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Mariage « pour tous » en France : La Manif du 21 avril fait mentir le procès en radicalisation

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La C.E.F. a envoyé un signal de « modération » et le marais de l’establisment clérical lancé sa jérémiade classique: « much is to much », il faut que cela cesse. Au risque d'essoufler le mouvement? Réponse très bientôt : le vote de la loi sur le mariage pour tous, c’est pour demain à l'assemblée nationale française.

Lu aujourd’hui sur le site de « Famille Chrétienne » :Aucun incident, des forces de l’ordre discrètes : malgré les polémiques de ces derniers jours,la Manifpour tous du 21 avril s’est déroulée dans une ambiance paisible. Pas de radicalisation en vue, mais une énorme détermination.

18 h 30 : l’esplanade des Invalides est remplie, même si tout le monde n’est pas encore arrivé. « 270 000 participants » affirment les haut-parleurs, « contre 45 000 selon la police ». L’annonce fait bondir la foule. « Comme d’hab… », soupire pourtant un jeune en agitant son drapeau.

Les hélicos qui ne savent pas compter

Le comptage, justement, parlons-en. À 14 h 30, on peut encore accéder place Denfert-Rochereau par le métro, tout simplement. Nombre de manifestants longent le cortège, pour rejoindre en cours de route amis ou famille. Dommage pour les points de comptage ? « Pfff, de toutes façons ils ne savent pas compter, alors… » Lucides et souriants, ils savent que les chiffres de la préfecture seront encore farfelus.

D’ailleurs, une rumeur circule : un journaliste indépendant aurait scruté les photos aériennes du 24 mars fournis à la presse par la préfecture. Il aurait prouvé qu’il existait des retouches, gommant des masses de manifestants. Mais ledit journaliste tient à garder un anonymat pour le moins étrange. Toujours est-il que, lorsque le vrombissement de l’hélicoptère domine le brouhaha, les manifestants lèvent la tête, agitent les bras et saluent «  l’hélico qui ne sait pas prendre les photos »… 

« Vous êtes journaliste ? », demande une jeune femme dans le cortège. « Alors, écrivez la vérité ! Ça me rend malade cette façon de déformer la réalité ! Je ne suis ni homophobe, ni d’extrême droite » dénonce-t-elle, exaspérée par le traitement médiatique de la Manif en général*, et par la une du Journal du dimanche en particulier, titrant : « Le réveil des groupuscules ».  « Les arguments intellectuels et éthiques de la mobilisation ne sont pas compris. Et on nous ment : les mots « père » et « mère » ont donc bien été supprimés du texte de loi revenu du Sénat, alors que toute la presse a affirmé que ce ne serait pas le cas ».

Des poussettes, des cannes et même des béquilles

Dans la foule : un public bigarré, de tous les âges. Des poussettes, des jeunes – parents ou non –, des actifs, des retraités, des personnes âgées, parfois aidées de cannes voire de béquilles ! Un couple de septuagénaires galère sous le soleil finalement assez fort de ce dimanche de vrai printemps. « Pas trop fatiguant ? » Ils répondent en même temps : « Si » (madame), « Non » (monsieur), « c’est tellement joyeux ! », justifie-t-il. De toutes les manifs, ils sont ressortis « lessivés, mais heureux » : « C’est inespéré, c’est un renouveau de la France, plein de conviction, d’ardeur et surtout si pacifique… C’est ça qui est merveilleux, ça remonte le moral ».

La non-violence l’emporte sur la radicalisation 

Et les jeunes, ils sont là, très nombreux, comme à chaque manifestation. C’est leurs actions qui ont engendré les rumeurs de radicalisation. « Le gouvernement n’a pas fait le moindre geste – explique une fille de ce groupe des veilleurs, qui reste le soir assis en silence avec des bougies près de l’Assemblée nationale et dans quelqus villes de province. La question de radicaliser le mouvement a traversé nos esprits. Il y a eu des moments de doute, des groupes se sont mis à braver les forces de l’ordre en vadrouillant dans les rues de Paris la nuit tombée. Il y a eu des discussions, et on a trouvé ce mode d’action non-violent, qui a emporté l’adhésion. On lit des textes de Bernanos, Jean-Paul II, Gandhi… »

Ce soir, les veilleurs resteront quelques temps après la dispersion, assis, avec leurs bougies, sur l’esplanade des Invalides.

