de la relatio post disceptationem ont été abordés la semaine dernière, ils ne l’ont pas été avec la même importance que ce que laisse croire le document. Ainsi, la question de la gradualité ou de l’homosexualité n’ont pas autant occupé les débats.

    De plus, le cardinal sud-africain Wilfrid Napier, coprésident avec le cardinal Burke du groupe de travail anglophone, a-t-il expliqué que le problème avec le rapport était de donner l’impression que certains points avaient été discutés et validés par les Pères synodaux, alors que ce n’était tout bonnement pas le cas. En particulier, le paragraphe sur l’homosexualité ne reflétait « pas du tout » la teneur des propos du groupe de travail. Comment en est-on arrivé à une synthèse aussi déséquilibrée ? La procédure synodale marque ici ses limites.

    Autre question que se posent les Pères synodaux : fallait-il communiquer le rapport ?

    « La relatio intermédiaire a toujours été rendue publique », rappelle-t-on au Vatican. D’où vient l’erreur alors ? De la presse certainement, mais n’a-t-elle pas été induite en erreur par l’omission, lundi, de la retranscription des réactions critiques du matin ? Il semble que la responsabilité des rédacteurs, principalement le cardinal hongrois Péter Erdo et Mgr Forte, secrétaire spécial du Synode, soit ici engagée. N’avaient-ils pas conscience de l’ambigüité de leur texte ? Souhaitaient-ils en faire un « ballon d’essai » pour mesurer l’adhésion des évêques à un changement de ligne pastorale ? Le pape François lui-même a eu connaissance du document dans la soirée de dimanche. Mais pouvait-il retirer cette relatio alors même qu’il s’est toujours abstenu d’intervenir dans les discussions du Synode ? En avait-il seulement l’intention ?

    De nombreux amendements à prévoir

    Après cette erreur de communication, Rome essaie de minimiser la portée de ce rapport intermédiaire. « Le chantier reste ouvert », a redit Mgr Fernando Filoni mardi midi. Les cercles mineurs, démarrés lundi après-midi, ont commencé leur travail de lecture et d’amendement du texte. « Ils reprennent point par point la relatio. Il a déjà beaucoup de remarques », relate Romilda Ferrauto, chargée des relations presse avec les journalistes francophones. Les premiers « modi » (modifications) ont déjà été votés. Certains proposent purement et simplement de supprimer des paragraphes entiers. D’autres demandent que soient davantage mis en avant la famille et le mariage, et que des principes fondamentaux, comme celui de l’indissolubilité du mariage ou de la fidélité de nombreuses familles chrétiennes, soient réaffirmés.

    Reprenant les découpages du rapport intermédiaire, la relatio synodi – le document final présenté et voté samedi 18 octobre – pourrait donc être bien différente sur le fond. Si tel est le cas - mais il ne faut préjuger de rien -, « ce sera une douche froide » pour toutes celles et tous ceux qui auront été induits en erreur par certains médias triomphalistes.

    Ref. Rapport d'étape du Synode : Rome dans l’embarras

    Voir aussi le site « Aleteia » :Synode sur la famille : un document de synthèse qui déclenche la tempête

    «… Selon le bureau de presse du Vatican, 41 intervenants, en majorité des cardinaux, sont montés au créneau, pour dénoncer, qui « une capitulation de l’Eglise devant la gouvernance mondiale », qui « un texte poétique mais qui n’apporte rien », qui encore « un texte manquant de prudence » comportant des « passages irresponsables et « contraires à la doctrine de l’Eglise ». Sans compter tout ceux qui, parait-il voulaient s’exprimer dans ce sens mais qui n’ont pu le faire, faute de temps. Un Père en a même appelé, parait-il, à la gouvernance du Pape ! D’autres ont simplement souligné « le flou de langage, susceptible d’engendrer des confusions » Depuis, le texte a déjà fait couler beaucoup d’encre dans les médias, les uns saluant l’arrivée d’une révolution tant attendue, les autres criant au feu. Au point que d’aucuns, même parmi les journalistes, se sont demandés : fallait-il le publier ? Ce à quoi les porte-paroles du Saint-Siège ont répondu : cela s’est toujours fait (…) »

    Bref : la confusion, avec l’espoir tout de même, que les discussions de cette semaine en « circuli minores » calment le jeu et corrigent le tir de ce projet de rapport inadmissible. JPSC