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La "chute libre du catholicisme" et nous

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Nous avions réservé un écho à cette enquête de l'ADRASS, aussitôt relayée par nos médias, selon laquelle les perspectives seraient apocalyptiques pour l'Eglise catholique en Wallonie; nous avions dénoncé au passage le manque de rigueur de la RTBF à ce sujet (http://www.belgicatho.be/archive/2011/07/16/rigueur-ertebeenne.html).

Sur son blog, l'abbé de Beukelaer, qui jouit habituellement de notre sympathie, réagit de façon assez pateline à ces projections inquiétantes (moins de 5% de pratiquants en Wallonie en 2030). Je suis cependant allergique à des propos comme ceux-ci : "L’avenir est ouvert : le cœur de l’homme étant variable, qui dit que le catholicisme ne reviendra pas « à la mode » dans 10 ans ? Je ne parle pas d’un retour à une religion de masse, mais à un petit côté « vintage » qui fera en sorte que nombre de compatriotes sans fort ancrage religieux se déclareront à nouveau « plutôt catholiques »."

Cela ressemble à des considérations telles qu'on a pu en échanger dans les salons de la bonne société du XVIIIe siècle lorsque des oiseaux de mauvais augure faisaient de sombres pronostics sur les évènements à venir. Notre espérance n'est pas que le christianisme "revienne à la mode" en raison du caractère volage des gens, ou que la vogue du "vintage" le sauve de l'enfouissement total. Bien sûr, notre ami ecclésiastique le sait puisqu'il revient ensuite à des considérations plus adéquates sur la parabole du grain de moutarde qui contient le germe d'un grand arbre, mais tout de même...

Aujourd'hui, dans de nombreuses terres comme l'impitoyable Pakistan, c'est le sang des martyrs qui est semence pour la foi de demain. Hier, ce sont des décennies de persécution communiste qui ont préparé le réveil du christianisme dans de nombreux pays de "démocratie populaire". Et ici, à présent, l'étau se resserre et la persécution se précise : l'Eglise et le pape sont systématiquement dans le collimateur des médias, l'objection de conscience des croyants contre des lois contraires à leurs convictions est de moins en moins reconnue, on traînera bientôt les catholiques devant les tribunaux pour "homophobie" parce qu'ils refusent le mariage homosexuel, et peut-être devons-nous nous préparer à de drastiques limitations de la liberté d'expression, et à pire, sans doute. Parmi des centaines d'autres manifestations de dérision et de mépris à l'égard du christianisme, la parution d'un article particulièrement offensant à l'égard du Christ dans Libé montre à quoi il faut s'attendre et la totale liberté dont jouissent ceux qui nous agressent; seuls les chrétiens sont traités de cette façon car on sait qu'ils ne brandiront ni fatwas ni appels au djihad.

Alors, je ne puis m'empêcher de sursauter devant des propos lénifiants où il est question de modes qui vont et qui viennent, de vogue "vintage" comme s'il s'agissait de déco, de retour de la foi comme le beau temps est censé revenir après la pluie. Ce discours est dangereux car il est anesthésiant et rassure à bon marché les gens qui ont été troublés cinq minutes par les sombres prédictions de l'ADRASS...

YW

Commentaires

  • Yves confond... Quand je parle de mode et de "vintage", je pense aux réponses que donneront à l'avenir des badauds à ce genre d'enquête. Des personnes de bonne foi, mais n'ayant pas rencontré le Christ ressuscité dans leur vie. Celles-ci se disent catho ou non, selon les temps et les modes. Selon ce qu'elles respirent. Quant à ma finale sur l'oeuvre de l'Esprit, elle touche ceux et celles qui ont eu la Grâce d'avoir connu un chemin de Damas. Je ne suis pas certain que celles-ci étaient tellement plus nombreuses (un peu, oui) à l'époque où il était de bon ton de se dire catholique. Je termine, en toute sympathie, en rappelant que la comparaison avec les salons du XVIIIe a de quoi me faire sourire: je pense avoir essuyé assez de tir de feu devant les caméras pour connaître l'enjeu du témoignage.

