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Sur les principes non négociables (mise à jour 23/01)

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Les principes non négociables : un défi éducatif
Inauguration d'une Ecole de formation politique

Mgr Enrico Dal Covolo

Sur Zenit.org, la publication de la synthèse du discours de Mgr Enrico Dal Covolo, recteur de l’Université pontificale du Latran, à l’occasion de l’inauguration de l’Ecole de formation politique promue par le mouvement italien "Politique Ethique Responsabilité" (PER), lundi 14 janvier 2013, au Latran (pour le programme, cliquer sur ce lien: http://www.pul.it/wp-content/uploads/2012/11/SFP2013.pdf).

Intervention de Mgr Enrico Dal Covolo

[…] La politique pourra se sauver de la situation de déclin dans laquelle elle est en train de verser, à la seule condition qu’elle récupère avec clairvoyance et profondeur de pensée son ancrage éthique. D’où l’occasion qui lui est fournie de se confronter avec l’objet formel du cycle de leçons qui commence aujourd’hui, précisément sur les fameux « principes non négociables ».

Comme on le sait bien, cette expression a été introduite il y a dix ans (novembre 2002), par une intervention de source autorisée de la Congrégation pour la doctrine de la foi et intitulée « Note doctrinale sur certaines questions concernant l’engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique ». Ces questions ont été ensuite illustrées à plusieurs reprises par le magistère du pape Benoît XVI et par d’autres prises de position des épiscopats au niveau national, entre autres en Italie.

Et bien, qu’entend-on par « principes non négociables » ? Avant tout, ce sont des « principes », par conséquent que l’on postule non-démontrés parce qu’ils sont dotés de l’évidence de la raison ; ils sont au début, c’est-à-dire à la base d’une argumentation morale qui en découle, destinée ensuite à entrer en dialogue avec « la coutume et le droit » (mores et jus), ou à inspirer d’un côté, l’organisation et le développement de la culture, de l’autre la règlementation juridique dans un état de droit.

Les principes non négociables sont donc une donnée qui semble reconnue comme cohérente par la raison, même si la foi chrétienne en confirme la valeur et en renforce le caractère obligatoire. Le logos a toujours reconnu leur existence et a toujours réagi avec fermeté à la prétention de la part du nomos d’en ignorer la priorité et le caractère intangible.

Quatre siècles avant le Christ, la tragédie grecque, une des expressions les plus belles et universelles de la pensée humaine, a affirmé le primat d’un droit naturel antérieur à l’organisation de la polis, et donc fondateur de la formation ordonnée même de la polis. Antigone, l’héroïne de Sophocle, déclare à Créon : « Eux, ils ont défini ce qui dans ce domaine fait loi chez les hommes ; je ne pensais pas que tes proclamations avaient une telle force que l’on pût, étant homme, outrepasser les lois non écrites et infaillibles des dieux. Car ces lois existent de tout temps, non pas d’aujourd’hui, ni d’hier, et personne ne sait où elles ont surgi (Sophocle, Antigone, vv. 452-457 ; trad. de I. Bonnaud et M. Hammou).

Benoît XVI passera à l’histoire comme le pape « apologiste » de la bonté et de la capacité de la raison humaine. Aux parlementaires qu’il rencontre lors de ses voyages apostoliques, en Angleterre comme en Allemagne, il ne cesse de rappeler que la laïcité est le déclin non pas de la foi (bien évidemment) mais de la raison. Et c’est la raison qui, dans son exercice, ne peut pas ne pas admettre la présence et l’inviolabilité des principes non négociables.

