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JMJ de Madrid : un regard singulier

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200909250713-1_pascal-smet-wil-dat-leerkrachten-loon-inleveren.jpgLe socialiste Pascal Smet, ministre flamand de l’éducation  a pris part aux JMJ de Madrid. A son retour, il a accordé une interview à l’hebdomadaire catholique néerlandophone Tertio.

Extraits (traduction de Pierre Tomasset, membre du Forum laïc catholique romain)

Comment se fait-il que, comme socialiste, vous vous soyez rendu à une manifestation catholique de masse ?

“Le Service interdiocésain de la Jeunesse m'a invité à Madrid, et n'oubliez pas que je suis Ministre de la Jeunesse – aussi de la jeunesse croyante. Je souhaitais mieux la connaître. Pourquoi vont-ils à Madrid ? Comment se déroule une manifestation de masse de un million de jeunes dans une ville ? Comment ces jeunes se situent-ils par rapport à l'institution Église ? Les libres penseurs ont froncé les sourcils à cause de ma venue à Madrid, mais cela est contradictoire avec la tolérance que la libre pensée préconise.”

Comment avez-vous apprécié ?

“Ce fut une expérience très spéciale. Je suis heureux d'avoir été à Madrid. Autant de jeunes, et aucune agression, aucun incident, toutes ces rencontres et tellement d'espérance.

Beaucoup de gens regardent à tort les croyants avec commisération. Ils seraient irréalistes, bigots, tartuffes, un échantillon de jeunes gens qui, après les activités religieuses, investissent les parcs et font ce que font d'autres jeunes couples (rires).

Je ne comprends pas les réactions cyniques de gens qui me demandent si j'ai gagné des indulgences.

Cela ne veut pas dire que je suis resté à regarder l'adoration du pape ou l'adoration continue du sacrement, par des jeunes surtout du sud.

La désactivation d'un esprit critique mène à des excès. Vous avez cela beaucoup moins chez les Flamands et j'ai appris aussi que les croyants flamands – et aussi le clergé – se posent des questions sur les vues éthiques du Vatican.

Les catholiques ne doivent pas tous être mis dans le même panier.

Quoi qu'il en soit, vous pouvez seulement comprendre ce que les Journées mondiales de la Jeunesse signifient, si vous y êtes vous-même allé.

Êtes-vous croyant ?

(il réfléchit) “Je ne sais pas. Pas dans le sens classique. Les valeurs chrétiennes imprègnent notre culture et nous devons en prendre soin. J'ai été élevé selon la foi catholique, j'ai été dans une école catholique et j'ai même été  servant de messe pendant un mois. Je ne vais pas à l'église, sauf pour les baptêmes, les mariages et les enterrements. J'ai un grand respect pour les croyants.

Avec l'institution Église, j'ai beaucoup de difficultés. La morale sexuelle qu'elle prêche me contrarie beaucoup.”

Est-ce que le fait que vous soyez homosexuel à quelque chose à voir avec cela ?

“Non. Il n'y a pas plus ou moins d'homos chez les catholiques que dans la société dans son ensemble. Vous ne choisissez pas d'être homo ; vous êtes né ainsi.

La morale sexuelle évolue et les croyants aussi. L'institution Église adopte des points de vue qui vont contre la doctrine chrétienne. Je ne comprends pas que le Vatican ne s'en rende pas compte. Les religieux pédophiles ont d'ailleurs porté un sérieux coup à sa crédibilité. J'ai dit cela au cardinal et au nonce apostolique. Et je ne condamne pas les catholiques pour ce que d'autres disent en leur nom, alors que beaucoup d'entre eux ne sont pas d'accord.”

Avez-vous pris part à Madrid à des activités religieuses ?

“Bien sûr. La matinée, avec catéchèse, célébration eucharistique et discussion, s'écoule très vite. Cela me renvoie d'ailleurs à ma propre jeunesse : le partage, les chants. J'ai vu combien les jeunes catholiques sont pleins de respect pour chacun.”

Vos expériences madrilènes se traduisent-elles dans votre politique ?

“Je vais naturellement aider financièrement les jeunes Flamands qui iront aux prochaines Journées mondiales de la Jeunesse au Brésil, et je vois cela comme une partie d'un plus large projet de coopération autour de l'enseignement. Le Brésil est un grand pays catholique et une des puissances mondiales émergentes. Par ailleurs, il est important de savoir ce qu'est le catholicisme.”

