Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Inquiétudes sur le sort de chrétiens éthiopiens prisonniers en Arabie Saoudite

IMPRIMER

Flou autour des chrétiens éthiopiens dans les geôles saoudiennes depuis fin 2011

source : http://fidepost.com/

Une vidéo montrant une femme tenant tête à la police religieuse saoudienne, qui outrepassait ses compétences, a fait le tour du monde, intéressant les médias et suscitant l’indignation. Depuis le 15 décembre 2011 décembre, 35 chrétiens éthiopiens sont détenus dans des conditions inhumaines après avoir été arrêtés lors d’une réunion de prière chez l’un d’entre eux. Alertés par l’ONG International Christian Concern, des membres du Congrès américain ont questionné les représentants du royaume wahhabite qui leur ont donné différentes explications ne se croisant pas au cours du mois de mai. L’Ethiopie, quant à elle, sans grand poids diplomatique, ne semble s’intéresser que peu à ses ressortissants ; leur espoir réside dans une mobilisation de l’Occident, notamment des Etats-Unis.

C’est à l’occasion d’une réunion de prière chez l’un des travailleurs éthiopiens que la police de la Promotion de la Vertu et de la Prévention du Vice avait procédé à leur arrestation, au cours de laquelle ils avaient subi des humiliations (voir notre article du 9 mars 2012). Les femmes avaient subi une fouille au corps complète avec un seul et même gant pour plusieurs d’entre elles, et les hommes avaient été battus. Plusieurs femmes souffrent physiquement des conséquences de cette fouille sans hygiène. Les vingt-neuf femmes et six hommes affrontent leur condition avec foi en dépit d’une situation inhumaine. Les femmes continuent à prier ensemble dans leurs cellules, captant l’attention de leurs co-détenues. Néanmoins, les mauvais traitements lors de l’arrestation, l’absence d’eau pure et de nourriture saine, l’absence de leurs conjoints et enfants, l’entassement dans des petites cellules avec des meurtriers ou des voleurs, les pressions pour qu’ils se convertissent à l’islam et l’impossibilité de se changer sont très éprouvants. L’une des femmes infectées suite à la fouille corporelle pleure : « Nous sommes traumatisées par les fouilles. Ils nous ont traité comme des chiens à cause de notre foi. Alors qu’elle parlait de moi au docteur, lors d’une récente visite au centre médical de la prison, une infirmière lui a dit : « Si elle meurt, elle ira à la poubelle ! » A ces souffrances s’ajoute un certain abandon par l’Ethiopie. ICC rapportait le 10 février que les diplomates affirmaient ne pas avoir entendu parler des pressions sur leurs compatriotes pour qu’ils abjurent leur foi.

Alors que les chrétiens avaient été arrêtés pour raisons religieuses dans un cadre privé, les charges retenues contre avaient été modifiées une semaine après l’arrestation en une accusation  de rencontres mixtes, ce qui contrevient aux lois du royaume. Ce changement visait à éviter les pressions internationales, particulièrement des pays occidentaux. Dans les faits, les autorités n’ont pas caché les vraies raisons aux employeurs musulmans. Mais l’Arabie saoudite donne des explications plus que confuses aux membres du Congrès américain.

La négation d’un droit de l’homme, celui de connaître les motifs d’une arrestation

Diverses explications ont été présentées aux parlementaires américains. Le 7 mai, une source proche de l’ambassadeur a affirmé que les chrétiens avaient été arrêtés dans le cadre d’une enquête sur un réseau de contrebande. Trois jours plus tard, une représentante de l’ambassade, Sarah Nezamuddin, a assuré que les arrestations avaient pour cause des problèmes de permis de travail. International Christian Concern a alors fourni la liste des prisonniers avec les numéros de permis aux membres du Congrès, et Sarah Nezamuddin a alors affirmé qu’ils avaient été arrêtés en raison de leur implication dans le trafic de drogue et d’êtres humains. La dernière version connue date du 21 main, des représentants du gouvernement saoudien ont affiché la raison déjà donnée deux semaines auparavant, la contrebande qu’ils ont cumulée avec la question des visas. Un élu américain a quitté la réunion, sans être convaincu que les officiels saoudiens avaient la moindre idée du pourquoi des arrestations. A cette confusion, s’ajoute l’absence de raison donnée aux prisonniers : « Pourquoi n’avons-nous pas été traduits en justice ? Pourquoi ne nous informe-t-on pas des charges et des preuves ? », a déclaré l’un des prisonniers à l’ONG, avant d’ajouter qu’ils avaient le sentiment que « les Saoudiens étaient en train de [les] punir d’être chrétiens en [les] maintenant en prison. »

C’est un principe fondamental des droits de l’homme que d’être informé des charges pesant sur soi, faute de quoi l’on tombe dans un déni de justice avant même un procès. Mais les tiers doivent également pouvoir être informés des raisons d’une arrestation afin d’estimer s’il y a ou non abus. C’est l’une des raisons pour lesquelles des rapporteurs des Nations unies sont envoyés en mission dans les pays membres de l’organisation. Malheureusement, l’Arabie saoudite ne semble pas pressée de juger ces chrétiens, et c’est peut-être là une des raisons de la confusion car notifier une accusation ouvre un calendrier judiciaire. De fait, les Ethiopiens risquent d’être oubliés dans les geôles du royaume voire d’y mourir avant un hypothétique jugement.

Face à l’indignation à géométrie variable qui confond position et posture, aux airs graves de circonstance face à la vidéo d’une femme harcelée par la police religieuse ou la condamnation à deux cent coups de fouet d’une jeune femme violée après avoir été enlevée alors qu’elle se trouvait illégalement seule avec un homme qui n’était pas de sa famille immédiate, les chrétiens éthiopiens demandent que l’on ne les oublie pas : « Nous voulons que vous nous aidiez à sortir de prison de quelque manière que vous puissiez, notamment en priant. S’il vous plaît, interpellez vos dirigeants politiques quant à notre horrible situation, contactez les organisations de défense des droits de l’homme et les autres et parlez-leur de nous ! »

Droit d’auteur : JD Amadeus d’Aigre de Ruffec

Reproduction autorisée avec mention http://fidepost.com/

Il est possible de contacter l’Ambassade d’Arabie saoudite : 

depuis la France :  01 56 79 4000

depuis la Suisse :  (031) 352.1555

depuis la Belgique :  (02) 649.2044

Les commentaires sont fermés.