Et cet enseignement lui tient tellement à cœur que le pape le propose aussi dans ses interventions adressées aux fidèles, quasiment sous la forme de catéchèses. Je me souviens, par exemple, de ce qu’il a dit en présentant la pensée d’un théologien du Moyen-Age, John of Salisbury. « Il existe également », fit remarquer le pape à cette occasion (c’était le 16 décembre 2009), « une vérité objective et immuable, dont l'origine est Dieu, accessible à la raison humaine et qui concerne l'action pratique et sociale. Il s'agit d'un droit naturel, auquel les lois humaines et les autorités politiques et religieuses doivent s'inspirer, afin qu'elles puissent promouvoir le bien commun. Cette loi naturelle est caractérisée par une propriété que Jean appelle « équité », c'est-à-dire l'attribution à chaque personne de ses droits. De celle-ci découlent les préceptes qui sont légitimes chez tous les peuples et qui ne peuvent en aucun cas être abrogés […] le thème du rapport entre loi naturelle et organisation juridique positive, au moyen de l'équité, est encore aujourd'hui d'une grande importance. A notre époque, en effet, surtout dans certains pays, nous assistons à une séparation préoccupante entre la raison, qui a la tâche de découvrir les valeurs éthiques liées à la dignité de la personne humaine, et la liberté, qui a la responsabilité de les accueillir et de les promouvoir. Peut-être Jean de Salisbury nous rappellerait-il aujourd'hui que ne sont conformes à l'équité que les lois qui protègent le caractère sacré de la vie humaine et qui repoussent la légalité de l'avortement, de l'euthanasie et des expérimentations génétiques irresponsables, ces lois qui respectent la dignité du mariage entre l'homme et la femme ».

Dans son discours, d’où j’ai tiré cette citation, le pape a indiqué les deux premiers des trois principes non négociables clairement présentés avec une sobre efficacité en mars 2006, lorsqu’il a accueilli les participants du congrès promu par le Parti populaire européen.

Ce sont : a) « La protection de la vie à toutes ses étapes, du premier moment de sa conception jusqu'à sa mort naturelle » ; b) « la reconnaissance et la promotion de la structure naturelle de la famille - comme union entre un homme et une femme fondée sur le mariage - et sa défense contre des tentatives de la rendre juridiquement équivalente à des formes d'union radicalement différentes qui, en réalité, lui portent préjudice et contribuent  à  sa  déstabilisation, en obscurcissant son caractère spécifique et son rôle social irremplaçable » ; c) « la protection du droit des parents d'éduquer leurs enfants ».

Dans la suite de mon intervention, je m’arrêterai uniquement sur le premier des principes non négociables, le droit à la vie, et j’argumenterai ma pensée en me basant sur trois sources du savoir qui me sont le plus familières. Avant tout, en raison du service que je rends en tant que recteur de l’université du pape, je voudrais rappeler quelques éléments du magistère pontifical du bienheureux Jean-Paul II ; en second lieu, l’enseignement et la recherche dans le domaine de la littérature chrétienne antique me conduisent à valoriser l’enseignement des Pères de l’Eglise ; enfin, mon expérience comme postulateur de la cause des saints de la famille salésienne m’a mis en contact avec le témoignage de nombreux croyants dont la vie est en soi une leçon de vie.

Le magistère de Jean-Paul II

En 1995, Jean-Paul II a publié un document puissant, ample et articulé, sur le thème de la défense de la vie, l’encyclique Evangelium Vitae. […] Je voudrais me limiter à en commenter deux passages concernant l’avortement et l’euthanasie.

I.1. L’avortement

Le premier, au sujet de l’avortement, dit ceci : « La gravité morale de l'avortement provoqué apparaît dans toute sa vérité si l'on reconnaît qu'il s'agit d'un homicide et, en particulier, si l'on considère les circonstances spécifiques qui le qualifient. Celui qui est supprimé est un être humain qui commence à vivre, c'est-à-dire l'être qui est, dans l'absolu, le plus innocent qu'on puisse imaginer. […] Il est faible, sans défense, au point d'être privé même du plus infime moyen de défense, celui de la force implorante des gémissements et des pleurs du nouveau-né. Il est entièrement confié à la protection et aux soins de celle qui le porte dans son sein » (EV, 58).