Le Forum laïc catholique romain (voir ici , Bienvenue au "Forum Catholique Romain") une jeune association de fidèles belges, comportant une large majorité de membres flamands, n’a que moyennement apprécié les propos du ministre et le lui a fait savoir dans une lettre ouverte dont voici le passage essentiel:

 

« Si vous dépeignez les manifestations de soutien des jeunes au pape comme une «adoration» et que vous comparez cela avec l'adoration du Saint Sacrement, vous n'avez apparemment pas beaucoup compris notre foi. Un catholique adore seulement Dieu et non le pape, comme un Belge qui, en ovationnant un ministre ou le roi, ne lui rend pas un culte. Dieu est, d'une manière spéciale, proche de nous dans le Saint Sacrement, c'est pourquoi les fidèles s'agenouillent pour lui rendre hommage. Cela ne signifie pas qu'un croyant «perd tout esprit critique» mais bien qu'il aime et honore son Dieu. Peut-être est-ce pour vous un «excès», mais ceci reflète votre opinion personnelle. Si vous pensez réellement que les "croyants méritent le respect», comprenez que vos déclarations offensent beaucoup de ces croyants dans leurs convictions profondes. En tant que ministre, est attendue de votre part non seulement cette compréhension, mais aussi que vous respectiez la stricte séparation de l'Église et l'État.                                                             

De cette séparation, vous vous écartez également, plus loin dans l'entrevue dans une critique de «l'institution ecclésiastique», qui, selon vous, avec ses points de vue éthiques, "va à l'encontre de l'enseignement chrétien". Vous prétendez donc ici, en tant que non chrétien, savoir mieux que l’Eglise ce qui est chrétien ou pas. Les « points de vue éthiques » de l'Église sont inspirés par la morale judéo-chrétienne et sont en grande partie similaires à ceux de la majorité des principales religions actuelles. Par là, nous voulons honorer Dieu, reconnaître Son dessein et participer avec Lui à la création. Ceci inclut la protection de la vie humaine dans tous ses aspects et à tous les stades. Il y a certainement des catholiques qui ont d'autres opinions à ce sujet. Nous pensons qu’ils sont influencés par des courants philosophiques en contradiction avec l’enseignement de l’Eglise. Un de ces courants est le modernisme en contradiction, selon nous, avec leur propre croyance. Même parmi les libres penseurs, il y aura des gens qui sont en désaccord avec les points de vue éthiques que leur propre 'clergé' proclame. Il se trouve aussi parmi eux et parmi d'autres groupes un certain pourcentage de "pédophilie", peut-être même plus grand que celui auquel est confrontée notre communauté ecclésiastique depuis les années soixante et la «révolution sexuelle».

Si vous prétendez que la conduite personnelle de membres pédophiles du clergé met en question la crédibilité de l'Église alors vous devriez étendre cette assertion et réfléchir à la crédibilité de l'État sur le plan social et moral dans notre pays. Récemment, nous avons été informés que un tiers des jeunes sont confrontés à la violence et aux abus sexuels à l'école et ceci ressort de votre compétence. (N du TR : enquête dans la partie flamande du pays)…

En tant que ministre de l'éducation de tous les Flamands, incroyants comme croyants, il est souhaitable que vous fassiez preuve d'une attitude strictement neutre et d'une non-ingérence dans les affaires internes de la foi. Ces matières appartiennent à la liberté de croyance de chacun, liberté garantie par la Constitution, et nous souhaitons la voir respectée par nos ministres »

Pascal Smet s’est-il réellement rendu à ces Journées dans le cadre de sa fonction ministérielle ? Même si tel n’est pas le cas, celle-ci lui imposait un devoir de réserve. Les bonnes manières se perdent…

Commentaires

  • Je vous remercie d’avoir publié cette confrontation avec notre ministre flamand de l’éducation. Il est très important que les croyants Belges, néerlandophones comme francophones, soient bien au courant des pensées de ceux qui ont des responsabilités importants dans notre démocratie. Mr. Pascal Smet a des idées très « modernes » concernant la sexualité et il tache de les faire passer aux jeunes. La « sexualisation » des esprits est un des graves problèmes de ce temps, puisqu’elle fixe les mentalités dans une conception purement matérialiste (et même absurde) de cet important aspect de la vie. L’ambiance et la mentalité générale qui en déroule est un grand obstacle pour les jeunes qui aspirent à une vie dominée par l’Esprit et non par les désirs fluctuants de la chair. Néanmoins il y a des jeunes qui cherchent et trouvent ce chemin. C’est l’obligation de tous ceux qui ont gardé la foi et qui « voient encore clair », à les aider dans ce chemin qui à besoin d’une grande inspiration, un grand appel, beaucoup de courage et le soutien continu (et les prières évidemment) de la communauté des fidèles réellement « fidèles ».

    Unis dans le Christ et son Eglise,

    Ivo Van Hemelryk

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