La Manif, ce n’est pas fini

« Nous ne lâcherons rien, jamais, jamais, jamais… » clame Frigide Barjot, du camion sonorisé garé aux Invalides. Même si certains pensent que la mobilisation s’essoufflera après l’adoption de la loi Taubira, les opposants ne semblent pas prêts à remiser sifflets, drapeaux et sweets. « À 48 heures de l’adoption au Parlement , pourquoi y a-t-il encore tant de monde, alors que les manifestants savent bien que c’est “plié” ? », interroge Albéric Dumont, coordinateur national de La Manif pour tous auquel la République a octroyé des gardes du corps pour l’occasion, au regard des menaces qu’il reçoit. « Il y a eu, quoi, mille tracts ? Même les plus âgés ont pris l’habitude de se connecter sur le site et les réseaux sociaux pour savoir où aller et quand. Pour 21 avril, l’itinéraire n’a été validé que jeudi après-midi. Deux zones sont en vacances, mais beaucoup se sont quand même déplacés ».

« C’est jamais terminé, tant que c’est pas voté, et même si c’est voté », confirme une mère de famille venue avec ses quatre enfants. « On ne lâche rien » ponctue la plus petite, reprenant la formule qui se répète à l’envi depuis quatre heures, jusqu’à l’overdose. « Et même s’il n’y a pas de retrait, que ça débouche au moins sur quelque chose : les partis politiques doivent prendre acte de cette nouvelle force. Que certaines valeurs soient épargnées ! », conclut la maman. Comme elle, beaucoup de mères avouent que ces actions désorganisent pas mal leur vie de famille. Mais elles sont prêtes à ce sacrifice, « même si ça doit continuer ». Dans tous les esprits, la manifestation du 26 mai prochain ne sera donc pas un « baroud d’honneur ».

À la tribune, du haut du char, de nombreuses personnalités se sont exprimées. Parmi les nouveaux : Joseph Thouvenel, venu dire sa colère devant les accusations d’extrémisme à l’égard des opposants au « mariage pour tous » : « Les administrateurs de la Caisse d’allocation familiale, les associations familiales, la CGT, la CFTC ont voté contre ce texte ». 

La Manif, côté spectateurs

Qu’en pensent les badauds ? Les yeux noirs jetant des éclairs au-dessus d’une barbe soignée, un homme prend la manif a rebrousse-poil d’un pas pressé, le mouvement de sa tête affichant le « Pitoyable ! » que sa bouche ne s’autorise pas. Prudence, peur de la foule ? Plus loin, la soixantaine, une femme marmonne sous son chignon en débandade.
Profitant du soleil en terrasse avec sa copine, un gendarme en week-end est détendu : « C’est plutôt bien que les Français se bougent, au lieu de râler devant leur télé ». Il veut garder pour lui son avis sur le « mariage » gay, et s’interroge sur l’efficacité du mouvement : « Si on veut changer les choses, c’est pas compliqué, il faut tout casser. Ils sont trop gentils. » Sur les accusations de radicalisation : « Dans toutes les manifestations, il y a des petits groupes d’individus qui parasitent le truc. Si on faisait une manif pour la bière pour tous, ce serait la même chose… Franchement, en terme de maintien de l’ordre, c’est de la rigolade à côté des marins pêcheurs, des agriculteurs, de tous ceux qui défendent leur boulot ! ». Même discours chez Pizza Pino, à Montparnasse : « Ce que j’en pense, c’est qu’ils ont raison. Faudrait peut-être les écouter aussi… »

Clotilde Hamon "

Ici :  La Manif du 21 avril fait mentir le procès en radicalisation

Commentaires

  • Le journaliste anonyme tient à son travail. Ce n'est pas politiquement correct de s'opposer aux directives!
    En fait, son nom a été cité sur certains sites et une vidéo circule ou le technicien est clairement identifiable.