Il me semble que ces considérations de la raison sont suffisantes pour faire apparaître l’avortement et les tentatives pour le justifier comme tout à fait détestables. La raison répugne à supprimer l’existence d’un être innocent, faible et entièrement dépendant d’un autre être humain. Cette révolte – cette aversion de la raison – est précisément la conséquence du caractère non négociable du droit à la naissance de l’embryon. D’ailleurs, nous parlons de « principes » parce que, une fois admise la dérogation pour éliminer un être innocent, faible et entièrement abandonné, comme dans le cas d’un embryon ou d’un fœtus, on fait tomber une limite (limes) anthropologique et on permet l’introduction dans la civilisation (civitas) d’un contre-principe qui mène à la barbarie et à une violence inouïe. L’histoire du XXème siècle est si tristement éloquente : national-socialisme, stalinisme et maoïsme ont privé les sujets humains de leur dimension sacrée, et après les avoir réduits à un état de fragilité sans défense, ils ont perpétré contre leur vie des crimes exécrables. […]

Malheureusement, le lien qui subsiste entre l’érosion du principe non négociable de la vie naissante et les aberrations auxquelles cela conduit, sont sous les yeux de tous. Je donne un exemple douloureux et déconcertant : au Danemark, le gouvernement a désormais entrepris, depuis des années, un projet eugéniste offrant gratuitement la possibilité de recourir au diagnostic prénatal pour l’identification, et l’élimination qui s’ensuivrait, au moyen de l’avortement, des enfants à naître « défectueux ». Un journaliste, Nikolaj Rytgaard, dans le quotidien danois « Berlingske », a révélé que l’objectif à atteindre, d’ici 2030, était de faire du Danemark le premier pays au monde « Sans Trisomie 21 » (Down Syndrom Free).

A ce stade, nous nous demandons quelle différence il y a avec les expérimentations menées pendant le national-socialisme.

A la lumière de ces réflexions, il me semble que le droit à la vie de l’enfant à naître ne peut qu’apparaître non négociable. Confier à la culture, qui est passagère, ou à la politique, qui est changeante et donc susceptible de régresser, le droit de disposer de la vie d’un enfant à naître, innocent, faible et entièrement confié, revient à abandonner dangereusement la vie en commun des hommes et entre les hommes à l’arbitraire de ceux qui possèdent plus de force, plus de ressources matérielles, plus d’instruments de contrôle et d’influence. Le caractère non négociable de la protection de la vie naissante, innocente, sans défense, entièrement confiée à la protection de l’autre, nous rappelle que, si l’on abdique ce primat, alors c’est la porte ouverte aux abus de pouvoir, à l’arrogance, aux excès de toutes sortes, comme l’avait déclaré saint Augustin : « Enlève le droit – et alors, qu’est ce qui distingue l’État d’une grosse bande de brigands? » (saint Augustin, La cité de Dieu, 4, 4).

2. L’euthanasie

Je cite un second passage de l’encyclique Evangelium vitae : « la tentation de l'euthanasie se fait toujours plus forte, c'est-à-dire la tentation de se rendre maître de la mort en la provoquant par anticipation et en mettant fin ainsi « en douceur » à sa propre vie ou à la vie d'autrui. Cette attitude, qui pourrait paraître logique et humaine, se révèle en réalitéabsurde et inhumaine, si on la considère dans toute sa profondeur. Nous sommes là devant l'un des symptômes les plus alarmants de la « culture de mort », laquelle progresse surtout dans les sociétés du bien-être, caractérisées par une mentalité utilitariste qui fait apparaître très lourd et insupportable le nombre croissant des personnes âgées et diminuées. Celles-ci sont très souvent séparées de leur famille et de la société, qui s'organisent presque exclusivement en fonction de critères d'efficacité productive, selon lesquels une incapacité irréversible prive une vie de toute valeur » (EV, 64).

A partir des paroles de Jean-Paul II, nous comprenons que l’euthanasie aussi, définie dans la même encyclique comme une action ou une omission qui provoque la mort dans l’intention d’atténuer la douleur, est un acte contre la raison et inhumain. Il est contraire à la raison, en effet, de poursuivre une fin bonne avec des moyens mauvais. La fin bonne est d’atténuer la douleur, mais cela ne peut pas être obtenu par un moyen incomparablement préjudiciable et destructeur, à savoir la mort du sujet qui souffre. Le principe, selon lequel toute fin justifie les moyens, s’oppose à la raison si celle-ci est exercée de manière droite. En effet, si l’on introduit ce critère, toute l’existence des sujets humains et du tissu social devient vulnérable et, comme dans le cas de l’avortement provoqué, exposée à la prédominance des malfaisants et de leur cruauté. Mais l’euthanasie aussi est inhumaine. Elle ne peut prétendre à une certaine plausibilité que dans une mentalité qui exalte l’efficacité et la fonctionnalité, aspects de l’existence qui, si on les exalte et si on les met à la première place dans la hiérarchie des valeurs, rendent la vie sans pitié et cruelle. Ce qui n’est pas matériellement utile n’est pas digne d’exister. Il semble ainsi que la vie humaine soit évaluée et mesurée comme celle des objets, selon l’utilité qu’ils procurent.