  • Peut-être, cher Eric, ai-je confondu comme tu l'affirmes. Mais peut-être aussi le propos prêtait-il à confusion. Sans doute suis-je porté à un certain radicalisme qui me rend assez allergique aux propos iréniques et aux sous-entendus subtils, surtout quand il s'agit d'enjeux comme ceux-ci. Quant à jauger la sincérité ou l'authenticité de ce qui habite le cœur des croyants, d'hier, d'aujourd'hui ou de demain, je serais bien en peine de le faire, mais j'admets que je n'ai pas l'expérience d'un confesseur ou d'un directeur de conscience. En toute amitié.

  • Peut-être avons-nous ici une illustration caractéristique des deux recommandations faites aux croyants : la candeur des colombes et la ruse des serpents ; d'une part l'esprit apaisant, bienveillant, confiant et d'autre part l'esprit affûté, vif, mordant, prophétique. Ces deux visages du croyants ne s'opposent pas; ils se complètent. C'est le même Jésus qui engueule les hypocrites et renverse les tables des marchands et celui qui ne répond pas aux insultes, se laisse cracher dessus, flageller et crucifier. Il faut dans notre trésor des Yves et des Eric, par milliers !

  • Oui,il s'agit d'être lucides. Nous allons vers des temps difficiles. On ne va pas nous jeter aux lions sans doute mais il existe une forme de persécution culturelle particulièrement insidieuse. Il suffit de suivre l'actualité en Europe occidentale, au Canada et même aux USA pour s'en rendre compte. Il y a des groupes de pression très influents qui disposent de relais dans la politique et les médias. L'Eglise et sa doctrine sont considérés comme des obstacles à certaines entreprises prométhéennes déchainées.

    Comme on m'a dit dans un débat : "occupez-vous de vos pauvres et fermez-la".

  • "Anesthésiant" ? Le mot paraît juste.

    Aux siècles passés, quand l'Eglise européenne a constaté qu'elle avait perdu l'oreille de la "classe populaire", elle a louablement cherché à corriger cette situation.
    Un "aggiornamento" a été imaginé par le biais d'un Concile "principalement pastoral". (Et ses applications...)

    En Europe, les résultats de cette démarche sont aujourd'hui mesurables. Et catastrophiques : au lieu de reconquérir des âmes égarées, l'Eglise a perdu des pourcentages à deux (gros) chiffres parmi son clergé et ses fidèles.
    Les conséquences arrivent seulement.

    Pour l'avenir ? Même si les pronostics sont douteux par définition, à vue d'homme, on ne voit pas comment la tendance pourrait s'inverser.

    Dans un contexte pareil, quels discours peut-on tenir ? Il n'y en a que trois. On peut dire...
    1) On a vidé l'enfant avec l'eau du bain : il faut mettre le bouchon et revenir à nos "grandes" traditions. Sans esquiver les confrontations : elles sont inévitables.
    2) On n'a pas été assez loin dans la "bonne" direction ! Allons-y.
    (Comme ce desservant qui - à la messe du dimanche - déclarait que les bons paroissiens étaient - peut-être - hors de son église. Sic ! Au jeu de "qui perd gagne", voilà un grand champion ! Un jésuite, évidemment.)
    3) On applique mal le dernier Concile. On va faire mieux.
    (Ce qui suppose qu'on nous ait dirigés en refusant l'inspiration du Saint-Esprit. Et, même sans taupes infiltrées, ça peut être tout à fait vraisemblable : là où l'autorité, le Magistère, sont passés aux mains de partisans déclarés "équipes-de-collaborateurs-des-évêques"... Bonjour les dégâts.)

    Excusez ce pensum et sa franchise : c'est bien ainsi que je vois le tableau.

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