  • Dans le marais clérical, j’ai pêché ce matin un spécimen du genre:

    Mgr Dagens, évêque d’Angoulème, qui préfère fréquenter les « immortels » de l’académie française plutôt que les rassemblements de la « manif pour tous », écrit sentencieusement dans le journal « La Croix » (21 avril):

    « Un certain nombre de catholiques français, qu’il ne faut pas confondre avec l’Église catholique qui est en France, sont, sans le savoir, fidèles à une tradition qui vient de très loin (…) rêvant d’affirmer leur identité, de façon militante, soit en se défendant contre ceux qui les contestent, soit en participant à des manœuvres offensives, espérant retrouver ainsi des positions dominantes dans notre société (…)

    Mais c’est peine perdue. Parce que les idéologies qui soutenaient ces projets politiques sont mortes et que personne ne peut les ressusciter, à moins de faire le choix, du côté catholique, d’un enfermement dans des réseaux serrés qui se réclameraient d’une foi pure et dure et, du côté laïque, de la remise en valeur d’une morale fondée sur des valeurs abstraites.
    Mais il faut être réaliste : certains, qui se méfient des religions, doivent se réjouir en sourdine de voir que la figure du catholicisme semble aujourd’hui se confondre avec ce courant offensif. Quelle aubaine pour eux de dénoncer ces durcissements qui se produisent sur la place publique ! Comme il serait facile d’assimiler l’Église tout entière à ces expressions musclées de la foi ! Quel triomphe si l’on parvenait à montrer que les croyants sont tous des violents et des obscurantistes ! Si les ultras devaient l’emporter chez les catholiques, alors la voie serait libre pour les ultras anticatholiques, trop heureux de relever alors le défi qui leur serait lancé ! (…)
    L’urgence est plutôt de lutter contre tout ce qui déshumanise notre société, contre tout ce qui envenime les pauvretés muettes, contre tous ces processus qui réduisent les personnes à des objets manipulables selon les exigences exclusives de la rentabilité financière ou technique, en tous domaines.
    Quant aux responsables de l’Église catholique en France, dont je suis solidaire, ils seraient mal inspirés s’ils cherchaient à prendre en marche le train des poussées politiques, en essayant de faire plaisir aux ultras et aux autres. Si cet opportunisme l’emportait, il faudrait en payer le prix dans quelques années. Je suis préoccupé, parce que j’ai parfois l’impression que la joie provoquée par l’élection du pape François est estompée par les crispations actuelles et que la référence à la simplicité et à la force de l’Évangile s’atténue ! ».

    Tiens, c’est vrai, on n' a plus entendu Rome sur ce projet de loi du « mariage pour tous » : depuis janvier 2013, sauf erreur.

  • Veut-il dire que les manifestants du MPT sont des "intégristes"?

  • "Dans le marais clérical", ils se sentent tellement plus "évolués" que les simples fidèles. Par exemple.
    Fin des années 60, début des années 70, le message que mes parents ont entendu quand ils parlaient de leur catéchisme à un clerc... Il se résume en quelques mots : Mais, vous en êtes encore là, mes pauvres amis.
    C'est ainsi qu'on a injecté à des catholiques (autrefois militants et restés pratiquants) une belle dose d'anti-cléricalisme.
    Deux générations plus tard, les petits-enfants tournent en orbite, assez loin de l'Eglise. Les arrière-petits enfants ? On verra.
    Quant à votre serviteur, devenu grand-père, il se dit que ces générations sacrifiées l'ont été par un "marais clérical" (largement colonisé par de vrais saboteurs).

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