Non, on ne peut pas s’abaisser à des compromis, on ne peut pas négocier. L’euthanasie est un élément d’une mosaïque terrifiante de mort et de brutalité, où les valeurs et les expériences de l’esprit, y compris la souffrance, ne reçoivent aucune considération.

2. L’enseignement des Pères de l’Eglise

« Tu ne tueras pas l'embryon par l'avortement » (Didaché, 2,2)

Tel est le précepte impérieux, sans équivoque, énoncé par un très ancien texte de la littérature chrétienne, probablement contemporain, au moins dans certaines de ses sections, à la littérature néotestamentaire. Il s’agit de la Didaché. Le fait même qu’il soit formulé signifie que la coutume de l’avortement était répandue ou au moins pratiquée dans le monde païen, non chrétien. Cet appel revient dans d’autres œuvres chrétiennes du second siècle. Parmi celles-ci, je voudrais rappeler un passage de la Supplique pour les chrétiens d’Athénagoras d’Athènes et un autre, tiré de l’Apologeticum de Tertullien.

2.1. Athénagore

Athénagore s’interroge vivement : « Comment pourrions-nous égorger un homme, nous qui traitons d'homicides les femmes qui se font avorter, persuadés comme nous le sommes qu'elles seront sévèrement punies au jugement de Dieu ? Certes, le même homme ne peut regarder l'enfant encore dans le sein de sa mère comme un être dont Dieu s'occupe, et le tuer aussitôt après sa naissance; le même homme qui se reprocherait d'être un parricide, s'il exposait son enfant, est incapable de le tuer de sa main quand il l'aura nourri et élevé. Non, non, notre conduite ne se dément point de la sorte; mais, toujours semblables à nous-mêmes, nous agissons conformément à la raison, sans prétendre l'asservir à nos passions » (Athénagore, Supplique pour les Chrétiens, 35).

2.2. Tertullien

Le texte de Tertullien, dont la référence, d’ailleurs, est mentionnée dans la note de bas de page de la section du Catéchisme de l’Eglise catholique au sujet de l’interdiction de l’avortement, est le suivant : « Quant à nous, l'homicide nous étant défendu une fois pour toutes, il ne nous est pas même permis de faire périr l'enfant conçu dans le sein de la mère, alors que l'être humain continue à être formé par le sang. C'est un homicide anticipé que d'empêcher de naître et peu importe qu'on arrache la vie après la naissance ou qu'on la détruise au moment où elle naît. C'est un homme déjà ce qui doit devenir un homme; de même, tout fruit est déjà dans le germe » (Tertullien, Apologétique 9, 2-8).

Permettez-moi maintenant quelques réflexions. Pour les chrétiens du second siècle (comme aussi pour ceux des siècles suivants : il y a, en effet, tout un florilège de voix contre l’avortement, parmi lesquelles celle d’un certain nombre de Pères de l’âge d’or, comme Basile de Césarée ou Jean Chrysostome), la protection de la vie de l’embryon est un devoir non négociable. Ces auteurs que j’ai cités, Athénagore et Tertullien, sont des apologètes. Cela signifie qu’ils s’adressent au monde non chrétien et ils exposent le caractère raisonnable de leur vision de la vie en faisant appel, précisément parce qu’ils dialoguent avec des personnes qui ne partagent pas la même foi, au logos, auquel « nous sommes tous soumis », selon les mots d’Athénagore. En d’autres termes, les apologètes demandent à tous les hommes de suivre ce qu’il y a d’universellement humain et qui nous rapproche, à savoir l’usage de la raison, indépendamment de l’appartenance religieuse.

Cependant, l’usage de la raison pourrait être encore insuffisant. Les apologètes de l’Antiquité nous indiquent alors un autre parcours qui intègre et corrobore celui du logos. En effet, à partir de la Révélation biblique, ils montrent dans la foi chrétienne une source extrêmement riche de valeurs anthropologiques, fondées sur l’action créatrice et rédemptrice de Dieu. […]

3. Le témoignage des saints

Je m’oriente vers la conclusion de mon intervention, chers amis, en abordant, plus succinctement, un dernier point. […]

J’ai développé mes précédentes réflexions en insistant sur le fait que les principes non négociables, en particulier la protection de la vie naissante et la dignité de la mort, sont acquis à la raison qui trouve, dans la foi chrétienne, des motifs supplémentaires de confirmation. Il y a toutefois un perfectionnement ultérieur de la raison et de la foi elle-même : il s’agit de l’amour. La dimension raisonnable de l’anthropologie personnaliste chrétienne, qui affirme le caractère non négociable du principe de la défense de la vie est attestée par le témoignage lumineux des saints. Les saints exercent un grand pouvoir de fascination. Et, par la grâce de Dieu, ils n’ont jamais manqué et ils ne manquent pas, et ils continuent de maintenir vivante la bonté et la beauté de l’humanisme chrétien. Ils montrent que seul l’amour, actualisation et perfectionnement de la raison, est crédible. Ce sont eux qui font du christianisme un message non seulement informatif mais performatif, qui change la vie des gens et des peuples !

Le monde entier s’est incliné pour rendre hommage à la bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, icône de la sainteté qui prend soin de la vie au nom de ces principes non négociables auxquels nous réfléchissons. D’une tribune spéciale à Oslo, à l’occasion de la remise du Prix Nobel en 1979, sans aucune crainte, avec la force et la simplicité de la vérité, elle a rendu témoignage à la mission accomplie pour empêcher la pratique de l’avortement, qu’elle a défini comme « le grand destructeur de la paix ». Et elle en a illustré la raison par des paroles qui font écho à ce que nous disions précédemment en commentant Evangelium vitae : déroger à l’inviolabilité de la protection de la vie déjà conçue ouvre la voie, comme cela s’est en effet passé, à toutes formes d’atrocités et de violence. « Parce que », a affirmé à cette occasion Mère Teresa, « si une mère peut tuer son enfant, qu’est-ce qui m’empêche de te tuer, et qu’est-ce qui t’empêche de me tuer ? Rien ».

A propos de l’euthanasie, je me souviens d’une de ses expériences qui vaut peut-être plus que tous les raisonnements, pour montrer qu’il y a toujours une dignité de la mort et dans la mort : « Nous avons ramassé un homme dans le canal, à moitié mangé par les vers, et nous l’avons amené à la maison. Il nous a dit : « J’ai vécu dans la rue comme un animal, mais je vais mourir comme un ange, aimé et soigné ». Et c’était merveilleux de voir la grandeur de cet homme qui pouvait parler ainsi, qui était capable de mourir sans accuser personne, sans maudire personne, sans faire de comparaisons, comme un ange ».

Devant le témoignage des saints qui nous montrent « une voie plus grande », celle de la charité, raison et foi acquièrent une force persuasive encore plus contraignante, de sorte que les principes non négociables apparaissent comme réellement dotés de cette vérité, de cette bonté et de cette beauté que rien ni personne ne pourra renier.

Et c’est la dernière pensée que je désire partager avec vous, chers amis, ou plutôt une prière : que le Seigneur donne et multiplie les saints, protecteurs et amis de la vie, témoins et donc maîtres. Ils sont, et ils seront toujours le discours le plus convaincant pour que les principes non négociables redeviennent le fondement d’une vie humaine plus juste et pacifique pour tous et pour chacun ; pour construire stablement cette civilisation de l’amour, où tout homme, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, sera respecté et honoré pour sa dignité inaliénable. 

Traduction d'Hélène Ginabat

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